Si tu peux sans crainte rechercher ce qui est difficile et supporter de vivre rudement, sortant de tes habitudes et de ta zone de confort,
Si tu peux te défaire de ce que tu as, te libérer de tes caprices et des modes, déposer tes erreurs du jour pour progresser, plus léger, avec une âme de pauvre,
Si, par amour de la vraie route, tu peux refuser les chemins de tricherie et faire en sorte que tes actes et tes pensées reflètent ta route,
Si ta route peut être service pour communier aux peines du monde, t’engageant dans chacun de tes gestes sur le chemin de la Vie, t’offrant et servant totalement les autres,
Si ta route n’a pas de frontière et qu’elle te mène vers les autres,
Si ta route tend constamment vers la Vérité et la Vie,
Si ta route est humilité et service du Christ, qu’elle est invitation pour les autres à faire de même,
Si ta route te pousse constamment plus loin, si elle te permet de te retourner de temps en temps pour vouloir toujours faire mieux demain,
Si tu prends ta route au sérieux et que tu ne t’en détournes pas, travaillant sans relâche à y instaurer le Règne de Dieu,
Si ta route est une promesse qui se réalise, une parole qui construit, une cité qui accueille et qui abrite,
Et si, au terme de ta route, humblement, tu pourras dire : « Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur »,
Laurent
Simplicité, dépouillement, contacts avec la nature, vie nomade, de camps en camps, la vie scoute relève de ces principes et les guides et scouts le vivent aux réunions et surtout aux camps.
Depuis les castors, il leur est proposé un chemin de progression, un chemin de vie, un chemin pour leur vie, où le Christ marche à leur côté, sans cesser d’attirer leur attention vers le beau et le bien.
Tout comme le Christ, qui n’avait « pas une pierre où reposer sa tête. » (Mt, 8, 20), les guides et scouts sont des itinérants, plantant leur bivouac au gré des saisons et des années.
Il en est de même pour nous tous, simples pèlerins en route vers la maison du Père.
Nous sommes donc appelés à sortir de nos maisons et de nous-même, à renoncer à notre égoïsme, notre confort, à la sécurité, et à rechercher notre route.
En chemin, chaque guide, chaque scout, est appelé à rester droit et sobre. On ne peut progresser sur la route en étant esclave de ses caprices, des modes ni des erreurs du jour. On ne peut s'accommoder d’un monde truqué où les tricheurs sont rois, où les actes ne sont pas le reflet des pensées et où nous nous éloignons de la vraie vie, du réel.
Comme guides, scouts, comme chrétiens, nous sommes appelés à garder toute notre vie une âme de pauvre.
Par la communion à la peine des autres, il nous faut comprendre que la vie est à prendre au sérieux, que tout acte que nous posons compte et engage.
La guide, le scout, sont amenés à découvrir que pour cheminer sur la route, ils consentent au don d’eux-même à tout venant, qu’ils ne s’appartiennent pas mais que, étant prêt à servir, ils appartiennent aux autres et qu’ils doivent alors franchir la distance qu’il faut pour rencontrer les autres.
C’est en aimant passionnément la vérité, en ne se contentant pas d’à-peu-près, ou de la possession tranquille de vérités toutes faites, que la guide, le scout, progressent sur la route, en cherchant humblement, en toute chose, le vrai et servant librement l’ordre retrouvé sans écraser les autres sous le poids de leurs découvertes.
Et la route doit nous pousser plus loin, doit nous empêcher d’être satisfait de nous-même, de nous considérer comme arrivé ; elle doit nous pousser à faire aujourd’hui mieux qu’hier et demain mieux qu’aujourd’hui, malgré les détours et les obstacles.
Et ainsi, au terme de la route, humblement, nous pourrons dire : « Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur » (Gn 18, 3).
Chevreuil (septembre 2019)
Le service est présent au cœur-même du scoutisme, depuis sa création.
Mais qu’est-ce que le service pour une guide ou un scout ?
L’homélie prononcée le 2 octobre 2016 par le Pape François en l’église de l’Immaculée, à Bakou, répond de magnifique manière à cette question, donnant un sens profond au service :
“Dans le passage de l’évangile de Luc (Lc 17, 5-10), Jésus nous fait comprendre ce qu’est le service : il fait tout de suite suivre son enseignement sur la puissance de la foi par des paroles consacrées au service. Foi et service ne peuvent se séparer, elles sont même étroitement liées, nouées entre elles.
C’est ainsi pour la vie chrétienne : elle est chaque jour patiemment tissée, entrecroisant entre elles une trame et une chaîne bien définies ; la trame de la foi et la chaîne du service. Quand, à la foi se noue le service, le cœur se maintient ouvert et jeune, et il se dilate en faisant le bien. Alors la foi, comme dit Jésus dans l’Évangile, devient puissante et elle fait des merveilles. Si elle marche sur cette route, alors elle mûrit et devient forte, à condition qu’elle reste toujours unie au service.
Mais qu’est-ce que le service ? Nous pouvons penser qu’il consiste seulement à être fidèle aux propres devoirs ou à accomplir quelque œuvre bonne. Mais pour Jésus, c’est beaucoup plus. Dans [cet] Évangile, il nous demande, avec des paroles très fortes, radicales, une disponibilité totale, une vie mise pleinement à disposition, sans calculs et sans bénéfices. Pourquoi Jésus est-il si exigeant ? Parce que Lui nous a aimés ainsi, se faisant notre serviteur « jusqu’au bout » (Jn 13, 1), venant « pour servir et donner sa vie » (Mc 10, 45). Et cela a lieu encore chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie : le Seigneur vient au milieu de nous et pour autant que nous puissions proposer de le servir et de l’aimer, c’est toujours Lui qui nous précède, nous servant et nous aimant plus que tout ce que nous imaginons ou méritons. Il nous donne sa vie même. Et il nous invite à l’imiter, en nous disant : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive » (cf. Jn 12, 26).
Donc, nous sommes appelés à servir (...) pour imiter Dieu, qui s’est fait serviteur pour notre amour. Et nous ne sommes pas appelés à servir de temps et temps mais à vivre en servant. Le service est alors un style de vie, il résume même en lui tout le style de vie chrétien : servir Dieu dans l’adoration et dans la prière ; être ouverts et disponibles ; aimer concrètement le prochain : tout mettre en œuvre avec élan pour le bien commun.”
En nous rappelant qu’être guide ou scout, c’est l’être à tout moment, quel que soit l’endroit ou le moment, les Scouts d’Europe nous invitent à ce style de vie décrit par le Pape.
Ils nous rappellent aussi qu’être scout ou guide, c’est en soi avoir le sens de Dieu et que ce sens est indissociable du scoutisme, tel que Baden-Powell l’avait lui-même affirmé.
Mais tel que répété lors de toute cérémonie d’investiture, n’attendons aucun avantage de notre service : "Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire". (Lc 17, 10).
Contentons-nous d’être ce serviteur inutile, de faire tout ce que nous devons faire et nous pourrons alors nous souvenir des paroles de sainte Teresa de Calcutta : « Le fruit de la foi est l’amour. Le fruit de l’amour est le service. Le fruit du service est la paix » (Le chemin simple, Introduction).
Alors ... Engagez-vous !
Laurent - janvier 2019
Si chacun des scouts de la troupe peut te faire confiance, si ton oui est sans faille et que ta parole est un engagement sacré,
Si tu peux, en toutes circonstances, rester loyal à tes chefs, à ton CP, à ton SP, mais aussi à ta patrouille et à la troupe,
Si tu peux rendre service à tous sans chercher de récompense ou à te mettre en avant,
Si tu peux voir un ami dans chaque personne rencontrée et un frère dans chaque scout,
Si tu peux bannir de ton vocabulaire tout gros mot ou toute injure pour laisser la place à des 'mercis', à des 's’il te plaît',
Si tu peux perdre avec panache, sans râler, et reconnaître avec joie la victoire des autres,
Si tu peux voir dans la nature l’oeuvre de Dieu et ainsi aimer les plantes et les animaux en les respectant,
Si tu peux obéir sans contester,
Si tu peux tout faire à fond, terminant tout ce que tu as commencé, cherchant sans cesse à mieux faire,
Si tu peux garder ton calme quoi qu’il arrive et combattre tes difficultés à coups d’éclats de rire et de chants,
Si tu peux éviter de gaspiller ce que tu as,
Si tu peux être attentif aux affaires des autres, même si, eux, ont été distraits,
Si tu peux faire en sorte que tes paroles correspondent à tes actes, que tes actes correspondent à tes pensées et que tes pensées correspondent à tes paroles ... et que celles-ci soient le reflet fidèle de la loi scoute,
(Loi scoute mise en forme selon le poème de Rudyard Kipling « Tu seras un homme, mon fils », écrit en 1910)
Laurent
Il faut d'abord savoir afin d'agir après, rien ne sert l'ignorance et le pas-fait-exprès.
Il faut vouloir avant afin de continuer sur la distance ; à l’heure du besoin, ta volonté fera la différence.
Sois prête comme une vraie guide à faire à tout moment pour le prochain, ton frère, acte de dévouement ;
et s'il ne te plaît pas, donne-toi doublement.
Sois prête comme une vraie guide à toutes les surprises, aux hasards de la rue, au pire, aux traîtrises,
et de toi-même alors, conserve la maîtrise.
Sois prête à recevoir qui te vient déranger, sois prête à secourir le pauvre et l'étranger,
sois prête comme une vraie guide à courir au danger.
Sois prête ; et pour cela il faut que tu pratiques : on n'improvise pas les actes héroïques,
ils sont le résultat de long labeurs stoïques.
Sois prête quand la vertu réclame tes efforts.
Sois prête à pardonner car c'est prouver qu'on aime.
Sois prête à faire honneur au Dieu de ton baptême.
Sois prête comme une vraie guide à répondre à l'appel
et, si tu marches seule, à marcher droit quand même.
Chevreuil, suivant un poème du Père Jacques Sevin
Celles qui se moquent de toi lorsqu'elles te voient porter les trois doigts au chapeau, en uniforme impeccable ... C’est qu'elles ignorent combien est beau ce geste évocateur de la loi scoute.
Cette loi d'honneur où une parole est une confiance sans faille et déjà une réalisation,
Cette loi qui te veut loyale à ton pays, tes parents, tes chefs, mais aussi à la plus petite guide,
Cette loi qui t'oblige à servir ton prochain, à partager à tous ton âme fraternelle,
Elle te dit d'aimer les plantes, elle te prêche la pitié des animaux.
Elle te demande d'obéir sans réplique, de ne rien faire à moitié, de tout être économe.
Elle ose t'imposer la paix et le sourire en guise de défi aux difficultés et de renoncement aux facilités.
Elle te demande finalement la pureté de ton corps et de cœur.
N'est-ce pas là le portrait du Fils de Dieu fait homme ?
Alors, laisse donc plaisanter ceux et celles qui se moquent car s’ils devaient porter ton uniforme, s'ils devaient observer ta loi, ils ne railleraient plus.
Ta loi, Guide, elle est boussole pour la route, celle de ta Compagnie et celle de ta vie.
Tu peux en être fière car elle te mène aux autres et elle te mène à Dieu !
Chevreuil
Librement inspiré du "Poème de la loi scoute" du Père Sevin
En réalité, c’est très simple :
Si tu sais écouter les Vieux Loups, et pas juste les entendre,
Si tu ne t’écoutes pas toi-même, que tu oublies de faire passer tes envies avant celles de la Meute,
Si tu penses d’abord aux autres, à ce dont ils ont besoin, à ce qui leur ferait plaisir,
Si tu ouvres grands tes yeux et tes oreilles pour découvrir ce monde que Dieu te donne,
Si tu es toujours propre, pas seulement en te lavant, mais aussi propre dans ton langage, dans tes pensées,
Si tu dis toujours vrai, sans chercher à cacher des choses,
Si tu es toujours gai, même quand c’est un peu difficile ou que les autres tirent la tête ou râlent,
Alors, tu seras un Louveteau !
Alors il est certain que tu auras fait de ton mieux.
Hathi
(Inspiré pour la forme du poème de Rudyard Kipling « Tu seras un homme, mon fils », écrit en 1910)