Invité en 2020 à s’exprimer sur le devenir de l’hôtellerie dans le cadre du salon Equip’hotel, Laurent Maugoust avait esquissé une suite plurielle dans laquelle il revenait sur les archétypes de la mythologie hôtelière et de leurs potentialités. La suite proposait une réflexion sur de nouveaux usages et une modularité novatrice dans les établissements hôteliers. Pensée comme un penthouse et un lieu à incarner, la suite, qui devait donc rester une utopie, en a engendré une autre : la serre.
Cette ambition n’étant possible que dans la convergence des compétences, l’architecte d’intérieur a associé à sa démarche l’expertise d’Antoine Fraysse architecte HMNOP . Il a également invité l’agence Chorème, composée de Florent et Grégory Morisseau, tous deux ingénieurs paysagistes. Ceux-ci ont envisagé plusieurs ambiances végétales dont le jardin d’hiver pour se recréer et ressourcer au-delà même de la suite ou d’un bassin aquatique comme miroir du ciel. La potentialité de l’espace de la serre bioclimatique autorise l’autonomie énergétique, grâce à une enveloppe intérieure stylisée aux volumes généreux, une grande recherche de lumière et d’ouverture. Cette double peau - pensée comme une frontière poétique- est réalisée sur le modèle des serres de type horticole, utilisées par les professionnels pour gérer de façon très précise le climat.
Constituées d’une armature métallique et de parois en verre feuilleté ou en polycarbonate, ces serres sont ventilées par des ouvrants en toiture et en façade, des voiles d’ombrage ou rideaux thermiques.Ces ouvertures offrent, depuis l’intérieur, une vue presque continue sur la ville. Les espaces intérieurs peuvent avoir des ambiances «climatiques» variables, permettant une configuration souple pour offrir les meilleures sensations.
"Cet imaginaire insulaire renouvelle les codes de l’évasion urbaine en y injectant une vision utopique et positive. Une ville comme Paris, sans dénaturer sa beauté historique, devra dans une projection à 100 ans, produire l’énergie et l’alimentation nécessaires à ses habitants. En faisant converger les nouvelles pratiques dans des modèles plastiques inédits nous contribuons à cette transition."
Laurent Maugoust, 2020
La serre peut être transformée en salle de réception. Les hôteliers pourraient par exemple la louer durant plusieurs mois de l’année en restaurant ou bar grâce à l’espace catering transformable en show kitchen. Le télétravail se généralisant, les lieux pourraient aussi être convertis en salle de conférence, de séminaire ou en bureaux partagés. Privatisable, la serre invite à de nouvelles opportunités pour le monde de la culture et de l’événementiel : galerie à ciel ouvert, showroom, salle de projection sous un ciel étoilé et avec vue sur les toits de Paris… le tout enveloppé dans une jungle urbaine mais à l’abri des rumeurs de la ville.