Caricature, Girerd, 14 octobre 1970
Source (BAnQ P683,S2,SS2,P178 )
Respect du droit d'auteur.
Utilisation éducative et non commerciale.
Dès les années 1960, des mouvements politiques se radicalisent au Québec. Entre 1963 et 1970, le mouvement Front de libération du Québec (FLQ) fait exploser plus de 200 bombes, tuant 6 personnes et en blessant plusieurs autres.
Le mois d'octobre 1970 est nommé crise d'Octobre, en raison du point culminant que prend la situation: le FLQ enlève deux personnalités politiques. Le 5 octobre, le FLQ enlèvent James R. Cross, diplôme britannique. Puis, le 10 octobre, c'est le tour du ministre du Travail et de l'Immigration du Québec, pierre Laporte, d'être enlevé.
Le FLQ réclame la libération de prisonniers de guerre, une rançon de 500 000$, la lecture de leur manifeste en direct à la télévision et sa publication dans les journaux.
En réaction, le gouvernement fédéral de Pierre Eliott Trudeau proclame la Loi sur les mesures de guerre. Cette loi donne le contrôle à l'armée, qui peut arrêter ou perquisitionner sans mandats. L'armée peut également emprisonner tous suspects. Environ 497 personnes sont arrêtés.
Le 17 octobre 1970, le ministre Pierre Laporte est trouvé mort dans sa voiture. Les circonstances de sa mort demeurent flous. En décembre 1970, le FLQ libère James Cross en échange de l'exil de ses membres à Cuba. Tous les ravisseurs finiront par revenir au pays entre 1971 et 1980. Ils seront accusés et emprisonnés.
La principale motivation derrière les actions du FLQ est la libération économique du Québec, qu'ils considèrent sous l'emprise de la domination anglophone.
La crise d'Octobre entache le projet d'indépendance du Québec, mais n'empêche pas les nationalistes de poursuivre leur projet en ce sens. Les nationalistes critiqueront les actions du gouvernement, notamment la mise en place de la Loi sur les mesures de guerre.
« Le Front de libération du Québec veut l’indépendance totale des Québécois, réunis dans une société libre et purgée à jamais de sa clique de requins voraces, les " big boss " patronneux et leurs valets qui ont fait du Québec leur chasse gardée du cheap labor et de l’exploitation sans scrupules.
Le Front de libération du Québec n’est pas un mouvement d’agression, mais la réponse à une agression, celle organisée par la haute finance par l’entreprise des marionnettes des gouvernements fédéral et provincial [...].
Nous en avons soupé du fédéralisme canadien qui pénalise les producteurs laitiers du Québec pour satisfaire aux besoins anglo-saxons du Commonwealth ; qui maintient les braves chauffeurs de taxi de Montréal dans un état de demi-esclaves [...]; qui classe la nation québécoise au rang des minorités ethniques du Canada. Nous en avons soupé, et de plus en plus de Québécois également, d’un gouvernement de mitaines qui fait mille et une acrobaties pour charmer les millionnaires américains en les suppliant de venir investir au Québec [...]. »
Concernant la mise en place de la Loi sur les mesures de guerre:
<< Dotées de pouvoir spéciaux de temps de guerre, les forces policières et militaires se sont massivement déployées hier à travers le Québec. Leurs instructions: parer à ce que le gouvernement du Québec considère comme un danger d'insurrection en démantelant le réseau de cellules du Front de libération du Québec.>> (Extraits de journaux, Le Devoir, p. 2, Source.)
Pierre Eliott Trudeau: << Si, comme certains le suggéraient, on avait accédé cette fois-ci aux exigences des terroristes, quitte à exercer ''la prochaine fois'' une sévérité et une vigilance accrues, on n'aurait fait que retarder l'échéance. Demain, la victime aurait été un gérant de Caisse populaire, un fermier, un enfant. Est-ce alors seulement qu'il aurait fallu s'opposer au chantage? Combien d'enlèvements aurait-il fallu avant de dire non aux ravisseurs? (...) Pour survivre, toute société doit pouvoir se débarrasser du cancer que représente un mouvement révolutionnaire armé, voué à la destruction des fondements mêmes de notre liberté. (Concernant la loi sur les mesures de guerre, le gouvernement ) ne s'y est résolu que lorsqu'il est devenu évident que la situation ne pouvait plus être maîtrisée autrement. >> Propos rapporté dans Le Devoir, Source.
René Lévesque : << Le Québec n'a plus de gouvernement. (...) Le Cabinet Bourassa a passé la main et n'est plus que le pantin des dirigeants fédéraux. (...) Alors même qu'il était au curant de la ligne intraitable qui régnait à Ottawa (...) il en préparait le climat requis en laissant la situation se prolonger et pourrir pendant qu'il faisait semblant de tergiverser, et que finalement, la nuit dernière, c'est qui lui a cautionné le geste extrême du régime Trudeau qui veut placer tout le Québec sous occupation miliaire jusqu'au printemps prochain. >> Propos rapporté dans Le Devoir, p. 1-2, Source.
Robert Bourassa: << Le gouvernement (...) était ''moralement convaincu'' qu'il était essentiel de recourir aux pouvoirs d'urgence, ainsi que de faire appel à l'armée pour prendre la relève de la police dans la garde des hommes et des biens mis en danger par l'action du FLQ. (...) Le gouvernement du Québec, et lui seul, qui a pris ces décisions librement, et qu'il a bien pris soin qu'elles ne portent atteinte à son autonomie et à son pouvoir de décision. >> Propos rapporté dans Le Devoir, p. 2., Source.
M.T.C Douglas, chef du Nouveau parti démocratique : << Recourir à la loi des mesures de guerre dans un cas comme celui-ci (...) est aussi ridicule que de se servir d'un ''marteau de forgeron pour écraser une arachide''. (...) Il est clair que le gouvernement a cédé à la panique et qu'il dramatise maintenant la situation pour couvrir son ineptie. (...) Avec cette Loi des mesures de guerre (...) le premier ministre Trudeau détient plus de pouvoir que n'en a jamais détenu un premier ministre canadien en temps de paix. L'action du gouvernement constitue un dur coup à la cause des libertés civiles. >> Propos rapporté dans Le Devoir, p. 1-2, Source.
Jean Drapeau : <<L'assistance des gouvernements supérieurs est devenu essentielle pour protéger la société du complot séditieux et de l'insurrection appréhendée dont les enlèvements récents ont marqué le déclenchement. (...) Nous requérons, Monsieur le premier ministre, toute l'assistance que le gouvernement du Canada jugera utile et désirable pour mener à bien la tâche de protéger la société et la vie des citoyens dans ces heures difficiles. >> Lettre publiée dans Le Devoir, p. 6, Source.
La caricature tourne au ridicule les policiers face aux actions terroristes du FLQ. La boîte aux lettres fait référence aux bombes des terroristes qui ont explosé dans des boîtes aux lettres d'un quartier de Montréal. En octobre 1970, alors que la crise est à son apogée, en raison des deux enlèvements, le gouvernement est prêt à tout. Il est prêt à offrir 150 000$ pour toutes informations permettant de retrouver les hommes politiques et les ravisseurs. La caricature est publiée une journée avant la mise en place de la Loi sur les mesures de guerre. On peut faire un lien entre les difficultés de la police de Montréal à trouver les coupables et le gouvernement qui fait alors appel à l'armée.
Les membres du FLQ sont issus de mouvements politiques pour l'indépendance du Québec. Les membres se radicalisent dans les années 1960 et 1970.
Le FLQ considère que le Québec est inférieur économiquement au reste du Canada. Il dénonce donc la domination économique anglophone. L'indépendance du Québec est l'option qu'ils envisagent.
La crise d'octobre est le point culminant des actions terroristes entreprises par le FLQ à partir des années 1960. Octobre 1970 est marqué par l'enlèvement de deux hommes politiques.
Au Québec.
Les actions terroristes se sont multipliées entre 1963 et 1970. La crise touche tout le mois d'octobre 1970.
Pour revendiquer, les membres du FLQ font exploser des bombes un peu partout à Montréal entre 1963 et 1970. Puis, en octobre 1970, deux hommes politiques sont enlevés. Les membres du FLQ réclament plusieurs choses, obtiennent la lecture et la publication de leur manifeste, ainsi qu'un exil à Cuba.
Manifestes du FLQ, BAnQ 0006326062
Respect du droit d'auteur, Utilisation éducative et non commerciale
Photographie, Dossier FLQ 1970 et l'armée, Antoine Desilets, 1970-1984.
Source (BAnQP697,S1,SS1,SSS16,D44 )
Utilisation non commerciale.
https://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/documents/36.html
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/chronologie/le-flq-et-la-crise-doctobre