Ou la Loi pour promouvoir la langue française au Québec
De prendre les mesures nécessaires pour que les cours d'études du niveau de la première année à celui de la onzième inclusivement, adoptés ou reconnus pour les écoles publiques catholiques, protestantes ou autres, selon le cas, soient dispensés à tous les enfants domiciliés dans le territoire soumis à leur juridiction s'ils sont jugés aptes à suivre ces cours et désireux de s'y inscrire.
Ces cours doivent être donnés en langue française.
Loi linguistique, Gouvernement du Québec, 1969.
Respect du droit d'auteur.
Utilisation éducative et non commerciale.
En janvier 1964, dans la foulée du mouvement de laïcisation du milieu de l'éducation et de l'augmentation de l'interventionnisme étatique dans les sphères sociales et culturelles, le gouvernement de Jean Lesage met sur pied le ministère de l'Éducation, puis il réforme le système des Commissions scolaires.
En 1967, la Commission scolaire de Saint-Léonard, près de Montréal, abolit les écoles bilingues afin que les immigrants arrivant au Québec soient contraints à un enseignement en français. Cette stratégie a pour but d'assurer la qualité du français chez les nouveaux migrants. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'immigration est de plus en plus diversifiée et toujours majoritairement anglophone.
Devant l'action de la Commission scolaire, la population anglophone et les députés anglophones s'insurgent et demandent un changement. Des émeutes ont lieu dans le quartier de Saint-Léonard, opposant les communautés italiennes, anglophones, et des francophones réunis au sein d'un mouvement pour la protection de l'enseignement du français. Une enquête est ouverte, mais sans en attendre le rapport, le gouvernement de Jean-Jacques Bertrand propose la Loi 63 en octobre 1969.
Par cette loi linguistique, le gouvernement québécois permet aux parents d'inscrire leurs enfants dans les écoles de leur choix, anglaise ou française. Cependant, les écoles anglaises devaient s'assurer que les Canadiens anglais du Québec et les immigrants obtiennent un enseignant suffisant en français.
La loi 63, tout comme les autres lois mises en place durant les années 1960 et 1970, entraîne une augmentation du mécontentement anglophone. Par contre, la loi 63 entraîne également un mécontentement chez les francophones, surtout ceux ayant un discours indépendantiste, car ils craignent que cette loi constitue une menace pour la survie du français. Une grande manifestation est organisée les 28 et 29 octobre 1969 à Montréal pour protester contre la loi 63. Plus de 30 000 Québécois se rassemblent dans les rues de Montréal pour soutenir l'unilinguisme français.
Malgré cette opposition, la loi est sanctionnée en novembre 1969.
Cela entraîne aussi une augmentation du nombre d'immigrants inscrits dans les écoles anglophones, contrairement à ce que le gouvernement du Québec souhaite.
Loi pour promouvoir la langue française au Québec (1969-1974)
Article 1
« Le ministre doit prendre les dispositions nécessaires pour que les programmes d'études édictés ou approuvés pour ces institutions d'enseignement et les examens qui les sanctionnent assurent une connaissance d'usage de la langue française aux enfants à qui l'enseignement est donné en langue anglaise.».
Article 2
« 3° De prendre les mesures nécessaires pour que les cours d'études du niveau de la première année à celui de la onzième inclusivement, adoptés ou reconnus pour les écoles publiques catholiques, protestantes ou autres, selon le cas, soient dispensés à tous les enfants domiciliés dans le territoire soumis à leur juridiction s'ils sont jugés aptes à suivre ces cours et désireux de s'y inscrire.
Ces cours doivent être donnés en langue française.
Ils sont donnés en langue anglaise à chaque enfant dont les parents ou les personnes qui en tiennent lieu en font la demande lors de son inscription; les programmes d'études et les examens doivent assurer une connaissance d'usage de la langue française à ces enfants et le ministre doit prendre les mesures nécessaires à cette fin.
Article 3
«e) prendre, de concert avec le ministre de l'Éducation, les dispositions nécessaires pour que les personnes qui s'établissent au Québec acquièrent dès leur arrivée ou même avant qu'elles quittent leur pays d'origine la connaissance de la langue française et qu'elles fassent instruire leurs enfants dans des institutions d'enseignement où les cours sont donnés en langue française. ».
Article 4
Office de la Langue française doit, sous la direction du ministre:
a) veiller à la correction et l'enrichissement de la langue parlée et écrite;
b) conseiller le gouvernement sur toute mesure législative ou administrative qui pourrait être adoptée pour faire en sorte que la langue française soit la langue d'usage dans les entreprises publiques et privées au Québec;
c) élaborer, de concert avec ces entreprises, des programmes pour faire en sorte que la langue française y soit la langue d'usage et pour assurer à leurs dirigeants et à leurs employés une connaissance d'usage de cette langue;
d) conseiller le gouvernement sur toute mesure législative ou administrative qui pourrait être adoptée en matière d'affichage public pour faire en sorte que la langue française y soit prioritaire;
e) créer un centre de recherches linguistiques et coordonner dans le Québec toute activité de recherches en ce domaine.
[...]
16 décembre 1968
Claire Kirkland-Casgrain, Libéral:
« Les libertés civiles de chaque citoyen québécois, qui ont toujours été sous-entendues et respectées, particulièrement ici au Québec [...], ont été mises de côté dans une des régions de Montréal, depuis un certain nombre de mois [...] » Source
28 octobre 1969
Jean Lesage, Parti libéral:
« L'an dernier, après une série de contestations et de manifestations qui sont allées jusque dans les rues de Saint-Léonard et surtout à la veille d'une élection partielle où le gouvernement faisait l'impossible pour tenter d'obtenir le vote anglophone, le premier ministre avait pris l'engagement solennel de proposer à l'Assemblée nationale un projet de loi qui consacrerait dans la législation un droit que les parents du Québec avaient toujours par tradition, celui de faire éduquer leurs enfants dans la langue officielle de leur choix [...].
Ce n'est pas la correction d'une injustice à l'égard de la minorité qui peut donner entière satisfaction à la majorité dont une bonne partie voit sa propre langue en danger. [...] Il met de côté tout le problème de l'intégration des immigrants à la vie française du Québec [...]. Le [projet de loi] ne contient absolument rien pour favoriser le progrès du français dans le monde du travail [...], dans les communications, dans les usines, dans les ateliers, dans les bureaux d'affaires [...]» Source
30 octobre 1969
Jean-Jacques Bertrand, Premier ministre, Union nationale:
« L'immense majorité de nos compatriotes [...] ne veulent pas renoncer à leur culture, mais ils ne veulent pas renoncer non plus au niveau de vie et à tous les autres avantages que comporte leur participation à la vie nord-américaine.
Ils ne veulent surtout pas être placés dans une situation qui les force, en quelque sorte, à choisir entre leur appartenance culturelle et leur appartenance économique [...]. La politique québécoise doit donc viser précisément à favoriser la poursuite harmonieuse de cette double ambition [...]. » Source
René Lévesque, Parti québécois:
« C'est un [projet de loi] qui vise fondamentalement [...] à ''officialiser'' légalement, pour la première fois, un statu quo ancien, mais dépassé et dont le maintien tel quel [...] serait tout à fait contraire aux intérêts les plus vitaux et les plus légitimes du Québec français. Ce statu quo [...] a permis à une minorité, qui avait déjà tout pour elle dans Québec, de devenir dominante à Montréal surtout, mais aussi ailleurs très souvent, au point où c'est nous, la majorité, qui a plus ou moins long terme, sommes obligés d'être inquiets et de nous sentir menacés dans notre existence même ». Source
4 novembre 1969
Maurice Bellemare, Union nationale:
« Dans la province de Québec, [...] pas une des personnes que j'ai rencontrées qui ne m'a fortement encouragé à maintenir l'attitude qu'a prise le gouvernement avec le bill 63. Elles nous ont presque toutes dit: ''Il est temps de faire de l'ordre dans la province de Québec et d'en mettre de l'ordre!'' Tâchez-vous, disaient-elles, [...] d'appliquer véritablement cette loi qui veut, elle, particulièrement rétablir, comme il convient, les droits sacrés de tout le monde [...]. » Source
Le document est une photographie, source primaire. Il présente les manifestants lors de la manifestation contre la Loi 63 et pour l'unilinguisme francophone.
L'élément principal à observer est la banderole qui présente le point de vue des manifestants: La loi 63 signifie la mort du français.
La photographie est prise soit le 28 ou le 29 octobre 1969, lors de la manifestation de Montréal.
Les manifestants sont des Québécois de langue française.
Le gouvernement de Jean-Jacques Bertrand veut s'assurer que les Canadiens anglais et les immigrants obtiennent un enseignement suffisant en français.
Les manifestants militent contre la mise en place de la Loi 63, première loi sur la protection de la langue française au Québec. Les manifestants considèrent que la loi est une menace pour le français et ils réclament l'unilinguisme francophone.
La manifestation a lieu à Montréal. La loi touche l'ensemble de la province québécoise.
La manifestation a lieu les 28 et 29 octobre 1969. Malgré cette opposition, la loi loi est sanctionnée le 28 novembre 1969.
La loi laisse les parents choisir s'ils désirent envoyer leurs enfants dans une école anglaise ou française. La loi oblige les écoles anglaises à s'assurer que les élèves obtiennent un enseignement suffisant en français.
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/loi-63
https://www.larevolutiontranquille.ca/fr/le-bill-63.php
https://www.axl.cefan.ulaval.ca/amnord/quebec-loi-1969.htm
https://curio.ca/fr/catalogue/1cc23817-a39a-4726-825f-546c00de8624
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/2010.html
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/21037.html
https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/histoire/la-protection-de-la-langue-francaise-h1703
https://www.oqlf.gouv.qc.ca/charte/reperes/reperes.html
https://www.pressreader.com/canada/le-journal-de-montreal/20191031/281762746054141
Article de journal, Le Devoir, 16 septembre 1987.
À noter: la faute d'inattention dans le sous-titre.
Statistique Canada, recensements de la population, 1951 à 2001, Enquête nationale auprès des ménages, 2011. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-630-x/11-630-x2016006-fra.htm (Respect du droit d’auteur, utilisation éducative et non commerciale).
(Un) deuxième conflit scolaire à secouer (SIC) Saint-Léonard où un groupe d’étudiants occupe littéralement l’école secondaire Aimé-Renaud depuis 23 heures vendredi derrière. (...) On sait que cette école a été occupée par les étudiants francophones à la suite du refus de la Commission scolaire régionale de changer sa décision de faire de Aimé-Renaud le lieu unique de regroupement de ses étudiants anglophones. Les étudiants francophones refusent d’être dispersés dans d’autres écoles.
Jean-Claude Leclerc, La police hésite à recourir à la force, Le Devoir, 3 septembre 1968, p.1 .https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2777337 (Respect du droit d’auteur, utilisation éducation et non commerciale).
Le Devoir, 29 septembre 1969, https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2777701. (Respect du droit d’auteur, utilisation éducation et non commerciale).