En 1864, après plusieurs de 10 ans d'instabilité ministérielle, les partis politiques s'entendent pour une coalition. 3 des 4 partis politiques du Parlement du Canada-Uni s'allient au sein de la Grande Coalition:
Les Clear Grits (réformistes du Haut-Canada) sous la direction de George Brown;
Les libéraux-conservateurs du Haut-Canada, sous la direction de John A. Macdonald;
Le Parti bleu (conservateur) du Bas-Canada sous la direction de George-Étienne Cartier.
Seul le Parti rouge, sous la direction d'Antoine-Aimé Dorion, refuse de se joindre à l'alliance, craignant que les projets de la Coalition menacent les minorités françaises.
Avec cette coalition, les politiciens parviennent à maintenir un gouvernement au pouvoir et discutent d'une réforme constitutionnelle en soulevant l'éventualité d'une union fédérative avec d'autres provinces anglaises. La revendication du Haut-Canada d'obtenir la représentation proportionnelle est également discutée.
L'objectif de cette coalition est surtout de mettre fin à l'instabilité ministérielle. Cette alliance est perçue comme la concrétisation de la coopération entre francophones et anglophones. Durant toute la période, Macdonald travaille fort pour obtenir un gouvernement qui soit prêt à bâtir le pays qu’il espère et à obtenir le soutien donc il a besoin auprès de la population.
Discours Brown, 14 juin 1864:
« [Les députés du Haut-Canada et les députés du Bas-Canada] avons deux races, deux langues, deux systèmes de croyances religieuses, deux systèmes (...), si bien qu’il est devenu presque impossible aux parlementaires des deux camps de faire partie d’un même gouvernement sans sacrifier leurs principes. Les difficultés ne font que s’aggraver chaque année. (...)
Une grande crise a éclaté dans la province; (...) les élections se sont succédées; (...) les crises ministérielles se sont succédées sans apporter aucune solution aux difficultés de la conduite du gouvernement du pays;
Je crois que le pays comprendra clairement que l’alliance qui s’est formée entre les messieurs d’en face et moi-même, et les amis qui entreront avec moi au Cabinet, n’est pas une alliance politique courante pour des objectifs politiques ordinaires, mais qu’elle a été provoquée par l’extrême urgence de l’impasse dans laquelle nous sommes presque arrivés, et par la proposition faite par le procureur général de l’Est – de la manière la plus franche et la plus virile qui soit, invitant ma coopération à trouver une solution à ces difficultés. »
Extrait de la Commission sur l'avenir politique et constitutionnelle du Québec
Le soir du 14 juin et le matin du 15, Brown rencontra plusieurs Conservateurs et confia à deux d'entre eux, en les autorisant à le faire savoir à J.A. Macdonald et à Galt, qu'il serait prêt à collaborer avec le gouvernement actuel ou avec tout autre gouvernement dans le but de prendre occasion de la crise actuelle pour tenter de trouver une solution permanente au problème constitutionnel du Canada. (p. 34)
De longues négociations commencèrent, qui allaient durer jusqu'au mardi 21 juin. (...) Deux points majeurs rendirent les discussions difficiles: la nature de la réforme constitutionnelle et la forme de la collaboration des réformistes et de Brown lui-même. En ce qui concernait la forme constitutionnelle, Galt et Macdonald proposèrent la confédération de toutes les colonies britanniques de l'Amérique du Nord, tandis que Brown commença par exiger la représentation proportionnelle, puis la fédération restreinte des deux régions du Canada et se rangea finalement aux exigences de Macdonald et Galt. (p. 35-36)
En ce qui a trait à la collaboration de Brown et de son parti avec le gouvernement, la négociation fut longue et ardue: (...) Brown ne désirait pas entrer au cabinet de coalition: il fut convaincu de le faire par ses partisans, par les négociateurs conservateurs et par le Gouvernement général. (...) Il ne resterait plus qu'une seule opposition, fortement affaiblie, celle des réformistes de Antoine-Aimé Dorion. (p. 36)
Alfred Dubuc, À la veille de la Confédération : la Grande coalition du 22 jui 1864. Propos d'actualité. Commission sur l'avenir politique et constitutionnelle du Québec, Assemblée nationale du Québec. Source.