Loredana PAVONE

Université de Catane

Pour (dé)masquer le discours politique du Président Macron

Dès le début de sa campagne présidentielle en 2017, Emmanuel Macron avait mis en œuvre des stratégies spécifiques : d’une part, pour construire l’image de soi (Amossy : 1999), pour être crédible, et pour séduire les citoyens français, et, d’autre part, pour attirer le consentement de l’opinion publique, et la faire adhérer par le biais d’un langage composite. Ce dernier est effectivement composé aussi bien de citations illustres ou, de préférence, moins connues, de mots rares, de phrases latines, de formules parfois désuètes, que de termes issus du management ou empruntés très souvent à l’anglais. « On m’a pris pour un fada… », « Continuez votre antienne Madame Le Pen… », « Il ne faut pas raconter de carabistouilles…», « Make our planet great again !», «J’ai pivoté le business model…», «start-up nation», « culture du invented-here », « distruptif », pour n’en citer que quelques exemples révélateurs, tirés de ses prises de parole longues et alambiquées.

Lors de rencontres, interviews et débats télévisés de la campagne présidentielle, il a mis en scène son discours, comme tout homme politique (Charaudeau : 2014), remportant, initialement, un grand succès sans doute aussi grâce au rôle important joué par la presse écrite.

Depuis, certaines formules devenues célèbres, ont fait polémique du côté de ses opposants, et ont attiré toute notre attention : nous allons interroger le lien entre les déguisements du discours politique de Macron et ses stratégies discursives qui, à nos yeux, traduisent son intention politique, et qui s’avèrent, dans certains cas, de véritables « mots piégés » (Blanchet : 2017).

Pour ce faire, nous avons analysé des discours prononcés par Macron, à partir de textes officiels, disponibles en ligne, en vue de montrer que ses « macronades » linguistiques n’ont pas le seul but d’épater son interlocuteur. De par sa force de persuasion et de par son argumentation (Amossy : 2006), il semblerait que son discours envisage de combler une distance entre lui et l’opinion publique sous le masque d’une écoute bienveillante – voire élitiste - qui tombe inexorablement face aux critiques qui lui sont parfois adressées.