Michela LO FEUDO

Université de Naples Federico II

Écrire sur la caricature, discuter de littérature.

Autour des écrivains du XIXe siècle historiens de l’image satirique

Gautier, Baudelaire, Champfleury, les frères Goncourt, Vallès partagent un certain intérêt pour l’image satirique. Chacun sous une perspective personnelle, ils se sont en effet interrogés sur cet art considéré souvent comme grossier, populaire et sériel fruit des événements révolutionnaires et de la diffusion de la presse industrielle au XIXe siècle. Ces écrivains alimentent un débat qui se développe entre monarchie de Juillet et Troisième République à travers des séries d’articles historiques et théoriques - ceux de Gautier publiés dans La Presse, les essais de Baudelaire sur le rire, sur les caricaturistes français et étrangers, les articles de Champfleury sur Daumier, les recherches de Vallès sur l’art satirique populaire - ou des études « archéologiques » et d’érudition portant sur un tel sujet - la monographie sur Henry Monnier et l’Histoire de la caricature en six volumes de Champfleury, l’Histoire de la société française pendant la révolution Goncourt -. L’hypothèse à la base de notre réflexion est qu’une telle discussion soulevée par des écrivains-critiques d’art peut fournir des éléments utiles (et souvent méconnus) à éclairer leurs poétiques et, de manière plus ample, à envisager le rapport entre littérature et arts visuels au XIXe siècle. Après avoir retracé le réseau des relations entre les différents auteurs, on analysera leur production sur la caricature dans le but de creuser les spécificités des positions de chacun, ainsi que leurs interactions. Ensuite, on se demandera si ces études sur la satire visuelle ne cachent pas l’émergence d’un débat parallèle et complémentaire à celui littéraire, un débat strictement lié à l’effort de définir les notions protéiformes d’art pour l’art d’un côté, de réalisme de l’autre.