Yves GAMBIER

Université de Turku (Finlande) et

Université de Technologie de Kaunas (Lituanie)

Dissémination et dissimulation au cinéma –

de l’écriture de scénario à la traduction audiovisuelle

Pendant longtemps, la censure a été réduite à la censure d’État, préventive ou répressive, avec manipulation idéologique, culturelle. Les études sur le cinéma et les régimes autoritaires (Italie de Mussolini, Allemagne d’Hitler, Espagne de Franco, Portugal de Salazar, Grèce des colonels, URSS, etc.) démontrent néanmoins que cette censure n’a jamais été entière, constante à travers les années, les régimes s’adaptant aux soubresauts et tensions des relations internationales. Dans les années 1970-1980, on a davantage insisté sur la censure économique. Depuis une dizaine d’années, les médias sociaux ont développé un discours anonyme, violent, parfois provocateur, initiant une chasse aux sorcières et impliquant vite une autocensure qu’on retrouve aussi par exemple dans certaines traductions audiovisuelles de fans. Les technologies de manipulation de l’image, de montage de vidéo sont devenues un outil crucial de ce discours.

Après avoir illustré ces trois étapes ou types de censure, nous nous interrogerons sur la création et le rôle de l’art visuel dans le paysage contemporain. Si la fiction est un exercice de paranoïa volontaire qui consiste à cacher les « bonnes choses » aux spectateurs, qu’en est-il de la production audiovisuelle, souvent anonyme, toujours accessible sur le Net ?

Le sous-titre (de l’écriture de scénario...) est une manière de préciser que "cinéma" est à prendre au sens large incluant toutes les étapes de sa "fabrication" et non seulement le film comme produit final, projeté.