Objèktif zéro fot

Si kom töt lé lãg, le frãsè a évolué a l'oral durã sè dèrnyé syèkl, sõn ortograf è kãt a èl rèsté paralizé. Il ã rézult un kõplèksité de lèktur é d'ékritur èksésiv kõparé a d'otr lãg kom l'èspanyol, l'almã, le bretõ, le rus ö l'arab. D'ayër sèt kõplèksité è tèl ke sël kèlke dizèn de pèrson o mõd pëv réalizé zéro fot a un dikté Diko d'or de Bernard Pivot !

Depui un dizèn d'ané, ũ virus épistolèr sã présédã cãböl sèt ortograf multi sãtnèr. Lè mo laborye a ékrir sur sé ficu klavyé de portabl se sõ rapidmã trãsformé ã un form mutãt. Par ègzãpl ũ mo kom "orthographe" s'ékri dézormè sövã "ortograf". Frapã inisyalmã lé jën, se fénomèn s'è ojördui propajé a prèsk töt la populasyõ.

En analysant cette nouvelle manière d'écrire le français, l'Académie Française lui a récemment trouvé — à la surprise générale — des vertus salvatrices. Plus proche phonétiquement de la langue parlée, sa standardisation permettrait à quiconque de réaliser le zéro faute aux Dicos d'Or et ce, en seulement quelques heures d'apprentissage. Pour cela, il faudrait systématiquement écrire un son donné avec la même lettre et pas sous 40.000 formes comme actuellement.

Après d'intenses débats entre les con-servateurs et les nuls-en-orthographe, la décision est finalement entérinée : une nouvelle orthographe basée sur un alphabet de 31 lettres entre en vigueur le 1er avril 2009 !

Voici ses règles :

  1. Conservation des voyelles a, e, i, o, u, é, è et des consonnes b, d, f, g, j, k, l, m, n, p, r, s, t, v, w, y, z.
  2. Abandon des anciennes voyelles à, ù, â, ê, î, ô, û, ï, ü et des anciennes consonnes c, ç, h, q, x;
  3. Abandon des consonnes doubles à l'écrit.
  4. Création d'une nouvelle consonne c pour le son "ch" et des nouvelles voyelles ã, ĩ, õ, ũ, ë, ö pour les sons de type "an", "in", "on", "un", "eu", "ou".
  5. Chaque lettre correspond invariablement à un seul son : a (avril), ã (lent), b (bête), c (chinois), d (dément), e (premier), é (été), è (aimer), ë (peur), f (facile), g (gag), i (ironie), ĩ (baratin), j (jeune), k (kif), l (lourd), m (marrant), n (nul), o (pipo), õ (son), ö (ouvert), p (papy), r (rigolo), s (subtil), t (taré), u (utile), ũ (lundi), v (vaseux), w (wiki), y (yoga), z (zen).
  6. Écriture suivant la prononciation moyenne du Petit Robert (i.e. prononciation de PPDA).
  7. Suffixation de lettres de liaison (ex : e, z, t, n, r, p, k) pour les liaisons obligatoires à l'oral.
  8. Abandon du signe tréma pour indiquer un hiatus.
  9. Prononciation possible de chaque lettre écrite.
  10. Exception (car aucun système n'est crédible sans exception) : Les sons de type "ing" (ex : "parking") restent tels quels à cause de nos amis anglais.

Certes les pinailleurs ne manqueront pas d'objections : perte de précision (ex : un seul nouveau mot mèr remplaçant les anciens mots "mère", "mères", "mer", "maire", "maires"), diminution dramatique des règles de grammaire et d'orthographe, difficultés à passer au nouveau système…, bref une trop grande rupture !

Mais notre ami lecteur aura déjà trouvé lui-même les contre-arguments. Si la signification du mot mèr est instantanément comprise à l'oral grâce au contexte, pourquoi n'en serait-il pas de même à l'écrit ? S'il y a moins de règles tarabiscotées à apprendre, pourquoi ne pas consacrer le temps ainsi libéré à d'autres études plus utiles ?

Aux grands maux les grands remèdes ! Plus nette est la rupture, plus grande est l'efficacité. Si nos lumineux ancêtres ont réussi à simplifier les choses en créant et en adoptant les nouvelles mesures du mètre et du gramme, pourquoi diantre n'en ferions nous pas de même avec cette nouvelle orthographe ?