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Culture woke et "art contemporain": les guerres culturelles continuent.

QUE FAIRE ?

Ne jamais attaquer de front.

L’indignation sera retournée en censure, atteinte à la dignité de l’artiste, de l’art etc. Quand le Vagin de la Reine a été vandalisé à Versailles, Kapoor s’est rentablement victimisé. Dans une guerre culturelle, concepts et slogans sont des armes dont les réseaux sociaux sont friands. Mais sous peine d’échanger une aliénation contre une autre, il faut auparavant déconstruire la déconstruction, la prendre à ses propres pièges, non-dits et contradictions3. L’AC se targue de féminisme : pourquoi les femmes, majoritaires dans les écoles d’art, ne sont que sept sur les 100 artistes les plus cotés en 2020 ?

Pourquoi, après MeToo et les propos de Duchamp « nous n’avons que pour femelle la pissotière et on en vit », son phallocratique Urinoir reste une icône mondiale ? Des blocs de banquise à Paris pour plaider la cause du climat ? Demandons-en l’empreinte carbone. Le chalutier où moururent 800 migrants, renfloué à prix d’or, exposé à la 58e Biennale de Venise, symboleculpabilisateur d’une Europe défaillante : face à l’épave, des visiteurs buvaient des Spritz. Les associations d’aide aux migrants ne sont-elles pas sceptiques du cocktail art, divertissement, finances, droits de l’Homme ? Eduardo Kac combat les manipulations génétiques en créant un lapin fluo, l’AC adorant pratiquer ce qu’il dénonce : alors seul le mal peut combattre le

mal ? Orlan sculpte son visage avec bosses frontales implantées par un chirurgien : « je suis un femme et une homme » dit l’artiste.

Face au malaise actuel du masculin/féminin, plus l’art flirte avec le clone, l’homme augmenté, le cyborg, moins la responsabilité des perturbateurs endocriniens de l’industrie (malgré l’inflation des pubertés précoces) sera pointée : car les résultats sont déjà culturellement intégrés, et transgenre, genderfluid, transhumanisme, présentés comme un épanouissement de l’humanité.

Enfin, dénoncer l’appropriation culturelle comme spoliation d’une autre culture (interdire aux Blancs le sujet de l’esclavage etc.) dynamite la notion de culture qui est autant emprunts qu’héritage.

La cancel culture, culture de l’annulation, déboulonne en meute les statues de grands hommes ne respectant pas nos valeurs. C’est un anachronisme iconoclaste, qui, d’intimidation en émotion, parvient à faire accepter une occultation pour une libération. Ces derniers avatars des guerres culturelles mènent à un monde kafkaïen, sinon aux guerres civiles.