THE UISPP JOURNAL

François Djindjan GUSTAF KOSSINNA ET NICOLAS MARR, LES DEUX ANTI-HEROS DE L’ARCHEOLOGIE EUROPEENNE

Gustaf Kossinna et Nicolas Marr sont deux figures négatives de l’histoire de l’archéologie, le premier parce que son œuvre archéologique au service d’un nationalisme germanique a été récupérée par l’idéologie nazi, le second parce que ses œuvres archéologiques et linguistiques au service de l’idéologie marxiste ont finalement été condamnées par Joseph Staline lui-même. Le résultat est un double syndrome, syndrome de Kossinna en Allemagne et syndrome de Marr en Union soviétique, paralysant les archéologues dans leurs tentatives de reconstitution ambitieuse des sociétés préhistoriques et protohistoriques. Paradoxe commun, l’un et l’autre n’ont pas vus ce destin de leur œuvre : le premier, mort en 1931, n’a pas connu l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne en 1933 et le second, mort en 1934, n’a pas connu sa condamnation par Staline en 1950. D’un point de vue historiographique, il est possible de considérer ces deux antihéros de l’archéologie comme des personnages utiles à étudier au même titre que Mortillet, Montelius, Schliemann, Breuil, Childe ou Leroi-Gourhan qui sont eux considérés comme des héros positifs de l’archéologie et dont l’historiographie est devenue largement hagiographique. Mais le propos de cet article n’est pas seulement historiographique. Il est également épistémologique en cherchant à montrer que les approches scientifiques (ou « paradigmes ») de nos deux antihéros, devenus Kossinnisme et Marrisme dans la littérature scientifique, sont les deux points de vue opposés d’une dualité épistémologique propre à l’archéologie, qui n'a été résolue que récemment par une approche systémique basée sur l'étude de ses processus.

Reference as: 

Djindjan F.  2018. Gustaf Kossinna et Nicolas Marr, les deux anti-héros de l'archéologie européenne. UISPP Journal 1, pp 126. https://doi.org/10.62526/CHO9V5

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