Une pratique effective des « arts internes » est discrètement fondée sur l’apprentissage de la pleine conscience. Elle commence par celle de notre corps, de ses sensations, et de la perception que nous avons de nos mouvements et de notre position dans l’espace.
Avec l’entraînement, cette conscience s’affine à travers tout le corps, se liant à une différentiation très précise de l’action des muscles. Elle s’étend à une plus grande conscience de notre environnement et à une sensibilité accrue au mouvement et au contact des autres. Ce sont les premiers pas.
L’apprentissage de ces techniques est favorisé par « l’arrêt » : une approche particulière à l’attention et à la concentration. Elle permet notamment l’investigation de notre monde intérieur et de nos perceptions des phénomènes. Elle mène à une vision plus éclairée de nos pensées, paroles et actions, et de notre existence, ce qui permet de cultiver le bonheur en soi et autour de soi.
L’arrêt et l’investigation comme pratiques méditatives existent autant dans les traditions bouddhistes que dans les traditions daoïstes. Elles sont maintenant présentes dans de nombreuses démarches et thérapies dites de pleine conscience (mindfulness).
J’ai trouvé dans les enseignements de la tradition zen vietnamienne du maître bouddhiste Thich Nhat Hanh un enrichissement profond à l’introduction que nous en avait donné maître Moy.
Ce type de démarche personnelle est pareillement bien soutenue par les arts comme le taïchi, qui captent toute notre attention et ralentissent nos gestes. Tout en fournissant un exercice stimulant, ils nous permettent de déposer nos soucis quotidiens et de cultiver notre conscience du corps en mouvement, avec une attention soutenue et la sérénité de l’instant. Ainsi, il devient plus facile d'étendre la pratique de « l'arrêt » au-delà des périodes de méditation, à travers nos activités quotidiennes.
Plus qu’une complémentarité entre la pratique des arts internes et celle de la pleine conscience, on peut parler de synergie bénéfique. Quelles que soient les traditions spirituelles qui nous inspirent, ces pratiques peuvent nous amener à explorer notre présence en ce monde d’un point de vue physique et spirituel intégré. Grâce à la prise de conscience profonde qu’elles favorisent, elles peuvent nous aider à nous considérer nous-mêmes et à regarder autour de nous avec une plus grande compassion.
© Philippe Gagnon - juin 2014, 2016