En France, le destin d'un enfant est déterminé de manière presque certaine par son origine sociale. Dès l'entrée en maternelle, les écarts entre enfants de milieux sociaux favorisés et défavorisés sont majeurs et au cours des années scolaires, cet écart ne fait que s'accroître. Le constat est donc douloureux: le milieu social imprime sa marque sur le destin des enfants dès la toute petite enfance et l'école ne parvient pas à effacer ces différences initiales. Au contraire, elle les accentue. Dans cette section, je vais passer en revue quelques uns des éléments les plus frappants de ce constat.
Le premier constat choquant est la différence de performances aux tests réalisés en CP entre enfants issus de Catégories Socio-Professionnelles (CSP) différentes. Le Ministère de l'Education suit des panels d'enfants représentatifs de leur cohorte tout au long de leur scolarité. Trois de ces "panels primaires" ont été réalisés ou sont en cours de réalisation: les panels 1971, 1997 et 2011. Dans le cadre de cette enquête, les compétences des enfants sont régulièrement évaluées, notamment dès l'entrée en CP. Les tests de 2011 ne sont pas encore disponibles, mais Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire résument les différences de performance à l'entrée en CP du panel 1997 dans leur rapport sur les effets de la taille des classes (Tableau 1 du rapport). Leurs résultats sont résumés dans le graphique ci-dessous.