Chrysalides

Chrysalides est né, d’une certaine façon, sur Internet, dans le cadre de ma chaîne YouTube « Contes au creux de l’oreille ». J’ai créé ce projet lors du premier confinement, en avril-mai 2020, pour continuer à partager mes histoires malgré les conditions sanitaires.

Chaque mois je partage deux contes : une histoire en accès libre, tout public, et une histoire réservée aux tipeurs, qui soutiennent ma démarche via des dons mensuels. 

Les contes qui constituent Chrysalides étaient à l’origine des contes « cachés » au grand public. Des histoires que je n’avais jamais travaillées sur scène ou en atelier : une grande première pour moi !

J'ai lu pendant le premier confinement l’ouvrage d’Anna Angelopoulos Contes de la nuit grecque, aux éditions José Corti. J’y ai découvert des variantes de grands contes-types comme Cendrillon ou Blanche-Neige, mais avec une saveur particulière, un rapport à la nature, au merveilleux et à l’étrange qui m’ont beaucoup plu.

J’ai d’abord raconté à mes « tipeurs » Myrsina et le soleil, une variante de Blanche-Neige, en septembre 2020, puis Maître Pois Chiche en janvier 2021, et Trois-Yeux en octobre dernier. Entre temps, j’ai refait un petit tour chez Basile en juin, à la découverte de Ninillo et Nenella, une variante de Hansel et Gretel / Petit poucet. 

J’étais très heureuse de partager ces contes, inédits pour moi, aux personnes qui me suivaient, mais plus le temps passait plus je trouvais frustrant de les garder comme « enfermés » en ligne. Il me fallait les faire vivre à leur place, sur scène, face à des auditeurs. C’est pourquoi j’ai commencé à les assembler en spectacle, fin 2021.

En rêvant ce spectacle, un fil conducteur s’est dessiné : l’espace clos qui précède l’évolution du personnage principal. 

Le thème de la transformation du héros / héroïne de contes est assez classique, mais il ne passe pas toujours par cette étape d’enfermement, de solitude, de mort (réelle ou symbolique), comme dans ces quatre histoires.C’est parfois un lieu dangereux (le cercueil de la Myrsina, la cabane de Maître Pois Chiche qui peut devenir son tombeau s’il ne répond pas correctement aux énigmes). Parfois c’est un refuge : le poisson qui recueille Nenella et la sauve de la noyade, la corne qui abrite la princesse affamée dans Trois-Yeux et lui offre de quoi se restaurer et se reposer. 

Dans tous les cas c’est un lieu de solitude où les personnages traversent une épreuve et gagnent leur place au grand jour, dans le monde : Myrsina épouse le prince, Maître Pois Chiche prend la place de l’ogre et devient maître de son domaine, la princesse survit aux mauvais traitements de sa marâtre et retrouve son statut de princesse, Ninillo et Nenella se retrouvent et sont réhabilités par le roi. 

Pourquoi ce titre ? 

J’aurais pu choisir Cocons, pour désigner l’espace protecteur qui accueille la transformation, mais j’ai préféré la chrysalide, puisqu’elle mène au papillon, image de légèreté retrouvée et de métamorphose réussie. 

C’est aussi, d’une certaine façon, un clin d’œil à la naissance de ce spectacle, durant une période d’isolement et de réflexion un peu forcée pour moi (comme pour nombre d’entre nous). Il est grand temps de laisser ces histoires prendre leur envol !