Dans une présentation de ses voeux Réjean écrit :
Henry J. M. Nouwen est un auteur que je fréquente depuis une douzaine d'années. Malheureusement peu de ses œuvres sont traduites en français . Ce sont toutes de petites brochures pleines de profondeur et de questionnement en regard de la personne humaine à travers ses richesses, ses déchirures et ses mystères.
La brochure ci-jointe* illustre un virage important dans la vie de ce prêtre psychologue, professeur d'université. J'ai pensé vous offrir ce modeste ouvrage dans la ligne de réflexion sur le leadership chrétien.
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* Probablement il s'agit de l'ouvrage : Au nom de Jésus : réflexions sur le leadership chrétien [ ISBN : 9782706722707 (2706722703); Référence Renaud-Bray : 18374155 ]
Réjean remercie Gérard Drainville :
Avec un peu de retard je tiens à vous remercier de votre envoi concernant le Saguenay. Cela m'a donné l'occasion de me remémorer de merveilleux souvenirs. La navigation avec l'exploit, les découvertes, les exigences scientifiques m'ont aidé depuis ce temps, moi qui avait un tempérament de bohême artistique...
Une question de vie !!!
Au hasard de décembre 1979 en plein milieu d’une tempête de neige je me retrouve à St-Norbert comme curé pour de vrai cette fois !!! J’y étais venu comme desservant de fin de semaine... Mais là c’était vrai ! Curé à 39 ans... C’était assez rare à l’époque ... Surtout après deux ans d’études spécialisées en psychothérapie à l’Université St-Paul d’Ottawa. J’avais sans doute besoin d’atterrir... Et l’atterrissage a été merveilleux !
En plus de l'Âge d’or des Loisirs et des Fermières la vie généreuse des gens de St-Norbert allait rapidement surgir à bien des niveaux : Conseil de Fabrique ouvert, Conseil de Pastorale Paroissial, Comité de Liturgie, célébrations vivantes pour l’Avent et le Carême, corvée pour les fenêtres de l’église (pose de 147 livres de “mastic”) rénovations diverses, complicité efficace pour la fête surprise des 40 ans du curé ... Comité des Chevaliers de Colomb, Équipe de Jeunesse Dynamique, encan pour la dystrophie musculaire, le lavage de l’église, la corvée pour l’isolation de l’entretoit, sablage du plancher du sanctuaire, peinture des autels, réapparition mystérieuse des lustres, illumination extérieur de l’église et du clocher grâce aux Chevaliers etc.
Je tiens à dire que j’ai été très heureux d’être votre serviteur pendant ces cinq années, c’est à regret que j’ai été forcé de quitter en raison d’ennuis de santé. J’en garde toujours un souvenir très ému et c’est avec fierté que je cite l’exemple de St-Norbert quand des paroisses de 2000 personnes et plus me disent qu’elles sont trop petites pour s’aventurer à mettre sur pieds des c.p.p. ou des comités de liturgie. A St-Norbert nous n’étions même pas 1000 personnes et nous avons réalisé ensemble de merveilleux projets.
Je vous souhaite de poursuivre ensemble votre route au pays de l’entraide et de l’amitié sous le regard bienveillant de Dieu. Puissiez-vous être en mesure de bien traduire toutes ces belles valeurs qui sont les vôtres aux générations futures afin que St-Norbert soit toujours le synonyme du respect, de l’accueil, de la fraternité et de la tendresse !
Réjean, ptre
En effet une fleur m’a dit un jour c’est le temps que tu choisis de prendre pour ta fleur qui fait que ta fleur est importante ! Choisir de prendre du temps de nos jours est une entreprise dépendante et parfois pleine de risques. Nous ne savons pas quelles seront les conséquences de cette décision ?
Choisir de prendre du temps pour vraiment parler à notre épouse , notre époux sans le tintamarre de la télévision exige une certaine forme d’ascèse ; que pourrait-il se passer si nous choisissons de prendre du temps pour échanger calmement avec nos jeunes et nos adolescents ?
Que pourrait-il se passer si nous choisissions de donner du temps pour nous impliquer à notre mesure dans les divers secteurs de l’éducation, les divers mouvements sociaux au sein d’équipes qui prennent en charge les besoins du milieu au hasard des nombreux virages ambulatoires.
Prendre du temps pour s’habiller le cœur de tendresse est une nécessité de premier choix. La tendresse c’est ce qui nous reste dans le cœur quand le moment est venu de traverser l’autre rive : Voici que je me tiens sur le rivage de la mer. Un navire prend le large ; il déploie ses voiles blanches à la brise du matin et cingle vers le large. Je choisis de prendre du temps pour le regarder jusqu’à ce qu' enfin, il s’efface et que quelqu’un à mes côtés me dise: - “il est parti”!
Parti où ? Parti de ma vue, c’est tout. Il garde la même taille - mâts et coque - que lorsque je le voyais. Il est tout aussi capable de porter sa charge humaine à destination. La diminution de sa taille, sa disparition des regards, elle est en moi et non en lui. Et, juste au moment où quelqu’un dit à mes côtés : “il est parti”, voici que d’autres le regardent venir. Et d’autres voix s’élèvent en un cri de joie : “ Le voici ! Il vient “
Choisir de s’habiller le cœur pour être en mesure de bien traverser de l’autre rive, voilà l’essentiel qui parfois est invisible pour les yeux.
Réjean . ptre
Mc 14, 32-36
Puis il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit : "Mon âme est triste à en mourir ; demeurez ici et veillez." Étant allé un peu plus loin, il se prosterna contre terre et il priait pour que, s'il était possible, cette heure passât loin de lui. Et il disait "Abba (Père) tout est possible: éloigne de moi cette coupe; cependant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux."
Acclamons la Parole de Dieu
Homélie:
Les événements de la vie et les textes que nous avons entendus nous parlent à la fois de désespoir et d'espérance. Mais aujourd'hui, pour nous, où peut être l'espérance ?
L'espérance, je la vois d'abord dans toute cette affection sincère qui vous entoure aujourd'hui. Il nous arrive d'être indifférents les uns aux autres et de ne pas savoir dire combien nous tenons les uns aux autres. Aujourd'hui nous osons l'avouer et l'exprimer, être vraiment proches, tirer de nous-mêmes les mots et les gestes pour soutenir ceux qui sont écrasés de chagrin et leur donner un peu de réconfort. Nous sommes tous là pour vous dire que l'amour, l'amitié, la tendresse existent pour vous . Nous savons bien que tout cela ne remplace pas l'amour d'un époux d'un père. On dit parfois : “ Personne n'est irremplaçable .” Ce n'est pas vrai : celui ou celle qu'on aime est irremplaçable.
Mais il y a en nous comme un instinct de nous battre contre le destin : nous voulons continuer à croire que la vie est encore possible et nourrir cet espoir avec nos pauvres moyens : l'amour et la confiance. Tout cela est si important car notre esprit, devant ce malheur, est vide.
Ne pas comprendre ce qui arrive est une épreuve impitoyable. Jésus lui-même sur la croix, a dit : “ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ” Dans son agonie, il en est arrivé à refuser la croix parce que, je pense, il ne comprenait plus : “ Pourquoi mourir ? ” A 30 ans, il était fait pour vivre et non pas mourir torturé. Contrairement à ce que certains peuvent penser, la vraie religion, face au malheur, n'a pas d'explication. Là-dessus, nous les croyants, nous ne sommes pas plus avancés que les autres: nous sommes dans le noir, nous aussi.
I had a dream, j‘ai fait un rêve. J‘ai rêvé que notre barque Eglise, peut-être minuscule et fragile, osait s‘avancer au large loin des ports abrités de ses monuments. S‘avancer au large demande de l‘audace et de la détermination. Nous risquons d‘affronter les vagues du tout pour soi, de l‘éphémère et de l‘indifférence. Peut-être allons-nous essuyer les contre-courants de notre société de surconsommation de plus en plus insistante sur la non-participation avec des parents -providence et des enfants-roi.
I had a dream, j‘ai fait un rêve, j‘ai rêvé que comme prêtres et Evêque, ensemble nous étions en mesure de nous définir d‘abord comme missionnaires de l‘Evangile au coeur d‘un peuple et que nous étions sensibles aux petites gens des pays en voie de développement spécialement ceux de notre hémisphère sud.
I had a dream, et je me suis demandé comment vivre aujourd‘hui et demain pour mieux accomplir la mission ici et ailleurs ? D‘abord nous sommes invités à accorder notre vie à l‘appel que nous avons reçu en toute humilité et douceur avec patience en nous supportant les uns les autres dans l‘amour, car nous sommes invités à garder l‘unité de l‘esprit par le lien de la paix.
I had a dream, Monseigneur, que vous étiez le vaillant capitaine de notre barque diocésaine et que vous conserviez votre excellente santé et votre admirable force de travail afin que nous soyons en mesure ensemble, comme missionnaires, de faire face aux réalités de notre coin de pays mais que nous poussions aussi l‘audace de nous jumeler avec un diocèse d‘Amérique latine pour leur venir en aide et peut-être aussi pour apprendre d‘eux. J‘ai aussi rêvé que quelques matelots de notre équipage plus sensibilisés au partage pourraient ainsi être les parrains de familles dépourvues de ce diocèse dans un souci grandissant de justice.
I had a dream que la Journée Mondiale de la Jeunesse 2002 soit pour nous tous l‘occasion de prendre conscience avec plus d‘acuité de la dimension missionnaire de notre ministère et de resserrer nos liens fraternels entre vous et nous comme les enfants d‘une grande et belle famille comme j‘en ai souvent rêvé. Puissent ces rêves devenir un jour réalité.
En ces temps particuliers où Dieu nous dit d'aimer et nous sommes invite à vivre dans l'espérance de plus il nous invite à être un, malgré les difficiles que nous allons traverser. J'aimerais en cette nuit de Noël vous offrir mes souhaits en empruntant le chemin de la crèche et à travers ses personnages:
Joseph, un gars bien ordinaire qui gagne sa vie comme charpentier dans un petit coin de terre oublié. La beauté de Joseph réside dans sa foi . Il apprend, au jour le jour, la beauté de sa femme et la mission de son Fils.
C'est à travers le vie de Joseph que je souhaite à tous les hommes :
Que ce Noël 2008 vous fasse faire des pas nouveaux qui vous poussent au dépassement dans vos amours...
Que ce Noël 2008 vous rende plus conscient de la beauté de la paternité qui fait qu'un homme prend en charge l'avenir d'un enfant...
Que ce Noël 2008 vous apprenne que la tendresse est le chemin des volontaires, des décidés, des forts...
Que ce Noël 2008 vous donne le goût du travail bien fait qui rend libre et autonome...
Que ce Noël 2008 vous donne l'occasion de sortir de la routine qui use et déçoit...
Que ce Noël 2008 vous ouvre à l'espérance de la joie, malgré les déboires du chômage, de la maladie, de l'injustice et de la pauvreté...
Maintenant regardons Marie, le grand secret de Marie, c'est l'accueil confiant d'un projet, c'est le goût du risque au nom d'un amour, c'est l'ouverture en l'avenir imprévisible de la grâce.
C'est à travers Marie que je souhaite à toutes les femmes :
Que ce Noël 2008 vous renouvelle dans vos amours si vous avez vécu la joie de vous laisser aimer jusqu'à donner la vie...
Que ce Noël 2008 vous redonne une table familiale si vous vous sentez exclu de votre milieu de vie..
Que ce Noël 2008 vous permete de retrouver le secret de votre vie et de dormir pacifiées avec votre coeur...
Que ce Noël 2008 vous aide à prendre le risque d'aimer à tel point que votre amour tout en vous transformant de l'intérieur transforme aussi ceux qui auraient pu vous blesser...
Que ce Noël 2008 vous ouvre à un avenir qui vous renouvelle parce que dans votre cœur vous portez Jésus avec tout ce qu'il promet...
Que ce Noël 2008 vous retrouve confiantes, c'est- à - dire si enracinées dans la Parole de Dieu, peu importe que vous soyez mariées, célibataires ou religieuses, je souhaite que vous éclairiez le coeur de ceux et de celles qui sont submergées dans la nuit parce qu'ayant perdu le courage de vivre et l'espoir de survivre.. Vous serez alors l'ange de l'Annonciation porteur d'une bonne nouvelle...
Imaginez que Jésus a même organisé son Église pour demeurer présent au milieu de nous. Ce n'est pas une mince affaire : fonder une Église avec des personnes fragiles, faibles, des hommes et des femmes aux réputations écorchées, avec des santés brisées et parfois avec des énormes limites, tout cela pour annoncer et donner la vie au monde, une vie éternelle qui répond à la soif infinie des hommes et des femmes que nous sommes. C'était tout un défi.
Alors à travers Jésus, fils de Marie et de Joseph, je souhaite à tous les jeunes :
Que ce Noël 2008 vous donne des parents qui sont témoins de la joie et de l'espérance que Jésus apporte à Noël...
Que ce Noël 2008 vous fasse comprendre aujourd'hui que seul l'amour compte dans la vie, un amour exigeant qui donne et pardonne pour libérer le cœur..
Que ce Noël 2008 ouvre votre cœur à l'avenir où la justice portera le nom de l'amour, où votre foi vous conduira vers les plus blessés de la vie ...
Que ce Noël 2008 puisse vous donner la force d'être pour vos parents cause de joie et d'espérance...
Que la vérité du visage de vos parents vous apprenne la vérité de votre propre visage..
Que ce Noël 2008 vous donne le goût de vous relever après des échecs répétés, parce que la bonté de Jésus est toujours plus grande que l'erreur humaine la plus basse....
Que ce Noël 2008 vous pousse à vous engager concrètement, c'est -à-dire à vous mettre au service des autres, en reconnaissant que vos talents viennent de Jésus...
Que ce Noël 2008 vous donne le courage de dire et de redire avec joie et à chaque jour que Jésus est le plus grand espoir que vous portez à travers vos rêves et vos désirs...
L’Epiphanie :
Dieu se révèle aux chercheurs, ceux qui scrutent le ciel et les étoiles, à ceux aussi qui arpentent la terre pour la changer, la transformer.
Introduction
La marche des peuples vers la lumière a commencé avec les Mages. Entrons à notre tour dans l’immense caravane des chercheurs de Dieu.
Evangile de Jésus Christ selon St-Matthieu
Or voici que des Mages venus d’orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant Lui.
Homélie
Nous savons que les Mages étaient des prêtres respectés de la religion de Zoroastre, astrologues et devins de surcroît. Ici, ils représentent les religions étrangères à la Bible. Les prêtres et les chefs du peuple de Dieu ne reçoivent pas la nouvelle de la naissance de Jésus, mais Dieu la révèle à certains de ses amis du monde des “païens”.
Cette étoile autrefois a dérangé des gens de différentes façons. Après avoir vu l'étoile, les mages se sont mis en route. Leur quête de la vérité leur a fait surmonter tous les obstacles.
Pendant ce temps, les membres du peuple élu sont pris d’inquiétude à l’annonce de la naissance du Messie… Qu’ils appellent pourtant de tous vœux dans leurs prières. Les juifs savent tout à son sujet mais ne font pas un pas dans sa direction, alors que les “païens” se mettent à sa recherche.
Père de toute tendresse nous aurions tellement envie que tu nous fasse signe, à nous comme aux mages : qu’une étoile nous guide de plus en plus vers Jésus, dans ces temps questionnants particuliers que nous traversons, qu’un songe nous indique le chemin à prendre.
Il y a eu le temps de Jésus, il y a maintenant le temps du Christ. Il y a eu le temps d’un peuple choisi, il y a maintenant le temps d’une humanité aimée. Avançons au large avec confiance et persévérance, même si nous avons mal.
Notre douleur d’aujourd’hui est celle des chrétiens à qui Mathieu destinait son évangile. Puisse-t-il nous ouvrir les yeux. Comme jadis, la foi est en train de pousser ailleurs, à d’autres. Ils ne viendront pas à nous, à nous de les rencontrer et d’aller les rejoindre.
Les chrétiens d’origine juive du temps de Mathieu, c’est nous, les catholiques du Québec. Nous sommes dans la même situation qu’eux. Par la voix de nos pasteurs nous nous référons aux directives et expériences du passé au lieu d’essayer de discerner le mouvement de l’histoire d’aujourd’hui.
L’histoire en marche nous dit que le Christ est déjà rendu là où il veut que la foi vive.
Nous avons tous un problème sur les bras. Le reconnaître est déjà un signe de vie.
Ici l’étoile nous suggère que Dieu appelle chacun de nous à partir de ce qu’il est et de ce qui l’inspire.
Il est vrai que nous expérimentons dans notre vie, parfois tout semble clair et lumineux, nous savons ou nous nous dirigeons, il y a comme une étoile qui nous conduit. Mais à certains moments c’est l'obscurité la plus complète.
Alors il ne faut pas s’arrêter de chercher, de frapper à la porte de ceux qui pourraient nous aider à voir clair de nouveau.
Parfois nous sommes invités à être cette étoile qui amènera nos frères païens à se mettre en route, jusqu’à la rencontre décisive avec le Christ qu’ils reconnaîtront comme celui que leur cœur cherche.
Dans notre société de surconsommation n’y –a –t-il pas des baptisés autour de nous qui seraient des “ païens ” à ramener à la redécouverte de Dieu.
Voilà la situation souffrante de nos Églises d’aujourd’hui : nous sommes à la foi, tiraillés entre fidélité à l’institution et la fidélité à l’évangile ; heureusement, que dans notre église il y a des évêques, des prêtres, des religieux(ses), qui vivent l’évangile et qui portent le Christ au monde.
Attentifs aux signes des temps, nous devons comme les mages, prendre d’autres chemins qui ne sont pas tracés d’avance, des chemins nouveaux, des chemins d’espérance.
Alors, fondant sur l’esprit l’audace de l’engendrement, nous donnerons le témoignage, non pas d’une entreprise en récession, mais d’une vision courageuse de l’avancée au large.
Et nous, de quel côté nous situons-nous ?
Accroche ta foi à cette étoile là-haut, mon frère.
Elle chante que la lumière brille quelque part…
Elle chante qu’auprès de l’enfant on trouve un sens pour vivre.
Elle chante, inaliénable solidarité tissée entre Dieu et les hommes.
Elle chante que Dieu est sur la terre,
Qu’il est au milieu des hommes même si on ne le voit pas.
Et qu’il lutte avec eux contre la solitude et le malheur.
Elle chante que le Bonheur devient possible, si on l’invente ensemble avec Dieu.
N’oublie pas mon frère de regarder l’étoile là-haut dans le ciel :
Elle chante la joie de Dieu qui reste avec nous.
Accroche-toi à cette étoile.
Mon frère !
S'HABILLER LE COEUR POUR L'AVENIR
Dans notre siècle de vitesse, de confort, d'individualisme, il ne serait pas honnête de minimiser l'oeuvre de nos ancêtres pionniers courageux qui vivaient un ensemble de valeurs tonifiantes : sens de la valeur intangible de la vie, sens de la famille, du service, du pain gagné honnêtement, du respect d' autrui, et de ses biens, de la justice, de la fidélité, de l'hospitalité, de l'entraide, du courage, de la ténacité, du dévouement gratuit, d'une foi robuste qui a permis par exemple la construction de cette superbe église toute simple, etc.
Pour que leurs mémoires soient respectées et leur travail poursuivi, en cette rencontre paroissiale bien spéciale il nous faudra encore apprendre à désirer autant qu'eux un monde meilleur, plus juste et plus solidaire. Il nous faudra devenir plus confiants en l'autre, plus disponibles à chacun, plus attentifs à ceux et celles qui souffrent et cherchent la vie en abondance. Il sera aussi nécessaire que nous ré-apprenions les mots qui parlent de Dieu si passionnément, si pleins d'Évangile qui est et qui sera toujours d'actualité.
Pour que leurs mémoires soient respectées, nous sommes invités en cette rencontre acadienne à nous souvenir et à devenir de plus en plus amis de la nature, des grands espaces et des horizons qui rendent tout possible. Nous devrons croire encore plus sérieusement à la place d'une parole de foi sur la place publique là où se trouvent les enjeux réels de notre humanité. Nous devrons surtout avoir de l'audace et sans crainte quitter les sentiers battus.
Et pour que les mémoires de nos ancêtres dans la foi soient respectées nous aurons à ré-apprendre dans un monde indifférent à épeler les mots communauté paroissiale ; communication et présence chrétienne dans le monde en n'ayant pas peur comme nos ancêtres acadiens. Et c'est la grâce que je vous souhaite de tout mon cœur.
A Saint-Amboise, 14 août 2011
Réjean , ptre
Communiqué de presse : Nos paroisses à l’heure du désert !!!
Les paroisses du diocèse de Joliette se transforment depuis trente ans avec la Révolution tranquille et le Concile Vatican II. Il en est résulté une certaine forme du désert au niveau de la participation à la vie de la communauté chrétienne. Cependant notre diocèse a tracé des pistes d’avenir en formant six régions pastorales qui regroupent 21 unités de services pour les 57 paroisses.
La région pastorale de Montcalm regroupe neuf paroisses distribuées en trois unités de services à savoir
l’unité I : l’Acadie composée de Ste-Marie, St-Liguori, St-Alexis et St-Jacques
l’unité II : l’Achigan composée de l’Epiphanie et St-Roch
l’unité III : La Laurentie composée de St-Calixte, St-Esprit et St-Lin.
L’animateur de la région est le curé de St-Jacques M. Réjean Majeau.
Pour la première fois, le 30 septembre dernier, quelques 100 membres de la région Montcalm se sont regroupés au sous-sol de L'ÉGLISE de St-Jacques afin de faire le point sur la situation actuelle de nos milieux paroissiaux. Plusieurs ateliers couvrant presque tous les champs de la pastorale étaient à l’ordre du jour.
Un des éléments principaux retenu fut l’aspect missionnaire du baptême qui habilite chaque chrétien à témoigner de sa foi dans un monde de plus en plus sécularisé. A l’heure du désert nos paroisses même regroupées en unités de service auront besoin de chrétiens et de chrétiennes habités de tendresse, de vie intérieure profonde et d’espérance pour mieux accompagner la vie de ceux et celles qui cherchent un sens lumineux à leur vie.
La vie du prêtre et l'exercice de son ministère au Québec francophone
Constats sur les principales préoccupations des prêtres résumé des pages 12 à 25 par Réjean Majeau
Les réorganisations pastorales
1.1 mise en contexte
Le regroupement ou la fusion des paroisses comporte des avantages et aussi des difficultés de travail en équipe, partage des responsabilités mais aussi des insatisfactions de la part des gens du milieu surtout en monde rural qui se sentent lésés dans leur droit d’obtenir des services , messes selon leur bon désir , funérailles etc.
De plus, il ne faut pas oublier que bon nombre de prêtres doivent parcourir de grandes distances dans des conditions hivernales ardues.
Cette réorganisation pastorale se fait avec des effectifs qui sont à la veille de la retraite avec moins d’énergie et des bénévoles plus difficiles à trouver parce que vieillissants eux aussi.
1.2 Conséquences sur la vie des prêtres
Cette surcharge de travail, les distances à parcourir, le temps considérable passé en automobile , le travail en équipe ainsi que les tensions à gérer avec les agents de pastorale et les bénévoles provoquent de la fatigue, de l’épuisement et du stress chez plusieurs confrères.
Être curé de plusieurs paroisses rend difficile le lien d’appartenance aux membres des communautés, ils ne deviennent plus la personne référence.
Par ailleurs comment concilier une pastorale de la nouvelle évangélisation alors que bien souvent toutes les énergies sont requises pour assurer les services de base et d’entretien comme les funérailles de plus en plus nombreuses.
1.3 Propositions de moyens pour faire face aux préoccupations
Préciser la vision de l’Église que nous portons afin de mieux saisir le sens et la direction des réorganisations pastorales.
Réexaminer le modèle et le rôle spécifique du curé développer davantage l’aspect missionnaire.
2 - Le lien avec l’évêque
2.1 mise en contexte
D’abord les prêtres font ressortir la dimension affective du lien avec l’évêque . Cela se traduit par un besoin de reconnaissance et d’appui réel de la part de leur évêque. Ainsi les prêtres semblent très sensibles aux marques de gratitude personnelle. Que ce soit dans le cadre d’une invitation à partager un repas, d’une visite spontanée, d’ un appel téléphonique etc. Cette appréciation personnelle est reçue comme un soutien très significatif à l’intérieur de leur ministère. Les prêtres soulignent leur besoin de se sentir écoutés, entendus et reconnus par leur évêque.
Par ailleurs, certains ont l’impression qu'il y a une montée de la droite au niveau de l’Église universelle, impression que la solidarité avec Rome est plus importante qu’avec le presbyterium diocésain.
2.2 Conséquence sur la vie des prêtres
Une blessure reliée au manque de reconnaissance peut provoquer chez certains prêtres une distance affective et même physique vis-à-vis leur évêque allant même jusqu’à une forme de marginalité. D’autres choisissent de prendre une distance des rencontres diocésaines , lieux et occasions privilégiés de rencontrer les confrères et l’évêque et s’isolent peu à peu. Parfois d’autres entretiennent une certaine peur face à l’autorité de l’évêque ce qui les empêchent d’exprimer leur vulnérabilité ou leur fragilité.
Les prêtres qui perçoivent une “montée de la droite” ressentent de la frustration et de l’incompréhension en regard des efforts qu’ils ont fait pour incarner l’Évangile au coeur de la société et de leur manière de se percevoir en tant que prêtre dans ce monde.
Par ailleurs, ils savent bien que l'évêque parfait n’existe pas et que leurs attentes à l’égard de ce dernier sont nombreuses et variées.
2.3 Propositions de moyens pour faire face aux préoccupations
Faire davantage place au conseil presbytéral et avoir un prêtre qui veille au bien-être des prêtres sur tous les plans.
3 - la formation
3.1 Mise en contexte
L’évangélisation constitue la mission première de l ‘ Église . Celle-ci tente , par tous les moyens acceptables et reconnus, d'annoncer la Bonne Nouvelle. On y élabore des plans en tenant compte des ressources humaines et financières. Ces efforts se heurtent à une réalité ecclésiale très mouvante. De fait, les besoins se modifient au rythme des mutations sociales rapides et des changements démographiques . Le portrait de la culture religieuse des gens qui viennent à l’église se transforment à la même vitesse. Les bénévoles sont de plus en plus rares et vieillissants . Les ressources financières diminuent etc. Tout cela oblige constamment à réévaluer la pertinence et le réalisme des projets pastoraux.
Cette Église vit au cœur d’une société qui évolue promptement . De plus, le temporaire et le précaire constituent ce qu’il y a de plus permanent ! Tout cela questionne et confronte une réalité ecclésiale qui semble proposer des dogmes enracinés dans l’histoire ainsi que des valeurs stables et immuables dans le temps .
3.2 Les conséquences sur la vie des prêtres
Les conséquences premières se situent au niveau de la formation du prêtre et au niveau des permanents laïcs et des bénévoles . Ainsi on leur demande constamment d’ajuster leurs projets pastoraux aux nouvelles réalités ecclésiales et sociales ce qui exige une capacité d’adaptation très grande .
De plus , le mandat pastoral confié aux prêtres la mission de s’intégrer à la culture ambiante en prenant part aux débats sociaux, en ayant une parole qui rejoint les réalités familiales , éthiques et sociales complexes. Des confrères souffrent de représenter une culture ecclésiale démontée et de porter les fautes de l’Église sur leurs épaules.
Les prêtres doivent faire face à une diminution marquée de la fréquentation des églises et à une baisse de la pratique religieuse. Pour certains la formation reçue ne les a pas préparés à vivre leur ministère dans ce contexte à savoir le travail dans l’abnégation totale, l’indifférence face aux résultats obtenus et la survie dans le désert.
De plus, l'écart ressenti entre la signification des demandes sacramentelles et l’offre de l’Église occasionne un inconfort très important pour les prêtres parce qu’ils sentent peu outillés pour répondre de manière satisfaisante à toutes ces situations nouvelles.
Certains décident de ne pas trop s’investir alors que d’autres ont hâte de prendre leur retraite . Aussi certains prêtres en viennent aussi à hésiter à interpeller à la vocation presbytérale ou à ne plus savoir comment présenter ce ministère quand on regarde les conditions de vie et de travail peu attrayantes .
Pour quel type d’Église et de société voulons-nous former des prêtres ? Comment sont-ils formés pour être prêtres dans ce contexte social et ecclésial en constante et profonde mutation ? Comment se donner une formation permanente adaptée aux besoins ?
3.3 Propositions de moyens pour faire face aux préoccupations
- S’assurer que les prêtres et les laïcs mandatés aient une formation similaire
- Préciser le modèle , le rôle et le type de ministère du prêtre aujourd’hui
- Mettre sur pied un mentorat pour soutenir les nouveaux ordonnés
- Développer l’esprit missionnaire au sein de la culture ecclésiale actuelle
- Susciter l’intérêt à la formation permanente et établir un programme de formation adéquat
4 - L’équilibre de vie
4.1 Mise en contexte
L’équilibre de vie constitue un défi pour chaque individu. Toutefois , pour un bon nombre , l’équilibre de vie est précaire , le célibat difficile à à assumer et la surcharge de travail , la difficulté d’établir des liens affectifs significatifs due à la dispersion dans plusieurs paroisses , le sentiment que tout est prioritaire et nécessaire , le tiraillement face aux choix à effectuer, le sentiment de culpabilité lors de la diminution de certains services , l’impression de devoir faire plus avec moins de ressources humaines et financières, le climat relationnel tendu dans certaines équipes de travail et le nombres élevé de célébrations que des prêtres président par semaine sans compter les nombreuses funérailles que l’on se doit de personnaliser le plus possible en fonction des demandes des familles.
Dans ce climat, des prêtres peuvent ainsi ressentir beaucoup de résistance à exprimer ce qu’ils vivent et encore plus à demander de l’aide parce qu 'Ils se considèrent comme aidants,
4.2 Conséquences sur la vie du prêtre
Ce déséquilibre comporte plusieurs conséquences . D’abord il peut se traduire par de la fatigue , de l’épuisement , “burn-out” ou une bonne dépression . Certains prêtres qui ont vécu une telle période demeurent malgré eux , plus fragiles au stress qui devient alors détresse.
Certains prêtres développent diverses formes de compensation et même de fortes dépendances à l’alcool, à l ’internet , à diverses problématiques d’ordre sexuel etc.
D’autres prêtres réagissent aux différents facteurs de stress de manière très ferme pour protéger leur santé psychique , spirituelle ou physique . Ils peuvent ainsi devenir très rigides dans leurs positions pastorales et inflexibles quant à leur journée de congé.
La passion et le feu s’éteignent peu à peu et ils travaillent en espérant vivement la retraite !
4. 3 Propositions de moyens pour faire face aux préoccupations
Porter une attention particulière aux prêtres souffrant de solitude.
Porter une attention spéciale à la question du célibat : pertinence , signification , fécondité , conséquence sur l’équilibre affectif etc
Apprendre à gérer les deuils et les résistances aux changements.
5 - La situation financière
5.1 Mise en contexte
Les presbytères et les églises sont parfois vendus , fermés ou même démolis . La question ne se pose pas de la même manière en milieu rural qu’en milieu urbain. Par contre le curé, comme répondant légal, doit donc quand même s’assurer du respect des normes et veiller aux conséquences pastorales des choix de l’Assemblée de fabrique. Car il y a une augmentation significative des dépenses et une diminution des revenus ce qui implique beaucoup de tensions . En ce qui concerne le logement des prêtres, ces derniers se retrouvent seuls dans des lieux isolés. Le soutien et l’entraide s’envolent alors au même rythme que la fraternité sacerdotale.
Il ne faudrait pas oublier la situation financière de l’ensemble des prêtres . Les intérêts des reers ont considérablement diminués ce qui implique des difficultés à boucler leurs budgets pour les prêtres à la retraite ou sur le point de l ’ être.
5.2 Conséquences sur la vie des prêtres
Cette situation a un impact direct sur la vie des prêtres. A certains endroits , plusieurs confrères doivent passer beaucoup de temps dans la gestion financière et matérielle des paroisses. Cette situation et cette préoccupation constantes gruge des énergies et provoque inévitablement du stress , de l’anxiété et de la fatigue. Par contre on remarque un désintérêt de plus en plus marqué des nouveaux ordonnés face aux questions administratives . On voit aussi la démission de plusieurs prêtres âgés face aux responsabilités administratives car ils ne veulent pas gérer la décroissance .
C’est pourquoi certains confrères s’organisent pour choisir leur résidence tandis que d’autres moins fortunés vont se retrouver dans le réseau des affaires sociales . Pour ceux qui demeurent en poste se retrouvent avec une inquiétude face à l’avenir : jusqu’à quand les paroisses pourront-elles “ se payer un curé ou des agents de pastorale”
5.3 Propositions de moyens pour faire face aux préoccupations
informer la population sur la situation réelle des fabriques et du diocèse
Former un comité diocésain responsable de la vente des églises et des presbytères
Tintin et nos paroisses à l'heure du désert !
Habituellement dans les albums d'Hergé de mon enfance à la première page nous étions en présence de Tintin, Milou, le professeur Tournesol, le capitaine Haddock et cie qui s'ennuyaient en “mille sabord de sabord !!!”. Soudain, aux pages suivantes apparaît un défi qui, au fil des événements, se transforme en une aventure palpitante pleine de rebondissements.
Depuis trente ans bon nombre de nos gens en sont restés à la première page des aventures de Tintin et ils continuent de s'ennuyer comme les Hébreux au désert s'ennuyaient des oignons d'Egypte. Il a suffi de trente ans pour qu'un ordre s'effondre, pour que explose définitivement l'illusion qu'on pourrait continuer à vivre ainsi d'une foi héritée, d'une foi protégée dans une Église protégée par les curés, les religieuses et les religieux. Malgré nous, qu'on le veuille ou non nous nous retrouvons en situation de désert sans nos gros équipements au niveau de l'éducation, de la santé et des services sociaux. L'avantage du désert conduit nécessairement à une période de renouvellement même si cela est un exercice pénible et parfois déroutant.
Avec la révolution tranquille qui a ébranlé la société québécoise tout entière, les murs de la forteresse ont volé en éclats laissant apparaître beaucoup de ruines : des ruines anciennes mais aussi des ruines nouvelles. Au nom d'un passé encore si proche, on peut être tenté par tous les moyens possibles de reconstruire la forteresse pour se mettre à l'abri des rigueurs du temps, se protéger du monde, des autres, voire d'abord de soi-même et de sa propre angoisse. Et encore aujourd'hui beaucoup sont disposés à bien des accommodements pour garder le plus longtemps possible “leur prêtre” et retarder le plus longtemps possible la triste échéance !!! Et c'est ainsi qu'on a l'impression de se retrouver en plein désert avec nos églises vides et nos participants habituels passablement âgés !!!
Cependant si l'Esprit Saint nous conduit au désert ce n'est pas pour revenir comme cela était avant !!! L'Église ne peut revivre que si elle se laisse défaire et refaire. Elle n'est pas à défendre, elle n'a qu'une parole à dire. Et nous, nous savons bien ce qu'il faut faire : vouloir coïncider avec la Parole nue. Et lui faire confiance.
En situation de désert nous passons d'une Eglise du salut individuel à une Eglise qui pense au salut et à la communion dans tout le Peuple de Dieu. Nous passons d'une Église directive à une Eglise qui privilégie l'engagement de tous les membres du Peuple de Dieu. En situation de désert nous nous devons d'intensifier le regroupement des chrétiens en communautés vivantes qui avancent à leur rythme. Or il nous apparaît qu'une communauté est vivante dans la mesure où l'on retrouve les quatre éléments majeurs énumérés aux Actes des apôtres, chapitre 2, verset 42 : “Ils étaient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et à la prière.”
Dans cette perspective, nous ouvrons ce dossier. Sans nostalgie mais sans illusions. Sans peur car nous sommes des passants sacs au dos heureux d'être en marche parce que nous avons l'audace de ceux qui ont confiance de risquer l'avenir parfois dans la nuit la plus profonde.
Un portrait en évolution
Notre dossier commence en s'inspirant largement de l'enquête menée en 1992 qui trace dans l'ensemble un portrait réaliste des communautés chrétiennes de ce temps. Il s'inspire également sous forme de condensés d'articles de revue empruntés à Panorama, Présence, Apostolat et Solidaire en Eglise. On trouve dans cette première partie un portrait des communautés paroissiales et de leur évolution dans les trente dernières années.
Si on constate que nos paroisses ont “subi” des changements ( chute de la pratique, vieillissement des pratiquants, absence des jeunes, diminution du nombre de prêtres, etc.), on voit aussi qu'elles ont réagi positivement à ces changements: mise sur pied de conseil de pastorale paroissial et de groupes de partage de foi, regroupement de paroisses en unités de service, amélioration des célébrations dominicales grâce à une bonne équipe de liturgie et importance donnée à la préparation des parents en vue de l'initiation de leurs enfants aux sacrements.
Richesse et fragilité
En 1970 on écrivait : “L'Eglise s'en va chez le Diable !” Mais il est indéniable que bon nombre de paroisses petites ou grosses ont fait preuve d'une vitalité surprenante depuis trente ans. Le nombre de laïcs engagés et formés pastoralement a considérablement augmenté, le diocèse a exercé un leadership dynamique et renouvelé. Mais nous constatons aussi que les paroisses sont fragiles.
Parmi les faiblesses, on signale l'identité chrétienne confuse (c'est quoi être chrétien ?), une insécurité dans les relations avec les autres (les non-pratiquants, les membres des sectes, le Nouvel Âge ), la co-responsabilité très difficile à vivre ( prêtres et laïcs), il existe de part et d'autres des “Germaines” qui gèrent et mènent !!! , le lien peu évident entre foi et engagement et l'écart entre les besoins en ressources financières et en personnel et la réalité composée de baptisés peu évangélisés plutôt enclins à demeurer des consommateurs de service !!! Il semble bien que ces impasses des communautés paroissiales sont là pour rester si rien n'est changé, tout est en place pour qu'on assiste au cours des prochaines années à une réduction sensible et régulière de la présence et de l'influence chrétienne dans notre société Lanaudoise.
D'abord comprendre
Il faut bien se dire que si les communautés paroissiales ont bien changé depuis trente ans, ce n'est pas avant tout à cause d'un manque de zèle et de foi de ses membres. Il y a d'autres facteurs. En particulier, le contexte de la société québécoise n'est plus le même, au point qu'on peut dire que les gens d'ici ont une conscience sécularisée. On réfère de moins en moins à Dieu pour orienter sa vie et la religion est devenue moins importante pour beaucoup de monde.
En plus de cela, il faut bien admettre que le modèle d'Église qui faisait qu'au Québec, tout le monde était catholique et pratiquant, n'existe plus. D'ailleurs ce modèle n'a pas toujours existé dans l'Eglise. Au temps de saint Paul, les communautés chrétiennes ne comptaient parfois qu'une cinquantaine de membres et encore ils étaient parfois fortement persécutés.
Un nouveau portrait en vue
Si on tient compte de la situation actuelle des communautés paroissiales, de leurs ressources et de leurs handicaps, il devient nécessaire d'en tracer un nouveau portrait, de dévoiler le nouveau modèle d'Église à bâtir chez nous en cheminant dans une foi renouvelée, sac au dos, au désert de notre société de plus en plus robotisée qui ne laisse guère de place à la tendresse !!!
1) D'abord, l'Église d'ici sera une minorité religieuse, mais une minorité active qui exerce une influence non prépondérante, mais réelle sur le milieu social.
2) Ensuite, l'Église devra former des disciples de Jésus, capables de témoignage, de prière et d'engagement communautaire au plan caritatif et accompagnement des jeunes et moins jeunes.
3) l'Eglise devra s'adresser en priorité aux adultes leur proposer une voie spirituelle qui fasse appel à une décision libre et personnelle car le monde de l'an 2000 aura besoin de chrétiens qui seront des personnes de tendresse, de vie intérieure et d'espérance.
4) l'Eglise va se construire avec la participation active de l'ensemble de ses membres, la diversité des tâches et la co-responsabilité non seulement avec des permanents rémunérés qu'ils soient prêtres ou laïques.
Enfin, l'Eglise devra renoncer à un statut antérieur,à certains de ses équipements, de ses pratiques et vivre ce dépouillement à l'exemple de Jésus, comme une mort - résurrection. Ce nouveau projet d'Église à l'heure du désert va exiger, sans doute, un virage important de la part des communautés paroissiales; mais il est nécessaire pour fournir un nouvel encadrement aux catholiques d'ici même si le nombre de prêtres diminue.
Enjeux et voies d'avenir
Par enjeu, on désigne ici ce qui est à gagner, dans une lutte avec des forces opposées. Par exemple, dans une partie de hockey, l'enjeu c'est la victoire sur l'équipe adverse. L'enjeu implique qu'on peut gagner ou perdre ; une partie nulle ne satisfait personne. Bien sûr nous ne perdons pas : " l'Eglise a les paroles de la vie éternelle" mais la foi peut se perdre pour longtemps... Cela s'est déjà produit dans de grandes régions !!!
Nous avons le choix de faire partie de la solution ou de faire partie du problème ou encore d'être consommateurs ou participants. Nos paroisses perdront peut-être des membres si l'on ne retrouve pas ce que l'on rencontre aux Actes des Apôtres cité plus haut. Cependant elles gagneront des participants si la sensibilisation aux réalités présentes se fait avec diligence et doigté.
Il va sans dire que dans la mesure où ces enjeux seront assumés par les paroisses, elles auront à choisir des orientations et des pratiques pastorales pour les actualiser ; plusieurs seront nouvelles. Certaines seront à modifier et d'autres seront à conserver. Comme je le disais au début de cet article, l'Église d'ici ne peut plus continuer comme avant, elle se doit de risquer l'avenir dans l' évangélisation de la foi.
“Et maintenant, que vais-je faire ?”
Vous vous souvenez peut-être de cette chanson française qui se terminait par cette phrase “Et maintenant, que vais-je faire ?” C'est un peu cette question qu'on doit se poser maintenant. L'Eglise de Joliette est en situation d'urgence, un peu comme à la veille d'une tempête de neige. L'analyse nous révèle des prévisions inquiétantes mais elle nous dit aussi qu'on a encore un équipement suffisant pour faire face à la situation. Cependant, il est dangereusement temps que des noyaux de personnes mettent en œuvre le nouveau projet d'Église qui nous est proposé depuis quelque temps lors de nos rencontres diocésaines annuelles. Il faut des suites, mais des suites réalistes qui soient en même temps audacieuses, des suites qui fassent faire des pas, même petits, dès maintenant face à l'impératif gestion de la décroissance.
Ne serait-il pas possible de proposer un projet vraiment mobilisant ?
Sortir de la distinction clercs - laïcs
Dans nos réflexions et projets d'avenir ,il me semble qu 'il faudrait en profiter pour sortir de la distinction clercs-laïcs, une distinction qui a fait beaucoup plus de tort que de bien. Le prêtre est ainsi devenu le premier tenant du pouvoir et le premier des chrétiens. Ce qui a de graves inconvénients pour la mise en œuvre de la co-responsabilité fraternelle ainsi que pour le partage convivial de la foi. La pénurie de «prêtres» ne pourrait-elle pas nous amener - par une voie douloureuse pour beaucoup - à ne plus confondre les ministres de la communauté chrétienne avec les prêtres. La qualification sacerdotale conférée aux ministres est ultérieure au Nouveau Testament.
L'application de la notion de sacerdoce à des ministres est le fruit d'une élaboration théologique. Aux temps apostoliques, il semble qu'on ait refusé de voir dans les ministres des prêtres dont le rôle était essentiellement d'ordre cultuel. Ainsi les premiers chrétiens marquaient clairement que leurs ministres n'étaient pas du tout à confondre avec les prêtres du judaïsme et du paganisme.
Il semble donc que la situation actuelle de la pénurie de prêtres qui attriste tant de gens - nous le comprenons - peut tout de même être l'occasion de renouer avec une intuition qui fait partie de notre histoire, en nous amenant à promouvoir les ministères variés dans l'Église sans constituer un état clérical. La promotion du statut de baptisés exerçant des ministères dans la communauté, sans en faire les membres d'un club ou d'une caste à part, ne serait-elle pas une opération de bonne santé chrétienne ?
Un processus de formation
Le système qui se généralise en ce moment et qui consiste à confier à un «prêtre» un regard sur quelques paroisses animées dans le quotidien par des responsables ( femmes et hommes consciencieux ) ne résout plus rien à plus long terme. Cela tout le monde le sait bien. Et ce régime est essoufflant. Ne risque-t-on pas l'épuisement à bien des égards de ces pasteurs généreux qu'on force quasiment à être fonctionnaires cléricaux, ils ne méritent pas cela. Et les petites communautés locales non plus. Des personnes qui étudient cette question en essayant d'en dégager des enjeux et des questions de fond sont amenées à énoncer quelques urgences .
La première consiste à poursuivre un processus de formation déjà bien lancé chez nous. Toutefois ce processus doit relever de nouveaux défis, dont celui de s'adapter à la situation de gens qui ont une vie professionnelle, un métier, une vie de famille et des engagements parfois prenants dans la société. Car il n'est pas question de transformer ces gens en clercs ; le danger n'est pas purement hypothétique ! Si ces processus de formation continue étaient fréquemment évoqués dans nos communautés chrétiennes, ne serait-ce pas encourageant ? N'y aurait-il pas là quelque chose de prometteur pour l'avenir et qui pourrait soutenir l'espérance dans un partenariat bien accueilli.
Les communautés locales et le besoin de ministres
“Le beau-père de Moïse lui dit : Tu t'y prends mal ! A coup sûr tu t'épuiseras, toi et le peuple qui est avec toi, car la tâche est trop lourde pour toi : tu ne pourras pas l'accomplir seul. Maintenant choisis-toi parmi tout le peuple des hommes capables, sûrs, incorruptibles, allège ainsi ta charge et qu'ils la portent avec toi. Moïse suivit le conseil de son beau-père et fit tout ce qu'il lui avait dit.” ( Ex.18, 18-23)
Dans cette foulée depuis quelque temps on a suscité et reconnu des ministères et services exercés par des baptisés femmes et hommes qui, en plusieurs cas, manifestent des aptitudes pastorales remarquables.
Dans le déroulement de ces initiatives, il ne faudrait pas perdre de vue la possibilité d'appeler au ministère ordonné de ces personnes ayant acquis une formation et ayant fait leurs preuves. Mais, encore une fois, sans en faire des clercs et les affubler ou les laisser s'affubler, par exemple, de costumes de ville qui contredisent la simplicité fraternelle. Ce qui me questionne, c'est que derrière ce déguisement qu'on pourrait qualifier d'inoffensif, on peut flairer une mentalité qui n'a peut-être pas grand-chose de chrétien !!!
La situation actuelle de pénurie de responsables de communautés chrétiennes aptes à présider l'Eucharistie ne comporte-t-elle pas des risques ? Bien sûr, nous avons beaucoup célébré d'Eucharisties en notre Église catholique romaine. Sans doute trop. Mais comme vont les choses, il y aura très peu d'Eucharisties dans l'Eglise catholique des prochaines années. Ne restera-t-il que la messe télévisée ou radiodiffusée sur bandes FM à partir de nos églises avec équipement spécial pour les malentendants ?
Dieu fait du neuf !
En situation de désert nous avons tous besoin de croire à la possibilité d'une nouvelle Pentecôte à condition que nous nous ouvrions à l'inspiration qui vient d'en-haut et qui est le contraire de nos petits calculs ou de notre passivité. En ce désert, à travers les efforts de partage et de solidarité, Dieu lui-même est à l'œuvre.
Sachons découvrir les invitations que le Seigneur nous adresse et soyons convaincus qu'Il peut opérer des merveilles au sein de nos communautés. “Ne vous souvenez plus d'autrefois, ne songez plus aux choses passées. Voici que je vais faire du nouveau qui déjà apparaît, ne l'apercevez-vous pas ?” (Is 43,18-19)
On rapporte que pendant le Concile Jean XXIII eut un rêve. Une nuit, il vit les difficultés que rencontrait l'Église : baisse de pratique, religion à la carte, écart entre foi et engagement, etc. A un moment donné du rêve, Jésus dit au bon Pape Jean : « Écoute donc, Jean, l'Église c'est ma responsabilité, tu n'es que mon vicaire, cesse donc de te préoccuper et laisse-moi faire. Ne crains pas, je suis là. Mon Église est capable de risquer l'avenir ! »
Même à Joliette pas vrai ?
Et Milou n'arrête pas de bondir de joie !!!
Réjean Majeau, juillet 95
L'Église de Joliette et son avenir
Au sein du nouveau millénaire et à la veille de célébrer son centenaire, l'Église de Joliette est appelée à poursuivre sa mission comme bonne intendante d‘une multiple grâce de Dieu en se mettant au service de tous selon la grâce reçue.
Ce sont les chrétiens et les chrétiennes ensemble qui ont la responsabilité d‘accomplir le “ministère”, la mission et le service commun de l‘Eglise ; c‘est-à-dire qu‘ils participent à l‘ensemble de la mission selon ses grandes fonctions : (prophétique) évangélisation, éducation de la foi et discernement spirituel ; (sacerdotale) ; offrande cultuelle de la vie, prière et liturgie ; (royale) animation et entraide à l‘intérieur de la communauté diocésaine et service socio-humanitaire dans les diverses sociétés.
Être membre de l'Église de Joliette implique des responsabilités soit immédiatement au niveau de la vie des communautés chrétiennes soit au niveau des conseils destinés à partager la tâche de l‘Evêque ou du moins à l‘assister dans la triple fonction énoncée plus haut.
Il demeure entendu que les quatre conseils présentent des fonctions particulières, cependant dans une Église ministérielle les membres de ces quatre entités se doivent de plus en plus d'œuvrer ensemble afin de faire Eglise à partir de la base en liens consultatifs étroits avec l‘Evêque.
Réjean Majeau 19 /10/00
L'Église est plus belle que jamais! Nous sommes passés par un tunnel . Et toutes ces nuits que nous avons vécues préparaient une croissance spirituelle des plus magnifiques.
Il fallait bien passer du latin à la langue du peuple; il fallait bien passer du commentaire de Ia Parole de Dieu à la Parole de Dieu elle-même; il fallait bien passer de la nef au choeur; il fallait bien que tout ce qui était intouchable devienne “touchable” un jour ; il fallait bien passer de la soumission servile à une obéissance responsable qui critique, réclame, interroge, décide ; il fallait bien passer de l'Eglise des prêtres à l'Eglise de tous les baptisés.
Qu'elle est belle notre Église qui a accepté avec Vatican II et le bon Pape Jean XXIII de faire peau neuve pour nous révéler un Jésus tout neuf parce que inépuisable en bonté et en miséricorde, lent à la colère et plein d'amour ! Un Christ qui donne la soif de l'espérance à la Samaritaine, qui dit: "Lève-toi et marche", qui fait voir les aveugles et entendre les sourds.
Depuis Vatican II, les laïcs ont appris que les facultés de théologie ne sont pas ouvertes seulement pour les futurs prêtres, mais pour tous les croyants qui veulent en connaître plus sur Jésus Christ. Tout le peuple de Dieu, inspiré par l'Esprit a appris que l'Esprit soufflait où il voulait et qu'il pouvait inspirer la tête de l'Eglise, mais aussi la base.
Dans une Église renouvelée, le chrétien ordinaire ne va plus " voir " la messe qui se jouait au-dessus de l'assemblée, entre la chorale et le prêtre, mais il va célébrer l'Eucharistie. Le langage même a changé. On parle de co-responsabilité, de prise en charge, de charisme.
Quelle est belle l'Église de Jésus Christ qui est notre Église! Elle nous a fait savoir qu'elle avait besoin de nos mains, de nos cœurs, de notre dévouement, de notre implication pour être ce que le Seigneur voulait qu'elle soit !
Les prêtres sont sortis des sacristies, ils sont allés vers le peuple de Dieu, ils ont changé de costume pour être plus près du monde ordinaire. Emportés par le renouveau de l'Eglise, les prêtres ont décidé de ne pas prendre la place des laïcs, de ne pas faire à leur place, mais de leur faire de la place dans les organismes de décisions
Et voilà un peuple de Dieu en santé qui continue à nous révéler Jésus Christ encore aujourd'hui avec la force des origines! Un Jésus Christ d'aujourd'hui pour le monde d'aujourd'hui! (René Pageau, Un pas de plus avec mon Dieu )
Croyants qui veulent en connaître plus sur Jésus Christ. Tout le peuple de Dieu, inspiré par l'Esprit a appris que l'Esprit soufflait où il voulait et qu'il pouvait inspirer la tête de l'Eglise, mais aussi la base.
Dans une Église renouvelée, le chrétien ordinaire ne va plus "voir" la messe qui se jouait au-dessus de l'assemblée, entre la chorale et le prêtre, mais il va célébrer l'Eucharistie. Le langage même a changé. On parle de coresponsabilité, de prise en charge, de charisme.
Quelle est belle l'Église de Jésus Christ qui est notre Église! Elle nous a fait savoir qu'elle avait besoin de nos mains, de nos cœurs, de notre dévouement, de notre implication pour être ce que le Seigneur voulait qu'elle soit !
Les prêtres sont sortis des sacristies, ils sont allés vers le peuple de Dieu, ils ont changé de costume pour être plus près du monde ordinaire. Emportés par le renouveau de l'Eglise, les prêtres ont décidé de ne pas prendre la place des laïcs, de ne pas faire à leur place, mais de leur faire de la place dans les organismes de décisions
Et voilà un peuple de Dieu en santé qui continue à nous révéler Jésus Christ encore aujourd'hui avec la force des origines! Un Jésus Christ d'aujourd'hui pour le monde d'aujourd'hui!
INTÉGRER FOI ET VIE
Est-il possible alors d'être chrétien sans verser dans l'idéalisme, l'angélisme ou le puritanisme ? Les croyants peuvent-ils être autant passionnés du devenir du monde, de sa construction civilisée que de la quête de Dieu ? La foi condamne-t-elle à une sorte de schizophrénie perpétuelle : Dieu ou le monde ?
L'enjeu est de taille : il s'agit de la pleine sécularité de l'existence chrétienne. Comment la foi chrétienne aide-t-elle les personnes à affronter les défis de l'existence humaine ?
Paul Evdokimov disait : «si les conditionnements empiriques favorisent l'incroyance c'est parce que notre époque annonce la promotion adulte de l'homme qui ne supporte plus aucune démission ni tutelle sur lui. Il y a là un élément très positif qu 'il faut prendre au sérieux : c 'est le refus de toute reconnaissance de Dieu qui ne soit pas en même temps reconnaissance de l'homme (...). Il est urgent de dégager le message de l'Evangile de tout contexte historique et social périmé. Comme le dit Simone Weil notre époque a besoin d'une sainteté qui ait du génie»
DES QUESTIONS URGENTES POUR LE CHRISTIANISME
Comment redonner à la vie humaine terrestre et historique, avec ses défis, ses joies et ses espoirs, tout son poids dans l'interprétation de la foi et dans l'élaboration des discours des Églises ? Comment redonner aux croyants une possibilité d'élaborer une parole qui soit accordée à ce qu'ils vivent, tout en étant enracinée dans la tradition de foi ? Est-ce qu'une personne mariée, ayant des enfants et exerçant une profession dite «profane» a autant de chances de réaliser les grandes dimensions de l'Évangile qu'une personne «consacrée» qui a choisi un style de vie autre et qui vit sa foi essentiellement dans le sens d'un certain exil de la condition présente ? Est-ce que la conscience des hommes et des femmes qui sont l'Église a le droit d'élaborer la vérité évangélique de l'existence à même les défis d'une vie humaine au coeur du monde, ou doit-elle sans cesse être à la remorque de jugements édictés par d'autres, à partir d'enseignements qui ont laissé tomber les situations de la vie quotidienne jugées peu importantes pour la foi chrétienne ? Bref, comment éviter le spiritualisme et le surnaturalisme en respectant le mouvement d'incarnation, c'est-à-dire d'être-dans-le-monde, caractéristique de la foi chrétienne ?
La plupart des sectes et des gnoses dévalorisent la vie dans le monde et l'histoire. Le monde, la matière et le corps apparaissent comme des obstacles dans la quête de Dieu. Le changement et l'histoire représentent à leurs yeux des risques pour la foi. On oscille sans cesse entre un âge d'or idéal (le passé) et un grand soir eschatologique (le futur) qui représentent le vrai bonheur. Le présent apparaît dès lors négligeable : il ne semble valoir que négativement, comme révélation des maux et signes apocalyptiques qui annoncent la fin. La liberté humaine et ses engagements historiques ne valent pas grand-chose quand on se représente un dieu qui va magiquement tout changer dans une période imminente dont les cataclysmes annoncent l'approche. Ces tendances sectaires et gnostiques sont souvent présentes dans des mouvements chrétiens. D'où l'utilité de clarifier les enjeux.
LA SÉCULARITÉ : VIVRE DANS LE MONDE
Pour sa part, un authentique christianisme aspire à se situer dans la ligne de la sécularité de la foi. Que devons-nous entendre par le terme «sécularité» ? Les deux sens du mot donnés par le dictionnaire sont les suivants : ce qui appartient à la vie laïque opposée à la vie ecclésiastique par exemple, quand on parle d'autorité ecclésiastique ou séculière), ce qui vit dans le siècle, dans le monde (par exemple, prêtre séculier différent en principe de prêtre régulier- religieux - ou de moine. Nous parlons de différence de principe, car un processus complexe a conduit à monachiser les prêtres séculiers leur faisant perdre justement leur condition séculière. Le mot saeculum qui fait partie de l'étymologie du mot “séculier” signifie “monde”. Harvoy Cox a bien mis en lumière le fait que deux mots latins ont servi à traduire le monde saeculum et mundus saeculum envoie à la conception hébraïque historique du monde avec l'idée de mouvement entre un début et un terme. Le terme mundus véhicule la vision spatiale grecque et peut nous orienter davantage vers l'idée de stabilité. Ce dernier terme qui voile la dimension biblique de l'historicité est pourtant celui que la tradition chrétienne a privilégié.
Le terme sécularité appliqué à la foi désigne une caractéristique fondamentale de la vie chrétienne. C'est dans le monde, au sein d'une histoire concrète que la foi se vit, avec tout ce que cela implique. Il n'y a pas de position assurée en dehors d'une recherche constante du Dieu vivant au sein même de l'histoire. La foi n'existe pas non plus sans des personnes vivantes unies dans des dynamiques communautaires. Point d'objectivité.
D'après Christiane Jomain , Mourir dans la tendresse, Paris Ed. du Centurion, 1984 , 204 pages
Mourir en vie !
Est-ce difficile de mourir ? Une belle mort est-ce que cela existe ?
Il n'est pas facile de répondre à cette énorme question ; en effet si les hommes et les femmes sont tous également mortels, ils ne sont pas semblables dans leur façon de mourir, les passages de la vie à la mort sont passablement divers. Parfois ils surviennent de façon inattendue, précipitée, tantôt ils durent des heures, des jours et même des mois. Ils déjouent les prévisions. Il en est d'indolores, de douloureux, de lucides, d'inconscients, avec des alternances, rarement tout l'un ou tout l'autre.
Ce qui arrive, c'est que, quels que soient leur origine sociale, leur appartenance professionnelle, familiale, leur âge, leur croyance, ceux qui vivent cette dernière étape ont peur de mourir seuls, et que l'assistance des autres peut leur apporter un soulagement, un bien-être, un soutien et un réconfort réels.
Les conditions du bien mourir se trouvent donc en partie, mais de façon certaine, dans les mains de l'entourage du mourant ; c'est-à-dire ceux qui sont auprès de lui et qui, à un titre ou à un autre, en prennent soin : ses proches, ses amis, et ceux qui soignent, par profession. Sans cette aide et cette présence, il doit être difficile de mourir.
Qui est le mourant ?
“Qui est en train de mourir”, Larousse
“Qui va mourir, qui se meurt”, Robert
Si la mort se manifeste par des signes, quels sont-ils ?
La mort : elle est en premier lieu un événement : le moment où la vie s'arrête, l'instant du décès qui est déterminé “de façon précise et constante comme celui de l'arrêt complet, définitif et irréversible des fonctions vitales d'un organisme vivant.”
La mort c'est également un état que l'on oppose à la vie. Cet état peut être exploré scientifiquement. Il se reconnaît à l'abolition et la disparition des manifestations des grandes fonctions: l'animation , la circulation, les respirations ainsi qu'à l'apparition du phénomène de dégradation des corps.
Invariablement on meurt selon deux modes : l'un instantané qui fait passer sans transition de l'état de vie à celui de mort, l'autre progressif, où la vie se retire peu à peu et la mort s'installe par degré.
La deuxième façon de mourir est plus habituelle. Celui qui meurt ainsi, graduellement, est identifié depuis toujours : c'est le mourant, le moribond, l'agonisant, celui qui entre en agonie, c'est-à-dire cette période qui précède la mort. Le mot “agonie” signifie à la fois lutte et angoisse, nous renseigne de façon précise sur la situation de la dernière phase aboutissant au décès. Il se présente comme un combat. Aujourd'hui, les termes d'agonie et d'agonisant ne s'emploient plus. Il reste le mourant dont l'image, plus floue, évoque le danger d'une mort imminente plutôt qu'une lutte, une faiblesse extrême.
Les signes annonciateurs de la mort.
1) La première série de signes est d'ordre physique et physiologique
a) L'état grave constitue un premier élément important . Il s'agit de ceux que l'on appelle communément les grands malades. L'étendue des paralysies , l'atteinte des centres nerveux responsables de la respiration , de la déglutition , les douleurs élevées , les accès de températures, des infections pulmonaires donnent des indices qui dénotent l'état de la gravité. C'est en raison de la gravité de leur état que l'on peut établir un pronostic de mort proche et certaine ;
b) Le deuxième élément est le péril de mort . La menace de mort plane sur le mourant de façon imminente et permanente ( ex: comas hypoglycémique, risques d'hémorragie, etc... ) ;
c) En troisième lieu la détérioration physique progressive est constante (ex.: affaiblissement général , perte de forces , impossibilité de subvenir aux actes élémentaires de la vie.) ;
d) La lutte pour l'équilibre . Soumis à ces agressions l'organisme mobilise ses défenses. Il tend à assurer sa sauvegarde . La médecine moderne dispose de grands moyens pour aider le malade car le maintien de l'équilibre est primordial lorsqu'il permet de s'attaquer aux causes et d'espérer la régression des troubles , avec possibilité de guérison ;
e) La question qui se pose est celle de la réversibilité de la situation et de la récupération possible . Mais il advient un jour que celui qui est en train de mourir se trouve dans une situation de non retour.
2- Le deuxième volet caractéristique de l'état du mourant est d'ordre psychologique : angoisse et agitation
Je suis d'avis qu' entre l'angoisse et l'agitation rencontrés si fréquemment avant la mort, il y a un degré de différence et non de nature. Toutes les deux expriment le même trouble profond du mourant qui, à demi mort et à demi vivant, se trouve dans un état de transition. Il se produit en lui une sorte de mutation. Il en résulte presque infailliblement une crise. L'angoisse est en relation avec l'attente. Tiraillé entre des forces contraires, oscillant entre des épisodes aigus de grande détresse fonctionnelle et des phases d'accalmie, entre l'espoir de vivre et le découragement, le mourant est sensible à l'instabilité de sa situation et en souhaite le dénouement.
Les stades du mourant: d'après Elisabeth Kubler Ross
- Le premier en est le choc , provoqué par la prise conscience de l'issue inéluctable et la stupeur qui découle de cette perception .
- Le deuxième , la dénégation est la période du refus de cette réalité.
- Le troisième est le stade de colère à l'égard des personnes qui l'entourent et à qui il reproche leur impuissance , c'est le stade du refus des traitements et de l'agressivité.
- Le quatrième stade est la dépression qui succède à la colère. Le mourant a perdu toute croyance en son efficience personnelle et en l'efficacité des autres.
- Le cinquième stade est celui du marchandage qui contraste avec le stade précédent, par un besoin d'activité intellectuelle et l'apparition de désirs , de souhaits et de promesses. C'est celui des “Si je guéris...”
- Le sixième stade est l'acceptation . C'est à ce moment-là que le mourant règle ses affaires et prend du recul par rapport au monde et à lui-même . C'est l'heure du détachement.
- Le septième et dernier stade est celui de la “decathexis” , durant laquelle le mourant est dans un état de conscience qui ne lui permet plus de communiquer verbalement avec le monde des vivants . Nous disons qu'il est dans l'inconscience ou le coma . Ce moment n'est ni effrayant ni douloureux .
L'auteure affirme qu'il est indispensable de passer d'une étape à l'autre dans l'ordre indiqué. Elle est convaincue que la sérénité de la fin apparaîtra d'autant plus facilement que le mourant aura eu la possibilité d'exprimer sa stupeur , sa rancœur, sa demande de sursis , sa peine de quitter la vie . La durée de chaque étape n'est pas précisée. La démarche totale requiert un certain temps. Elle peut s'étaler sur des semaines, voire des mois.
Est mourant, celui qui est connu comme tel par les autres ou par lui-même parce qu'il est atteint irréversiblement dans son corps. Il est engagé dans un processus spécifique dû à l'altération , l'arrêt ou le déclin irréductible d'une seule ou de plusieurs fonctions vitales entraînant un dysfonctionnement incompatible avec le maintien de la vie . Après une résistance générale à ce changement , une lutte , un essai de compréhension de l'organisme pour survivre , une période d'état où se mesurent les forces de la vie et celles de sa destruction, il se produit une rupture d'équilibre , un point de bascule où les signes de la mort s'installent progressivement et prennent le pas sur ceux de la vie pour aboutir à l'instant final du décès.
La menace à laquelle est confronté le mourant ne lui est pas extérieure . Elle est inscrite en lui , on la lit dans son corps. Il s'agit d'une autodestruction . Le mourant est biologiquement la mort elle-même à l'œuvre . D'où l'expression qui , à mon sens, correspond le mieux au phénomène : “Il se meurt.”
Que faire des mourants ?
Solutions possibles :
- impossibilité de mourir
- supprimer la mort
- supprimer les mourants
Si l'on admet que la mort est inscrite dans l'ordre de la nature et que nul ne peut s'y soustraire , on remarque également que l'agonie n'est pas indispensable à la mort. On peut donc concevoir qu'il soit possible d'échapper aux tourments d'une phase transitoire redoutée plus encore que la mort elle-même , et considérée comme un supplice absurde.
Ce point de vue conduit à la contestation de tout traitement susceptible de retarder l'échéance prévue. C'est une façon de dire non à l'acharnement thérapeutique.
Paradoxalement , dès lors qu'elle est tenue pour proche, la mort , initialement repoussée , devient le seul but à atteindre. Elle est appelée souhaitée , attendue avec impatience par l'entourage . On anticipe en traitant le mourant comme s'il était déjà mort . Il est rayé du monde des vivants .Toutefois, sa présence matérielle demeure comme un reproche intolérable , une charge inutile voire nuisible à l'équilibre affectif, professionnel , économique des survivants. C'est pourquoi on peut être tenté de pouvoir mettre délibérément et médicalement un terme à cette situation ou même de l'occulter à la demande , soit dans un but humanitaire , soit dans un but économique et social . Cette solution s'inscrit dans une orientation d'euthanasie .
Assister les mourants
La troisième attitude consiste à assurer au mourant une assistance qui prenne en compte les différents paramètres caractéristiques de la situation et recherche les réponses adaptées tant aux besoins physiques qu'aux réactions psychologiques Cette action s'attache à l'emploi de techniques médicales en vue d'atténuer , d'alléger la souffrance organique et à l'adoption d'une attitude d'accompagnement relationnel.
Si la fin de la vie fait partie de la vie, est-ce à dire que le mourant est un vivant ? Que faut-il donc entendre par là ? De quelle vie parle-t-on ?
Dire que le mourant est un vivant , c'est d'abord admettre la fin de la vie comme inhérente à la vie et non au-delà ou en dehors.
C'est parler de nature humaine et de personne. Ce qui induit à réexaminer le phénomène terminal dans un champ de vision plus large; celui de l'histoire d'un individu dont on sait qu'il ne se réduit pas au seul fonctionnement organique et qu'il relève de composantes multiples: affectives , spirituelles, sociales, enracinées dans une époque et une culture , ouvertes sur le Monde et l'Histoire.
Si enfin pour une personne être vivant , c'est être soumis aux lois de la croissance et de la sénescence , c'est également , bien au-delà de l'achèvement de la croissance physique , avoir la capacité d'acquérir l'expérience de la vie , de l'utiliser et , ainsi , de chercher à progresser tout au long de son existence , jusque dans la phase ultime. Mourir en vie , ce n'est pas choisir la mort , c'est choisir de vivre intensément chaque battement de la vie. Personnellement , je crois qu'il y a dans toutes les étapes que nous venons d'énumérer, dans toutes les étapes de la vie un sens , une richesse , un appel à la croissance dont nous avons besoin pour atteindre notre pleine maturité de personne humaine .
Mourir en vie , c'est profondément choisir la vie
Réjean Majeau , ptre ,
Mourir en vie ( Mourir dans la tendresse )
Un jour, lors d'une rencontre avec un groupe de religieuses, l'une d'entre elles me demanda : " Avez-vous peur de mourir ?" Je lui répondis que non, mais que j'avais quelque peu peur de souffrir physiquement et d'être seul avant de mourir. Une autre me demanda si cela existait une “belle mort” ? Comment répondre à cette énorme question ? Une “belle mort” qu'est-ce que cela veut dire ? Comment la mort en soi peut être belle ? La mort n'est-elle pas une réalité qui déclenche l'anxiété, la peur, l'effroi, l'angoisse ? La mort est inévitable et l'on ne peut l'anesthésier, la cacher... La mort occasionne des blessures et elle fera toujours en quelque part scandale et mal parce qu'elle porte en elle une brisure...
Mais alors comment mourir en vie ? Je ne crois pas qu'il y ait une méthode, une stratégie, encore moins un mode d'emploi puisque chaque mort surgit comme de l'intérieur de la personne qui vit cette expérience . Nous pourrions dire que la mort est en quelque sorte personnalisée, adaptée et unique à chaque personne humaine.
Je suis d'avis que si nous voulons mourir en vie, il nous faudra aimer la vie jusqu'au bout sans la tuer... Il nous faudra choisir la vie pour bien mourir. Le mourant sera toujours un vivant qui a le droit d'être respecté et d'être reconnu comme une personne humaine et cela jusqu'au dernier instant de sa vie.
Mourir en vie, c'est revendiquer cette reconnaissance. C'est, pour bien des malades et pour leurs proches, une façon de dire non à l'acharnement thérapeutique.
Mourir en vie, c'est demander d'être soulagé de ses souffrances. C'est aussi, être entouré par des personnes que l'on aime et dont nous ressentons l'affection.
Mourir en vie, c'est entrer dans la dernière étape de la vie en sachant qu'il y a bien des aspects de celle-ci dont nous ne pourrons jamais percer le mystère... Il serait faux de penser que la “belle mort” serait celle que nous nous donnons ou celle qu'un autre pourrait nous donner à l'heure que nous voulons et dans les conditions que nous voulons...
Mourir en vie, ce n'est pas choisir la mort, c'est choisir de vivre intensément chaque battement de la vie. Personnellement, je crois qu'il y a dans toutes les étapes de la vie un sens, une richesse, un appel à la croissance dont nous avons besoin pour atteindre notre pleine maturité.
Mourir en vie, c'est profondément choisir la VIE.
Réjean Majeau, ptre
d'après G.C. et autres
Job 14,1-3 etc; Mt 25,31-46
En ce 20 avril, après un dur hiver nous sommes venus nombreux former ce rassemblement qui est pour ainsi dire le dernier acte d'un drame que l'on a suivi et auquel nous avons été confrontés.
Celle qui nous rassemble a porté et rendu présent dans notre univers le scandale de la souffrance et de la maladie. Et quand cela nous touche de près , la question du sens et le pourquoi de la souffrance ressurgit avec plus d'acuité . Alors peut-être la révolte gronde dans le cœur, puisque cela semble la seule arme de spectateurs impuissants que parfois nous pouvons être.
Et pourtant , aujourd'hui , j'aimerais que nous essayions de nous réconcilier avec la maladie , et avec la souffrance qui y est attachée. Ainsi j'aimerais que l'on se réconcilie avec la maladie , comme on peut se réconcilier avec un champ strié de labours . Les sillons sont des lieux de semence et de futures récoltes. Aussi faudrait-il aujourd'hui recueillir la semence et le fruit d'humanité et d'éternité contenus dans ce que notre sœur a été amenée à vivre.
Car la maladie, si on la côtoie, si on l'apprivoise, peut nous rendre plus humains et nous attacher à l'essentiel de la personne humaine. Les personnes bien portantes, qui n'ont jamais sérieusement voyagé au pays de la maladie éprouvent parfois beaucoup de difficultés à comprendre cela .
Notre monde est bâti pour les bien-portants. - On s'active, on s'agite, on s'énerve. Toutes les secondes sont comptées, le temps c'est de l'argent. La personne humaine doit remplir sa fonction de producteur et de consommateur. Nous sommes régis par les lois de l'efficacité, de la rentabilité, de l'utilité . Les malades sont à certains égards, des objets , des numéros inutiles et dispendieux! ça, ce sont les valeurs de notre société.
Or, le côtoiement de la maladie nous oblige à redécouvrir d'autres valeurs , ces valeurs qui rendent les cœurs sensibles et aimants.
Dans l'entourage d'une personne malade, nous avons à réapprendre la tendresse , à réapprendre la patience, à réapprendre la gratuité, le service désintéressé !
Nous ne pouvons aborder un malade que si nous nous oublions nous-mêmes , que si nous acceptons de prendre de précieuses minutes pour être disponible à la sympathie, au service gratuit , au silence du partage du cœur.
A l'intérieur de ces attitudes apparaissent ainsi les bases d'un monde plus humain et plus fraternel. Dans la profondeur de ces attitudes nous pouvons encore déceler une parcelle de la présence de Dieu: " J'étais malade et vous m'avez visité. Chaque fois que vous l'avez fait à un de mes frères , c'est à moi que vous l'avez fait ."
Chacun de nous supporte ses petits malaises ; de l'arthrite dans la colonne, un diabète dérangeant , un cœur qui bat trop vite ou trop lentement. Et ces petits malaises minent nos énergies , Nous ralentissons nos activités , nous sommes amenés à évaluer les choses importantes. Puis , quand la douleur du corps prend le dessus sur nos énergies, nous devons réapprendre la dépendance, la pauvreté et l'espérance.
Réapprendre la dépendance , c'est réapprendre la solidarité; c'est prendre conscience que les uns sont liés aux autres pour un service mutuel. Et quand on demande un verre d'eau pour soulager la brûlure de la fièvre , on reproduit cette image du Christ, solidaire et dépendant de ses frères et sœurs lui qui a demandé à boire à la samaritaine ...
Réapprendre la pauvreté , c'est être capable de contester l'illusion de la vie des gens riches et célèbres : argent, gloire et puissance . C'est révéler que la seule semence d'éternité vient du cœur , de l'amitié, de l'accueil , de la compréhension , de l'écoute et de la tendresse.
Et enfin , réapprendre l'espérance , c'est choisir de se rapprocher de Dieu , c'est confier sa vie à Dieu Notre Père qui a révélé aux hommes à travers la résurrection de Jésus son projet de faire éclater les frontières. " Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur comprendront la vérité , ceux qui sont fidèles resteront avec Lui dans son amour."
Voilà pourquoi aujourd'hui je voulais que l'on se réconcilie avec la maladie et la souffrance , parce qu'elles nous rendent humains et nous invitent à nous attacher à l'essentiel. Voilà ce que nous pouvons recueillir de fruits d'humanité et d'éternité dans ce que notre sœur a été amenée à vivre.
Demain notre vie va reprendre son cours . Peut-être ne sera-t-elle pas tout à fait la même à cause de ce que nous vivons présentement ? En réfléchissant sur le sens que nous donnons à notre propre vie nous ne pouvons pas entendre le message que Dieu nous propose: vivre pour Lui . Amen
Sg 2,23-3,1-6-9; Luc 24 13-28
Rassemblés en cette église à la veille de Noël nous ne pouvons nous empêcher de réfléchir sur le mystère de la vie.
Je dis bien mystère de la vie, car telle est la vie : un mystère. On ne comprend pas toujours, on ne comprend pas souvent quel est son cours.
Comment expliquer que des gens soient presque toujours chanceux dans la vie et d'autres presque jamais ? Comment expliquer que certains s'en tirent à bon compte et soient si souvent épargnés alors que d'autres soient si durement touchés moralement psychologiquement ou physiquement et soient portés à s'isoler parce que blessés dans leur façon d'être.
Pourquoi la souffrance dans nos vies? Et pourquoi faut-il que cette souffrance dure si longtemps pour certaines personnes? Pourquoi la maladie frappe-t-elle si durement des gens, qui à nos yeux, ne méritaient pas un sort semblable ?
A ces énormes questions nous n'avons vraiment pas de réponses. Nous ne voyons pas clair dans tout cela. Aussi, si nous nous laissions aller à nous-mêmes, serions-nous tentés de penser que la vie est vraiment trop injuste; que Dieu ne fait pas suffisamment la part des choses, qu'il ne traite pas tous les hommes avec toute l'équité requise.
C'est à dessein que nous avons lu, il y a quelques instants, un passage de l'écriture tiré du livre de La Sagesse. Il peut nous aider à percevoir un peu mieux pourquoi certaines vies sont marquées par la souffrance sous toutes ses formes.
Dans ce passage on affirme que si Dieu met certaines gens à l'épreuve, c'est qu'il les reconnaît dignes de Lui. Ce ne sont pas des paroles faciles à entendre. C'est pourquoi il faut donc bien les comprendre.
Dieu ne veut pas la souffrance, le malheur. Dieu n'aime pas la souffrance. Dieu ne se plaît pas à faire souffrir. Mais reconnaissant que la souffrance existe, Dieu veut nous faire saisir qu'elle n'est ni inutile, ni sans signification.
Pour celui qui la subit dans la foi, la souffrance peut en effet devenir un chemin qui conduit directement à Dieu; elle peut devenir un signe privilégié de l'amour qui mène directement au royaume. Voilà ce que le Seigneur nous dit. Il faut, bien sûr, de la foi, beaucoup de foi - pour y croire.
Nous aurons de la misère à y croire si nous ne savions que Dieu a permis que son Fils lui-même passe par le creuset de la souffrance afin de nous faire voir son salut telle une bouée de sauvetage dans la mer de nos interrogations.
Dans le passage de l'évangéliste st-Luc on nous a rappelé que les disciples d'Emmaüs étaient tous décontenancés devant ce qui était arrivé à Jésus. Ils ne parvenaient pas à comprendre pourquoi cet homme, qui était Fils de Dieu, avait souffert et avait été mis à mort. Ils ne pouvaient pas s'imaginer que le chemin de la souffrance était celui que Jésus devait prendre pour entrer dans la gloire.
Devant le décès d'un proche nous sommes aussi décontenancés et nous ne savons que dire. Les paroles de Dieu que nous avons entendues ne sauraient suffire à lever d'un coup le poids de nos questions. Mais ces paroles ne sont pas inutiles; elles nous permettent d'espérer que celui qui traverse la mort, qui passe par la mort, rencontre la miséricordieuse tendresse de Dieu Notre Père qui accueille toute personne comme son enfant.
Prions le Seigneur, de nous aider à accueillir toutes ces personnes qui ont besoin d'écoute , d'accueil et de compréhension. Nous prierons pour que le réconfort de l'espérance chrétienne en la vie éternelle allège la peine de la famille, des amis, des voisins.
Demain, presqu'à la veille de Noël, notre vie va reprendre son cours. Peut-être ne sera-t-elle pas tout à fait la même à cause de ce que nous vivons présentement. On ne peut en effet , voir partir ceux que nous avons connus sans réfléchir sur le sens que nous donnons à notre propre vie.
Fais nous voir Seigneur ton salut.
Mc 14, 32-36
Puis il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit : "Mon âme est triste à en mourir; demeurez ici et veillez." Étant allé un peu plus loin, il se prosterna contre terre et il priait pour que , s'il était possible, cette heure passât loin de lui. Et il disait "Abba (Père) tout est possible: éloigne de moi cette coupe; cependant , pas ce que je veux , mais ce que tu veux."
Homélie
En ce jeudi saint 1997 nous sommes venus former ce rassemblement qui est pour ainsi dire le dernier acte d'un drame que l'on a suivi et auquel nous avons été confrontés.
Celui qui nous rassemble a porté et rendu présent dans notre univers le scandale de la souffrance et de la maladie. Et quand cela nous touche de près , la question du sens et le pourquoi de la souffrance resurgit avec plus d'acuité . Alors peut-être la révolte gronde dans le coeur, puisque cela semble la seule arme de spectateurs impuissants que parfois nous pouvons être.
Et pourtant , aujourd'hui, suite à la Parole de Dieu que nous venons de lire, j'aimerais que nous essayions de nous réconcilier avec la maladie, et avec la souffrance qui y est attachée. Ainsi j'aimerais que l'on se réconcilie avec la maladie, comme on peut se réconcilier avec un champ strié de labours. Les sillons sont lieux de semence et de futures récoltes. Aussi faudrait-il aujourd'hui recueillir la semence et le fruit d'humanité et d'éternité contenus dans ce que notre frère a été amené à vivre.
Car la maladie, si on la côtoie, si on l'apprivoise, peut nous rendre plus humains et nous attacher à l'essentiel de la personne humaine. Les personnes bien portantes, qui n'ont jamais personnellement et sérieusement voyagé au pays de la maladie éprouvent parfois beaucoup de difficultés à comprendre cela.
Notre monde est bâti pour les bien-portants. - On s'active , on s'agite , on s'énerve . Toutes les secondes sont comptées, le temps c'est de l'argent. La personne humaine doit remplir sa fonction de producteur et de consommateur. Nous sommes régis par les lois de l'efficacité, de la rentabilité, de l'utilité . Au hasard des nombreux virages ambulatoires les malades sont, à certains égards, des objets , des numéros inutiles et dispendieux ! Ca ce sont les valeurs de notre société à l'aube de l'an 2000 .
Or, le côtoiement de la maladie nous oblige à redécouvrir d'autres valeurs, ces valeurs qui rendent les cœurs sensibles et aimants. Dans l'entourage d'une personne malade, nous avons à réapprendre la tendresse, à réapprendre la patience, à réapprendre la gratuité, le service désintéressé !
Nous ne pouvons aborder un malade que si nous nous oublions nous-mêmes , que si nous acceptons de prendre de précieuses minutes pour être disponible à la sympathie, au service gratuit, au silence, au partage du cœur.
A l'intérieur de ces attitudes apparaissent ainsi les bases d'un monde plus humain et plus fraternel. Dans la profondeur de ces attitudes nous pouvons encore déceler une parcelle de la présence de Dieu: " J'étais malade et vous m'avez visité. Chaque fois que vous l'avez fait à un de mes frères , c'est à moi que vous l'avez fait ."
Chacun de nous supporte ses petits malaises ; de l'arthrite dans la colonne, un diabète dérangeant, un cœur qui bat trop vite ou trop lentement, une grippe tenace. Et ces petits malaises minent nos énergies, nous ralentissons nos activités, nous sommes amenés à évaluer les choses importantes. Puis, quand la douleur du corps prend le dessus sur nos énergies, nous devons réapprendre la dépendance, la pauvreté et l'espérance.
Réapprendre la dépendance, c'est réapprendre la solidarité ; c'est prendre conscience que les uns sont liés aux autres pour un service mutuel. Et quand on demande un verre d'eau pour soulager la brûlure de la fièvre, on reproduit cette image du Christ, solidaire et dépendant de ses frères et sœurs lui qui a demandé à boire à la samaritaine ...
Réapprendre la pauvreté, c'est être capable de contester l'illusion de la vie des gens riches et célèbres : argent, gloire et puissance. C'est révéler que la seule semence d'éternité vient du cœur, de l'amitié, de l'accueil, du respect, de la compréhension, de l'écoute et de la tendresse.
Et enfin, réapprendre l'espérance, c'est choisir de se rapprocher de Dieu, c'est confier sa vie à Dieu Notre Père qui a révélé aux hommes à travers la résurrection de Jésus son projet de faire éclater les frontières. " Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur comprendront la vérité, ceux qui sont fidèles resteront avec Lui dans son amour."
Voilà pourquoi aujourd'hui, je formule le vœux que l'on se réconcilie avec la maladie et la souffrance, parce qu'elles nous rendent humains et nous invitent à nous attacher à l'essentiel. Voilà ce que nous pouvons recueillir de fruits d'humanité et d'éternité dans ce que notre frère a été amené à vivre. Je souhaite aussi que l’on se réconcilie avec les orientations diocésaines que nous n’avons pas choisies et qui peuvent nous apparaître questionnables mais qui ne sont pas de notre juridiction paroissiale.
Demain notre vie va reprendre son cours. Peut-être ne sera-t-elle pas tout à fait la même à cause de ce que nous vivons présentement ? Durant ces jours saints ,en réfléchissant sur le sens que nous donnons à notre propre vie nous ne pouvons pas entendre le message que Dieu nous propose : "Viens tu as du prix à mes yeux et je t'aime " autrement dit : vivre pour Lui en essayant avec ce que nous sommes de traduire sa tendresse. Amen