Les actes d’indiscipline posés par les élèves des instituts techniques médicales de Tshikapa


Lushima Omasumbu Jean-Pierre

p. 1-6

Vol. XXI, n°3, juin 2024


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Résumé

Il s’agit d’une enquête prospective et transversale à l’issu de laquelle il est établi que les élèves des instituts techniques médicales ciblées de la ville de Tshikapa sont en majorité indisciplinés. Cette situation s’explique notamment, par la consommation de l’alcool, du tabac, du chanvre et autres substances psychoactives par les élèves des instituts techniques médicales Gédéon et Kalonda.

Introduction

Dans une société compétitive, l’école constitue un cadre idéal et un passage obligé pour un tout individu désirant contribuer au développement de sa nation. C’est à l’école où l’on prépare l’élite capable à une intégration à la vie sociale et professionnelle.

L’école offre aux apprenants des apprentissages leur permettant d’affronter différentes professions et de se maintenir dans le travail pour parvenir à réaliser ces apprentissages sur les apprenants, il importe que la discipline soit un aspect non négligeable et soit d’application dans les écoles. Une école sans discipline est une jungle pour les apprenants et même pour les formateurs.

La discipline définie comme étant le respect et l’application des règles et principes qui régissent la vie collective des apprenants et leurs formateurs, c’est par la discipline que les activités scolaires dans leur ensemble sont organisées, la discipline implique pour l’élève un comportement dénoué de toutes les hostilités (méconduites).

Dans un établissement scolaire, la discipline est assurée par un organe appelé « comité de discipline », c’est de cet organe que ressortent les décisions et les sanctions attribuables aux récalcitrants. La discipline est bénéfique tant pour l’élève, pour son formateur et surtout pour l’institution.

D’après Watson, l’indiscipline scolaire est définie comme un ensemble de comportements hostiles à l’éducation, et elle regroupe une gamme d’attitudes qui entravent le déroulement des activités éducatives dans un établissement scolaire. Parmi les conduites adductives, on cite notamment : la consommation du tabac, de l’alcool, des drogues dans leur diversité, la prise des produits pharmaceutiques du groupe des hypnotiques et anxiolytiques.

A ceux-ci s’ajoute, l’utilisation des téléphones portables, l’agressivité, les vols, les jeux obscènes et tant d’autres qui affectent le bon déroulement des activités pédagogiques dans un établissement scolaire.

S’agissant de l’indiscipline, il convient de démontrer que plusieurs pays du monde se plaignent des comportements obscènes enregistrés dans bon nombre d’écoles. Aux Etats-Unis par exemple, un jour ne se passe pas sans que les fusillades soient enregistrées dans des écoles (lycées, collèges), d’après le journal New York-time.

En France, l’indiscipline scolaire a pris son accession à la suite des mauvaises relations entre élèves et leurs formateurs, et entre formateurs et parents d’élèves (Denis Meuret, 2017). Selon ce professeur, on assiste à un affaiblissement général des comportements et aujourd’hui le bavardage est devenu un fléau dans les établissements scolaires de la France.

En Afrique, plusieurs sont des écoles qui excluent des étudiants pour raison des méconduites. Au Burkina-Faso, l’ampleur de l’indiscipline atteint presque 80% des établissements scolaires, et a conduit aux échecs scolaires à plus de 60% des écoliers qui n’ont pas réussi aux épreuves de fin d’année (www.express du Faso-bf.com).  Au Cameroun, l’indiscipline a causé plusieurs actes de viols et violences entre les élèves eux-mêmes, et cela a conduit à l’exclusion définitive des victimes (www.welihouse.org).

Dans les écoles de Kinshasa, en RDC, les statistiques indiquent 71% des cas d’indiscipline dans les écoles secondaires, et 68,8% dans des établissements d’enseignement supérieur et Universitaire. Cette situation est devenue à nos jours un obstacle au bon fonctionnement des institutions scolaires de la capitale (www.memoirecline.com).

Il en est de même pour la ville de Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï où un jour ne passe sans qu’on assiste à des actes d’obscénité, observables aux apprenants des écoles tant secondaires que dans les établissements d’enseignement supérieur et universitaire de la place. Cette situation a entrainé l’exclusion de plusieurs élèves et étudiants au cours de l’année 2016-2017. Malgré les efforts fournis par les gestionnaires des écoles, la situation perdure.

Donc l’indiscipline scolaire est un casse-tête dans le monde aujourd’hui, c’est ainsi que nous sommes intéressés de cette question d’actualité en vue d’identifier les actes spécifiques d’indisciplines posés par les futures personnels de santé.

1. Méthodologie

Population et échantillon

La population de notre étude est constituée de 201 élèves des deux instituts de technique médicale à raison de 121 élèves à l’ITM Gédéon et 80 élèves à l’ITM Kalonda. Pour la recherche, nous avons retenu 61 élèves choisis de manière aléatoire dans les classes de 1ère, 2ème, 3ème et 4ème année A2 de l’année scolaire 2017-2018.

Tableau n°1. Répartition des sujets selon le sexe

Sexe

fréquence

%

Masculin

25

41

Féminin

36

59

Total

61

100

Nous remarquons que la plupart des sujets d’enquête sont du sexe féminin avec 36 sujets soit 59% contre ceux du sexe masculin avec 25 sujets soit 41%.

Tableau n°2. Répartition des sujets selon l’âge

Tranche d’âge

fréquence

%

14-18 ans

24

39,3

19-23 ans

33

54,1

24 ans et plus

4

6,6

Total

61

100

 

Il ressort de ce tableau que les sujets de la tranche d’âge de 19-23 ans prédominent soit 54,1% suivie de ceux de 24 ans avec 39,3% et ceux qui ont plus de 24 ne représentent que 6,6%.

Tableau n°3. Répartition des sujets en rapport avec la profession des parents

Profession

fréquence

%

Employés

26

42,6

Petits commerçants

28

45,9

Sans profession

7

11,5

Total

61

100

 

Ce tableau révèle que les sujets dont les parents sont des débrouillards prédominent avec 45,9% suivis des travailleurs qui représentent 42,6% et les élèves eux-mêmes qui se prennent en charge soit 11,5%.

Méthode et technique

Pour atteindre les objectifs à cette étude, la méthode d’enquête prospective et transversale a été utilisée. Elle nous a permis d’entrer en contact avec les élèves dans les deux ITM ciblés de la ville de Tshikapa à savoir Kalonda et Gédéon.  

Pour récolter les données, nous avons utilisé la technique du questionnaire. Le questionnaire élaboré comprend trois parties :

§  L’identification de l’enquêté ;

§  Les actes d’indiscipline

§  Les facteurs favorisant ces actes.

2. Résultats de l’enquête

Tableau n°4. Avoir été entendu sur PV pour indiscipline à l’école

Réactions

fréquence

Pourcentage

Oui

31

50,8

Non

30

49,2

Total

61

100

 

Ce tableau prouve que les élèves qui ont été entendus sur PV pour l’indiscipline sont plus nombreux soit 50,8% contre ceux qui n’ont jamais été entendus sur PV pour l’indiscipline à l’école qui représentent 49,2%.

Tableau n°5. Avoir été puni pour indiscipline

Réactions

fréquence

Pourcentage

Oui

38

62,3

Non

25

37,7

Total

61

100

 

Ce tableau révèle que les élèves sanctionnés à l’école pour l’indiscipline scolaire sont nombreux soit 62,3% par rapport à ceux qui n’ont jamais été sanctionnés pour indiscipline qui représentent 37,7%.

Tableau n°6. Actes d’indiscipline

Actes

FA

FO

Pourcentage

Irrégularité aux cours

61

35

57,4

Retard à l’école

61

43

70,5

Agressivité

61

35

57,4

Non tenu de cahier de communication

61

31

50,8

Il ressort de ce tableau que 57,4% des élèves ciblés sont agressifs et irréguliers aux cours tandis que plus de 70% brillent par le retard à l’école et 50,8% ne tiennent pas de cahiers de communication.

Tableau n°7. Facteurs d’indiscipline

Facteurs

FA

FO

Pourcentage

Consommation du tabac

61

34

55,7

Consommation du chanvre

61

31

50,8

Consommation d’alcool

61

32

52,5

Ce tableau montre que plus de 55% des élèves ciblés consomment du tabac, 50,8% sont fumeurs de chanvre et 52,5% prennent l’alcool.

Conclusion

Notre étude intitulée « Les actes d’indiscipline posés par les élèves des instituts techniques médicales de Tshikapa » nous démontre que les élèves des formations médicales enquêtées manifestent une indiscipline qui se caractérise par l’irrégularité aux cours, le non-respect du temps de vacation, l’agressivité à l’école ainsi que la non-tenu de cahier de communication qui fait que les parents ignorent le comportement de leurs enfants à l’école.

Il ressort de notre investigation que ce comportement abusif est favorisé par la consommation du tabac, du chanvre ainsi que la prise de l’alcool et d’autres substances psychotropes. Nous demandons aux parties prenantes de prendre des mesures idoines pour juguler ce fléau suicidaire pour la formation des futurs personnels de santé. 

Bibliographie

Bashile Mputu, G. (20174). Choix et intérêt d’admission des élèves dans les ITM de la ville de Tshikapa, Travail de fin d’études, ISTM/Tshikapa, inédit.

Bernard, P. (1974). Socio-pédagogie de la formation des adultes. Paris ; PUF.

Garnier Descartes (2004). Dictionnaire illustré des termes de médecine. Paris : Larousse. 

Kadiayi Tshitapa, G. (2017). Attitude de parents face aux échecs scolaires des élèves des ITM de la ville de Tshikapa, Travail de fin de cycle, ISTM/Tshikapa, inédit.

Kanku Ntumba, O. (2017). Avantage de la discipline scolaire au sein d’une école, ISP/Tshikapa, inédit.

Komba Djeko (2013). Instructions sur les normes régissant l’enseignement de sciences de santé. Kinshasa : IGS.

Macaire, F. et Raymond, P. (1964). Notre beau métier, discipline scolaire. Kinshasa : Editions Saint-Paul.

Mujabata Mazemba, G. (2018). Pédagogie expérimentale. Notes de cours, ISTM/Tshikapa, inédit.

Tshilomba Lukadi, M. (2018). Organisation et législation scolaire. Notes de cours, ISTM/Tshikapa, inédit.