Les victimes et les facteurs des accidents de circulation dans la Commune de Luiza


* Roland Kamuanga Muindji

* Vincent Muasa Kababa

* Mathieu Tshiabanga Tshiabanga

* Timothée Mukamuanza Kapumba

* Richard Ngueji Mukungu

p.137-144

Vol. XXI, n°2, mars 2024

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Résumé

Nous avons, compte tenu du nombre de plis en plus important des accidents de circulation, cherché à identifier les facteurs de ces accidents afin de permettre aux décideurs de prendre des mesures de prévention. Après une enquête qui a concerné 31 victimes des accidents de circulation, il s’avère que la tranche d’âge de 15-20 ans sont plus exposés aux accidents. L’état d’ébriété et l’excès de vitesse constituent les causes principales des accidents. Le moment le plus concerné par les accidents est la journée avec un pic entre 6h à 10h.

Introduction

Les statistiques mondiales accablent l’homme de la responsabilité de80-95% des accidents de la voie publique ; le conducteur est sans doute l’élément primordial du complexe (OMS, 2010).

Selon le rapport de l’OMS (2013), 1,24 million de personnes meurent sur les routes chaque année. Seuls 28 pays, où habitent 7% de la population mondiale, dispose d’une législation de sécurité routière complète.

Les accidents de la circulation routière constituent la principale cause de la mortalité dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Elle représente la première cause de décès chez les jeunes de 15-29 ans, engendre la mort des usagers vulnérables (la moitié des personnes tuées sur la route sont des piétons, cyclistes, etc.), et constitue la septième cause de mortalité et la troisième principale cause de maladie et traumatisme (OMS, 2020).

En Afrique, 41% de la population totale vivent maintenant en zone urbaine, ce qui représente 400 million de personnes et constitue une masse critique de résident qui a une incidence majeure sur le développement. Avec un taux de croissance annuel estimé à 3,4% au cours de la période allant de 2015 à 2020, les zones urbaines africaines se développeront à un taux de 1,8 fois supérieur au taux enregistré pour le monde entier (OMS, 2017).

Les accidents de la circulation routière constituent un phénomène de plus en plus inquiétant.  Ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur dans cette commune de Luiza où le nombre de taxi-motos ne cesse de croitre. Par conséquent, l’insécurité routière apparait de plus en plus comme un grand défi à relever dans cette Commune.

En effet, les accidents de circulation entrainent des dommages en termes de pertes en vie humaines et des dégâts matériels importants. Chaque mort ou blessé grave imputable à un accident de la route entraîne des conséquences désastreuses. Ils génèrent des souffrances physiques et psychologiques aussi bien sur le plan individuel que collectif.

Dans la présente dissertation, nous nous proposons de rechercher les quelques facteurs modifiables à la base des accidents de circulation dans la Commune rurale de Luiza.

1. Quelques informations sur les accidents de circulation routière

En 2008, l’Assemblée Générale de l’ONU a tenu une séance plénière consacrée à la sécurité routière et a invité l’OMS, en coopération étroite avec les commissions régionales de l’ONU, à jouer un rôle de coordination sur les questions de sécurité routière au sein du système de l’ONU.

Selon le rapport produit à cet effet, entre 2000 et 2020, les décès dus aux accidents de la circulation routière diminueront d’environ 30% dans les pays à haut revenu mais augmenteront de manière notable dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Sans mesure appropriée, les accidents de la circulation devraient représenter d’ici 2030, la troisième principale cause de maladie et de traumatisme.

L’insécurité routière est l’un des facteurs aggravant la pauvreté et doit être inscrite parmi les priorités des différents gouvernements des pays en voie de développement.

Le problème de la circulation routière s’explique par une explosion démographique engendrée par une intensification des échanges socio-économiques avec le reste du pays et aussi par un accroissement de la mobilité et des déplacements (OMS, 2020). Par conséquent, ces problèmes se posent de manière plus accrue et se traduit par un nombre important des blessés et des décès sur les routes.

La circulation est composée de l’homme, la voiture et la route. Les quatre principaux moyens de déplacement sont :

§  La marche ;

§  Les calèches ;

§  Les deux roues (motocycles, etc.) ;

§  Les voitures.

Les zones où se trouvent la grande majorité des administrations et les activités commerciales avec notamment le grand marché, c’est là où se trouve la grande majorité de la population qui s’adonne à ces activités, d’où l’extension des activités marchandes sur les abords immédiats de la chaussée qui est pourtant destinée à la circulation des engins.

Aussi est-il notoire de constater des comportements d’indiscipline des chauffeurs et en particulier ceux des « motards » ne respectant pas des zones de stationnement (Wallar, 2011).

De plus en plus, les piétons n’ont plus accès aux trottoirs à certains endroits. Leurs besoins de circulation devant les commerces ne sont pas pris en compte. Ainsi le stationnement d’une durée abusive des véhicules et motos doivent être prohibé.

De nombreux usagers ne connaissent même pas le code de la route, ce qui peut favoriser les accidents de circulation. Les véhicules de poids lourd pour le trafic créent aussi des problèmes d’insécurité routière. Ensuite, le parking ou le parc automobile très vieillissant, est parmi les problèmes qu’on rencontre au niveau de la circulation.

Nous constatons que, malgré la présence des agents chargés de réguler la circulation à certains endroits et à certaines heures de la journée, les usagers conservent toujours leurs comportements de violation des interdis.

Les grands problèmes de la circulation routière sont entre autre, le problème de l’excès de vitesse, le sous équipement des grandes artères urbaines et des carrefours, les prises des risques injustifiées des usagers, la friction entre le trafic des transitaires et ceux de la ville locale, manque d’attention des conducteurs vis-à-vis des usagers vulnérables, le dépassement dangereux, le refus priorité en intersection, l’occupation anarchique du domaine public, l’utilisation du téléphone portable au volant, l’insuffisance d’éclairage publics, les traversées des rues sans précautions effectuées par les enfants et les personnes âgées, la prise de tabac et l’ivresse, etc.

Les problèmes liés à une mauvaise planification urbaine, sont accentués par :

§  La vétusté des parking ou parc automobile ;

§  L’inadaptabilité des infrastructures ;

§  L’indiscipline et le non-respect des règles élémentaires du code de la route ;

§  Le degré d’instruction de la majorité de population, généralement alphabète pour lire et comprendre les panneaux de signalisation et certaines signalisations sur les routes.

Ces facteurs sont à l’origine d’accidents qui causent chaque année des morts et de centaines des blessés (OMS, 2017).

Un accident est rarement dû à une cause unique, il réside dans le comportement du complexe conducteur-milieu-véhicule au cours de quelques instants précédent ». Ces trois facteurs sont étroitement liés et tout accident a son origine dans la défaillance d’un seul ou de plusieurs de ces facteurs.

Ainsi, la prévention doit s’intéresser à tous ces facteurs pouvant être mis en cause dans la genèse d’un accident de l’importance de leurs effets isolés ou conjugués, et trouver des mesures et moyens pour éradiquer si possible, si non les rendre moins influents.

Les statistiques mondiales accablent l’homme de la responsabilité de 80-95% des accidents de la voie publique ; le conducteur est sans doute l’élément principal.

Selon l’OMS (2013), les cinq principaux facteurs de risque d’accident sont :

§  La conduite en état d’ébriété ;

§  Les excès de vitesse ;

§  Le non-port du casque pour motocyclistes ;

§  Le non-port de ceinture de sécurité et

§  La non-utilisation de dispositif de sécurité pour les enfants.

En matière de prévention, les stratégies consistent à trouver les solutions optimales d’allocation des ressources dédiées à la sécurité et l’amélioration des conditions de travail, en vue de minimiser le niveau de criticité globale ou déterminer l’investissement minimal, comme mesures de prévention et de protection, nécessaire pour atteindre un niveau de risque acceptable.

Cela conduit à un plan de prévention globale, optimisant le rapport coût-efficacité dans les mesures préventives, qui comprennent notamment :

§ Les résultats de l’identification,

§ La détermination et l’évaluation des risques fréquence-gravité ») et leur hiérarchisation ;

§ Les mesures de prévention techniques, psychologiques, médicales… à établir pour éviter ou limiter les dommages ;

§ Les objectifs prioritaires à atteindre, les délais prévus et les responsables de réalisation ;

§ Les activités à effectuer, les missions à accomplir afin d’atteindre ces objectifs ;

§ Les moyens organisationnels, matériels, et financiers à affecter ;

§ Les modalités de suivis, de vérification que la mise en œuvre des mesures correspond bien aux objectifs de prévention planifiés (OMS, 2020).

Le concept de sécurité routière concerne donc la prévention d’accidents sur la route dans le but de protéger la vie des personnes. L’insécurité routière est perçue comme résultat des dysfonctionnements du système de transport routier, plus précisément de combinaisons de défaillance ou d’erreurs provenant de trois composantes : véhicule, conducteur et infrastructure routière.

Il existe deux types d’accidents de la route : les accidents matériels et les accidents corporels. Les premiers sont des accidents qui se manifestent par des dommages corporels (blessures, décès). Il peut s’agir d’un accident de piéton ou d’un accident entre deux véhicules, un accident corporel est un accident qui s’est produit sur une route ou sur une rue ouverte à la circulation publique ou y fut son origine, a provoqué au moins une victime.

Les accidents matériels sont ceux qui se rapportent à la même définition des accidents et n’ont pas eu pour conséquence des victimes tuées ou blessées mais qui se manifestent seulement par des dommages matériels (dégâts matériels) enregistrés sur les véhicules, les équipements, l’infrastructure ou toute autre construction (ANSD, 2015).

2. Méthodologie du travail

La population de la présente étude est constituée de personnes victimes des accidents de circulation dans la Commune de Luiza. De cette population infinie, nous avons réussi à constituer un échantillon occasionnel de 31 sujets.

Pour obtenir les informations nécessaires à l’étude, nous avons recouru à la méthode d’enquête avec comme technique le questionnaire qui joue en même temps le rôle d’instrument de récolte des données.

Tableau n°1. Répartition des sujets selon le moyen de transport utilisé lors de l’accident

Moyens de transport

fréquence

Pourcentage

Véhicules

3

9,6

Motos

23

74,1

Vélos

3

9,6

Piétons

2

6,4

Total

31

100

 

Il ressort de ce tableau que 74,1% de sujets ont connu des accidents à moto.

3. Présentation des résultats

Tableau n°2. L’âge des victimes

 

Age fréquence    Pourcentage

15-20 ans    7      22,5

20-25 ans    6      19

25-30 ans    4      12,9

30-35 ans    3      10

35-40 ans    4      12,9

40-45 ans    3      10

45-50 ans    2      6,4

50 et plus    2      6,4

Total   31    100

Ce tableau nous fait remarquer que la majorité des personnes qui ont connu des accidents de la route sont les jeunes ayant la tranche d’âge comprise entre 15-20 ans avec un taux de 22,5% suivi de ceux possédant l’âge de 20-25 ans avec une proportion de 19%.

Tableau n°3. Les heures où les accidents ont eu lieu

Heures

fréquence

Pourcentage

Entre 1h et 5h

1

3,2

Entre 6h et 10h

13

41,9

Entre 11h et 15h

11

35,4

Entre 15h et 20h

3

9,6

Entre 20h et 00h

3

9,6

Total

31

100

 

Au vu de ce tableau, nous constatons que les accidents de la route se produisent souvent aux heures de 6h-10h avec un taux de 41,9%. A cette tranche d’heure l’activité routière est trop intense eu égard au fort taux de déplacement matinal de la population en vue de se rendre aux occupations diverses à savoir : lieu de travail, école, université, champ, etc.

Tableau n°4. Les infractions en rapport avec les accidents

Infraction

f

%

Refus de priorité à droite

3

9,6

Non-respect de distance de sécurité

2

6,4

Excès de vitesse

5

16,1

Changement brutal de couloir

2

6,4

Circulation à gauche

1

3,2

Défaillance du véhicule

4

12,9

Inobservation du code de la route

2

6,4

Divagation d’animaux

2

6,4

Non-respect du passage des piétons

2

6,4

Arrêt/stationnement dangereux

2

6,4

Distraction

2

6,4

Etat d’ébriété

4

12,9

Total

31

100

 

Il sied de rappeler que l’excès de vitesse provoque en premier lieu les accidents de la route avec un taux relevant à 16,1% ; suivi de l’état d’ébriété qui est comme facteur prédisposant les accidents de la circulation routière. Les freins inopérants sont aussi à la base des accidents de la route à une proportion de 12,9%.

Conclusion

L’analyse des informations recueillies auprès des victimes des accidents de circulation dans la Commune de Luiza nous permet de constater bon nombre d’accidents sont causés par les conducteurs ne maitrisant pas le code de la route et conduisant sous l’ivresse, et les jeunes constituent la principale cible des accidents de circulation.

La sécurité routière est un problème qui concerne tout le monde compte tenu de l’impact négatif que les accidents engendrent dans la vie humaine et leurs conséquences immédiates ou tardives.

Il faut donc une prise de conscience de la part de toute les parties prenantes à savoir : conducteurs-passagers pour éviter ces accidents qui causent maladies et traumatismes de tout genre.

Bibliographie

OMS (2005) : Rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation, Genève.

Djepmo Ndjoukya (2008) : Les accidents de la sécurité routière en milieux urbains au Cameroun.

CETUD (2012) La réforme des transports urbains à Dakar.

DTT (2001) Assistance Technique pour l’étude et la mise en place d’un plan de sécurité routière, Sénégal.