Le tourisme dans la perspective du développement durable de la province du Kasaï


Lumbaya Kitoko Jeremie 


p.67-78

Vol. XXI, n°2, mars 2024 

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Résumé

L’intérêt pour la RD Congo remonte à plusieurs siècles avant la conférence de Berlin en 1885. En effet, dès 1482, Diego Cao, l’explorateur portugais, arriva à l’embouchure du Majestueux fleuve Congo qui ne cesse d’émerveiller quiconque l’approche. Henry Morton Stanley, Living Stone et plusieurs autres sont témoins de forte capacité d’attirance de la biodiversité de la RD Congo.

La Province du Kasaï, un microcosme dans ce grand pays, le deuxième en Afrique (en superficie) après l’Algérie, a aussi un potentiel touristique riche qui serait le catalyseur du développement durable dans la mesure où la mise en tourisme profiterait aux communautés locales.

Du lac Tosombo et le buisson mystérieux d’Etshika Ombu, dans le village Anga Vevu en plein Parc Salonga dans le territoire de Dekese aux diverses, chutes de la rivière Kasaï dans les territoires d’Ilebo et de Tshikapa en passant par le Musée artistique et la cité de Mushenge à Mueka, le pilon de l’alliance sur la rivière Lulua et les vieilles bâtisses de Luebo, la potentialité fauniques et floristiques de la Province du Kasaï  renferme des activités phares capables de séduire les amoureux du tourisme et de coopérer aux  activités développementales pour la transformation des milieux ruraux qui se vident de sa population.

Introduction

Depuis un temps, le tourisme est perçu comme un moyen pouvant participer à la lutte contre le chômage et la pauvreté, par l’utilisation de la main-d’œuvre locale et l'apport des devises étrangères. Bien que tel, ce domaine maigrement exploité en RD Congo est quasiment non exploité dans la Province du Kasaï qui pourtant regorge une potentialité touristique énorme. Il y a dans la Province du Kasaï, des coins qui n’ont jamais entendu qu’il existe un secteur appelé tourisme, qui serait pourtant à son profit si jamais on l’exploitait.

L’ambiguïté à ce sujet découle de la dialectique criante entre la potentialité touristique à travers la faune et la flore que regorge la Province du Kasaï qui constitue un manque à gagner non seulement à la Province, mais aussi à l’Etat congolais et le niveau de vie de l’éventuel bénéficiaire. La mise en valeur de ce potentiel permettrait le décollage développemental intégral de la Province. De ce fait, la négligence quant à l’exploitation efficiente du milieu suscite pas mal d’interrogations au sein de l’élite avisée. Le Tourisme, en tant que phénomène humain est appelé à évoluer en même temps que la société, avec un impact incontestable sur tous les aspects de la vie humaine : culturel, économique, social, etc.

Chacun des cinq Territoires (Dekese, Ilebo, Luebo, Mweka et Tshikapa) qui composent la Province du Kasaï renferme des sites touristiques naturels et artificiels capables de contribuer à la diversification de l’économie pour le bien-être de la population et la promotion du monde rural pendant que ce dernier croupit dans la misère noire. 

Ce qui convient d’être signalé est le fait que le tourisme transforme l’espace en altérant les paysages et les cultures, efface les différences en conciliant à la fois les individus et leur milieu de vie. Ainsi en matière du développement durable le choix du tourisme serait le meilleur pour la jeune riche Province du Kasaï.

La potentialité faunesque et même floristique de la Province du Kasaï ne cesse d’interpeler plus d’une personne avisée pour le développement planifié. La diversité dans cet acquis naturel considéré comme don de la Providence serait à la base d’influencer le progrès de la Province du Kasaï. La non mise en valeur de ce domaine naturel fait l’objet de réflexion sur la pauvreté injuste qui sévit dans l’espace Kasaï en général et principalement dans le monde rural.

Scientifiquement, cette potentialité disséminée à travers quatre-cent- dix-huit (418) groupements constituerait une source d’inspiration dans la recherche du développement durable de la Province du Kasaï, pourvu que sa biodiversité soit utilisée de manière efficiente. La mise en valeur de l’écosystème dans l’ensemble de la Province contribuerait au relèvement du niveau de vie de la population.

L’exploitation des sites touristiques dans la faune et la flore de cette Province ne serait-elle pas bénéfique à la population de chaque coin exploité avec l’utilisation de la main-d’œuvre locale ? Car, l’industrie touristique est complexe et exige, dans sa diversité, un nombre considérablement varié d’agents.

Eu égard à cette contradiction, quelques questions sont dignes d’être posées :

§  Comment transformer la potentialité touristique en développement escompté au bénéfice des communautés locale de la Province du Kasaï ?

§  Quelles sont les marges de manœuvre et leurs modalités d’action développementale pour faire évoluer les activités touristiques vers plus de durabilité ?

Nous pensons par hypothèse que les quatre-cent-dix-huit (418) groupements qui composent la Province du Kasaï engorgent une potentialité touristique prête à booster son développement durable, pourvu qu’elle soit exploitée avec efficience. Le tourisme serait considéré comme levier du développement durable local dans sa vertu de vecteur d’emplois et créateur des richesses.

Il est noble que la population locale s’aligne derrière un aménagement touristique qui soit capable de satisfaire la population présente tout en jetant les jalons pour la satisfaction des futures générations. Rien ne peut marcher dans ce secteur sans la volonté permissive des décideurs de diversifier l’économie de la Province.

1. Démarche méthodologique

Deux méthodes nous ont servi dans cette réflexion : la méthode comparative et la méthode dialectique.

La méthode comparative 

Par rapport aux autres coins du pays qui ont pu mettre en valeur les potentialités touristiques, il nous a été inspiré d’utiliser la méthode comparative qui constitue, de l’aveu de tous, la méthode fondamentale de la sociologie, d’autant que le tourisme qui est un phénomène humain évolue comparativement à certains aspects sociaux dans la mesure où que l’esprit comparatif soit d’un bout à l’autre l’élucidation des faits sociologiques.

La méthode dialectique

Cette méthode considère le monde dans son mouvement, dans un état de changement, de développement perpétuel comme l’affirmait Heraclite (vers 540-480) : « tout coule, tout change, le monde ne reste pas à la même place, il se développe perpétuellement. On ne saurait entrer deux fois dans une seule et même rivière, car ses eaux coulent, elles se renouvellent continuellement.

Pour Hegel (1812-1816), toute idée contient une contradiction interne. La potentialité touristique de la Province du Kasaï est (Thèse), dire simplement du potentiel qu’il est, c’est dire qu’il est limité dans son état naturel, mais si elle est exploitée, c’est-à-dire un contrepoids à l’état naturel, (antithèse). Il faut dire à la fois qu’il est à l’état sauvage et qu’il n’est pas soumis à la transformation au bénéfice du milieu, (synthèse)

La synthèse jouerait de nouveau le rôle de thèse dans une nouvelle triade quant à la planification touristique pour le développement durable de la Province. Hegel reconnait une dialectique dans l’ordre réel ; le monde progresse selon le processus triadique ; Thèse – antithèse – synthèse, et la mise en valeur du potentiel touristique répondrait à cette philosophie.

Nous nous sommes enfin servi de la technique d’observation participante dans la mesure où ayant une connaissance sur la matière, vivant dans la Province du Kasaï et plus dans le milieu où il y a des sites qui sont à l’état sauvage, nous nous sentons victime de la manière dont la non mise en valeur du secteur touristique constitue un manque à gagner pour les communautés locales de la province du Kasaï. 

1. Le potentiel touristique de la Province du Kasaï

La Province du Kasaï tire son origine dans la constitution du 18 février 2006. Dans l’article 2, il est donné la nouvelle subdivision de la RD Congo où la Province du Kasaï Occidental s’éclate en deux à savoir :

§  La Province du Kasaï, chef-lieu Tshikapa

§  La Province du Kasaï Central, chef-lieu Kananga

 

La loi organique no 15 / 006 du 15 Mars 2015 portant fixation des limites des Provinces délimite la Province du Kasaï comme suit :

§  Au Nord par le Sud de la Province de la Tshuapa et de l’ouest de la Province de Sankuru

§  A l’Est par l’Ouest des Provinces du Sankuru et du Kasaï Central

§  Au Sud par la République d’Angola

§  A l’Ouest par l’Est des Provinces du Kwango, du Kwilu et du Maï-Ndombe.

Ci-dessous une projection sur la vie touristique de cinq territoires qui composent la Province du Kasaï.

1.1. Territoire de Dekese

Situé entre les rivières Bomboyo qui le sépare de l’espace Equateur et Sankuru du territoire de Mweka, le territoire de Dekese a des endroits touristiquement attrayants comme :

§  Lac Tosombo dans le village Ndese, le groupement de Ndengese qui évacue toute feuille et toute saleté qui y tombent.

§  Au village Lodi il y a sur le Sankuru un ilot qui est apparu mystérieusement au niveau où Lumumba fut arrêté.

§  Dans la chefferie de Yalima, au village Luapa se trouve Lile, le lac mystérieux qui désenvoute par les rites appropriés

§  Le buisson mystérieux d’Etshika Ombu, dans le village Anga Vefvu en plein Parc Salonga.

C’est le territoire de la Province du Kasaï qui abrite une partie du parc de Salonga 2. On se trouve devant la merveille de la Forêt Equatoriale, la deuxième du monde après l’Amazonie en Amérique.

1.2. Territoire d’Ilebo

En dehors du fait que ce territoire soit à vocation agro-pastorale, il a en son sein des endroits attrayants capables de le mettre en tourisme. Déjà, le nom de Port-Francqui fait allusion à l’activité touristique, pousse à une sorte de découverte. C’est cet ancien Territoire de Basonga devenu Port-Francqui situé entre les rivières Kasai, Lutshuadi et Sankuru avec ses vieilles bâtisses qui est devenu Ilebo.

Déjà, cette riveraineté de la cité et chef-lieu du territoire du même nom, l’ambiance quotidienne de la cité non seulement portuaire mais aussi du terminus du chemin de fer reliant la ville de Lubumbashi aux autres points du pays constitue le socle du tourisme. C’est par ce territoire que les bateaux sont signalés dans la Province du Kasaï, et c’est une gare importante du pays. Le reste du territoire est riche en biodiversité, avec des bassins lacustres, les forêts riches en gibier.

Les ravins de Tshikamakama situés entre Bashipanga et Kashesho dans le secteur de Basonga engorgent les singes dorés appelés cynocéphale. Signalons aussi la huilerie de Brabanta à Mapangu. Il y a à Ngoyi, un village du secteur de Mapangu, un cours d’eau froid qui serait aussi thérapeutique comme la thermale.

1.3. Territoire Luebo

A quelques vingt mètres du pont Lulua, au milieu de l’eau, dans la cité de Luebo, ancien chef-lieu du district du Kasaï, se trouve un pilon en béton armé, signe d’alliance entre les balubas et les Lulua qui ont juré de ne plus se faire la guerre.

Les touristes aimeraient visiter les vieilles bâtisses de cette cité dont :

§  La fameuse prison de Luebo

§  Le port

§  La Paroisse Catholique Sacre cœur,

§  Les épaves de l’huilerie de Bakua Ndoba etc.

1.4. Territoire de Mweka

Un territoire qui affiche une forte attraction dans le tourisme culturel et l’agritourisme.

La plaine de Yolo où l’on partit faire le choix du premier Roi Kuba par le jet d’objets dans la rivière Bilonda Ntshiele, à cet endroit, les herbes qui y poussent ne grandissent pas et poussent toujours inclinées en prenant la position de ce temps-là.

Le Musée artistique et l’école de beaux-arts de Mushenge. Les zones agricoles de Bena Longo et de Ndambo à Kinda. La tissuterie de raphia, masques, construction artistique en bambous, les Yole ou la police traditionnelle du Roi, constituent des activités phares pour le tourisme. Il y a aussi du côté de Babanga à Piang plus ou moins soixante bassins lacustres. Pele-bois (ancienne exforca) à Kakenge et l’huilerie COMEXFAF de Domiongo

1.5. Territoire de Tshikapa

Le territoire de Tshikapa engorge une potentialité diversifiée de produits touristiques. En dépit des nombreux gisements de diamants avec trois grandes sortes d’exploitation, à l’occurrence :

§  Le creusage communément appelé 4x4, c’est-à-dire, des puis à ciel ouvert

§  Le creusage sous-terrain appelé Majimba, c’est-à-dire, une petite ouverture avec une forte extension sous-terraine où le puis s’élargit en ouvrant des directions allant jusqu’à plus de quinze mètres, pour ouvrir une nouvelle piste qui ouvre d’autres directions.

§  Le travail sous scaphandre appelé plongeur ou Kazabula, cette opération se fait sous les eaux de certaines rivières de la Province du Kasaï qui ont de diamants. Toutes ces trois sortes constituent des intenses activités de curiosité capable de séduire des milieux de touristes.

Il y a encore l’exploitation en déviant le cours d’eau ou en enclavant une partie d’un cours d’eau. C’est attrayant en ceci que ces travaux se font sous l’admiration de plusieurs. Le territoire de Tshikapa a en son sein des importantes chutes sur la rivière Kasaï, au Pont Lova, des ravins à Tshitepa, des bassins lacustres à Teteji.

Des vieilles bâtisses, une diversité culturelle importante et aussi les activités frontalières, sans mettre de côté le site Tshiuminina à Mayi-Munene, le cours d’eau où la première graine de diamant a été trouvée en République Démocratique du Congo en 1907.

La Province du Kasaï est capable de se développer grâce à l’industrie touristique pourvu qu’elle soit exploitée. A cet effet une fois le site localisé, le plan d’aménagement se fera de manière à désenclaver la contrée ciblée de la Province par le traçage de voies de communication pouvant permettre, d’une part, le déplacement du touriste vers le produit phare de sa prédilection, d’autre part, la population locale de bénéficier de la richesse patrimoniale dont elle dispose.

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (2013) remarque que les efforts nationaux pour faire en sorte que les activités touristiques soient exercées de manière durable doivent répondre à des objectifs économiques, sociaux et environnementaux.

L’incidence du tourisme sur la réduction de la pauvreté et le chômage dans la Province du Kasaï dépendrait   du niveau des dépenses que les touristes, séduits par les produits des sites, effectueraient ou sont encouragés à effectuer sur place. Ce qui est important est le fait de retenir que les dépenses facultatives profitent généralement aux pauvres, souvent par l’intermédiaire de l’économie informelle, dans une proportion beaucoup plus élevée que les grands postes de dépenses tels que l’hébergement, les voyagistes etc. La prise de conscience pour le développement durable demande un projet touristique réfléchi qui déboucherait sur la mise sur rail de la Province Kasaï.                                                                          

Outre l’attraction des sites touristiques naturels ou artificiels capables de générer les devises et de relever le niveau de vie dans les communautés rurales mise en tourisme, la Province du Kasaï dispose d’une richesse culturelle qui constituerait un sujet d’attirance touristique de manière à valoriser les us et coutumes des différentes tribus présentes dans cette partie de la planète.                                

2. Tourisme comme catalyseur de la diversification de l’économie dans la Province du Kasaï

L’ambition liée à l’exploitation du secteur touristique dans le but du développement durable demande, de prime à bord, d’évaluer le potentiel que renferme la Province du Kasaï en cette matière, après la localisation qui reste le premier pas dans la mise en œuvre de cette activité. Cela en commençant par l’analyse de la situation touristique existant où nous devons examiner en même temps l’offre et la demande sans mettre de côté la concurrence et les tendances du marché. Or, pour offrir, on doit d’abord être en possession de quelque chose.

Après cette analyse du potentiel, il serait important de faire le diagnostic , qui, en confrontant la réalité des résultats de la situation faunesque et de la flore sélectionnée dans chaque territoire, le comité d’experts diligenté par  la Province  pourra alors identifier  les faiblesses et les forces de chaque site touristique localisé,  en déterminant les opportunités et risques dans le but de décider de la pertinence de développer le tourisme qui serait une valeur ajoutée à nos milieux tant ruraux qu’ urbains pourvu qu’on en fasse une exploitation efficiente  dans la Province du Kasaï.

Comme aucune société ne peut se développer en dehors de sa propre culture, il est demandé aux décideurs de la Province du Kasaï  de songer à un tourisme authentique, c’est-à-dire, qui prend appui sur l’histoire  et les traditions de chaque peuple sans ségrégation en vu du développement harmonieux, tout en respectant les us et coutumes de chaque contrée  à travers le tourisme culturel sans lequel  toute démarche du développement durable pour la Province du Kasaï ne serait qu’un bond dans l’inconnu.

L’idée du développement durable pour la Province devait signifier une équité entre les générations, de telle sorte que toute orientation pour le bien-être de la population puisse répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures d’assouvir leurs intérêts, cela devait commencer, comme nous l’avons signalé, par la localisation des différents sites pour un aménagement   prospectif durable.

L’évaluation du potentiel touristique à travers les quatre-cent-dix-huit (418) groupements de la Province du Kasaï devait faire allusion à l’analyse de la situation et au diagnostic des sites, ce dernier permettrait de déterminer les opportunités et les risques dans chaque sites, d’autant qu’en dehors du temps libre et le déplacement, la sécurité reste l’un des éléments sine qua non favorisant la consommation du produit touristique. Ce qui amènerait à faire un usage optimal des ressources environnementales qui sont un élément clef du développement du tourisme, maintenant ainsi l’équilibre écologique en contribuant à la conservation de l’écosystème. La Province du Kasaï a dans son attirance la potentialité écologique considérable susceptible de transformer les milieux tant ruraux qu’urbains. 

3. Le tourisme comme trait d’union entre les peuples

Le tourisme joue le rôle de pont entre les communautés, un acte de brassage humain, culturel et surtout la voie obligée permettant aux peuples du Kasaï de s’ouvrir sur la modernité, un moyen d’accepter l’autre. Ces retrouvailles, favorisées par le secteur du tourisme, commencent par les peuples du Kasaï entre eux dans l’exercice du tourisme local et provincial les menant à la pratique du tourisme national, un véritable trait d’union entre les peuples.

Les planificateurs du développement durable pour la Province du Kasaï devraient songer à la mise sur pied d’un tourisme responsable, qui soit respectueux de l’homme, de la nature, de l’environnement dans le respect des règles et des lois de la RD Congo qui régissent ce secteur.

La Province du Kasaï devait s’approprier du tourisme en le considérant dans sa complexité comme vecteur du développement économique, du progrès social et de la protection de l’ensemble du patrimoine naturel et culturel.  Car, songer à l’exploitation de ce secteur c’est penser à la durabilité du véritable développement dont la Province du Kasaï a besoin et surtout prendre conscience d’une gestion touristique réfléchie.   De part et d’autre, les accueillant et les accueillis seront en contact qui pourra déboucher sur une mise sur pied d’un cycle de consommation saisonnière des produits, étant donné que les activités de ce secteur sont réputées périodiques.

4. Le tourisme comme levier du développement durable local

La Province du Kasaï ne devait-elle pas chercher à exploiter le tourisme qui est le seul secteur de la vie active qui soit au carrefour de la dynamisation des activités économiques en mettant en valeur les particularités locales dans chaque territoire, offrant ainsi des possibilités d’emploi à la population locale et freinant l’exode rural.  Le cas le plus probant serait la localisation d’un site qui serait enfoui dans une brousse d’une localité donnée. Dans toutes les démarches pour l’exploitation efficiente de ce site, le grand bénéficiaire sera la communauté locale.

Bien que le tourisme ne constitue cependant pas la panacée pour résoudre tous les problèmes de développement et que toutes les zones rurales n’y sont pas prédisposées, il a la vertu d’attirer d’autres secteurs comme le transport, l’hôtellerie, la restauration, le commerce, la sécurité, etc., avec l’utilisation de la main-d’œuvre locale, ce qui combattrait le chômage dans les communautés émettrices en assurant la cohésion communautaire.

C’est ici où la Province du Kasaï devait épouser la définition du développement durable selon Gendron et Rêverait (2000) qui distinguent trois types de considération du concept :

§  La première considération conçoit le développement durable comme une croissance et une rentabilité à long terme.

§  La deuxième voit le développement durable comme une simple harmonisation entre l’économie et l’environnement,

§  Enfin, la conception la plus répandue est celle de l’intersection entre les logiques économiques, écologiques et sociales

C’est cette vision du développement qui devrait inspirer les décideurs de la Province du Kasaï.

Conclusion

En somme, tout homme avisé croit sans aucune ombre de doute que l’histoire des sites d’attraction de la RD Congo a précédé le partage honteux et injuste de l’Afrique en 1885.

En effet, Diego Cao, Henry Morton Stanley, Livingstone ont été séduits par les merveilles d’une terre-mystère dont la biodiversité est parmi les riches réserves du monde ; comme l’a écrit Joseph Cornet (2013) qui voit la RD Congo « une terre des merveilles, terres aux mille surprises. De la plage océanique à la haute montagne, de la plaine infinie à la houle immense des collines, de la savane désolée à la forêt sans limites, c’est un univers de sites ».

La Province du Kasaï qui fait partie de ce patrimoine fabuleux est un scandale touristique nonobstant sa non mise en valeur de ses sites. Sa diversité culturelle et les activités économiques dans leur pluralité constitueraient le motif touristique de grande envergure.

La mise en tourisme de cette Province serait une façon de diversifier son économie et de booster son développement durable avec de retombée sur la population locale dans la mesure où de l’installation à la consommation du produit en passant par l’aménagement touristique, la main-d’œuvre locale sera de grande importance. 

Bibliographie

Gossling et Hale M.  (2013). Tourisme et développement rural, Paris : PUF.

Le Jeune, S. (2010). Intégration des principes de développement durable, Université de Paris.

Ministère du tourisme (2013). Plan directeur national du tourisme en RD Congo, Kinshasa.

ONU (2013). Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, Tourisme et développement rural, New-York.

Zimmer, P. et Grassuranu, S. (1996). Evaluer le potentiel touristique d’un territoire.  Estrémadure, Espagne.