La problématique de transfèrement de l’eau douce de la rivière Oubangui vers le lac Tchad
Mputu Beya Fernand
p.39-48
Vol. XX, n°4, sept 2023
Résumé
Le débat autour du projet de transfert des eaux de l’Oubangui vers le lac Tchad oppose, par le monde, scientifiques, politiques, analystes, économistes, bailleurs de fond et activistes de la société civile.
Il ressort de nos investigations que le projet Trans aqua risque d’entraîner des conséquences environnementales, économiques et sociales néfastes, parmi lesquelles figurent notamment la perte de la diversité biologique, les faibles fournitures des services écosystémiques, la perturbation de la navigabilité sur le fleuve Congo et ses affluents, la destruction des zones humides et la baisse du débit du fleuve Congo. D’où notre plaidoyer pour le non-transfèrement des eaux d’Oubangui en aval du fleuve Congo.
Introduction
Il apparait que le bassin du fleuve Congo renferme à lui seul de très importants potentiels en énergie propre, en eau douce et en terres arables. Dans le cadre de cette investigation nous allons nous livrer à l’étude des possibilités de partage de ces ressources, particulièrement de transfert interbassin d’eau douce au niveau sous-régional et son impact sur la géopolitique sous-régionale. Il va sans dire qu’une telle entreprise aboutirait à un meilleur repositionnement de la République Démocratique du Congo sur l’échiquier international.
1. Présentation du projet
Le Projet de transférer l’eau en quantité adéquate du bassin du Congo vers celui du lac Tchad remonte aux années 1970. L’idée avait déjà été soulevée aussi par les soviétiques à la suite de la grave sécheresse qui sévit alors au Sahel africain et qui avait fait passer la surface du lac Tchad de quelques 22000km2 à environs 8000km2 en peu de temps.
Ce projet devait faire partie d’un réseau de transport comprenant non seulement 2400 kilomètres « d’autoroutes fluviales », mais aussi in « croisement » avec l’axe routier Lagos Mombasa permettant de relier ces deux grands situés respectivement sur les océans atlantique et indien. Cette véritable autoroute du futur devait également être reliée à la méditerranée par la route transsaharienne Lagos (Nigeria) - Alger (Algérie).
Via un canal de 2400km, le projet Transaqua transfèrera 100 milliards de mètres cubes annuellement depuis une dizaine d’affluents du Congo. Notamment Oubangui.
L’idée de concrétiser ce projet fut conçue à partir de 1985 par la société d’ingénierie italienne BONIFICA et formalisé en 1992 au niveau des institutions internationales et des pays intéressés avec un pamphlet intitulé « TRANSQUA » : une idée pour le Sahel et trouva des échos dans la presse spécialisée et de divulgation scientifique. C’était d’ailleurs l’époque des grands projets de transfert d’eau souvent concoctés par les grandes entreprises de travaux d’ingénierie.
Les changements dans l’attention internationale vers l’Afrique, suivis de la chute du mur de Berlin, empêchèrent par la suite tout financement visé à ce projet pharaonique, qui avait requis de nombreuses et couteuses études pour sa faisabilité.
Dans ces grandes lignes, l’idée prévoit d’intercepter les affluents du Nord-Est du Congo au moyen de barrage de régulation et d’alimenter avec une partie de leurs débits, un canal qui les amènerait à franchir la ligne de partage des eaux, à environ 600 m d’altitude, d’où le débit du canal serait acheminé dans le cours du Chari et alimenterait soit le lac Tchad, soit des périmètres d’irrigation à réaliser dans les zones saheliennes des pays riverains.
Le groupe ITALSAT organisa une réunion à Moscou entre le 28 mai et le 3 juin 1989 sur le thème des ressources en eau, le projet TRANSAQUA fut présenté par Marcelo Vichi, en 1990, ce dernier fut invité à Tokyo pour présenter le projet TRANSAQUA à la NIPPON KOEL, la plus importante entreprise japonaise de consultation industrielle.
En 1992, le projet TRANSAQUA fut présenté, toujours par Marcelo VICHI, au célèbre sommet mondial de l’environnement de RIO de Janeiro. Pour justifier le projet, Marcelo VICH écrit en 2010 : « En Afrique, le niveau des ressources par personne en eau et en nourriture atteint un point dramatique. C’est encore plus vrai lorsque l’on observe la quasi-absence du processus de développement économique qui conduit aujourd’hui à un niveau intenable de chômage chez les jeunes. Dans nombreux pays de l’Afrique sud-sahélienne, la faim endémique (due au modèle historique de l’agriculture vivrière) s’est transformée en une famine et un désespoir insupportable poussant les jeunes à risquer leur vie pour rejoindre l’Europe où l’eau et la nourriture abondent. Le niveau de vie n’est plus un critère, seule la survie compte… »
En mars 2008, le Nigeria, le Niger et le Tchad sont tombés d’accord pour aller de l’avant et financer des études pour transférer une partie des eaux de l’Oubangui. L’étude de faisabilité nécessite des moyens importants et le Nigeria, puissance pétrolière, donc financière de la région, était prêt à y affecter cinq millions de dollars.
Les quatre autres pays membres de la commission du bassin du lac Tchad (CBLT), à savoir le Cameroun, la RCA, le Niger et le Tchad apporteront ensemble cent millions de dollars. Les études de faisabilité avaient débuté en 2009 et seraient quasi terminées sans l’implication des Experts congolais.
Le 12 mars 2012, les Chefs d’Etat du Tchad, du Mali et du Niger ont organisé à Marseille (France), en marge du 6ème forum mondial de l’eau, du 12 au 19 mars 2012, une conférence de presse devant la presse internationale sur le problème de l’asséchement du lac Tchad.
Lors de cette conférence, les trois Chefs d’Etat indiquèrent que pour sauver le lac, il faudrait transférer une partie de l’eau du bassin du fleuve Congo à partir de la rivière Oubangui. Le Président Idris DEBY, déclarera à cette occasion que les pays du bassin du fleuve Congo doivent comprendre qu’ils n’auront pas de paix quand le lac Tchad va sécher.
En avril de la même année, il fut décidé lors du 14ème sommet des Chefs d’Etat du bassin du lac Tchad tenu à Ndjamena, de former une armée de coalition pour défendre les intérêts vitaux du bassin, notamment contre les Boko Haram. La question du transfert de l’eau du bassin du Congo sur la rivière Oubangui à partir de la RCA fut examiné. La R.D. Congo y était invitée en qualité d’observateur.
Le projet TRANSAQUA, imaginé par le Cabinet d’Ingénierie et de Conseil Italien Bonifaca, implique d’immenses défis techniques et financiers et n’a jamais vu le jour. Mais l’arrivée d’un partenaire chinois, le Power Construction corporation of China (power china), qui a signé un accord en 2017 avec la société à l’origine du projet a récemment relancé les espoirs et les critiques autour du projet.
2. Conséquences prévisibles du Projet Transaqua
Si le projet est exécuté dans les conditions actuelles, les conséquences économiques, écologiques et sociales seront particulièrement graves pour la population congolaise.
2.1. Conséquences sur le Fleuve Congo
Impacts sur la stabilité du débit du fleuve
La stabilité du débit du fleuve Congo est assurée par le mode de fonctionnement de son système hydrographique. Quand c’est la saison sèche au sud de l’Equateur, il y a diminution de l’apport en eaux et nutriments au fleuve. Ce sont les affluents nord du fleuve Congo qui prennent la relève en apportant eaux et nutriments car c’est la saison des pluies au nord de l’Equateur. Donc des menaces économiques avec impacts négatifs notamment la pauvreté et la faim peuvent surgir dans la région, étant donné que la majorité de communautés ne vivent que de la pêche et de l’agriculture pratiquées le long de ces cours d’eau.
L’impact sur l’ensablement et la navigabilité du fleuve
La diminution importante du débit ajoutée à la diminution parfois dramatique des précipitations observées au cours de certaines années dans l’ensemble du bassin du Congo, va entrainer la diminution de la vitesse de l’eau et provoquer l’ensablement du lit du fleuve Congo, plus particulièrement au niveau des barrages hydro-électrique Mobay-Mbongo et Inga I et II
Concernant Inga, la société nationale d’électricité (SNEL) de la RDC estime que le détournement prévu qui correspondrait à un peu plus de dixième du débit du fleuve Congo au niveau du site d’Inga, aura un impact négatif sur son potentiel. Déjà en amont au Katanga, les baisses importantes du niveau d’eau pour les barrages avaient contraint la SNEL à importer de l’électricité de la Zambie afin de satisfaire les besoins de l’industrie minière.
Au regard des étiages drastiques qui se signalent ces dernières années sur le site d’Inga, perturbant terriblement la desserte en énergie électrique en saison sèche, sur une période d’environ quatre mois, (mai-juin-juillet), on risque de parler, à l’avenir des pannes sèche en eau au barrage d’Inga.
Dans ce cas, la RDC pourrait mettre une croix sur Inga I, Inga II, Inga III et Grand Inga. Le rêve de desservir l’ensemble du Congo et plusieurs pays africains en électricité, s’envolerait sans appel et avec lui, des milliards de dollars potentiels pour le peuple congolais.
2.2. Conséquences sur le plan géopolitique
Sur le plan géopolitique, aucun transfert d’eau au lac Tchad ne pourra se faire sans le consensus de tous les pays membres de la commission internationale du bassin Congo-Oubangui-Sangho (CICOS), c’est-à-dire les deux Congo, la Centrafrique et le Cameroun.
Il faut aussi compter avec l’Afrique du Sud qui s’est déjà déclarée candidat acheteur de plus de la moitié de l’électricité qui sera produite par Inga III. Ce pays ne sera pas enchanté par le projet de transfert d’eau au lac Tchad qui risque de porter atteinte à sa capacité d’approvisionnement en électricité.
2.3. Conséquences sur la biodiversité et la santé
L’ouverture du bassin du Congo au lac Tchad constitue une menace sérieuse pour la biodiversité et la santé, car elle entrainerait une perturbation des écosystèmes aquatiques, notamment sur le plan zoo-géographique.
La réalisation de ce canal prévu pour le transfèrement des eaux engendrerait également de nombreux problèmes notamment l’hybridation des espèces animales aquatiques, la compétition entre espèces avec toutes ses conséquences, la disparition de certains maillons de chaînes alimentaires non adaptées aux nouvelles conditions de vie créées par la fonction des eaux des deux régions différentes, la disparition de certains habitats, l’apparition, de part et d’autre, de nouvelles pathologies jadis limitées à l’une ou l’autre région, etc.
Le gigantesque canal de prise d’eau va aussi constituer une barrière infranchissable pour certaines espèces terrestres, qui fera que certains biefs des rivières interceptées situées en aval de la zone de capture verront disparaitre leurs chutes et/ou leurs zones marécageuses ainsi que la faune et la flore qu’elles hébergent et servirait, en outre, de canal d’importation de novelles pathologies humaines. Ce qui, à long terme, aggraverait les problèmes de santé publique en RDC.
3. Pistes de solution : 3 scenarios
Pour réaliser le projet TRANSAQUA, plusieurs plans de renflouement du lac Tchad à partir des eaux du bassin du Congo ont été scriptés, témoignant de la détermination des concepteurs du projet à atteindre leurs buts. Trois de ces scénarios sont expliqués dans les lignes qui suivent :
3.1. Le captage des eaux à partir d’une boucle de l’Oubangui
Ce scénario prévoit la création d’un grand lac artificiel avec l’eau de la rivière Oubangui déviée en point de la trajectoire de la rivière. Ce lac constituera ainsi une bonne réserve de retenue en eau. C’est à partir de ce lac de rétention que l’eau sera dirigée dans le canal qui l’acheminera vers le lac Tchad à travers la R.C.A et le Cameroun.
La rivière Oubangui fait frontière avec la RDC, la République du Congo (RC) et la RCA au sud de cette dernière. La R.C et la R.D.C se partagent sa confluence qui se situe au nord de la localité de DONGO (territoire de Kungu) en R.D.C. et la province de la Loukouala au Congo Brazzaville. De ce fait, il est indéniable que les impacts qui découleraient du captage des eaux de l’Oubangui affecteront de la même manière les deux rives du fleuve Congo et de l’Oubangui, unique voie de communication et de divers échanges économiques entre les trois pays.
Des études menées par l’institut français de recherche pour le développement ont constaté une baisse de 10% du débit de la rivière Oubangui, résultant des variations des précipitations.
De même, la Régie des Voies Fluviales (RVF) en RDC a établi un rapport alarmant d’après lequel la rivière Oubangui ne serait plus navigable que cinq mois sur douze. Cette baisse de sa navigabilité est imputable à un grave déficit pluviométrique, lui-même imputable à la déforestation avancée, mais également à la présence du barrage du Palambo.
L’unique et impérieuse recommandation de plusieurs scientifiques congolais est qu’envisager un transfert de l’eau d’un bassin à un autre, dans le contexte actuel ne serait qu’embraser une grande illusion et prendre un terrible risque écologique.
Les risques et incertitudes entourent le projet, ainsi, quel que soit le lieu à partir duquel l’on soutirerait les eaux, de façon non exhaustive et non évaluée dans le temps, les phénomènes suivants surviendront selon Benza Kongawi (2014) :
§ Modification environnementale, écologique et démographique considérable, causée par le bassin de contention : inondations des zones humides et forestières, des tourbières, disparition des biotopes et déplacement massif des populations ;
§ Amenuisement de l’amplitude et enfoncement progressif du lit de l’Oubangui dès l’aval du lieu de captage ;
§ Amenuisement du lit et du début du fleuve Congo en aval de la confluence avec Oubangui ;
§ Conséquences de l’asséchement avec l’effondrement de l’agriculture vivrière (manioc, banane plantain, igname, riz irrigué, arachide, tarot, niébé, haricot, etc. De part d’autre de deux Congo, respectivement le long des rives de l’Oubangui et du fleuve Congo.
§ Disparition des ressources halieutiques : raréfaction de la flore et de la faune aquatique, émigration de la faune terrestre riveraine (sanglier, hippopotame, etc. :
§ Incidence significative du déficit alimentaire des populations locales, des celles dont Kinshasa et Brazzaville, tributaires de ces voies d’eau dans leurs approvisionnements en produits vivriers ;
§ Chute du rendement et disparition des cultures industrielles : café, cacao, palmier, caoutchouc, rauwolfia, etc.
§ Baisse du potentiel hydro-électrique du barrage de Mobay-mbongo sur la rivière Oubangui elle-même ;
§ Baisse de l’étiage du fleuve Congo, affectant de ce fait le potentiel de la centra hydro-électrique d’Inga ;
§ Asséchement progressif des tourbières avec grandes probabilité d’émission énormes des gaz à effet de serre ;
§ Affectation de l’amplitude des biefs navigables entre l’océan et les ports de Boma et Matadi qui leur confère le caractère maritime ;
§ Ralentissement des échanges et des activités économiques dans les zones impactées, tant navigables que terrestres ;
§ Perte de l’amplitude du débit du fleuve à l’embouchure et arrêt du projet du port en eaux profondes de Banana ;
§ Exode forcé de populations riveraines victimes de l’asséchement et de l’aridification des terres arables ;
§ Modification de la structure sociétale des populations affectées : apparition de conflits fonciers d’un nouveau genre dont celui de la guerre de l’eau ;
§ Propagation de certaines maladies ;
§ Perte des minerais entrainés par le transfèrement des eaux ;
§ Dégradation des forêts.
3.2. Captage des eaux à l’embouchure du fleuve Congo en amont de Banana
Pour ce schéma, l’eau du fleuve Congo peut être ponctionnée après avoir rempli sa mission naturelle au sein du pays qu’elle berne, la RDC. Ce schéma est un véritable trompe-œil, parce qu’il veut répandre l’illusion qu’au niveau de l’embouchure, la prise de l’eau du fleuve Congo n’a aucun impact économique, social et environnemental. Pourtant, les eaux douces du fleuve Congo tracent un filon de +100km dans l’Océan Atlantique sans se mélanger aux eaux salées de celui-ci.
Cette option, plusieurs fois envisagées pourrait, selon les Experts, entrainer les conséquences dramatiques suivantes :
§ Perte de l’amplitude du fleuve, augmentation de sa vitesse d’écoulement et rétrécissement et enfoncement profond et progressif de son lit ;
§ Remontée des eaux jaunâtres de l’océan vers les terres affectation et disparition progressive de la forêt des mangroves qui ralentit la progression de l’océan Atlantique, qui grignote avec l’érosion côtière jusqu’au-delà de 6mm /jour de terre à Moanda actuellement ;
§ Assèchement des lieux de fraie des poissons et faune peuplant les mangroves ;
§ Affectation de l’économie tributaire du fleuve : agriculture, élevage, pêche, transport, etc.
§ Affectation et arrêt du projet du port en eaux profondes de Banana ;
§ Désaffectation des biefs maritimes servant de chevaux de navigation de l’océan vers les ports de Boma et de Matadi ;
§ Arrêt des activités portuaires d’importation et d’exportation sur la seule voie d’accès de la RDC à l’Océan Atlantique ;
§ Baisse drastique des activités économiques de la province du Kongo Central dont la survie dépend pour l’essentiel des activités économiques des ports de Boma et de Matadi.
3.3. Captage des eaux depuis le fleuve côtier Shiloango
Selon ce scénario, le lieu de captage serait situé au cabinda en territoire angolais. A l’instar des thèses hasardeusement avancées pour le captage des eaux des bassins du Congo, aucune étude de quelque nature n’a jamais été réalisée pour aborder dans ce sens. En tout état de cause, on peut imaginer les impacts négatifs considérables, dévastateurs et dramatiques aux plans environnemental, écologique, économique, social et humain.
Le fleuve Shiloango n’est que le collecteur d’affluents émissaires peu nombreux dont le bassin est de loin plus réduit, au regard de ceux de l’Oubangui et du fleuve Congo.
Conclusion
On dit que l’eau sera, bien plus que le pétrole, l’enjeu géopolitique majeur du XXIe siècle. S’il est difficile de le démontrer, force est bien de constater que la raréfaction de la ressource d’une part, et la configuration de sa disparition d’autre part, sont conflictogènes.
Dans le cas particulier du continent africain, les grands bassins versant du Nil, du Niger et du Tchad partagés entre de nombreux Etats de puissance inégale, sont le théâtre d’une hydro-diplomatie peu efficace, voire inquiétante.
Le projet de transfert massif d’eau douce du bassin Congo à celui du bassin du lac Tchad induit des conséquences socio-économiques et environnementales qui portent les germes de crises graves.
Quant à la marchandisation de l’eau potable, décidée en 1992, elle pourrait être le déclencheur, dans le contexte d’extrême pauvreté que connait l’Afrique, de conflits sociaux susceptibles de dégénérer en guerres civiles, les tensions entre Etats si les inégalités perdurent entre les zones d’abondance et les zones nécessiteuses.
C’est dans ce cadre que nous nous sommes livrés à l’étude des possibilités de transfert interbassin des eaux douces de la rivière Oubangui et/ou du fleuve Congo, vers le lac Tchad à travers le projet « TRANSAQUA ».
Il ressort des analyses des uns et des autres que le transfert des eaux douces du bassin du Congo vers le lac Tchad aura à coup sûr des conséquences environnementales, économiques et sociales néfastes.
Néanmoins, respectueux du principe de l’hydro-solidarité, nous proposons et recommandons au gouvernement congolais de rester ouvert et solidaire en étudiant les possibilités de transfert de l’eau douce du fleuve Shiloango dans le Kongo Central vers le bassin du lac Tchad pour des raisons politico-diplomatiques et humanitaires en vue d’en finir avec l’acharnement contre la RDC.
Enfin, nous proposons aux acteurs de deux bassins en présence, à savoir les pays riverains du lac Tchad et ceux du Congo respectivement à travers la commission du bassin du lac Tchad (BLT) et la commission internationale du bassin du Congo-Oubangui-Sangha (CICOS), une hydro diplomatie préventive en vue d’éviter à la sous-région de l’Afrique centrale, les tensions ou les confits liés à l’eau.
Bibliographie
1. Aloni Komanda et al (2008). Actes du 1er colloque internationale sur la problématique de l’eau en RDC, Kinshasa, 8-11 mai 2007. Kinshasa : PUK.
2. Benza Kongawi, A. (2014). Regards sur les atouts d’intégration à travers les ressources en eau du bassin du Congo : cas de la commission internationale du bassin du Congo-Oubangui-Sangha ; Mémoire D.E.S/RI, UNIKIN, inédit.
3. C.E.S. (2019). Le projet « transaqua » : le transfèrement des eaux du bassin du Congo vers le bassin du lac Tchad : une illusion aux multiples conséquences pour la RDC, analyse critique des enjeux, les éditions du C.E.S-RDC.
4. Kabasele Yenga Yenga, A. (2020). La guerre de l’eau, une modélisation géo spatiale de transfèrement des eaux douces de la R.D.C vers le Sahel et SADC : un enjeu de mesures de riposte géostratégique du piège vert non durable en Afrique. Revue des Sciences et Innovations spatiales IGC, vol 3, Kinshasa