L'Aventure à Vélo de Jenny & Ahmed

Paths 2 The Soul - Épisode 021

 De Ljubljana à Postojna (29 au 31 mai 2025)

Pays Visités :

Des efforts, des rencontres et des merveilles...

Après un bel effort physique, la pause au camping nous ressource avant une journée spectaculaire dédiée aux trésors du karst slovène : les grottes grandioses de Postojna et le château légendaire de Predjama. Entre efforts, émerveillement, cookies et chouettes hulottes, cette étape fut intense, variée… et inoubliable.

Entre Ljubljana et Postojna : Les douceurs de la route, les douleurs de la montée...

Ljubljana → Postojna - 70.2 km 🚴

Réveil en demi-teinte : l’allergie au pollen a encore perturbé la nuit de Jenny, et ce grand camping impersonnel n’aide pas à s’y sentir bien. On remballe rapidement nos affaires, d’autant plus qu’Ahmed découvre son pneu complètement à plat. Il le regonfle, change la valve, mais il se dégonfle toujours, un peu moins vite. Après un petit-déjeuner rapide, on prend la direction d’un magasin de vélos situé à deux kilomètres, avec pour objectif de remettre nos montures en ordre. La route, plutôt simple à travers la banlieue résidentielle, nous conduit à une boutique bien équipée. Le technicien est chaleureux, nous laisse rester à ses côtés et nous explique tout ce qu’il fait. Ahmed opte pour une chambre à air plus épaisse et mousse son pneu, tandis que nous changeons tous deux nos patins de frein arrière. On en profite pour acheter quelques pièces détachées, ce qui crée un trou dans notre budget, mais c’était indispensable. Pour l’instant, on préfère apprendre auprès de professionnels. Avec des vélos enfin en ordre, Ahmed retrouve le sourire et on se lance dans cette grosse journée. On revient brièvement sur nos pas jusqu’au camping, puis direction Ljubljana, que nous allons traverser cette fois. Une large avenue avec piste cyclable nous y conduit agréablement. Une vitrine attire notre regard, promettant des douceurs. On s’y arrête pour un café et on découvre un lieu superbe, "La Mousse Goose" (Instagram: @lamoussegoose) qui pourrait tout à fait exister en Corée du Sud. Le concept est poussé dans les moindres détails, jusqu’aux toilettes très bien pensées avec déodorant et crème à disposition. Deux pâtisseries phares attirent l’œil : cookies et choux généreusement garnis. C’est beau, gourmand, peut-être un peu girly, mais on adore. On (Jenny donc) craque pour deux cookies à emporter. Si vous passez par Ljubljana, ce petit détour en vaut la peine. La fondatrice, jeune maman passionnée, donne une âme au lieu. On reprend la route avec notre précieuse boîte à gâteaux. La traversée de la ville nous fait passer devant l’église Saints-Cyrille-et-Méthode, le musée d’Art moderne, celui d’Histoire naturelle, plusieurs ambassades et le ministère des Affaires étrangères. C’est riche, même si nous ne nous arrêtons qu’à l’église, où Ahmed surprend le monsieur en charge par sa démarche spirituelle. Celui-ci sort même pour me saluer, et lui confie une phrase qui nous touche beaucoup : « Dieu m’a créé moi, il t’a créé toi, comme il a créé l’arbre à l’extérieur. » Pour lui, voir un musulman venir se recueillir dans une église orthodoxe a une signification forte. L’église est la seule église orthodoxe serbe de la capitale. Construite entre 1932 et 1936, elle affiche cinq dômes dorés et une iconostase splendide. Ses fresques monumentales, réalisées entre 1986 et 1997, en font un véritable joyau spirituel et artistique. On quitte cette partie de Ljubljana et on accélère, roulant sur de longues lignes droites à bonne allure, doublant voitures et camions pris dans les embouteillages. On sort de l’agglomération, on traverse quelques petites villes, et Jenny commence à subir à nouveau le pollen. Vers 13h, alors qu’on s’apprête à acheter de quoi préparer des sandwichs, on croise une famille française à vélo : Bastien, Alice et leurs deux enfants, Aël et Alma. On discute, les enfants sont adorables, et Jenny en profite pour dessiner avec eux. À peine le temps de commencer à faire connaissance qu’un autre couple de cyclo voyageurs français s’arrête aussi : Mathilde et Sébastien. Bastien appellera ce moment "rencontre de bord de route" sur WhatsApp. On papote, on salue tous les cyclistes qui passent, on s’amuse, mais le soleil tape et l’heure tourne. Tandis qu’eux s’installent à l’ombre pour manger, on doit malheureusement repartir. On échange nos contacts pour rester en lien. On file faire quelques courses au supermarché avant d’enchaîner les 40 kilomètres restants. Et les premières grosses montées arrivent. Jenny pédale en éternuant, puis il faut finir à pied. La route est passante, et on pousse les vélos du côté droit pour rester à l’écart, même si c’est plus difficile physiquement. Au détour d’un muret, on trouve deux barres énergétiques posées là pour nous, sans doute par un cycliste solidaire. Ce petit geste inattendu nous touche profondément. Après un petit replat, on s’arrête brièvement dans une petite ville pour manger nos sandwichs sur un banc, avec comme ingrédient phare : roquette, fromage frais, oignon, poivron, huile d’olive, sel et poivre. Un peu de chips pour compléter, et Ahmed recharge les gourdes dans un doner kebab. On ne traîne pas, on repart aussitôt. La suite offre une montée un peu plus douce, que Jenny grimpe entièrement sans pause. Ahmed en remontant sur son vélo perd l'équilibre et c’est la chute, heureusement sans conséquence. Une averse légère passe, vite dissipée. On continue sur une belle route de campagne, puis une seconde grosse montée arrive. Jenny la grimpe presque en totalité, sauf une section à 12 % trop raide. On met les k-ways pour une averse orageuse qui ne dure pas. Quand il ne reste plus que 2 kilomètres, on se rend compte qu’on a oublié d’ajouter le camping comme destination sur Komoot. Résultat : on grimpe vers le château. On fait demi-tour, descendons cette portion, et reprenons le bon chemin. Il reste 4 kilomètres, dont une route forestière avec montées et descentes jusqu’au camping. On termine exténués mais heureux : plus de 70 kilomètres et 830 mètres de dénivelé positif, un petit exploit pour nous et nos vélos si chargés. Le camping, niché en pleine forêt, est charmant. On s’installe à la nuit tombée après avoir balayé au mieux l’emplacement, semé de cailloux pointus. Nos voisins autrichiens, baroudeurs aguerris, nous montrent leur impressionnant véhicule décoré de drapeaux. On échange quelques mots avant de monter la tente et préparer le dîner. Au menu : nouilles instantanées végé (trop épicées pour Jenny) et sandwichs partagés. En dessert, nos cookies aux trois chocolats et fruits rouges sont une vraie récompense. Ahmed jette un œil aux prospectus à l’accueil, puis, après une bonne douche, on s’endort au son des chouettes hulottes qui se répondent dans la forêt. Une fin parfaite pour une journée intense.

Camping Pivka Jama: Pause nature et tournoi sportif...

Après la journée grise d’hier, on s’offre une vraie pause au camping. Ahmed, fidèle à lui-même, se lève très tôt pour sa douche. Jenny reste au lit jusqu’à 8h. À son réveil, Ahmed lui annonce une surprise : il l’invite au buffet petit-déjeuner du camping. Super surprise, surtout après la discussion budgétaire d’hier ! Jenny sort de la tente en deux minutes. L’accueil est chaleureux, le serveur nous demande comment on prend nos œufs. En temps normal, le buffet nous aurait paru banal, mais là, c’est la fête : muesli, bananes, pain, confitures, Nutella, BEURRE, thé rouge, café, tomates, œufs, salade… Le tout à volonté. Jenny savoure chaque bouchée, boit 4 tasses de thé et 3 de café au lait, puis déclare forfait. Ce petit-déj fait aussi office de déjeuner ! Merci Ahmed pour ce moment de bonheur offert. Après une courte pause, on s’installe pour bosser près du restaurant, à l’ombre mais avec une chaise au soleil pour Jenny. En mode été : crème solaire, lunettes… on est bien. On discute budget, puis on bosse sur l’itinéraire croate, les visites du lendemain, le blog et le journal. Le soleil nous accompagne toute la journée, c’est une vraie bouffée d’énergie. Jusqu’à 15h, on reste concentrés. Puis place aux activités sportives gratuites : tennis de table et surtout basket. On s’amuse comme des gosses, avec une petite piqûre de rappel : le vélo ne suffit pas à entretenir la forme ! On a tout filmé, évidemment. En fin de journée, on reste près de la tente. Jenny découvre que des fourmis ont élu domicile dans sa sacoche Ortlieb du guidon. Grand ménage obligatoire. Ensuite, chacun sa détente : yoga pour l’un, lecture pour l’autre. On finit avec des spaghettis pesto un peu fades et une salade de tomates. On en profite pour souhaiter un joyeux anniversaire à GWENDOU 🎂. Puis c’est douche et dodo. Le camping s’est bien rempli en soirée. Demain, sortie à vélo sans sacoche, on a hâte !

Postojna & Predjama : grandeur souterraine et légende perchée...

Trésors cachés de Slovénie. Un dragon sous terre, un chevalier dans la roche...

Récit karstique en deux chapitres...

Aujourd’hui, programme exceptionnel : les grottes de Postojna le matin, et le château de Predjama l’après-midi. Réveil à 7h, petit déjeuner muesli-bananes, puis on confie nos sacoches au camping pour partir plus légers. La région est loin d’être plate, mais rouler sans les sacs rend tout plus facile. Arrivés à 9h10 à Postojna, on découvre un immense complexe touristique, heureusement encore calme à cette heure. On sécurise les vélos, on prend un cappuccino. Les visites commencent toutes les 20 minutes avec de grands groupes, jusqu’à 300 personnes, mais c’est très bien organisé et le timing est respecté. Dans la file, Ahmed reconnaît le réalisateur Patrice Leconte. Les grottes, découvertes en 1818 par Luka Čeč, sont un joyau karstique de 24 km. Le parcours touristique fait 5,3 km, dont 3,7 km en petit train électrique et 1,5 km à pied à travers des salles spectaculaires. La température est constante de 8 à 10 °C toute l’année. L’audioguide rend la visite très riche : on découvre les formations calcaires, les galeries immenses, et bien sûr le fameux protée anguillard, surnommé "bébé dragon", une créature aveugle qui vit dans l’eau souterraine. Dans certaines salles, des concerts sont organisés pour Noël par exemple. On est très impressionnés et on filme beaucoup. Après la visite, mauvaise surprise : Ahmed découvre une tique sur son bras. On n’a rien sur nous pour la retirer. Jenny cherche de l’aide : un cuisinier motivé apporte d’abord une pince à cornichons (!), puis interroge toutes les serveuses. Finalement, on file en pharmacie, où on achète une nouvelle pince à tique. L’opération a lieu sur le parking, tout se passe bien. On reprend la route vers Predjama, avec une pause déjeuner en chemin. Burger, frites, citronnade, ketchup-mayo : un petit plaisir rare qu’on savoure à l’ombre. Repartir le ventre plein est plus dur, mais heureusement, les montées vers le château se font sans sacoches. Arrivés au village, on attache les vélos. Le billet combiné grottes-château est prêt, l’audioguide est sur notre appli. Le château de Predjama, perché à 123 m dans la falaise, impressionne dès l’entrée. Mélange de roche et de murs, il dégage une aura médiévale unique. Le ruisseau Lokva disparaît sous ses fondations. Construit au XIIe siècle, le château a été modifié au fil du temps. Il est surtout célèbre pour le chevalier Érasme, qui y résista au siège impérial au XVe siècle grâce à un réseau de grottes. Il aurait nargué ses ennemis avec des cerises fraîches ! Trahi, il fut tué sur les toilettes par un boulet de catapulte, triste fin pour un héros. La visite est très intéressante car le guide décrit une pièce après l’autre. En résumé, on retiendra que le château est avant tout un ouvrage de défense et que le confort y était très sommaire. On traverse toutes les pièces de l’édifice : escaliers étroits, murs creusés dans la roche, citernes, cheminées, chambres, cuisine, coin toilette, chapelle. On note la salle de torture, sombre et glacée, qui fait frissonner. Discovery Channel y a filmé des phénomènes inexpliqués. Une terrasse offre une vue superbe sur la vallée. On passe de la partie construite à la partie creusée dans la roche sans s’en rendre compte. On grimpe jusqu’à la galerie cachée : c’est là qu’Érasme sortait ravitailler le château. Le réseau est encore praticable aujourd’hui avec un équipement de spéléologie. On redescend par les quartiers des soldats, la salle d’armes, la cloche d’alerte devenue cloche à vœux, les écuries, et on termine devant le ruisseau, face au château. Dans la chapelle du village, Érasme repose sous un tilleul planté par sa fiancée. Sur le retour vers le camp, Komoot nous envoie à travers une prairie non fauchée, puis un sentier forestier. On rejoint le camping à temps pour cuisiner un risotto oignons-tomates, dernier repas avec nos restes. Demain, retour au buffet petit-déjeuner déjeuner 😊.

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Jenny & Ahmed