L'Aventure à Vélo de Jenny & Ahmed

Paths 2 The Soul - Épisode 008

Édition Spéciale: Les Dolomites (12 au 16 avril 2025)

Pays Visités :

5 jours dans les Dolomites...

Cinq jours, cinq nuits, et un même décor grandiose : celui des Dolomites. Pas de vélo cette fois, mais une petite voiture et puis nous 2 bien sûr, en quête d’air pur, de paysages vertigineux et de chaleur humaine. Du mythique Tre Cime aux lacs gelés, des randonnées enneigées aux pyramides d’argile du Renon, en passant par des nuits glaciales dans un coffre trop étroit et des rencontres inattendues, cette parenthèse alpine nous aura épuisés, émerveillés, bousculés. Un épisode hors format, pour une aventure hors norme.

Les Dolomites - Jour 01

Premiers pas dans les Dolomites... 

Rando 01: Tre Cime - 16.0 km🚶 

Nous avons finalement choisi de louer une voiture pour ces quelques jours : une solution bien plus souple qui nous permet d’éviter les hôtels hors de prix, de nous déplacer facilement malgré les téléphériques à l’arrêt, et surtout de dormir à l’abri, protégés de la pluie et de la neige. Réveil matinal chez Jonas et Hanna, on se prépare discrètement pendant qu’ils récupèrent de leur semaine chargée, on laisse nos sacs bien rangés (rappelons qu'Ahmed est champion de Tetris) pour les cinq prochains jours, puis on file en direction de l’aéroport. Petit détour involontaire à cause d’un arrêt de bus manqué, et on récupère finalement la voiture, une manuelle au lieu dune automatique comme demandé. Après quelques soucis techniques au guichet, on met le cap sur les Dolomites et sur Tre Cime ! En route, on fait une pause ravitaillement dans un village où les prix sont bien plus élevés qu’espéré. Après 2h30 de route, on se gare à l’avant-dernier parking accessible avant le début des randonnées. Il fait magnifique, on mange vite un sandwich, on prépare nos mini sacs à dos et c’est parti pour la randonnée. Le paysage est époustouflant, entre les sentiers dégagés, les portions enneigées et surtout les vues de dingues sur les sommets. Arrivés au refuge, on tente un détour vers le fameux point de vue de Cadini di Misurina, mais la neige nous engloutit presque à chaque pas. Ahmed serait prêt à continuer, mais Jenny préfère suivre le sentier classique des Tre Cime, tout aussi magnifique et plus accessible. Les vues sont vertigineuses, la lumière incroyable, et on fait une belle rencontre avec un groupe d’Irlandaises près d’une chapelle. La descente est plus simple, presque ludique, on pratique une sorte de “pas glissé”. Le lac San Antorno, notre premier spot envisagé pour la nuit, est déjà bien occupé. Il y a même des gens qui se préparent à dormir dans la neige, alors on poursuit notre chemin. En route, on croise un jeune randonneur seul, qu’on prend en stop : il est de Manchester, équipé Big Agnes, et ravi qu’on s’arrête pour le déposer à son hôtel. Après un détour involontaire et quelques hésitations de parcours, on rejoint finalement le Lago di Braies à la nuit tombée. On s’installe sur le parking P3, on improvise une cuisine à côté de la voiture avec au menu du Chef Jenny, œufs durs et pâtes au pesto, et on partage même une petite partie de cache-cache avec un renard curieux. Tout semble parfait, mais la nuit sera rude : la voiture est trop courte pour s’allonger, il faut se contorsionner, et la cassure du coffre nous casse litéralement le dos… Première nuit dans les Dolomites, inoubliable à sa manière...

Vous voulez voir notre ami le renard 🦊 ? Cliquez sur la vidéo ci-dessous 👇

Les Dolomites - Jour 02

Entre lacs gelés, grenouilles et galères nocturnes...

Rando 02: Les Lacs - 10.6 km🚶

La nuit dans la voiture a été aussi courte qu’inconfortable, avec de la condensation partout et un froid humide au réveil. On se change tant bien que mal dans l’habitacle brumeux, puis on roule un peu pour se réchauffer avant de tomber sur un petit miracle : des toilettes propres et ouvertes sur le parking P2. Petit-déj improvisé dans une tasse et un pot de yaourt, avec nos céréales maison et quelques rondelles de banane. Ensuite, on part faire le tour du Lago di Braies, connu pour ses eaux turquoise, mais en cette saison, le lac est encore gelé et enveloppé d’un brouillard discret. Le sentier est magnifique, mais une portion est fermée et on fait demi-tour. On croise alors deux sœurs françaises (Nana & Perle) très sympathiques, avec qui on discute un moment. À notre retour, les touristes ont envahis les rives proches de l’entrée, et la magie du matin s’est un peu dissipée. Surprise moins agréable : un homme peu aimable nous réclame 10 € pour le parking, sans qu’aucune indication n’ait été visible à notre arrivée. Un peu agacés, on reprend la route et on trouve refuge dans un charmant café de village où tout est tentant : cappuccino, glaces, forêt noire, cannoli… On craque pour un cannolo à partager et on demande s’il est possible de rester un peu pour travailler sur nos Blogs, car on a un sacré retard. L’ambiance est bonne, malgré un des serveurs qui fait un bruit de dingue en rangeant la vaisselle. Plus tard, on retrouve le gérant du café à la caisse d'un autre petit magasin, qu'il tient également, on s'y ravitaille : soupes en sachets et en canettes pour comparer, pain et fromage, simple! On continue vers un autre lac, dont on a oublié le nom, mais qu’on atteint en coupant à travers la forêt pour éviter les parkings payants. Le lac est vivant, peuplé de canards, de cygnes et de grenouilles. On y croise un groupe de Coréens avec qui on échange quelques mots et quelques photos. On pique-nique au bord du lac, on prépare notre soupe qui est d’ailleurs très bonne. On termine la promenade par un biotope où des grenouilles en pleine saison des amours nous offrent un concert et des scènes fascinantes. La veille, on avait déjà eu droit à la visite furtive d’un cerf et d’un groupe de biches. On reprend la voiture pour filer vers Santa Maddalena, où l’on espère randonner le lendemain. Mais là encore, parkings chers et peu d’espaces pour s’arrêter. Finalement, on grimpe une petite route et on se gare sur le bas-côté près d’une foret. Jenny cuisine à la lampe frontale, toujours des pâtes au pesto 😁. On attend la nuit pour s’installer dans le fameux coffre en essayant de nouvelles positions pour dormir. Mais quelle que soit l’orientation, le confort reste un concept très relatif. La nuit est longue et cassante.

Les Dolomites - Jour 03

Entre sommets cachés et fatigue accumulée...

Rando 03: Impro Jenny 🥷 - 17.3 km🚶

Nouvelle nuit sans repos, peut-être même la pire. Le confort inexistant de la voiture devient une épreuve à part entière : trou au centre, espace trop court, jambes pliées, dos tordus... On se réveille (c'est un bien grand mot dans ce cas) épuisé, au bord d’une petite route de montagne, et on file directement vers l’église de Santa Maddalena. En chemin, quatre biches traversent juste devant nous, un moment suspendu qui nous redonne le sourire. On se gare près de l’église, et à cette heure matinale, tout est encore calme, on ne croise personne. Petit miracle, il y a des toilettes propres, avec eau chaude et froide. On se débarbouille et on déjeune sur un banc à l’extérieur. Jenny en profite pour faire le tour de l’église et de son cimetière fleuri, touchée par la mémoire des vies passées. On se lance ensuite sur le sentier panoramique, censé offrir une vue splendide sur les Odle. Au départ, le ciel est dégagé, la lumière magnifique. On a la chance incroyable de voir le célèbre massif. Très vite, l’itinéraire devient confus, les panneaux de toutes les randonnées se mélangent. On grimpe à travers bois, traversant une rivière, puis un sentier très raide et long qui nous mène jusqu’à la neige donc en altitude sur des versants peu ensoleillés, puis le chemin n'est plus du tout visible. On doit faire demi-tour. On redescend avec quelques difficultés en glissant sur les racines mouillées, et on rejoint enfin le fameux site de la petite église de Saint Johann, perdue dans une prairie. Les montagnes, censées être le décor de carte postale, sont cachées par d’épais nuages blancs. Le lieu reste charmant, mais l’entrée est payante, 4 euros pour approcher une chapelle dans le champ d’un fermier indifférent. Souvent décrite comme l’un des plus beaux motifs photographiques du Tyrol du Sud, elle se dresse avec sa façade baroque devant l’imposant panorama du groupe des Odle et est depuis longtemps devenue un emblème de la région. L’église possède une histoire impressionnante qui remonte à des temps anciens. On pense qu’elle serait liée à une apparition de Saint Jean Népomucène. Elle est surtout devenue un des spots photos prisés des réseaux sociaux. De retour à la voiture, Ahmed lache le volant pour la suite du séjour, et c'est Jenny la pilote qui reprend gaiement la conduite dans les cols de montagnes. Direction l’Alpe di Siusi, avec un détour par le supermarché. La route grimpe sévère, les nuages persistent. En haut, l’ambiance est fantomatique : on dirait une station de ski abandonnée. On réchauffe notre soupe lyophilisée près d’un spot photo en forme de cœur et on la deguste avec pain, fromage et chips. Jenny part explorer les plateaux malgré les nuages ; Ahmed reste au calme. Elle fait une randonnée de +/- 12 km, une fois de plus, qui se termine dans la neige. En redescendant, mauvaise surprise : 14 € de parking, alors qu’un parking gratuit était juste à côté… Décidément, la voiture ce n'est plus pour nous. Grâce à Park4Night, on trouve un endroit isolé en forêt près de St. Michael pour passer la nuit. Mais avant ça, on s’installe deux heures dans un très chouette salon de thé à Castelrotto, le Caffè Stern : cappuccino, latte, apfelstrudel, et un peu d’écriture pour Jenny. Le retour au “campement” se fait à la nuit tombée. Jenny se lave dans la rivière, on dîne à peine. Ahmed essaie de dormir assis à l'avant, côté passager… Gelé, il finit par se glisser dans le sac de couchage à 23h30. Le confort manque, et chaque nuit laisse un peu plus de traces.

Les Dolomites - Jour 04

Val Gardena sous la pluie, Carezza sous les couleurs...

Rando 04: Val Gardena - 21.2 km🚶

Encore une nuit parmi les pires. La voiture penche, tout glisse, on ne peut ni allonger les jambes ni caler la tête. On se réveille brisé, avec déjà mal partout, et la perspective d’une nouvelle nuit n’arrange rien. On se débarbouille à la rivière sous un ciel gris, puis on part pour une balade en basse altitude, histoire de rester sous les nuages. Premier arrêt dans une station-service : café, croissant chocolat-noisette, et quelques cartes postales pour Jenny. On se gare ensuite près d’une salle de sport pour démarrer notre marche du jour : l’ancienne voie ferrée du Val Gardena. Construite en 1915 par l’armée austro-hongroise pendant la Première Guerre Mondiale, cette ligne reliait Selva di Val Gardena à Ortisei, en passant par Santa Cristina. Montée à la hâte par des soldats, des prisonniers russes et serbes, et des civils, elle servait à acheminer troupes, armes et ravitaillement sur le front alpin. Après la guerre, elle fut reconvertie pour le transport civil et joua un rôle clé dans le développement économique et touristique de la vallée, jusqu’à sa fermeture en 1960. Depuis, elle est devenue en partie une piste cyclable et un sentier, ponctué de panneaux explicatifs. Aujourd’hui, le Val Gardena vit essentiellement du ski. Après la Seconde Guerre Mondiale, la vallée s’est modernisée avec les remontées mécaniques, devenant une station réputée. En 1970, elle accueille les Championnats du monde de ski alpin, événement fondateur pour sa notoriété. Depuis, elle fait partie du vaste domaine du Dolomiti Superski et accueille chaque année des compétitions internationales comme la descente Saslong. Arrivé au bout du trajet, à Ortisei, on traverse une ville fantôme où seuls les chantiers semblent actifs. La promenade se termine un peu abruptement, Komoot nous envoyant sur un point d’intérêt imaginaire. On rebrousse chemin, croisant une crèche et une étrange tête en bois, toutes deux géantes. La pluie arrive, d’abord fine, puis persistante. Sur le chemin du retour, on termine trempés jusqu'aux os. On doit mettre le chauffage à fond dans la voiture. L’après-midi, on grimpe au Passo Sella à 2244 m. Route spectaculaire, virages numérotés, sommets dans les nuages. Là-haut, ambiance de fin de fête, tout est aussi fermé. On s’arrête malgré tout pour cuisiner des tortellinis au cœur d’une aire de pique-nique déserte. On redescend en direction du Lago di Carezza. La route dans les montagnes reste très belle malgré que les sommets soient cachés. On atteint le Lago par un petit sentier forestier et un pont suspendu. Il est étonnamment petit, mais ses couleurs sont superbes. Et puis, il y a cette légende : une nymphe des eaux y chantait, jusqu’au jour où un sorcier du Latemar, tombé amoureux d’elle, tenta de l’attirer en jetant un arc-en-ciel dans le lac après avoir échoué à la séduire. Furieux, il le brisa et le jeta dans l’eau, et depuis, les couleurs du lac portent les traces de cet amour déçu. On fait le tour du lac derrière les barrières de bois, et au moment de partir, quelques rayons de soleil viennent illuminer la surface, révélant ses nuances profondes d’émeraude et de bleu. On termine la journée par un appel aux filles, puis on cherche un endroit où dormir pour avoir une dernière chance au Passo Sella le lendemain. On s’arrête à la sortie de la petite ville de Pera, remplissons nos gourdes à une fontaine décorée de bénédictions, et trouvons un coin tranquille à la lisière de la forêt. Jenny explore rapidement les environs, puis on travaille sur nos contenus jusqu’à la nuit. Dîner froid, visite discrète d’une patrouille dans la nuit, et une dernière nuit glaciale nous attend. Jenny cale son oreiller sur la ligne dure du coffre à hauteur du bassin. Ce n’est pas le confort, mais on fait avec. Heureusement, c’est la dernière.

Les Dolomites - Jour 05

Dernier jour dans les montagnes et découverte des pyramides...

Dernière nuit glaciale dans la voiture, et pas la moindre. Jenny a trouvé un système de fortune avec son oreiller pour amortir le trou central, tandis qu’Ahmed a à nouveau tenté le siège passager… avant de renoncer à 2 h du matin, frigorifié. En pleine nuit, une patrouille est passée plusieurs fois et a braqué un faisceau de lumière sur la forêt et les prés, des braconniers sans doute! Ambiance étrange. À 6h30, on est debout, direction le col de Sella. Cette fois, miracle : les nuages ont disparus. Le sommet marque une frontière entre deux mondes, ciel bleu d’un côté, gris de l’autre, et les massifs rocheux s’offrent enfin à nous, majestueux, balayés par le vent. Le froid est vif, mais on est heureux d’avoir vu ça. En redescendant, on met le cap sur les pyramides de terre du Renon, une curiosité géologique au cœur d’une zone verdoyante et ensoleillée. La route est étroite mais splendide. On s’arrête pour un café dans un troquet un peu hors du temps : nappes à tournesols, odeur de tabac, vin blanc sec à 10h30, et Rudy derrière le comptoir. Depuis la terrasse, vue imprenable sur les montagnes. Arrivés au village de Longomoso, on se gare à l’entrée et on commence la balade. Le sentier est bien balisé, longe un étang plein de grenouilles et de poissons, et mène à un panorama spectaculaire. Un panneau explique clairement la formation de ces pyramides : elles sont issues d’un phénomène d’érosion. La terre est lentement emportée, et seules les colonnes protégées par une grosse pierre au sommet résistent. Sans cette pierre, la colonne s'effondre. Ce phénomène naturel rare, lent et fascinant est rendu possible par une combinaison unique de sol argileux, d’eau, et de temps. Sur le chemin, on croise un métayer qui dirige ses deux vaches, l’une d’elles préfère avancer en zigzag, une braie rebelle. En revenant, on croise une vague de touristes qui montent à leur tour. Pause cappuccino dans un petit café original, visite de l’église et de la grotte de Marie. Mais la route du retour est marquée par une vision triste : de nombreuses grenouilles écrasées! Retour à la voiture, on plie nos affaires pour aller rendre le véhicule à Bolzano. Mais avant ça, on s’arrête dans une aire de jeux, pour cuisiner discrètement nos tortellinis sauce tomate. Puis, ménage de la voiture et passage à la station service. L’aspirateur est en panne, mais le gérant nous prête gentiment le sien. On fait le plein, on rend la voiture. Le gars de l’agence prend les clés sans mot ni contrôle. Mais une heure plus tard, Jenny reçoit deux mails : l’un pour un prétendu dégât sur la poignée, et facturation de frais supplémentaires à venir. Grosse claque. On n’a rien abîmé, et ce genre de procédé, sans inspection au retour, est franchement douteux. Jenny retourne seule à l’agence, mais le jeune sur place est évasif : il ne peut rien faire, on recevra un mail. C'est le monde à l’envers, car cest nous qui devions leur demander un remboursement pour un véhicule manuel alors que nous avions demandé un automatique. (Aujourd’hui, lundi 5 mai, après de nombreux échanges de mail, on vient enfin de recevoir la confirmation de Hertz qu'ils vont nous rembourser les frais supplémentaires, merci à eux!). Heureusement, on termine la journée chez Jonas et Hanna. Ahmed y est déjà, Jenny les rejoint. Jonas est aux fourneaux, Hanna revient de son cours d’italien. La soirée est douce, pleine d’échanges sur leurs aventures, leur regard de biologistes voyageurs, et leur superbe livre qui raconte leur voyage, riche en photos et en rencontres inspirantes. Le dîner est à leur image : chaleureux et créatif. Pâtes au gingembre et aux épices, salade fraîche, tarte aux poires maison. Et puis, enfin… une bonne douche chaude et un vrai lit. Une nuit sur un vrai matelas. C’est simple, mais après tout ce qu’on a vécu, c’est du luxe.

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Jenny & Ahmed