L'Aventure à Vélo de Jenny & Ahmed

Paths 2 The Soul - Épisode 005

De Feldkirch à Landeck (02 au 04 avril 2025)

Pays Visités :

L’aventure prend de la hauteur…

Des vallées paisibles aux cols enneigés, des rires partagés aux montées silencieuses, nous avons franchi nos premiers vrais cols alpins, portés par la beauté brute des montagnes. Entre l’effort, la neige éclatante et les rencontres inattendues, chaque jour a été une leçon de patience, de beauté et d’humilité face à la montagne. Un passage symbolique, gravé à jamais dans nos cœurs.

De croissants en montagnes, le chemin se tisse 🥐

Feldkirch → Bludenz - 25.8 km 🚴

Réveil à 7h dans notre petit appartement : aujourd’hui, c’est départ à l’aventure, sans hébergement prévu pour ce soir. Jenny emballe fouls et provisions. Ahmed préfère un take away maison car il n’est pas encore habitué aux petits déjeuners. Petit moment de bonheur autour d’un bon thé et café, avant que Jenny n'attaque un vrai festin du matin : œuf au plat, patates au fromage, yaourt… l’énergie du cycliste ! Alors que tout est presque prêt, toc toc toc : Taylan et Cihan frappent à la porte, croissants à la main pour nous dire au revoir. Une belle surprise qui nous touche énormément. Quelques photos, des rires, des "à bientôt", et nous voilà prêts à reprendre la route, le cœur léger. Juste avant de partir, Ahmed joue les réparateurs improvisés en fixant la porte de nos voisins. Puis, pain syrien en poche, nous traversons le vieux Feldkirch pour poster des cartes postales à Lyla et Renée, avant de nous enfoncer dans la vallée. Les montagnes nous entourent, majestueuses, parées de neige. Pause enchantée près d'un lac de pêche turquoise : thé chaud, croissants croustillants, paysages de rêve. La piste cyclable est parfaite, presque sans dénivelé, bordée de lacs et de montagnes, comme dans un tableau. Plus loin, on découvre une incroyable piscine extérieure, hélas encore fermée, avant de s'arrêter devant une autre cabane de pêche pour travailler un peu. Là, rencontre chaleureuse avec un retraité passionné de vélo, passé récemment à l’électrique pour continuer à avaler les cols malgré l’âge. Jenny sauve quelques abeilles en détresse, observe poissons, grenouille et poules d’eau sous le soleil. Vers 17h, on reprend doucement la route pour les derniers kilomètres. Toujours pas d'adresse de Ralf… jusqu’à notre arrivée à Bludenz, où bingo, le message arrive ! On traverse le centre pittoresque et Jenny grimpe à la tour de l’église pendant qu'on attend la bonne heure. À 18h15, on rencontre Ralf et ses deux garçons, Richard et Anton. On range les vélos, on propose de leur faire gouter le repas traditionnel égyptien : fouls maison, sauce tahina, pain syrien. Par chance, Ralf et Sonia sont végétariens : nos plats font mouche ! On discute, on joue à Super Mario avec les enfants. Simple et chaleureux. Après le repas, petit "Chapi Chapo" improvisé sur le thème des animaux pour décrocher tout le monde des écrans, avec beaucoup de rires. Sonia et Ralf partagent quelques conseils pour la suite de notre route avant d’aller mettre au lit leurs garçons. C’est un jour de semaine et les parents sont sur tous les fronts. C'est d'autant plus touchant d'être accueilli par des parents qui ont en outre encore fort à faire. C'est une façon pour eux de transmettre de belles valeurs à leurs enfants. Nous restons encore un peu au salon, à trier photos et souvenirs, avant de plonger à notre tour dans une nuit bien méritée.

Premiers défis alpins et douce récompense...

Bludenz → Stuben - 33.9 km 🚴

Après une nuit paisible chez Ralf et Sonia, on se réveille avec une vue imprenable sur les montagnes. Ralf est sur le point de partir au travail. Il fait de la surveillance de gros  ouvrages tels que les tunnels, les barrages, etc. La veille au soir, il nous a parlé de la fameuse catastrophe du barrage de Vajont en 1963. Le matin est calme : les garçons se préparent pour l’école. Sonia aimerait aller skier dès que possible (c’est sa seule ½ journée de libre), et nous, on signe le livre d'or avant de reprendre la route. Aujourd'hui, c'est sérieux : on entame notre traversée des Alpes. Objectif initial : Sankt Anton… sauf que 1200 m de dénivelé nous attendent ! Motivés par le soleil et les encouragements de Sonia, on commence l’ascension en douceur. On s'arrête au bord d’un étang : Ahmed réalise qu’il a perdu un gant, décharge son vélo et file le récupérer. Jenny, de son côté, découvre à ses dépens qu'il faut vérifier le terrain avant toute pause… surtout avec une fourmilière sous les pieds. La montée continue dans un décor de rêve jusqu’à Dalaas, joli village où on dévalise Spar et boulangerie (budget explosé). Pause salvatrice à l’église Pfarrkirche hl. Mutter Anna, où Jenny découvre avec émotion une ressemblance frappante avec son église d’enfance. Après un pique-nique express, on repart. Ça grimpe, ça tunnelise, on avance lentement. En chemin, rencontre avec Silvestre, guide saisonnier et skieur fit au look stylé, qui nous parle budget serré et cyclistes millionnaires… Pas notre cas malheureusement ! Nouvelle pause à Langen am Arlberg, thé et viennoiseries devant la gare. On comprend vite qu'on n'atteindra pas Sankt Anton aujourd'hui. On pousse les vélos, contourne les tunnels interdits au vélo… jusqu’à tomber nez à nez avec de la neige encore bien présente. Passage en force, jambes et vélos trempés. Mais au bout de l’effort : Stuben, magnifique, lovée au milieu des montagnes à 1200 m d’altitude. Reste à trouver un toit… Dans cette station de ski chic, Jenny joue Cosette auprès des palaces. Finalement, miracle, elle dégote une chambre à un prix modeste, avec une surprise de taille : un sauna ! Après avoir hissé les vélos au garage, installé nos affaires et rallumé le chauffage, Jenny file profiter du coucher du soleil, appelle sa Maman et Sanaa et croise deux chamois... La nuit tombe vite. Douche, sauna, repas de fortune dans notre chambre, et dodo sous notre grosse couette à carreaux rouges. Demain, la grande ascension continue.

Du blanc plein les yeux, du chaud plein le cœur...

Stuben → Landeck - 41.3 km 🚴

Réveil à 7h sous notre grosse couette à carreaux rouges : aujourd'hui, on passe le vrai col alpin. Jenny avale son petit-déj sportif, flocons d'avoine, banane, fruits secs et lait végétal, pendant qu'on mentalise la grosse ascension qui nous attend. À 8h, tout est remballé, vélos descendus, clefs rendues : on s'élance. Pas de piste cyclable, seulement la route à lacets, alors on serre bien à droite et on grimpe, pause tous les 50 pas pour souffler. Finalement, la route est large, personne ne klaxonne, et les paysages sont juste majestueux. Un détour par un chemin de gravier nous évite un tunnel : on avance seuls, entourés de neige étincelante sous le soleil. Les pistes de ski défilent en contrebas, les téléphériques montent à pic, les skieurs et snowboardeurs glissent comme des fourmis sous nos yeux émerveillés. Jenny découvre le monde du vrai sport d'hiver : un autre univers. Après plusieurs heures d'effort, Saint-Christoph se dévoile à 1800 mètres. On célèbre l’instant par une petite vidéo… et surprise : on retrouve Silvester, notre montagnard préféré, en combinaison orange, toujours aussi en forme. Pas de café ni de refuge ici : on appelle la famille depuis le sommet, puis on entame la descente, vertigineuse mais sécurisée. En vingt minutes, on efface des heures d'ascension ! À Sankt Anton, on partage une délicieuse pizza Primavera au milieu d'une station chic, où nos vélos jurent un peu parmi les bottes de ski qui claquent comme des Transformers. Tentative pour trouver un spot où camper via la mairie ou l'office du tourisme : échec. On décide de continuer notre chemin. Heureusement, une superbe piste cyclable longe la rivière aux eaux turquoise. Avec la baisse d’altitude, la température devient plus douce, et les montagnes toujours aussi spectaculaires. Dans les petits villages, on admire les maisons peintes, les églises décorées, et on croise un groupe de jeunes garçons curieux qui accompagne Jenny jusqu’à une mairie vide. Une rencontre simple mais pleine de chaleur. À force d'avancer, on vise Landeck. Un cycliste nous oriente vers une pension, qui nous redirige vers un autre petit hôtel... puis coup de chance : dans un magasin de vélos, on rencontre un Français super sympa qui nous envoie vers un camping familial. Et quel camping ! Erwin, vétéran des lieux, nous accueille chaleureusement, puis les propriétaires, Lorenz et son épouse hollandaise prennent le relais. On s'installe où on veut, pour 25 euros. Tente montée, courses faites, on se prépare pour une soirée tranquille. Mais Erwin a d'autres projets : on se retrouve invités à partager bières et schnaps à 40° avec l'équipe des "anciens" du camping. Soirée arrosée, rires garantis, mais un froid mordant dehors… Heureusement, notre sac de couchage nous offre un cocon bien mérité après cette traversée des Alpes inoubliable.

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Jenny & Ahmed