L'Aventure à Vélo de Jenny & Ahmed

Paths 2 The Soul - Épisode 001

De Bruxelles à Bettembourg (19-23 janvier 2025)

Pays visités :

Le Voyage a Commencé...

Le 19 janvier 2025 a marqué le premier jour de notre nouvelle vie. Nous avons entamé la première étape d’un périple qui durera entre cinq et dix ans, peut-être plus. Cette aventure nous mènera de Bruxelles à la Corée du Sud, en traversant les pays d’Europe de l’Est et toute l’Asie. Pour nous, ce voyage est une opportunité de reprendre le contrôle de nos vies, d’incarner pleinement nos valeurs et de rétablir l’harmonie entre nos pensées et nos actions, chose qui était difficile, voire impossible, dans notre ancienne existence.

La première étape de notre voyage a couvert environ 470 km, reliant Saint-Gilles, en Belgique, le foyer que nous avons quitté, à Saint-Blaise-La-Roche, en France, où vit la mère de Jenny (notre nouveau camp de base).

Ces derniers mois, et surtout les dernières semaines, ont été intenses : trier, organiser, donner, trouver des personnes qui pourraient profiter des objets accumulés au fil des décennies… Un processus parfois épuisant, mais les souvenirs et les moments partagés resteront gravés en nous à jamais.

Ce qui compte véritablement, ce ne sont pas les possessions que nous avons laissées derrière nous, mais l’essence de ce que nous sommes vraiment et de ce que nous aspirons à devenir. C’est l’amour de nos familles, le soutien de nos amis, les rencontres à venir, les paysages encore inconnus qui nous attendent. Les adieux et les derniers mots avant le départ ont été remplis d’émotions profondes, mais nos chemins se recroiseront.

"Dis-moi, que gagne-t-on à de longs voyages ? Cette distance qui aiguise la vision et fait voir clair, cette distance qui étire les liens et fait aimer passionnément, cette clarté qu’on appelle Détachement."
Lanza del Vasto, Le Pèlerinage aux Sources

Le Grand Départ : Émotions, Rencontres et Premiers Défis Bruxelles → Namur - 65 km 🚴 

C’est le grand jour ! Nous quittons Bruxelles dans un tourbillon d’émotions, entourés de nos proches. Les adieux sont intenses, entre êtreintes sincères et regards remplis d’encouragement. L’excitation se mêle à une légère appréhension. Nos vélos, chargés de plus de 50 kilos chacun, demandent un temps d’adaptation, rendant les premiers kilomètres chaotiques. Mais très vite, la magie du voyage à vélo opère. Nous rencontrons Thibault, un cycliste en pleine préparation pour un périple jusqu’au Kenya. Intrigué par nos vélos et nos sacoches, encore immaculées après seulement 10 km, il engage la conversation. Nous prenons notre première photo de voyageurs, puis il s’élance vers son propre rêve d’aventure. Un peu plus loin, trois jeunes cyclistes flamands nous arrêtent. Ils ont besoin d’un outil, et nous sommes ravis de pouvoir les dépanner. L’un d’eux travaille pour le magazine Bruzz, qui sait, peut-être qu’un jour, un article parlera de nous ? Puis, la météo change. Le brouillard s’installe, le froid devient mordant. La route est superbe au départ : belles vaches, chemins givrés, une atmosphère presque féérique. Mais tout bascule lorsque nous nous retrouvons sur des sentiers boueux au milieu des champs. Nos vélos se bloquent, s’enfoncent, et bientôt, ils sont recouverts de boue. À la fin de la journée, la fatigue est écrasante. Les mains et les pieds d’Ahmed sont gelés, et il nous faut puiser dans notre mental pour continuer jusqu’à Namur. Il fait déjà nuit noire lorsque nous arrivons chez Michèle, notre première hôte Warm Showers. Son accueil chaleureux est un immense soulagement : bouillottes, douche chaude, repas réconfortant, et une soirée inspirante à échanger sur Compostelle, la Corée et le sens du voyage.

L’art d’écouter ses limites

Namur → Nassogne - 46 km 🚴 + 20 km🚊

Réveil réparateur chez Michèle. Son hospitalité et ses conseils nous touchent profondément. On prend un petit déjeuner nourrissant, et elle partage son expérience du voyage, nous rappelant l’importance d’écouter nos besoins et de ne pas hésiter à demander de l’aide en chemin.

On se met en route avec les vélos encore pleins de boue de la veille. Première mission : trouver un endroit pour les nettoyer. Après une tentative ratée dans un carwash, nous tombons sur Éric, responsable d’un magasin Kärcher, qui nous propose gentiment de laver nos vélos à l’arrière du magasin. Il est passionné de cyclisme et sponsorise des courses de cross bike. Grâce à lui, on retrouve des vélos presque neufs. (Ahmed manque cependant d’étouffer Éric en lui parlant la bouche pleine de fruits secs, provoquant une "pluie de cacahuètes" mémorable.)

Le temps file, et nous réalisons que nous n’avancerons pas assez vite pour arriver à une heure décente chez nos hôtes du jour, Pascal et sa famille. Nous décidons alors de prendre un train à Ciney pour sauter 20 km et arriver plus tôt. En chemin, nous croisons un homme bienveillant qui nous propose son aide.

À Rochefort, il nous reste 10 km à parcourir, avec une belle montée à 17 % en fin de parcours. L’arrivée chez Pascal, Valérie, Anna, Sacha et Ali est un pur bonheur. Pascal et Sacha sont passionnés de sport, et Pascal se prépare pour son 30ᵉ marathon ! Valérie est très chaleureuse et nous met tout de suite à l’aise. La soirée est chaleureuse et animée, avec la visite de Caroline et Sébastien, deux amis très sportifs également. On échange sur le voyage, le vélo, la performance et la vie en général. Un accueil inoubliable, qui nous rappelle à quel point l’hospitalité peut transformer une journée difficile en un souvenir précieux.

Quand l’hospitalité prend mille visages

Nassogne → Libramont-Chevigny - 28 km 🚴

Un sommeil profond et réparateur. Valérie, la mère de famille, a pris soin de fermer les volets, ce qui nous a plongés dans une obscurité totale. Au matin, elle nous accueille avec un grand petit déjeuner, incluant jus pressé, pain frais, fromages et charcuterie. Avant de partir travailler, elle nous laisse entre les mains de Anna et Sacha. Ce qui nous a le plus frapper c’est l’entente qui règne au sein de cette famille, c’était vraiment incroyable.

Après les adieux et la photo habituelle, nous nous lançons sur une étape plus courte, sans pression pour la distance. Pause thé en forêt, traversée de Saint-Hubert, pique-nique Ramen dans un coin parfait… Le soleil est de la partie, et les routes vallonnées sont magnifiques.

Arrivés à Libramont-Chevigny, nous cherchons un endroit pour dormir. Je demande à la surveillante d’une école, qui me conseille d’appeler la mairie. Par chance, nous tombons, au téléphone, sur Josiane. Avec la présidente de la salle des fêtes, elles nous ouvrent gentiment la salle de la Bondine pour la nuit.

La surprise du jour ? À 19h45, une réunion du club de cyclisme local se tient dans la salle ! Nous assistons à une soirée animée, où nous rencontrons Jean-Pol, un grand voyageur à vélo, et d’autres passionnés. Jean-Pol est tellement emballé par notre projet qu’il partirait bien avec nous ! L’ambiance est géniale, et nous nous sentons intégrés immédiatement. La soirée se termine par une photo de groupe et une dernière tisane dans la salle désormais vide.

Des rencontres qui marquent

Libramont-Chevigny → Habay-La-Neuve - 35 km 🚴

Nuit étrange ponctuée d’un rêve absurde : Trump tournant un film où il joue un dictateur nazi… Au réveil, on replie rapidement notre campement et passons dire au revoir à Josiane et Bruno. Leur accueil nous touche profondément. Leur maison est un vrai cocon familial, rempli de souvenirs et de photos. Un café partagé avec eux, scelle un adieu chaleureux.

Sur la route, la lumière du matin est magnifique. Des montées et descentes plus douces, un paysage vallonné et paisible. Pause sous un tunnel pour enfiler nos k-ways quand la pluie commence.

Arrêt improvisé dans une sandwicherie. Le bonheur simple d’un bon repas se lit sur le visage d’Ahmed, qui savoure son sandwich comme si c’était le meilleur du monde.

En arrivant à Habay-la-Neuve, nous faisons quelques courses chez Aldi. Pendant que je suis à l’intérieur, Ahmed discute avec une famille syrienne. Shahad et son père nous invitent spontanément chez eux. Ce moment devient l’un des plus forts de notre aventure. Leur générosité est bouleversante.

Le père nous prépare un cappuccino et un plateau de fruits. Shahad partage son histoire avec pudeur et humour : son exil, l’abandon, la traversée de la frontière, la séparation puis les retrouvailles avec son père… Malgré tout, elle garde un sourire éclatant et une force impressionnante. Les deux petits frères nous rejoignent pour le repas, et c’est tout simplement délicieux. L’ambiance est chaleureuse, comme en famille.

Quand l’heure tourne, nous devons rejoindre notre hôte Marie-France, qui habite à seulement 500 mètres. L’émotion est forte en quittant la famille.

Chez Marie-France, l’accueil est chaleureux et la maison magnifique. Elle prépare un marathon au Groenland et a déjà fait plusieurs Tours du Mont-Blanc ! On partage un repas et discutons longuement de la Corée (son fils y vit avec sa femme coréenne). Encore une belle connexion inattendue. La pluie tambourine sur le toit alors que nous nous endormons, le cœur rempli de gratitude.

Entre rencontres et imprévus

Habay-la-Neuve → Bettembourg - 54 km 🚴

Quitter le confort du lit chaud de Marie-France n’est pas facile, mais une fois sur le vélo, tout va mieux. Le ciel est gris, le froid pique un peu, mais les petites routes bordées de forêts et de champs nous offrent un décor familier. Pause thé dans un champ : les mains sont gelées.

À Arlon, détour par le centre administratif pour le clin d’œil à mes débuts comme Architecte en Belgique, puis passage devant une usine de moulins. Les jambes chauffent dans les montées, mais Bettembourg est en vue. Problème : nos hôtes Warm Showers ne répondent pas…

Un promeneur, Marcel, nous informe que tous les hôtels de Bettembourg ont fermé, sauf un Ibis hors budget. Il nous accompagne jusqu’à la mairie, mais aucune solution d’hébergement ne se profile. Finalement, on cède : direction l’Ibis. En chemin, on rencontre Colette, une voisine de Marcel… 80 ans et 3 000 km à vélo par an ! Inspirante.

L’hôtel fait un gros trou dans notre budget, mais après une longue douche chaude, on s’endort sans demander notre reste.

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Jenny & Ahmed