article "17 Mai : Journée Internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie"
par Salomé Cadon
En l'honneur de la journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, N.O.U.S vous proposons un article pour vous aider à comprendre la visée de cette journée.
Journée Internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie
Qu’est-ce que l’homophobie, la transphobie, la biphobie ?
Quelques définitions :
Homophobie : n. f. Hostilité, discrimination systématique à l’égard des homosexuels, de l’homosexualité.
Transphobie : n. f. Aversion pour les personnes transgenres
Biphobie : n. f. Discrimination qui désigne les manifestations de mépris, rejet, et haine envers des personnes ou des pratiques bisexuelles ou apparentées.
Selon la loi :
Selon l’article 132-77 du Code Pénal ;
Les peines encourues pour un crime ou un délit sont aggravées lorsque l'infraction est commise à raison de l'orientation sexuelle de la victime.
Ainsi, l’homophobie, la transphobie et la biphobie sont des circonstances aggravantes lorsque des infractions sont commises pour un motif homophobe.
La loi réprime également la publication de propos injurieux, diffamatoire ou caractérisant une provocation à la discrimination ou à la violence envers des personnes homosexuelles (les articles 24, 32 et 33 de la loi du 29 juillet 1881). La provocation et la diffamation publique sont punies d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende, et l’injure publique de 6 mois d’emprisonnement et de 22 500 euros d’amende.
La lutte contre l’homophobie en France
Quelques dates :
Janvier 1750, le dernier « bûcher de Sodome » en France. Deux Hommes surpris en train de s’embrasser dans la rue sont brûlés en place de Grève (Place de l’Hôtel de ville de Paris), le 6 juillet 1750. C’est la dernière fois que l’on brulera vif des homosexuels en France.
1789 - Révolution Française : abandon de la répression pénale de l’homosexualité.
Le code civil du 21 mars 1804 ou « Code Napoléon », va intégrer dans la loi une vraie discrimination : la majorité sexuelle est fixée à 15 ans pour les hétérosexuels et à 18 ans pour les homosexuels. Le code civil va aussi créer un délit sous l’intitulé “atteinte publique à la pudeur”, qui sera souvent utilisée pour réprimer l’homosexualité.
Mars 1934, début des rafles d’homosexuels en Allemagne.
6 Août 1942, Loi n° 744, Pétain signe un texte de loi portant la majorité sexuelle pour les actes hétérosexuels à 15 ans et à 21 ans pour les actes homosexuels, contribuant à réprimer l’homosexualité. Le régime fasciste de Vichy par des discours d’une violence extrême participera à l’accroissement de l’homophobie qui se traduira par une violence exercée par toute la société au quotidien sur les homosexuels.
Sous De Gaulle, le 18 juillet 1960, l’amendement du député UNR de la Moselle, Paul Mirguet, classe l’homosexualité “fléau social” et donne au gouvernement le droit de légiférer par décret pour la combattre.
La France en 1968, adopte la classification de l’Organisation Mondiale de la Santé classant l’homosexualité dans les maladies mentales.
Création en 1978 du « Comité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle » (CUARH) destiné à lutter conte l’article 331 du code pénal qui fixe la majorité sexuelle des homosexuelles plus tard que celle des hétérosexuelles.
28 avril 1980 - François Mitterrand se prononce clairement contre la répression des mœurs et les discriminations légales :
Il n’y a pas de raison de juger le choix de chacun qui doit être respecté, aucune discrimination ne doit être faite en raison de la nature des mœurs. J’en ai pris la responsabilité.Le 4 avril 1981, à un mois de l’élection présidentielle, une manifestation à Paris, de plus de 10 000 personnes, annonce les futures « Pride ».
Mai 1981, François Mitterrand est élu président de la république. Le nouveau gouvernement va adopter 2 projets de lois présentés par M. Robert Badinter, ministre de la justice. Ces lois vont mettre fin à la possibilité de condamner pour outrage public à la pudeur lorsque l’on est homosexuel. Elles aborderont aussi l’inégalité face à la majorité sexuelle.
11 juin 1981, le ministre de l’intérieur, Gaston Defferre, supprime le groupe de contrôle des homosexuels à la préfecture de police et les fichiers les concernant.
12 juin 1981, le ministère de la Santé n’accepte plus de prendre en compte l’homosexualité dans la liste des maladies mentales de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
4 Août 1982 : dépénalisation de l’homosexualité.
La loi n° 85-772 du 25 juillet 1985 va acter des dispositions protégeant les personnes contre les discriminations liées à leur sexualité. Cette loi va aussi autoriser les associations de lutte contre les discriminations à exercer les droits reconnus à la partie civile.
L’homosexualité est définitivement rayée par l’OMS de la liste des maladies mentales le 17 mai 1993. Cette date sera alors choisi pour être celle de la commémoration de la journée internationale contre l’homophobie.
Le « Pacte Civil de Solidarité » (PaCS) est voté par l’Assemblée Nationale le 16 novembre 1999. Il ouvre la voie à la reconnaissance par l’Etat, des couples homosexuels.
15 novembre 2001 - 56 ans après la fin de la guerre, le rapport de la Fondation pour le Mémoire de la Déportation affirme que la déportation pour homosexualité a bien existé en France.
17 mai 2005 - Première journée internationale contre l’homophobie (IDAHO).
17 mai 2015 - Légalisation du mariage homosexuel en France
Quelques personnalité.e.s de la lutte :
Pierre Seel
Après les attaques homophobes de l’évêque de Strasbourg à l’occasion d’une réunion de l’ILGA (International Lesbian and Gay Association) en 1982 qui traitait les homosexuels « d’infirmes », Pierre SEEL sort du silence dans lequel il vivait. Il publie une lettre ouverte pour répondre aux propos offensants de l’évêque.
Pierre SEEL est la seule personnalité homosexuelle française à avoir témoigné à visage découvert de sa déportation durant la Seconde Guerre mondiale pour motif d’homosexualité.
Installé à Toulouse, sa ville d’adoption, Pierre Seel demande à l’Etat, dès 1990, d’être reconnu comme « Déporté homosexuel ». En juin 1994, l’État reconnaît la valeur de son témoignage et son motif de déportation, lui délivrant le titre de “Déporté politique”. Le statut de « déporté homosexuel » est inexistant en France.
Sylvia Rivera
Latina, queer et drag queen, Sylvia Rivera s'est battue sans relâche pour les droits des transgenres et des personnes au genre “non conforme”.
Elle aurait jeté une première brique sur la police lors des émeutes de Stonewall. Suite à cet épisode, elle décide de fonder S.T.A.R (Street Transvestite Action Revolutionaries) avec Marsha P. Johnson.
Karl Heinrich Ulrichs
Il est considéré par certains comme le père fondateur du mouvement gay moderne. Il est aussi la première personne à avoir rendu publique son homosexualité.
Karl Heinrich Ulrichs a eu “un rôle déterminant et une forte influence sur l'émancipation homosexuelle dans le monde entier”. Le 29 août 1867, il s'est adressé au Congrès des juristes de Munich pour demander à ce que chaque personne ait les mêmes droits, indépendamment de sa sexualité.
Frida Kahlo
Peintre talentueuse, Frida Kahlo était aussi bisexuelle et ne s'en cachait pas. Ses œuvres, et en particulier ses autoportraits, lui ont permis d'aborder des sujets tabous, comme la sexualité des femmes, les standards de beauté féminins et la douleur.
Nancy Cárdenas
Auteure et réalisatrice, Nancy Cárdenas serait l'une des premières personnalités mexicaines à avoir révélé son homosexualité à la télévision. Son identité sexuelle faisait partie intégrante de son travail : elle a notamment écrit des poèmes et des pièces de théâtre qui traitaient de l'homosexualité.
Nancy Cárdenas a également milité contre les a priori sur les gays au Mexique et s'est battue pour l'égalité des droits pour tous, quelle que soit leur sexualité.
Quelques ouvrages pour aller plus loin :
Rapport sur la LGBTI+phobie 2022 de SOS Homophobie
Pierre Seel, Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel
Harvey Milk, Non à l’homophobie
Sylvain Tousseul, Petite histoire conceptuelle de l’homosexualité
Pour demander de l’aide :
SOS Homophobie : Ligne d’écoute anonyme : 01.48.06.42.41, ou sur le site Internet sos-homophobie.org
Numéro vert Lutte contre l’homophobie : 0 810 20 30 40
Pour être aidé.e.s dans le cadre d’une plainte : voir les PAD (Points d’Accès au Droit)
RAVAD (Réseau d’Assistance aux Victimes d’Agression et de Discriminations) : 06.89.81.36.90 ou urgence@ravad.org