Les mutilations génitales féminines - NOUS x UNICEF

Cet article, en collaboration avec l'antenne UNICEF de Fontainebleau, informe au sujet des mutilations génitales féminines

Qu’est-ce que les mutilations génitales féminines ?

Définition :

Pour définir les mutilations génitales féminines, nous nous basons sur la définition de l’organisation Mondiale de la Santé. Selon cette dernière, les mutilations génitales ou sexuelles féminines, également appelées excision, correspondent à une intervention qui mène à l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins, pratiqué a des fins non médicales. 

Les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes.

Les différents types de mutilations génitales :

Il existe quatre types de mutilations génitales répertoriées. 

Quelles sont les causes des mutilations génitales féminines ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la religion n’a pas de lien direct avec l’excision, qui est pratiquée par des personnes de confessions religieuses différentes. 

Cependant, elles sont historiquement associées à des rites traditionnels marquant le passage à l’âge adulte, qui n’existent pas dans tous les groupes. Le niveau d’instruction, le niveau de vie ou le lieu de résidence sont également déterminants. Une femme scolarisée, venant d’un milieu urbain à la grande mixité sociale et culturelle, a plus de chance d’échapper aux MGF, ayant plus facilement accès à d’autres horizons culturels et donc pouvant se distinguer des dictats culturels de son groupe social d’origine. Ceci s’ajoute au fait que les différentes pressions sociales incitent à vouloir se conformer à une norme commune et poussent à la perpétuation des MGF pour éviter un rejet de la part de ses pairs.

Où ont lieu les MGF ?

En 2016, l’Unicef estimait qu’au moins 200 millions de filles et de femmes avaient été mutilées dans 30 pays : 27 pays africains, ainsi que le Yémen, l’Irak et l’Indonésie. La moitié des femmes et fillettes mutilées dans le monde résident dans trois pays seulement : l’Indonésie, l’Ethiopie et l’Egypte (en raison de la pratique courante des mutilations et de la population nombreuse).

Il faut aussi rappeler que ces pratiques ont aussi existé dans les pays du Nord jusqu’à très récemment à l’encontre de certaines catégories de population dans le cadre de prises en charge médicales. Tout au long du XIXe siècle (et jusque dans les années 1960 aux États-Unis), des opérations de clitoridectomies ont été pratiquées dans un contexte de répression de formes de sexualité féminine jugées déviantes par le corps médical ou encore actuellement dans le cadre des chirurgies de réassignation des nouveau-nés intersexués.

Quel est le risque physique encouru par les femmes subissant une mutilation génitale ?

Les séquelles physiques liées aux MGF :

Selon l’OMS, les mutilations sexuelles féminines ne présentent aucun avantage pour la santé. Néanmoins, toutes les formes de mutilations sexuelles féminines sont associées à un risque accru pour la santé

Les séquelles psychologique liée aux MSF : 

La plupart des femmes gardent des séquelles psychologiques de ces interventions, notamment car elles se souviennent de cet événement. On observe chez les femmes ayant subit une mutilation génitale des crises de panique, des dépressions, ainsi qu’une perte de confiance en son entourage, qui sont souvent a l’initiative de ces MSF.  Les états post-traumatiques et les symptômes associés à des états dépressifs et anxieux sont plus fréquents au sein de la population mutilée qu’au sein de la population générale.

De plus, il est complexe pour les femmes excisées d’avoir une vie amoureuse et sexuelle épanouie, en effet elles sont fortement impactées par le risque d’infertilité et de douleurs lors des rapports

Le témoignage d’une victime de MGF :

Djibouti, février 2019

Mariam Kako est née le 13 avril 1986 à Djibouti. Elle avait tout juste 5 ans lorsqu’elle a été victime de mutilations génitales féminines.

Je me souviens parfaitement de cette journée, de chaque moment, du moindre petit détail. Tout est encore bien présent dans ma tête, là où c’est arrivé, qui me tenait, le balcon au-dessus de moi. Et la manière dont tout cela a été occulté par une fête avec des cadeaux et de la musique.

Le clitoris ainsi que les petites et les grandes lèvres de Mariam ont été coupés avec une lame de rasoir, puis les deux côtés suturés bord à bord. 

Je pouvais voir les remords dans les yeux de ma mère. Mais c’était trop tard.

Dans ce pays, les mutilations génitales ont été interdites dans les années 1980, mais elles font parties des traditions. Toutefois, un mouvement de lutte contre ces pratiques est né et se renforce continuellement, comme un élan de toute une génération.

L’association propose des programmes d’autonomisation des communautés au cours desquels sont présentées les conventions internationales sur les droits des enfants et des femmes, la démocratie, la santé, l’environnement, la protection des enfants et la gestion de projet.

C’est pendant cette formation que Mariam a rejoint le mouvement :

  J’ai appris tous les problèmes pour la santé et les dangers liés à cette pratique. Nous devons vraiment y mettre fin, pour la santé de nos filles  

Après avoir eu un enfant Mariam a témoignée:

  Ma petite fille était parfaite. J’ai regardé ma mère, et je lui ai dit qu’elle n’avait pas le droit de la faire exciser, que la tradition s’arrêtait ici.

Mais la mère de Mariam était une traditionaliste acharnée et a malgré tout réussi a faire exciser sa petite fille. Pendant les 40 jours qui ont suivis, le bébé de Mariam a continué de saigner, et à six mois, elle pesait moins que son poids de naissance. 

  J’avais honte et j’avais peur. Comment est-ce que ma fille pouvait avoir été excisée alors que je lui avais promis qu’elle serait épargnée ? Aller chez le médecin était comme avouer ma culpabilité, à moins de dire la vérité et de dénoncer ma mère  – ce que je ne pouvais pas faire. J’étais paralysée. Je ne pouvais répondre aux questions du docteur que par des monosyllabes.

Son bébé est décédé peu de temps après. 

  Je pouvais voir les remords dans les yeux de ma mère. Mais c’était trop tard.

Les efforts pour abandonner les MGF relève d’une stratégie gouvernementale soutenue par des ONG comme l'UNFPA ou l’UNICEF, et qui commence par l’éducation de la population. Les organisations proposent des ateliers dans tout le pays pour encourager la population à parler des MGF et réfuter leur lien avec la religion.

À Djibouti, 78 % des filles âgées de 15 à 19 ans sont encore victimes de cette pratique mais des jeunes femmes comme Mariam représentent un changement notable et prometteur dans les comportements collectifs. Les déclarations publiques contre les MGF en 2016 et 2017 ont permis d’éviter de telles mutilations à pratiquement 1 000 filles.

Quel est le rôle de l’Unicef ?

Quelles sont les différentes actions menées par l’Unicef dans la lutte et la prévention des mutilations génitales? 

C'est tout d’abord un travail de sensibilisation, pour modifier les normes sociales et les comportements, qui est mis en place par l’Unicef. 

Le travail se poursuit avec une formation de différents agents sociétaux sur la détection et l’action contre les dites violences et le renforcement de la participation des enfants à l’école, afin qu’ils deviennent des membres actifs de la prévention des violences. On peut aussi noter les différents plaidoyers faits auprès des instances officielles par l’UNICEF, pour faire changer les lois et les structures d’encadrements. 

Pour plus d’information sur le sujet n'hésitez pas à consulter le site de l’UNICEF. 

Conclusion 

La question des MGF est devenue une question de santé publique et de droits humains à l’échelle mondiale, à travers la mondialisation de la circulation des personnes, la révélation de ces pratiques, traditionnelles mais aussi médicalisées. De nouvelles connaissances sur les dynamiques sociales et familiales d’abandon, de perpétuation ou de transformation de ces pratiques et sur le vécu des femmes concernées sont indispensables pour leur permettre de mieux faire entendre leur point de vue sur les modalités de la lutte contre les MSF. L'éradication de ces pratiques restent une priorité pour de nombreuses organisations et associations comme ça l’est pour UNICEF


article écrit par Salomé Cadon, Marion Letort, Sophia Kadioui, Cléo Bessede, Chloë M