25 novembre : journée internationale de lutte contre les VSS faites aux femmes

article par Lili Baccou et Salomé Cadon

25 novembre : journée internationale de lutte contre les VSS faites aux femmes

En ce 25 novembre 2023 s'ouvre la 24e journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes. Dans cet article, découvrez l'histoire de cette journée et de la lutte contre les VSS, comment et pourquoi lutter aujourd'hui et au quotidien, ainsi que des statistiques édifiantes.

Journée internationale de les violences faites aux femmes et lutte contre les violences sexistes et sexuelles : leur histoire

Le 25 novembre a lieu la journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (abrégées VSS dans la suite de l’article) faites aux femmes, qui représentent les violations des droits humains les plus répandues, persistantes et dévastatrices. La lutte contre ces VSS est un combat de chaque instant, mais à partir du 25 novembre, seize jours d’activisme sont consacrés entièrement et pleinement à cette action. Seize jours car cette période connaîtra son apogée le 10 décembre, journée internationale des droits de l’humain.

Les violences sexistes et sexuelles ont longtemps bénéficié de tolérance sociale, car elles sont restées longtemps impunies car pas proscrite par la loi. Ce vide, ces lacunes dans la loi sont la raison des initiatives européennes et féministes pour une mise en place de politiques de prévention mais aussi permettre aux victimes de VSS de dénoncer et d’obtenir justice.

Cette lutte n’est pas née hier et entraine avec elle de longues années de combat féministe, pour arriver à notre situation actuelle. Les sources de cette journée internationale se trouvent lors de l’année 1960. Le 25 novembre 1960, trois femmes dominicaines, les sœurs Mirabal, sont assassinées sur les ordres du dictateur au pouvoir à l’époque, Trujillo. Quelque temps plus tôt, l’une des sœurs avait refusé les avances du tyran et avait monté un groupe visant à le destituer. Ces actions lui coûteront la vie, ainsi que celles de ses sœurs.

Les trois sœurs Mirabal

Mais l’établissement de cette journée en journée internationale se fait attendre, et c’est seulement le 17 décembre 1999 que cette journée sera créée. Lors de la 54e session de l’Assemblée Générale des Nations Unis, le 19 octobre 1999, différents représentants de la République Dominicaine, et 74 États membres présentent un projet de résolution, initiant cette journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Les gouvernements, les organisations internationales, et les ONG sont alors invités à mener des opérations de sensibilisation de l’opinion publique.

Certains progrès sont très récents : en 1985 a lieu la création de l’Association Européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AEVFT). Cette association propose en 1990 une loi reconnaissant le harcèlement sexuel et des amendements pour modifier le code pénal au sujet des VSS.

Une autre année marquante dans la lutte contre les VSS est l’année 2006 : la militante Taran Burke fonde le #MeToo. Le hashtag prend énormément d’ampleur en octobre 2017, après l’affaire Weinstein, et notamment sur les réseaux sociaux. Il sera ensuite décliné pour dénoncer les VSS dans les différents secteurs comme le théâtre, la télévision, ou encore l’animation. Il déclenche une mobilisation mondiale pour lutter, urgemment, contre les VSS, que ce soit par des interventions de prévention, mais aussi en se battant pour éliminer toutes les formes de VSS. 

Manifestation en octobre 2017 pour lutter contre les VSS à la suite de l'affaire Weinstein

Nous parlions plus tôt du cadre légal qui a pendant très longtemps connu des lacunes en terme de protection des individus contre les VSS, et bien en France, il a fallu attendre 2012 pour que le harcèlement sexuel soit définit plus précisément dans la loi mais aussi plus largement. Cette modification de la loi aggrave les peines encourues, réprime les discriminations, renforce la prévention contre le harcèlement sexuel dans le monde pro (8% des agressions sexuelles et 25% des gestes déplacés ont lieu sur le lieu de travail ou d’études)

On peut se demander quoi faire pour cette journée de lutte. Et bien, certaines villes, comme Paris, organisent des évènements en rapport. On trouve à la MPAA dans le 14e arrondissement un apéro littéraire pendant lequel on peut assister à une mise en scène de trois extraits de textes choisis sur le thème des combats de femmes au travail. Le centre socioculturel Maurice Noguès propose un atelier de fabrication des pancartes pour la manifestation nationale du 25 novembre dans la capitale, mais aussi dans toute la France, contre toutes les VSS subies par les femmes et par les personnes LGBTQIA+. Lors de cette manifestation, on marche en hommage aux héroïnes du monde entier pour dénoncer les VSS, peu importe qu’elles soient subies au quotidien ou en situation de conflit, on marche pour éradiquer la violence masculine dans son entièreté.

Illustration du collectif #NousToutes pour l'appel à une manifestation féministe, afroféministe, transféministe, handiféministe le 25 novembre 2023

Dans l’époque actuelle, avec la libération de la parole sur les VSS, on peut se demander pourquoi lutter. Tout d’abord, parallèlement au développement des luttes contre les VSS, on observe une recrudescence des mouvements anti-droits, par exemple dans le mouvement de criminalisation de l’avortement dans certains pays d’Europe et certains états des Etats-Unis, mais aussi une recrudescence des mouvements anti féministes. Tout ceci mène à des conséquences comme des réactions hostiles contre les organisations de défense des droits des femmes, et une augmentation des attaques contre les défenseurs des droits humains, les défenseurs des droits des femmes, les activistes des droits humains. La lutte contre les VSS sont toujours d’actualité dans notre quotidien, comme vous pourrez vous en rendre compte dans la suite de cet article, mais aussi dans le contexte de guerres dans l’espace international actuel. En effet, les femmes sont dans les premières victimes au sein des conflits, tuées mais aussi victimes de VSS : L’ONU a recensé 2500 cas de viol de guerre dans les conflits secouant le monde en 2020. Dans le cadre de la guerre israélo-palestinienne, ou de la guerre en Ukraine, les femmes restent en première ligne, victimes de l’armée adverse, mais aussi souvent victimes des soldats de leur propre nation.

Les VSS dans le monde : état des lieux et représentations médiatiques

La médiatisation grandissante du tabou que représentaient autrefois les VSS pourrait nous faire croire que la situation s'améliore. Nous allons voir dans la deuxième partie de cet article que la vérité est plus nuancée, autant au niveau national que français.

, voilà une statistique connue mondialement. Une sur trois, c’est le nombre de femmes qui sont victimes de violences au moins une fois dans leur vie. Ce chiffre est stable depuis des années et semble ne pas changer à travers les générations. Une femme sur trois, ce qui représente des millions et même des milliards de femmes à travers le monde entier. Cela ne peut paraître qu’un chiffre sans impact, ⅓. Ces une femme sur trois sont autour de vous, autour de nous. Une femme sur trois vit des violences dans sa vie et subit un traumatisme.

Pour une meilleure compréhension des VSS, nous pouvons analyser quelques chiffres. Les féminicides, qui désignent le meurtre d’une femme du fait qu'elle est une femme ont connu une hausse depuis la pandémie de COVID-19. En effet, 102 féminicides conjugaux ont été décomptés en 2020 contre 122 en 2021, soit une augmentation de 20%. Au niveau mondial, ce sont plus de 45 000 femmes qui ont été victimes de féminicides en 2021, ce qui fait une moyenne d’une femme tuée toutes les vingt minutes. Le collectif #NousToutes recense le nombre de féminicides tous les ans. Le 17 novembre 2023, le 121e féminicide de l'année survenait.

Une femme subit un viol ou une tentative de viol toutes les sept minutes dans le monde, parmi celles là sont celles prisonnières du trafic d'humains. Il est estimé que presque trois quarts des personnes victimes du trafic d'êtres humains sont des femmes et des filles. 4 fois sur 5, ces femmes finissent sexuellement exploitées.

Les VSS ne sont pas composées seulement de violences physiques et sexuelles mais aussi de violences sexistes qui peuvent prendre des formes très diverses. Cela passe par une discrimination à l'embauche ou une différence de salaire, ou encore par l’éducation ou le martèlement psychologique que subissent les petites filles pour leur infliger un modèle patriarcal qui les font se dévaloriser face aux individus de genre masculin.

Un sondage du Haut Conseil à l’égalité (2023) nous fournit ces chiffres effrayants qui montrent que même si les trois quarts des pays du monde légifèrent contre les VSS, le sexisme est toujours implanté dans les esprits.

9 femmes interrogées sur 10 affirment anticiper les actes et les propos sexistes des hommes et adoptent des conduites d’évitement pour ne pas les subir. Ainsi elles renoncent à sortir et faire des activités seules (55 %), à s’habiller comme elles le souhaitent (52 %), veillent à ne pas parler trop fort ou hausser le ton (41 %), ou encore censurent leur propos par crainte de la réaction des hommes (40 %).

65 % des femmes et 77 % des hommes (82 % pour les hommes de 65 ans et +) pensent que les hommes doivent protéger les femmes, cela induit les statistiques suivantes :

Ces chiffres nous montrent bien que même si la représentation des VSS s’améliore, elle est loin d'être parfaite et suffisante. Le champ audiovisuel produit chaque années de nouvelles séries et films sur le sujet mais il est possible de remarquer que certaines violences sont surreprésentées, et cela n’aide pas à la sensibilisation du grand public.

Pendant de nombreuses années, et même de nos jours, le viol et les agressions sexuelles ont été vues et représentées comme quelque chose se passant la nuit, dans un parking, lors d'une attaque d’un inconnu. En réalité, seulement 6% des femmes subissant des agressions sexuelles ne connaissaient pas leur agresseur.

Certaines séries comme Grand Army, Les Chroniques des Bridgerton, ou encore Shameless aident à briser le tabou du viol conjugal ou par des personnes du cercle intime. C’est aussi le cas de films, comme le film récent “le consentement” ou d'œuvres musicales, comme la chanson “Malo” de Bebe ou encore “le Malamour” de Barbara Pravi. Toutes ces nouvelles représentations des VSS peuvent aider à la prise en compte d’une situation dangereuse, une meilleure prise en charge des victimes et un meilleur accompagnement. La libération de la parole, qui suit cette médiatisation, a été aussi augmentée de façon exponentielle grâce aux réseaux sociaux, comme il a été possible de le voir avec le mouvement #MeToo (ou #BalanceTonPorc en France) depuis 2016. Tous ces sujets ont pu être abordés lors de notre cabaret curieux du 9 novembre dernier. 

Affiche de la série "Shameless"

Affiche du film "Le consentement", tiré du livre éponyme

En ce 25 novembre 2023, la mobilisation pour l’éradication des VSS est essentielle. Il est temps plus que jamais de se battre pour la protection des victimes et d'empêcher que de nouvelles victimes soient faites. N.O.U.S. seront présent.es à la manifestation organisée à Paris, à partir de 14h. Pour vous mobiliser et participer à l’une des nombreuses manifestations organisées, cliquez ici.

Deux numéros à disposition : 3919 et “le 08victimes” (08 842 846 37)

Victimes, on vous voit, on vous croit, vous ne serez jamais seul.es

Cet article vous a été proposé par Lili Baccou et Salomé Cadon.

Sources et ressources pour aller plus loin :