Norseman...un mythe brisé
1- Un tirage au sort inattendu
Lundi 12 novembre 2018, il est 19h10, je suis à la piscine du club occupé à aider mes enfants à s'habiller après leur séance de natation.Yassine Bousseta, un ami triathlète hors pair, membre des Amis Triathlètes de Casablanca (ATC), m’appelle au téléphone à plusieurs reprises sans que je ne puisse lui répondre. Par son insistance, j’ai compris que quelque chose d’inhabituelle se passait. Je le rappelle, et là il m’informe…”Oussama tu as été tiré au sort pour le Norseman...félicitations…Mais comment tu as fais?”....Grosse surprise, je me suis dis que c’est impossible...je me suis inscris au tirage au sort juste pour rigoler. Au fait, les chances étaient minces, seules 300 personnes sont tirées au sort sur plus de 4000 participants. Et en plus les anciens ont plus de chance que les nouveaux (tu as autant de chances que de participations au tirage au sort). C’était ma 1ère tentative. Mehdi alias MedKass le guru sportif de mon groupe Rabat Running Team, était à côté et a été le premier à être au courant dans mon entourage….coïncidence ou pas il jouera un rôle clé dans la suite des événements.
Bref...je vérifie sur le site de l’événement, et effectivement mon nom apparaît devant le drapeau marocain. Très grand moment d'émotion, surtout que le tirage au sort de cette année a été diffusé en direct sur la chaîne Youtube de Norseman...même le présentateur a été surpris...il se demandait comment préparer un Norseman dans un pays chaud comme le Maroc.
Vidéo de l’Isklar Norseman Xtreme Triathlon live draw: https://www.youtube.com/watch?v=eDYe3o1FoDc&t=7400s
Durant les heures qui suivent, j’ai visualisé la plupart des vidéos et lu les divers témoignages de cet événement pour me convaincre ou pas à confirmer ma participation
2- Le Noresman: Quésaco?
Faire un triathlon longue distance est en soit un exploit surhumain….nager 3,8km, suivi d’un parcours vélo de 180km et puis finir par un marathon dans la même journée...il faut vraiment être suffisamment fou pour juste y penser.
Alors le faire au fin fond de la Norvège dans l’eau glaciale des Fjords (dûe au glacier juste en dessus d’Eidfjord, le village de départ), traverser la moitié de la Norvège...une partie en vélo et l’autre partie en course à pied...sur un parcours à la verticale ( 6 cols)….commencer au niveau de la mer et finir au plus haut sommet du pays (Le Gaustatoppen à 1900m d’altitude) me paraît surréaliste. Et surtout il faut prévoir de vivre les 4 saisons durant le trajet (pluie, froid, brouillard, vent, soleil)...aucun qualificatif ne peut décrire cette folie.
Et pour encore compliquer les choses, les participants doivent assurer leurs propres ravitaillements et gérer leur matériel sur les 224km. Les organisateurs du Norseman vont juste mobiliser un ferry pour balancer (d’une hauteur de 4 mètres) les pingouins à 4 km du rivage dans une eau noire et froide à 4h30 du matin en plein milieu des Fjords entre 2 grandes falaises.
Pour les triathlètes amateurs ou non, le Norseman est un mythe.
3- Informer mon entourage
L’information commence petit à petit à se diffuser dans mon entourage, mais la mission la plus Norsemanienne à faire c’est d’en informer ma femme. Déjà que moi-même je ne suis pas encore sûr de le faire, je me demande comment rassurer ma femme que le Norseman est l’aventure d’une vie de triathlète et que j’ai une chance incroyable d’avoir été sélectionné. Déjà faire un ironman c’est angoissant pour elle, alors le faire dans des conditions extrêmes sera encore plus dur à vivre. Après une petite période de négociation et une fois qu’elle a réalisé l’importance de cet événement à mes yeux, elle a consenti ….1er col de franchi 😊
Pour le reste de mon entourage, les réactions sont unanimes: “tu es un fou”....”Oui je le sais”.
Maintenant, place à la préparation et à l’étude de faisabilité (vol, hôtel, transport, équipe support, entrainement, ....) un vrai casse-tête...
4- Organiser le voyage :
La Norvège est à plus de 3000km du Maroc. Le départ de Norseman se trouve à Eidfjord, un village de 1000 habitants à 450km à l’Est d’Oslo au bord des Fjords, et l’arrivée à 224km plus à l’Ouest dans une région montagneuse de la Norvège. Il faut donc s’assurer du moyen de transport et de l’hébergement dans 3 localités différentes…des villages où l’infrastructure touristique se concentre essentiellement sur du camping…Les rares hôtels sont déjà surbookés au lendemain de l’annonce des 360 participants! Surtout que cette année, 40 autres athlètes vont y participer pour la 1ère édition du XTRI World Championships.
J’ai du passer des soirées à regarder les offres d’hébergement aux alentours du départ et de l’arrivée, les offres de location de voiture et surtout, trouver un vol sans trop d’escales. Malheureusement, il n’y avait pas durant cette période des vols pour la Norvège en partance du Maroc, mis à part une nouvelle offre de la Norvegian Airline depuis Marrakech. Après des séances de priorisation et de faisabilité, j’avais retenu 2 plans de voyage :
- Plan A : Très court, 5 jours : départ de Malaga le 1er Août et retour le 5 Août en vol direct. Avec l’équipe support seulement.
- Plan B : Profiter du voyage pour passer les vacances d’été en famille en Norvège.
Le choix du plan a été décidé en mars 2019 soit 4 mois avant l’événement et c’est finalement le plan B qui a été choisi….3 autres familles allaient être de la partie…une superbe surprise. J’aurais droit à un magnifique comité de soutien de 15 personnes. Et grâce à eux un plan de vacances a été préparé par l’exceptionnelle agence de voyage “Seychelles Ah Oui“ improvisée par mes fabuleux amis Hind Alaoui et Tarek Chellaoui. Un plan digne des meilleures agences de voyage qui nous a réservé durant 12 jours de belles visites des incontournables de la Norvège.
5- Support…Un élément clé pour la réussite de ce challenge
Pour rappel, le Norseman est une compétition où les participants gèrent eux-mêmes leurs ravitaillements, leurs équipements et les deux transitions. La 1ère transition est de la natation au vélo et la 2ème transition est du vélo à la course à pied. L’organisateur assure seulement le ferry pour le départ et les dizaines de Marshalls en moto pour veiller au bon respect des règles des athlètes et des accompagnateurs ou plutôt de la « support team ».
Oui!! chaque athlète doit prévoir une « support team » qui va l’assister tout au long de la journée de la course. Un support essentiel pour permettre à l’athlète de se concentrer sur sa course.
Autre impératif du Norseman, c’est que dans le cas où l’athlète est parmi les 160 premiers lors du cut-off du 32km de course à pied, il doit obligatoirement être accompagné dans son ascension au sommet du Gaustatoppen sur 6km d’escalade et 1000m de dénivelé positif, par un membre du support. Donc en résumé il faut trouver une équipe support qui :
- Peut conduire en mode assistant,
- A une connaissance des règles de triathlon,
- Connaît la gestion des transitions durant les triathlons (surtout le démontage des roues du vélo),
- Peut courir/marcher ou faire du trail en altitude sur une longue distance,
- Parle anglais… pour échange avec les Marshalls et les organisateurs,
- Et bien sûr….peut sacrifier une partie de son congé d’été pour voyager en Norvège.
J’ai donc commencé par mon entourage immédiat….le support numéro 1: ma femme….dévouée à la cause et merveilleux support...surtout moral. Enchaîner presque 8 mois d'entraînements cela nécessite beaucoup de sacrifices et un grand besoin de soutien.
Et pour compléter la team, j'allais avoir besoin d’une autre personne pour assurer les conditions 2, 3 et 4. Commence alors une quête dans le cercle des sportifs et de préférence des triathlètes autour de moi...surtout que la personne doit être prête à accepter la condition numéro 6. La liste des candidats potentiels n’était pas énorme...Après plusieurs discussions, j’ai eu l’honneur d’avoir mon ami “tonton” comme aiment l’appeler mes enfants qui s’est proposé pour compléter la dream team et m’accompagner aussi durant la phase entraînement. Une vraie chance pour préparer sereinement l’aventure.
Voilà que l’équipe est au complet maintenant il faut s’attaquer à l’essentiel…le plan d'entraînement….ou plutôt le plan de résistance aux conditions du Norseman.
6-L'entraînement ….un long chemin de sacrifice et de compromis
Huit mois d'entraînement c’est long et épuisant, afin de créer un équilibre entre la vie personnelle, la vie professionnelle et les entraînements, j’ai décidé d’organiser les 8 mois en 2 parties. La 1ère partie de 6 mois entre Décembre 2018 à Mai 2019 et la 2ème partie de 2 mois entre fin mai à fin Juillet 2019.
La 1ère partie sera consacrée au développement de l’endurance et d’adaptation à l’environnement extrême. J’ai placé durant cette période les grands évènements sportifs dans le calendrier qui me serviront de trame (semi-marathon de Marrakech, Barcelone, Rabat, des triathlons, le half ironman de Malaga, un swim-run à binouidane mais qui a été reporté à l’automne) et l’enrichir par des sorties longues sorties en vélo et en natation.
La 2ème partie est plus spécifique, où j’ai mis en place un plan d'entraînement sur 10 semaines.
En commençant par la partie natation….la distance de 3.8km je connais bien…j’ai déjà 3 ironman à mon actif. Par contre la différence cette fois ci est la température de l’eau…aux alentours de 13°. La natation commence à l’aube par un saut de 4 mètres du Ferry. On pimente cela avec les expériences de quelques participants avec des méduses (oui, oui...des méduses dans une eau glacée) , sans oublier la possibilité de croiser des orques dans la région. Bref, en plus d’un plan standard de natation, j’ai programmé presque l’ensemble de mes séances dans la piscine extérieure du club, en eau libre, ainsi que des séances bootcamp dans le lac de bin ouidane (excellent endroit pour se familiariser à la nage en eau libre pour des distances de 3 km et +, et cela dès le mois de décembre pour bien m’habituer à de basses températures de l’eau.
Deuxième épreuve, le vélo. C’est la partie que je considère la plus importante et sur laquelle je dois focaliser le plus dans mon plan d’entrainement. Je dois pouvoir résister à des parcours avec plus de 4000 mètres de dénivelé positif sur 180km. Et surtout sur la 1er col de 1500m de D+ sur 25km. Pour affronter cela j’ai décidé donc d'intégrer dans le programme
- Des sorties longues de plus de 180km (Rabat-Fès : 210km, Rabat-Ifrane 205km, Rabat-Benimellal : 230km, Casa-Marrakech : 235km)
- Des sorties avec des dénivelés (région de Romani, Merchouch, Sidi Bettach, région Bin Elouidane, Ain Aouda et Akreuch)
- Et du Hometrainer en simulant les 35 premiers km du parcours vélo du Norseman (ces séances m’ont beaucoup aidé à démystifier la première ascension du vélo le jour J)
La vidéo que j’ai mis pour simuler le parcours vélo sur les 35 premiers km: https://www.youtube.com/watch?v=2BKNJxQXU6g
Le parcours vélo avec dénivelé que j’ai utilisé lors des séances de hometrainer: https://connect.garmin.com/modern/course/22160129
Pour la dernière épreuve de la course à pied, il n’y avait pas de programme spécifique à part des séances de brick (bike & run) lors des séances de vélo et des courses spécifiques comme les semi-marathon (Marrakech, Barcelone), le trail d’Ifrane (le lendemain de la séance vélo Rabat-Ifrane de 205 km et 2500m de dénivelé positif) ainsi que l’ascension du mont Toubkal (4100 mètres).
Je ne me suis pas beaucoup concentré sur la course à pied dans mon programme d’entrainement car par expérience si la partie vélo est bien gérée et que j’arrive le plus frais possible à la 2ème transition…courir ensuite 25km en endurance fondamentale est tout à fait réalisable. Pourquoi les 25km seulement et non pas les 42km, tout simplement parce qu'à partir du 25ème km c’est le début de l’ascension sur le reste de la course et là impossible de courir c’est essentiellement de la marche à pied (pour moi en tout cas).
En résumé, de décembre 2018 à mai 2019, mes entraînements étaient beaucoup sur du volume et de la résistance. En mai, Ramadan oblige, les séances d'entraînements étaient moins importantes et les déplacements professionnels m’ont obligé à revoir à la baisse la fréquence et volume des sorties. À la fin du ramadan, 2 mois me séparaient du jour J. C’est alors que j’ai travaillé avec “tonton” un plan d'entraînement spécifique sur 10 semaines.
Donc ma stratégie consistait à tout miser sur le vélo, les massages, les compléments alimentaires (essentiellement du magnésium) et surtout des périodes de repos pour que le corps récupère bien après chaque série de séances intenses. Et bien sûr les siestes….c’est vraiment magique 😊
7- Dernière ligne droite
Nous sommes fin juillet, le jour J approche à grands pas, les mois d'entraînement s’achèvent et là commence une période de repos, il reste maintenant à finaliser en détail le rôle de l’équipe support, identifier les points de ravitaillement et la check list des équipements à ramener. Dans cette région, la météo est très instable….les organisateurs nous informent de ne pas prendre en compte les différentes prévisions météo, même la température de l’eau peut fluctuer de +/- 5° en 24h c’est incroyable. J’ai alors mis dans ma check liste tous les équipements nécessaires pour tout type de scénario (vent, froid, pluie, soleil) tout ce qu’il faut pour affronter les 4 saisons 😊
J-7: Préparation du corps et de l’esprit
À une semaine du jour J, j’ai commencé un régime alimentaire, suite au conseil de mon compagnon des 3 derniers ironman: Mister Tazi Jalil. J’ai supprimé de mon alimentation pendant 4 jours toute source glucidique...et la liste est longue: le sucre, tous les féculents, la pomme de terre, tout ce qui contient de la farine...bref tout...même les fruits 😞 en pleine saison des figues de barbarie (les fameuses grenades marocaines alias za3boul ou bien hendiya) et des pastèques...une vrai torture. Alors pendant 4 jours je ne mangeais que des salades, des légumes et des protéines (steaks de dinde/viande rouge, foie et œufs)...cette technique est appelée “Le régime dissocié scandinave”, destinée à diminuer fortement le stock de glucides (surtout de glucose) pour ensuite à J-3 commencer une alimentation riche en glucides pour permettre au corps de mieux les absorber et remplir les réserves. Ainsi, j’aurai le jour J un stock optimal de glucides dans le corps.
J-4, tout est prêt, vélo démonté et rangé dans sa valise, équipements rangés, documents scannés et imprimés...Hop...un dernier massage Thai traditionnel (une séance d’étirement des muscles) et en route pour Malaga pour prendre le vol direct vers Oslo.
J-2 : 1er août : le voyage
3h du matin, un réveil dur pour aller à l’aéroport et prendre le vol de 6h du matin. 4 heures de vol et nous voici arrivés à Oslo depuis Malaga avec l’équipe support. Pas de formalités douanières puisque c’est un vol interne UE. Les bagages sont arrivés au complet...Grand OUF de soulagement...car quelques jours plutôt un participant n’a pas pu récupérer son vélo à l’arrivée..du coup il a dû attendre 24h pour le recevoir...c’est ce qu’on appelle un stress inutile.
Direction l’agence de location de voiture, avec un généreux surclassement, j’ai eu droit à une belle Volvo S60 SW break blanche hybride très bien équipée. Malgré le grand coffre, ma valise rigide du vélo n’entrait pas. Il a fallu abaisser les ⅔ des sièges arrières pour pouvoir placer l’ensemble des bagages.
GPS programmé, nous faisons route vers Eidfjord à 410 km d’Oslo en prenant un chemin plus long soit un peu plus de 6 heures de route afin de profiter du voyage pour faire de la reconnaissance du parcours vélo et surtout valider les points de ravitaillement que j’avais identifié sur Google maps. Nous étions vraiment ébloui par le parcours, la nature, la verdure, la propreté, l’état de la route. Pas d'autoroute, seulement des routes nationales où on roulait à 60 km/h...On avait tout le temps pour contempler la splendide nature.
Arrivée au T2, une sorte de parc/camping au bord d’un immense lac, on fait une petite pause pour prendre des photos souvenirs et mettre à zéro les compteurs pour commencer à positionner les points de ravitaillements.
Durant le parcours j’ai eu plusieurs surprises.
Première surprise, des montées à 7 / 8% ! à part la région de Bin Elouidane où on peut trouver ce genre de pentes durant les parcours vélo, l’essentiel de mon entraînement était sur des pentes de 5 à 6%. Pas grave...qui dit montée de 7%, dit aussi descente à 7% (mais par expérience je sais que la descente peut être beaucoup plus stressante et dangereuse, surtout avec les virages. Donc difficile de faire des folies)
Deuxième surprise...bonne cette fois ci, l’état de la route est juste impeccable! Lisse, pas de nids de poules et les points de ravitaillements que j’avais identifié sont parfaits. Il y a suffisamment d’espace pour garer la voiture et surtout pour permettre à l’équipe support de m'apercevoir d’assez loin.
À 35 km d’Eidfjord, Sur un plateau à 1500m d’altitude on aperçoit un beau et grand glacier (le Rembesdalskåka)...et plusieurs cascades qui forment une rivière à l’eau cristalline se déversant sur le Fjord. J'imagine que c'est la source qui alimente les Fjords d'eau froide.
En début de soirée, nous sommes arrivés à Eidfjord, il faisait encore “jour” (le coucher du soleil à cet endroit est aux alentours de 22h), et là on voit la beauté des Fjords...une énorme étendue d’eau calme où les immenses falaises rocheuses sont dupliquées sur l’eau comme sur un miroir géant. Eidfjord est un petit village de quelques centaines d’habitants, mais avec l’événement du Norseman et les touristes voyageurs en camping cars, il y avait en effet pas mal de monde. Notre logement se situait à moins de 5 min à pieds de l’hôtel principal de l’équipe d’organisation et du départ. On s’installe et je profite de la préparation du dîner pour monter le vélo sur le balcon avec une magnifique vue sur Fjord et les falaises.
Après près de 8h heures de route avec les arrêts, et surtout un voyage depuis Malaga qui a commencé à 3h du matin...je me suis mis au lit à 23 heures.
J-1 : 2 août : Retrait des dossards
La nuit était courte, 5h de sommeil seulement, impossible de me rendormir, alors j’ai décidé je mettre mon short, mes chaussures et faire une petite course à pied le long du Fjord à 5h30 du matin. Une belle petite balade de 5km.
Retour à la maison, mon équipe support est réveillée, ma femme se prépare pour faire une petite séance de cap, et avec Mehdi on a décidé de faire un petit saut dans le Fjord, une nage de reconnaissance de la température de l’eau (l’organisation affiche 15° ce qui est chaud pour les norvégiens qui se baignent déjà sans combinaison). Très belles sensations, l’eau n’est pas trop salée, la température est très agréable et le plan d’eau est plus calme qu’une piscine.
11h du matin, le mini village Norseman ouvre (ça change des grands village IRONMAN ou CHALLENGE), l’ambiance est chaleureuse, l’un des dirigeants nous salue un par un et échange avec nous sur notre pays d’origine et du voyage. Pour récupérer les dossards, durant la queue, nous prenons le temps de lire les consignes de sécurité accrochées au mur, les informations sur des derniers ajustements de parcours, et finalement la signature d’un grand poster souvenir de l’édition 2019. Mon tour est arrivé, je montre ma nouvelle carte d’adhérent à la Fédération Royale Marocaine du triathlon et je remet une copie du règlement signé par l’équipe support et moi-même. Je récupère mon pack contenant 2 gilets pour l’équipe support, un thermos et deux tasses, le dossard, les bracelets pour l’équipe support et l’athlète et les étiquettes pour casque, vélo et stickers avec le chiffre 170...mon numéro.
Le magasin de souvenir est assez simple, il y a essentiellement des articles d’habillement, des sacs et quelques gadgets souvenirs. Malheureusement lors de l’achat, ils n’acceptent que des cartes bancaires par de cash. Tant pis, je voulais prendre plus d’article mais c’est mieux ainsi...les prix sont assez élevés...comme tout le reste des produits en Norvège (ça c’est une autre histoire :) )
De retour à la maison, on se prépare pour aller à Kinsarvik, un village à 30 km d’Eidfjord, là où on a loué des chalets pour passer la 1ère partie des vacances en famille. C’est l’occasion pour que ma femme prenne le volant et s’habitue aux étroites routes norvégiennes. Moi, j’en profite pour faire une sortie vélo afin de le tester et faire les derniers réglages.
En début d’après midi, de retour à Eidfjord, on se dirige vers la grande salle omnisport du village pour le grand show. Ils commencent par une vidéo émouvante de Norseman intitulée “THIS IS NOT FOR YOU”, suivi d’un spectacle de chant et de danse traditionnelle et se termine par la présentation des consignes de sécurité, du parcours et de l’agenda des prochaines 48h.
Fin d’après midi, je suis fatigué et j’avais une seule envie, dormir. Une bonne sieste de 2h environ m’a fait beaucoup de bien. Durant ce temps, ma femme me préparait les rations de ravitaillement pour la course: des boules d’énergie au chocolat et fruits secs et des barres à base de riz, fromage, café, miel,sel….un mélange déjà pré-préparé du Maroc (environ 5 kg de matières premières ramenées avec nous...Cette fois-ci, je voulais vraiment éviter d’acheter des produits qui sont entièrement conditionnés et bourrés de conservateurs. J’ai eu une mauvaise expérience lors de l’Ironman Barcelone, 2 ans plus tôt; où j’avais pris des dattes en sachet du supermarché, ça m’a été fatal, les dattes mélangées avec l’eau se sont acidifiées. J’ai dû faire les ¾ du parcours vélo sans véritable ravitaillement.
Dans la soirée, je prépare les équipements pour la course et les transitions. Avec Mehdi on finalise les derniers détails du plan de ravitaillement du parcours vélo et les actions à prévoir pour les deux transitions. La stratégie que nous avons mis en place qui s’est vue payante pour les ravitaillements est la suivante: Lors des 100 premiers km, je prends les boules et barres d’énergie qui ne contiennent pas de caféine, afin de ne pas exciter le corps très tôt durant la course, mais plutôt lors des derniers km. Pour le liquide, j’ai suivi les conseils d’un ami ironman (Hugo Montanari du Rabat Triathlon Club): mettre dans un bidons de 750ml, un à deux gels mélangés à de l’eau. C’est vraiment efficace, ca évite de prendre les gels directement. Au vélo j’ai pris juste un seul bidon, je voulais être le plus léger possible lors des montées, les cyclistes connaissent très bien cela, chaque kilo en plus est un effort supplémentaire qu’il faut fournir surtout lors des ascensions. D’ailleurs nous avons prévu des points de ravitaillement chaque 30km-40km, soit presque 1 heure entre 2 ravitaillements. C’est la durée suffisante pour boire un bidon de 750ml.
Pour pouvoir calculer le temps de passage dans les différents points de ravitaillements, j'ai estimé les vitesses moyennes durant chaque étape du parcours. Pour l'identification des étapes je me suis basé sur le profil de parcours vélo, et à chaque changement radical de profil du parcours je marque une nouvelle étape.
Une fois tout est prêt, on prépare la voiture pour mettre toutes les valises cela évitera de stresser de bon matin sachant qu’on devait libérer le logement dès le départ de la course. On re-check les équipements, on fait une petite réunion autour du plan support, on dîne et hop je m’efforce à dormir au moins 4h.
J : 3 août " Don’t think just jump "
Voilà le jour J, réveil à 2h du matin, tout a été préparé la veille. Mon grand bol d’avoine et fruits sec mélangé à un pot de yaourt et un bon litre d’eau avec des électrolytes. Je prends mon temps pour manger et re-visualiser le document du support et surtout la partie du parcours vélo et les différents points de ravitaillement.
Dehors ça commence à s’agiter, des groupes munis de torches, dont certains déjà en combinaison, marchent vers le T1 pour le check in du vélo et pour préparer les affaires de la 1ère transition. Nous, on prépare les derniers bagages pour tout déposer dans la voitures,puis on se dirige à notre tour au T1. il fait encore nuit, l’excitation et l'émotion commencent à monter, le T1 est plein de monde on dirait la saison du “moussem” (festivités traditionnelles au Maroc). À l'entrée du T1, les organisateurs vérifient le casque, les lampes frontales et arrières du vélo et que les stickers avec le numéro du dossard sont bien mis...passé ce check on dépose le vélo et les équipements dans le box réservé à mon dossard. Avec Mehdi on fait un dernier check et on repasse les gestes et actions à faire à ma sortie de l’eau.
Seul 1 membre du support peut accompagner l’athlète au sein de de la zone transition, ma femme nous attendait à l’entrée. On la rejoint juste après avoir tout vérifié, pour ensuite se positionner devant l’entrée du ferry. Ca y est, c’est l’heure de montée sur le ferry, une fois à l’intérieur pas de possibilité de faire marche arrière...on s’embrasse, on se serre dans les bras et on se souhaite bon courage mutuellement….courage à l’équipe de support également car ils vont vivre une journée aussi intense et riche que moi surtout avec le stress de ne rien rater lors des différentes étapes du ravitaillement et surtout le respect des aspects liés à la sécurité routière que les organisateurs n’ont pas arrêté de répéter et sur lesquels ils sont intransigeants.
Je rentre dans le ferry, je récite silencieusement quelques versets du coran en avançant. A l'intérieur du ferry, un grand espace dédié normalement au transport de voitures pour les traversées des Fjord a été spécialement aménagé pour le Norseman. Des centaines d’athlètes tous en combinaison sont déjà à l’intérieur. Je trouve difficilement un espace libre pour m’assoir et commencer à faire mes étirements. Muni d’une petite bouteille d’eau mélangée à des électrolytes, je commence à me balader un peu dans le ferry, en haut il y a une terrasse qui permet de voir les Fjords et le quai. Je commence à chercher ma femme et Mehdi, mais il y a tellement de monde et qui portent tous les mêmes gilets blancs de support que je n’arrive pas à les repérer.
Il est 4h00, un grand coup de corne résonne sur les grandes falaises, c’est le départ (Les Norvégiens sont forts dans le respect du timing)...Le ferry se dirige désormais vers le point de départ, il fait frais et avec le vent en face, je commence à frissonner. Je décide de redescendre pour me mettre à l’abri et éviter de gaspiller de l’énergie inutilement. A quelques minutes de l’arrivée, les organisateurs ont ouvert un tuyau pour arroser à l’eau fraîche du Fjord ceux qui sont intéressés. Je me met juste en dessous pendant un certain temps. L’eau est assez froide, j’en met un peu à l’intérieur de la combinaison pour la chauffer à la température du corps.
4h30, le ferry s’arrête, c’est bon nous sommes arrivés sur le lieu de départ de la natation. Un grand bruit de métal résonne, c’est l’ouverture des portes du ferry. Une première vague d’athlètes avance pour sauter dans les eaux noires du Fjord, les gens avancent petit à petit, Bent, un des organisateurs, répète dans le haut parleur “Don’t Think Just Jump”....il l’a répété tellement de fois que ça a résonné longtemps dans ma tête. Vient mon tour, je regarde l’étendue du Fjord et de loin on aperçoit le grand feu qui a été allumé pour nous guider. Je saute, l’eau est fraîche mais pas glaciale, donc pas de choc. Je nage quelques dizaines de mètres pour atteindre la ligne de départ limitée par plusieurs guides sur leurs kayaks. Je me rapproche à l’un deux pour m’y accrocher. Après quelques minutes, un grand coup de corne du ferry retentit, c’est pour le départ des 40 Athlètes de Xtri Championship, dans 5 min ce sera notre tour.
Tout le monde est en position, on voit le ferry s'éloigner de nous et deuxième coup de corne, celui ci est le bon! Top départ pour une longue journée. Contrairement au départ d’Ironman, où il y a beaucoup de bousculade au départ, il y’a assez d’espace pour tout le monde. Chacun a son petit espace pour nager tranquillement. J’avance en me concentrant sur ma respiration et le mouvement des bras. Ma montre est réglée pour vibrer tous les 200m, cela me donne une indication de la distance parcourue. Le grand feu commence à être de plus en plus intense, et la 1ère bouée devient visible. Elle est située à environ 3000m du départ, une fois atteinte je tourne à gauche direction T1 et là l’eau devient plus fraîche, c’est le courant de la rivière qui se déverse sur le Fjord. Je perds un peu de mon rythme, je sens que je n’avance pas (J’ai compris plus tard que je nageais contre courant en m’éloignant des côtes et me dirigeait directement au T1. Au lieu de tourner en 90° après la bouée, il aurait fallu continuer à nager un peu plus vers le rivage avant de tourner à gauche pour aller vers le T1).
1h15min, mon meilleur temps, je me sens bien et pas de vertige à la sortie. je prends mon souffle pour monter une petite pente avant d’arriver vers la zone de transition, Mehdi m’y attend, et ma femme derrière les barrières nous prends en photo...je suis content d’avoir terminé cette première étape (mythe 1, finalisé: nager dans les Fjords)….j’enlève mon bonnet et celui en néoprène, je commence à ouvrir ma combinaison, mais pour éviter de réveiller des crampes, je me couche par terre, et je me fais aider par Mehdi pour enlever la combinaison et les chaussons en néoprène. Ensemble, on répète les actions à faire, me sécher rapidement avec une serviette, mettre ma tri-fonction ATC (super bien faite avec le drapeau du Maroc bien visible et un tissu très confortable), chaussures, casque, dossard, j’allume la lampe frontale et les feux arrières, et ma garmin edge du vélo et me dirige vers la sortie de la zone de transition. La grande partie de la journée commence.
Prêt à attaquer la 1ère étape, une ascension de 1500m de dénivelé positif sur 35km...pour oublier la difficulté du parcours je contemple la beauté de l’environnement qui m’entoure, du pur plaisir, des rivières, des cascades, d’anciens tunnels, des petits passages réservés aux vélos, je croise à un moment mon équipe support, ils étaient heureux de me dépasser, et moi réconforté par leurs encouragements. L’ascension se passe comme prévue, environ 2 heures après , 1er ravitaillement, mon équipe est là on échange les gourdes, quelques boules d’énergie au passage et hop on continue.
Durant la 2ème étape du vélo (km35 à km90), je parcoure 55km sur le plateau du Hardangervidda (C'est le plus grand plateau européen). Un faux plat descendant, je m’éclate, la route est magnifique, je suis à 35,5km/h en moyenne avec des pics de 43 - 45km/h sur des tronçons de 5km...du pur bonheur. Cette fois-ci, l’équipe support n’a pas eu le temps de s’installer au 2ème point de ravitaillement et je suis passé sans les voir….heureusement que ma femme qui m’a vu de loin et a vite démarré pour me doubler et s’arrêter un peu plus loin.
Arrivé à Geilo au km 90, commence alors la 3ème étape du parcours vélo. Un tronçon de 60km, avec 4 cols à gravir, le 1er de 4km, le 2ème de 3km, le 3ème de 4km et le dernier de 7km et tous avec des pentes de 7 à 8%. Je n’avais pas pris cette information en compte dans mon programme d’entrainement. Je me suis concentré sur des montées entre 5 et 6% de dénivelé. J’ai dû alors affronter ces cols sereinement en disant que s’il y a une montée il y aura aussi une descente. Ça m’a beaucoup remonté le moral. Et, effectivement, une fois arrivé au sommet il y avait une superbe descente qui te permettait de récupérer un peu. Je suis arrivé à faire des pics de 73km/h mon record de vitesse de pointe en vélo. Après le 1er col, il y avait mon point de ravitaillement, mes supports super excités m’attendaient, je ne me suis pas arrêté, j’étais en plein dans la course, mes jambes étaient encore fraîches...je fonce au prochain point de ravitaillement au km 123, à la fin du 3ème col. La température commence à monter, on frôlait les 30° et un soleil au zénith. Je m’arrête pour enlever mon coupe vent, me rafraîchit et je me lance….en entament la descente, j’entends un bruit de choc derrière moi...c’était mon téléphone portable qui est tombé de ma poche arrière et s’est fracassé(je suis resté sans téléphone durant les 20j des vacances :)) je le récupère et je continue sur la lancée sans remords.
Arrivé à mon 4ème point de ravitaillement, je m’arrête un peu...je soulage ma vessie. La fatigue commence à s’installer, mais tant que je n’ai pas de crampes aux jambes, je considère que tout va bien. Je me lance pour attaquer le dernier col que j’appréhende….faire 7km de montée à 7, 8% ca va être dur. C’était prévisible...la montée était difficile...45min pour faire 7km soit presque une moyenne de 9km/h une vrai torture..surtout que j’ai encore 7 autres km pour arriver à mon dernier point de ravitaillement. A la fin de la dernière ascension du parcours vélo, je change seulement de gourde, et je fonce au T2.
La 4ème étape, une descente de 30km est une aubaine...dans le jargon des cyclistes marocains, on appelle cela du “gratuit”. Je suis à 40km/h en moyenne sur les 30km...une belle performance. J’en profite pour bien m’hydrater et manger les boules d’énergie avant d’attaquer la phase de course à pied. Mon équipe support était bien informé pour ne pas perdre de temps pour arriver avant moi au T2. Ce dernier tronçons est très rapide en vélo et en voiture on ne peut pas rouler à plus de 60km/h.
Tout au long du parcours vélo, je ne comptais pas ma position par rapport aux autres, mon équipe support m’a informé que j’étais 200ème à la sortie la natation, un peu déçu sachant que j’ai fait un super temps. J’ai dit tant pis, l’essentiel est de finir et surtout de prendre le maximum de plaisir. C’est ce que j’ai fait.
Arrivé au T2, j’étais vraiment transporté par le comité d’accueil qui m’attendait, mon équipe support, mes enfants et mes amis avec leurs enfants étaient tous là portant un t shirt Norseman noir avec une inscription derrière “IN OUSSAMA WE TRUST”. J’étais super ému, ça m’a donné un bon boost pour attaquer la course à pied avec plein d’énergie et surtout pour ne pas les décevoir.
La transition était rapide, il fallait juste enlever le casque, les gants et mettre les chaussures de course et une visière. Je me dirige vers mon comité d’accueil pour les remercier et les embrasser. C’était merveilleux de voir les enfants très excités par l’ambiance et les adultes aussi 😊
Avant de sortir de la zone de transition T2, un petit stand a été mis en place avec des bananes, des fruits secs, du cola, de l’eau...mais ce sont les chips qui ont attiré mon attention. J’avais une envie de manger du salé...j’en ai pris une bonne quantité pour la route..,.Et là on m’annonce que je suis à 182ème position. Super, J’ai pu gagner 18 places en vélo...une très bonne nouvelle….mais pour le black tshirt il faut que j’arrive à atteindre la 160ème avant le 32ème km de la course à pied...ce qui n’est pas du tout gagné.(mythe 2: finalisé: traverser les plateaux montagneux de la Norvège à vélo)
La course à pied après 180km d’effort vélo, était mon point faible lors de mes 3 derniers Ironman, je suis tellement fatigué à la fin du vélo que j’arrivais pas à faire une bonne course. Cette fois-ci, à la sortie du T2 je me sentais bien...toujours pas de crampes ni de fatigue extrême...j’attaque alors la course à pied sereinement avec un objectif de ne pas dépasser les 75% de ma FCmax (Fréquence Cardiaque Maximale). Au fur et à mesure que j’avance, je dépasse quelques coureurs….et là je trouve un nouveau boost….je commence à faire le compte à rebours à partir de 22...et là dans ma tête je dis que si j’arrive à dépasser une personne par km sur les prochains 25km de plat avant d’attaquer le fameux “zombie hill”, je pourrais être parmi les 160 premiers...alors je me concentre sur ma foulée et ma respiration...21, 20, 19,......15,14,13….8,7,6….l’équipe support qui me voyait remonter doucement le classement, n’arrêtait pas de m’encourager, de chanter…..et paf….au 17ème km je sens un violent vertige, mon équipe support est à quelques dizaine de mètres devant,...mais le vertige était tellement violent que je devais absolument m’arrêter et m'étendre au sol….j’ai presque tout prévu sauf cette chaleur et la force du soleil des hauteurs….j’ai regretté de ne pas avoir mis mon bandanna que j’avais au T2...ça aurait atténué un peu l’intensité des rayons du soleil. ...j’ai pris 10min pour reprendre mes forces, m’hydrater, me mouiller la tête, prendre du paracétamol. Tout l’effort que j’ai fait pour monter dans le classement s’effondre, et là j’ai fait un pacte avec mon corps…pas de risques à prendre ”on oublie le black tshirt...mais on finit cette aventure”. Alors je me suis repris, et j’ai commencé à alterner marche et course à pied….Mehdi m’accompagnait lorsque je commençais à marcher…..de temps en temps je m'arrêtais lorsque le vertige revenait….l’occasion pour manger et me reposer. A Eidfjord j’avais trouvé dans un supermarché des mangues, j’en ai pris et je me suis dis qu’elles me seraient utiles comme ravitaillement...et effectivement…c’était un énorme plaisir de les manger bien fraîches dans ces moments là...
Au bord de la longue route une belle rivière qui donnait envie d’aller s’y baigner... malheureusement je n’ai pas trouvé de passage pour descendre et nager….arrivé au pied du zombie hill, je voyais cette impressionnante montagne que je devais monter avec Mehdi, c’est vraiment impressionnant. Commence alors une longue marche à pieds de 7km à 7% de pente dans une zone partiellement ombrée.
Pour tuer le temps, avec Mehdi on discutait un peu de tout...on a même discuté de l’histoire de l’eau potable de la ville de Paris...une histoire que j’ai vu dans un documentaire quelques semaines plus tôt et qui m’a beaucoup marqué. Pourquoi ce sujet, tout simplement parce que j’étais impressionné par le nombre de lacs et de sources d’eau en Norvège. On a pas mal rigolé.
Le fameux checkpoint du 32ème km apparaît, c’est la directrice du Norseman en personne nous accueillait avec les félicitations. Elle m’annonce que je suis à la position 208, donc pas de 2ème ascension. On prend notre temps pour profiter du petit ravitaillement qui a été mis en place. Il y avait de la pastèque et j’en ai mangé une bonne douzaine de morceaux. (mythe 3, finalisé: Escalader le zombie hill)
Encore 10km à parcourir pour terminer cette longue course...on se dirige vers une grande station de ski ”Gaustablikk” qui donne sur un grand lac avant de finir le reste du marathon dans une sorte de boucle. Mes jambes sont lourdes, mes adducteurs sont en feu, ma femme a garé la voiture et nous a rejoint pour terminer ensemble cette aventure. Au dernier tour, à quelques mètres de l’arrivée, la sono de l’organisation passe l’hymne nationale du Maroc...Quelle émotion, on lève le drapeau, on sourit et on franchit la ligne d’arrivée. Enfin...je suis Norseman après…..plus de 16h d’effort….je suis fier de l’exploit de toute l’équipe. (mythe 4: pas réalisé: monter au sommet du Gaustatoppen, mais le mythe du Norseman est enfin brisé)
Tout le monde est fatigué, l’équipe support autant que moi. Leur niveau de stress et de concentration étaient je pense plus intense. Stress de rater un point de ravitaillement, stress de faire entorse au règlement et d’être pénalisé par les Marshalls. Je ne peux pas décrire leur vécu mais j’imagine que ce n’était pas du tout une balade tranquille pour eux.
Après les photos souvenirs et 2 bols d’une délicieuse soupe, on rentre à l’hôtel à une vingtaine de kilomètres, aucune chambre de libre dans ce rayon. On a dû rabaisser toute la banquette arrière de la voiture pour pouvoir mettre les bagages et le vélo, donc pas de place assise pour moi. Alors je me suis couché sur le vélo sur tout le trajet jusqu’à l’hôtel. En route, on passe par le fameux zombie hill, il est tard, je pense qu’il était 22h, on voyait encore des gens dans le parcours affronter la fameuse montée...j’ai appris plus tard que le dernier finisher a réalisé son aventure en 20h...et le plus incroyable c’est que tout le staff du Norseman l’attendait et était mobilisé jusqu’à la fin...un bel esprit de fraternité et de respect des participants.
Arrivés à l’hôtel dans un village nommé Rjukan, on prend juste le temps pour déposer les bagages, prendre une douche et sortir chercher un endroit pour dîner...on a tous une faim énorme...impossible de dormir le ventre vide...le village est désert, tout est fermé….heureusement qu’un petit snack syrien est encore ouvert. On commande tous des gros sandwichs de Shawarma et des potatos. Ma une gorge était très irritée, j’avais beaucoup de mal à passer la nourriture, mais la faim était plus forte, alors je me forçait à manger.
De retour à l’hôtel, je ne pense à rien d’autre que dormir...il est minuit passé de quelques dizaines de minutes...ça fait maintenant plus de 22h que je suis debout.
J+1 : 4 Août: la cérémonie
Il est 6h du matin, je me réveille encore très tôt sachant que je ne pourrais pas me rendormir, j’en profite pour faire un peu le ménage dans la voiture. Je démonte le vélo et le mets dans la valise, j’arrange les équipements de course, nettoie et jette les poubelles….d’autres participants ont eu la même idée….d’ailleurs nous n’avons pas le choix, car à 10h il faut revenir au même endroit que la veille pour la cérémonie de clôture et la remise des fameux t-shirt. 8h, je remonte à la chambre, ma femme dort encore, la pauvre, elle était plus épuisée que moi. 9h tout le monde est réveillé, on prend notre petit déjeuner au restaurant de l’hôtel, on fait le check out et on prend la route pour la cérémonie.
Arrivés au Gaustablikk hôtel, les parkings étaient complets, il a fallu stationner à quelques centaines de mètres avant. Dans une grande salle, les organisateurs remettent les t-shirts....pas de médaille..juste un t-shirt. Noir pour les 160 premiers et blanc pour les autres finishers. On prend des photos souvenirs et on attend le début de cérémonie et la présentation des podiums des athlètes femmes et hommes. A la fin de la cérémonie, c’est la séance photo de l’ensemble des triathlètes...une belle photo de clôture de cette 17ème édition du Norseman et maintenant vivent les vacances avec bouffe et repos à volonté.
Je ne remercierai jamais assez mon équipe support ma femme et tonton Mehdi Kacimi qui ont fait un effort exceptionnel durant toute la période des entraînements et surtout le jour de l’épreuve. Sans eux, je n’aurai jamais pu réaliser cette aventure.
Je remercie aussi ma famille et mes parents qui m’ont soutenu et cru en moi, aux familles Chellaoui, Lemcharki et Kacimi qui ont fait le voyage depuis le Maroc pour m’encourager et prendre soin de mes enfants.
Je remercie aussi toutes les personnes avec qui j’ai partagé des moments formidables lors des séances d'entraînement:
- Les membres de Rabat Triathlon Club pour les sorties dans la région de Rabat avec Tarik Alioua, Khalid Skalli, Hugo Montanari, Carlos Silva
- Mohamed Aminy et Amine Lahyani pour les bootcamps à Binouidane
- Hicham Didi pour les sorties de Casa-Marrakech
- Les Warriors de Casablanca avec qui j’ai partagé mes premières expériences du triathlon (Jalil Tazi, Yassine Lahlou, Othmane Bekkari, Karim Benjelloun et Khalid El Mansour)
- L’équipe des Amis Triathlètes de Casablanca pour leurs soutiens et leurs ondes positives (Yassine Bousseta, Othmane Lazrak, Karim Nouigua, Ghazzali Abbess,....)
- Et sans oublier tous les membres de notre belle association des Rabat Running Team qui ont cru en moi et qui ont été une grande source de motivation.
Je voudrais aussi témoigner de l’extrême professionnalisme des organisateurs, des bénévoles et des athlètes durant cette journée qui ont rendu cette course une belle réussite.
Ce fut une belle aventure riche en émotions...je la souhaite à toute personne qui veut aller au-delà du surpassement...partager des moments uniques avec les proches les plus chers.
Norseman ? Yes….WE did it….