L'agriculture à Nancray - Quelques éléments chronologiques
L'agriculture à Nancray - Quelques éléments chronologiques
Nancray était un village essentiellement composé d'agriculteurs. Situé sur le 1er plateau, l'activité principale était et reste l'élevage. Son relief favorable permet encore aux agriculteurs de pratiquer des fenaisons et de la polyculture toujours à destination des animaux.
Au début du XXe siècle
Cet article de 1905 est "un état des lieux" de cette époque: Des animaux sont primés, des personnes aussi de par leurs fonctions. On y parle aussi de cultures ou élevages disparus depuis et des équipements de la ferme. De la vigne est exploitée dans la vallée du Doubs... La photo: Il s'agit de Mme Clémentine Gurnaud (1832-1903), demi-soeur du Gal Dessirier, elle résidait dans l'actuelle maison Sauce (Eliane et Joël).
Photo prise avant la Grande Guerre. Il s'agit de ma famille pour les personnes de la moitié droite. Je peux vous donner par courriel les noms avec précision. Je ne peux pas matériellement faire une légende sur cette page. Elle serait trop longue.
Les enfants d'Elisée Gurnaud, l'épicier - messager - et crémier du village. Son entreprise et son magasin était dans l'actuelle rue de Vaire, à Place -voir la page des photos- . Cette maison est toujours là et la vitrine rappelle son ancienne activité. Cette photo a été prise avant la Grande Guerre, Jules a été tué à Tracy-le-Val (60) le 24-12-1914.
"Article de presse polémique" et document. La maladie de ce début de XXe siècle était la typhoïde. Cette infection transmise par l'eau potable provoqua de nombreuses enquêtes sanitaires. Le bassin d'Arcier (ressource en eau potable pour Besançon) est alimenté par les rivières et infiltrations du plateau et en particulier par notre ruisseau. Des recherches eurent lieu sur place, conduites par le Professeur Eugène Fournier hydrogéologue réputé, elles causèrent beaucoup de tracas aux élus et aux exploitants agricoles (voir l'article de presse ci-dessous) du fait notamment des déchets inhérents à leur activité (années 1904 à 1909). On étudia les circulations d'eau souterraines et à Nancray comme à Gennes, même l'emplacement du cimetière posait problème. Des aménagements dans les fermes mirent un terme à cette situation.
Un extrait de l'enquête sanitaire menée en 1904 par le Professeur Eugène Fournier, hydrogéologue, à la demande de "La Commission Sanitaire de la Circonscription de Besançon".
Les Communaux
L'origine de ce terme est lointaine. Au XXe siècle, Il s'agit de terres appartenant à la Commune louées aux agriculteurs. Les documents ci-dessous forment le contrat entre la Commune et les bénéficiaires de ces terres pour une période de 12 années. La répartition se faisait par lots. Ce sont des clauses de l'automne 1918. Chaque lot est composé de 5 parcelles de 27 ares, parfois une parcelle pouvant faire un peu moins, un terrain plus facile à travailler, je suppose.
Vers la mécanisation et la productivité
Les agriculteurs pouvaient compter sur des constructeurs du village, M. Louis Bourdier (père de Mme Alice Rameau) et M. Alexis Pochet (Oncle de Mme Lanchy) pour avoir des repères sinon consultez mon espace Généanet. Tous deux décédèrent en 1928. Puis, il y eut M. Alphonse Pourcelot jusqu'en 1982, maréchal ferrant réputé et constructeur-réparateur d'outils agricoles. M. Louis Colin (installé où se situe actuellement ParcoFleurs) était très actif aussi. Les 2 lettres sont adressées à M. Mougeotte, je pense qu'il s'agissait d'un fournisseur commun. La dame tenant le cheval est Mme Marcelle Pourcelot, Alphonse en dessous. L'aménagement de la ferme a évolué aussi (Document Camille Fortier).
Ceci concerne le déchargement du foin dans la grange. Système encore visibles dans de vieilles fermes du village. Les agriculteurs chargeaient leur foin sur des remorques plates sur lesquelles ils avaient déposé dans le sens de la longueur 2 ou 3 poutres. Au retour, Elles permettaient l'accrochage de câbles, la totalité de la récolte était "treuillée" sur un plateau (le wagonnet) mobile grâce à des roues creuses et des rails fixes (comme pour un train), celui-ci pouvait être déplacé dans la grange et l'agriculteur avait toute latitude pour répartir son foin où il voulait. Il y avait un réseau de câbles en lien avec un ou deux treuil(s) manuel(s) et/ou électrifié(s). Il y a eu aussi un autre fabricant avant, M. Picard de la famille (Alexandre Gurnaud - Grandjacquet).
Quelques photos des agriculteurs au milieu du siècle et une plus ancienne
1945-50 environ. Pour vous repérer: dans la rue de Vaire, juste avant de prendre sur la gauche la rue du Pont. Sur cette photo de gauche à droite: Mme Augustine Pauthier et ses enfants. La plus jeune au centre avec le vélo est Mme Odette Martel future Mme Lecluse. Fille de Berthe, l'une des filles d'Augustine, elle a fait sa vie sans la région parisienne mais revenait souvent à Nancray puis y a fini sa vie.
Photo d'avant 1914. En arrière-plan la même maison que la photo précédente. Assis sur les chevaux de gauche à droite: Léon Galliot , sur le 2nd cheval, Pierre Galliot. Lui tenant l'épaule Jules Gurnaud, Mort pour la France, le 14-12-1914 dans l'Oise. Porté disparu. J'ai disposé cette photo de façon anachronique pour situer le lieu de prise de vue.
M. Constant Croissant, Lucien et Madeleine GAUTHIER à la traite des vaches, Yvonne Gineprino née Croissant conduisant le cheval et la famille de Léon Pauthier à la récolte des pommes de terre.
Sur la photo, M. Croissant avec son attelage, on aperçoit en arrière-plan le lavoir du "Bas de Roche".
Ci-dessous: Les jeunes gardant les vaches sur le pré communal, on disait "Aux Communaux" (les terrains vers l'actuel musée). Sur cette photo, il y a Mmes Raymonde Sauce, Marie-Thérèse Jassey notamment. Sur la photo de droite, M. Gilbert Robert (à gauche) qui présente une de ses génisses au Concours de la Foire Annuelle de Besançon qui avait lieu sur la Place Chamars.
Bibliothèque municipale de Besançon, Photographies de l’Est Républicain (B. Faille) Photos 12874 - 12943 (1961)
Le cheval
Le Comtois, cheval de trait puissant, a été longtemps l'animal indispensable de la ferme. J'ai des copies de lettres de soldats de Nancray à leurs familles, je ne peux les divulguer car j'ai promis de ne pas le faire. Je peux donner tout de même citer M. Albert Dessirier décédé en 1918 et inhumé dans le Carré Militaire de notre cimetière qui recommandait à son épouse de "...ne pas prêter le cheval pour un travail à la Côte...", on peut le comprendre, si celui-ci se cassait une jambe en raison du dénivelé, c'était une grande perte pour la ferme. Il y eut de nombreux accidents de cheval. Domestique, habitué à son maître et bien intégré dans la vie bruyante du village, c'est un animal avant tout et il fallait bien le connaître et anticiper ses réactions. Voici 3 copies d'articles de presse d'accidents mortels à Nancray.
1917
1924
1937
Dans l'ordre, décès de Mme Lucie Sauce en 1917, Paul Sauce en 1924 et Victor Baud en 1937 aux âges respectifs de 46 ans , 33 ans et 17 ans. Pour les situer voir leurs fiches avec le lien global menant à mon espace Généanet.
La moisson
le battage était assuré par un entrepreneur (Alexandre Gurnaud, Elie Colin ou autre). Les agriculteurs s'entraidaient, il fallait aller vite, le fonctionnement de la batteuse qui transformait les gerbes de blé en grain et en paille, demandait beaucoup de main d'œuvre. C'était une journée de travail intense. Elle se terminait par un copieux repas souvent très arrosé. La batteuse tournait de ferme en ferme. Chacun rendait le travail qu'il avait reçu des autres .C'était le travail de fin septembre. La photo suivante a été prise devant la ferme de Léon Pauthier (La ferme, rue de Vaire, des aïeux de Christophe Tisserand). (Pour la légende, comme pour la 1ère photo, par courriel.) -Je vous fais observer derrière les personnages le four à pain, les agriculteurs l'ont fait longtemps eux-mêmes. On appelait cette bosse dans la façade: "un cul de four". Le travail se faisait depuis l'intérieur de la maison.
Document complémentaire pour montrer la totalité de la machine et son fonctionnement
Autre scène de battage devant la ferme qui sera dès le début des années 1930 celle de M. Donat Gurnaud, Grande Rue, en dessous du restaurant actuel. Entre 1920 et 1930.
J'ai relevé que le Conseil Municipal de 1939 évoque la nécessité de renforcer la ligne électrique qui dessert le Quartier des Carrières justement pour le battage du grain. Donc on peut imaginer que la batteuse stationnaire a dû évoluer au fil du temps. Ci-dessous.
Après la 2nde Guerre, Quelques agriculteurs investirent en commun dans une machine autoportée et travaillant sur le terrain comme maintenant. C'est le cas de MM. Jean Galliot, Raymond Serment, Clovis Etienne et Louis Renaude (photo). Ils faisaient aussi quelques battages pour des tiers.
De cette machine, le plus gros essieu fut récupéré. Il servit à la construction de cette remorque, "tonne à eau" pour les vaches en pâture de la ferme de Jean Galliot maintenant d'Eric. Photo NB de 1980 et celle de gauche de 2024.
Cette photo permet également de comparer la taille de la machine de l'époque avec celle des moissonneuses de maintenant.
L'amélioration des conditions de travail pour les agriculteurs et le suivi sanitaire du bétail et par là-même de la production laitière s'intensifia après la 2nde Guerre. Deux photos.
M. André Jannin qui possédait notre maison jusqu'en 1956 et était négociant en bois. Son véhicule est un GMC, sans doute un reliquat de l'Armée américaine du Débarquement (3ème photo ci-dessus).
Une photo qui montre la mécanisation de l'agriculture en 1959: la fin des voitures aux roues cerclées de fer avec le cheval et l'arrivée du tracteur.
Bibliothèque municipale de Besançon, Photographies de l’Est Républicain (B. Faille) Photos 8229 - 8247
Le Remembrement
Pendant la Révolution, les terres des nobles furent redistribuées aux paysans. Les parcelles étaient à l'image de l'agriculture de l'époque donc assez petites. Pendant longtemps malgré la mise en place du système métrique, on évaluait la superficie en mesures locales. A Nancray, même au début du XXe, on mesurait en journaux. Un journal correspondait à une journée de labour; un seul cheval et une charrue à un soc soit 33 ares. Au fil du temps, il y eut naturellement des mariages, des décès, des héritages et les agriculteurs avaient progressivement des parcelles dispersées. Le Remembrement était une redistribution des terres en les regroupant en blocs plus compacts autour ou à proximité des fermes, pour les non-agriculteurs à proximité voire autour de leur maison. Tout ceci se faisait en fonction de la superficie et de la nature des terrains (quelqu'un qui avait un grand champ marécageux ne pouvait pas recevoir la même surface en terrain cultivable). Le Remembrement eut lieu en 1969. Comme ailleurs, ça a été source de disputes.
En guise d'illustration, ce plan de Nancray d'avant 1969 qui permet d'observer la dispersion des terrains exploités. cet agriculteur a colorié ses champs.
La fin du siècle
Les paysages se transformèrent après le Remembrement, les agriculteurs purent investir dans des bâtiments centraux plus modernes. La vie changeait, une ferme au début du XXe siècle assurait du travail pour tous les enfants de la famille. Petit à petit, ce n'était plus le cas, le métier a changé, le cultivateur, déjà fin connaisseur des plantes, du bétail, est devenu un chef d'entreprise, un gestionnaire, il doit posséder une bonne formation scientifique pour se diversifier avec d'autres variétés de plantes, travailler la génétique de ses animaux et appliquer les normes sanitaires, tenir compte des besoins environnementaux. il doit aussi être capable de prospective pour le développement de son exploitation.
Quelques agriculteurs comme MM. Denis et Luc Serment ont pratiqué l'élevage d'autres races comme ici la "Salers". C'est une espèce élevée dans le Massif Central. Ci-contre, au début d'internet. Une vache primée de M. Joël Sauce. (capture d'écran en 1997).
Le concours de Labours 1975 - Bibliothèque municipale de Besançon, Photographies de l’Est Républicain (B. Faille) Photos 58046 -58233
Le Comice de 1977 - Bibliothèque municipale de Besançon, Photographies de l’Est Républicain (B. Faille) Photos 67319 - 67443
Ceci n'est pas une histoire de l'agriculture à Nancray. Il s'agissait de montrer l'évolution de la vie agricole au village succinctement, modestement avec quelques documents que je possède sur ce thème. (Comice à Nancray - octobre 2000)