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Lettre d'une coopérante au Nicaragua - numéro 11

El Güegüense : une fête traditionelle de Diriamba 

Tic Tac ! Ça y est, le compte à rebours a commencé!

Edito

Il ne reste plus que 5 petits mois avant mon retour en Suisse et le premier voyage de mon mari et mes compagnons à quatre pattes en Suisse. Cette perspective m’a amenée à recevoir plusieurs visites depuis la Suisse : « Vite ! Michèle rentre... On profite pour un dernier petit saut au Nicaragua ! ». Le premier saut fut celui de Valentin. En manque de tajadas et de câlins de Doña Rosa, il est revenu nous saluer en février. Puis, au mois de mars, on a eu la visite de la nouvelle coordinatrice d’Eirene Suisse, Olaya et de Bernard de l’organisation Patouch. Après des visites professionnelles, Bernard et moi avons été rejoints par Gian Luca et Mélanie pour faire un petit tour au Nicaragua. Une opportunité pour moi de visiter une dernière fois des endroits que j’aime bien.

Dans le méli-mélo des visites, on a enfin reçu l’approbation de notre principal bailleur de fonds pour le projet d’art. S’est enchaîné une série de coordinations pour pouvoir passer tous les documents au gouvernement. Maintenant, on prie pour que leur approbation ne tarde pas trop… En attendant, on avance avec la nouvelle équipe et je commence à apprécier la motivation et l’excitation de ma collègue à entamer le nouveau projet.

Toutes ces visites et le projet qui arrive enfin me font réaliser que je serai bientôt de retour en Suisse et dernièrement, je dois faire face à plusieurs angoisses que je ne soupçonnais pas!

Bonne lecture!

La fresque murale peinte par les musiciens de Chispas Musicales

On boucle le projet 2023 et on court faire une autre fresque murale

Au Boulot 

Janvier a commencé sur les chapeaux de roues, finaliser 2 ans de projet au Nicaragua et préparer le nécessaire pour le nouveau projet : c’est une mission stressante. Autant vous dire que j’ai dû tricher sur le mois de février. Ce dernier était un mois sans salaire qui a vite fini par être mangé par deux semaines intensives de travail (que j’ai récupérées en avril). J’ai quand même réussi à finaliser les documents, rapports et activités de mon cahier des charges. Puis, j’ai filé à Managua pour peindre une fresque murale avec une association socia de Eirene Suisse : Chispas Musicales. On a passé un moment super agréable dans cet endroit qui ressemble à une grande famille musicale. On a même terminé la fresque avec des amis de Bluefield dans un petit moment de nostalgie.


Ma partie préférée : Le violoncelle de Steven

Bluefield au renfort !

 

Trois petits tours et puis s’en va!


De la visite !

Valentin a débarqué, le temps de faire un premier petit tour à Ometepe. Cette île qui abrite deux volcans est unique au monde. Bien que magnifique, elle perd en charme du au tourisme de masse qui l’envahit… Cependant, le chemin nous menant au sommet du volcan Maderas était dépourvu de personnes et très sauvage. J’avais oublié à quel point j’aimais gravir des montagnes. Mais bon, soyons honnêtes, j’ai craché mes poumons comme un vieux bœuf rutilant. Après cette aventure assez éprouvante, on a fait un deuxième petit tour à Léon. Le temps de saluer les amitiés que Valentin avait crée et d’aller danser au son des Mariachis avec mes collègues le 14 février pour la fête de l’amitié. Ensuite, on est parti pour un dernier petit tour à Corn Island. Valentin n’avait pas eu l’occasion de visiter les îles paradisiaques des Caraïbes. Après un gros tour sur l’île et quelques coups de soleil, on est reparti en direction de la frontière de Peñas Blancas. Sur notre chemin, Valentin est allé faire un coucou à El Cristo de la Misericordia, tandis que je priais dans mon lit pour que mon intoxication à l’eau de San Juan del Sur ne m’empêche pas de rentrer à la maison. Une petite larmichette à la frontière et je suis repartie au travail pour accompagner l’équipe de direction dans l’élaboration des documents nécessaires pour l’obtention du nouveau projet d’art. Pas le temps de défaire mon sac à dos, je suis repartie avec ma collègue Ana Cecilia pour assister à un échange entre coopérants et organisations au Nicaragua.



La surprise de Valentin pour la fête de l'amitié!

 

Visite de Eirene Suisse et Patouch

De la visite profesionnelle !

À peine arrivée de Managua le vendredi, j’accueille Bernard de l’association Patouch dans la soirée. Nous l’avions rencontré lors de notre séjour en Suisse et Karla lui avait vivement recommandé de venir nous rendre visite. D’ailleurs, nous sommes très fières de l’accueillir au sein de l’organisation et de lui montrer nos actions. Pour faire d’une pierre deux coups, Olaya, la nouvelle coordinatrice du programme d’Amérique Centrale pour Eirene Suisse, est arrivée le dimanche soir avec Melvin, notre coordinateur local. Après avoir cuisiné au charbon sur mon petit four, direction : la réserve naturelle de Juan Venado pour un petit tour dans la nature avant d’attaquer les visites formelles. Le lundi, nous avions rendez-vous avec l’ensemble de l’équipe de Mary Barreda. Le matin était dédié à souhaiter la bienvenue à nos invités et une présentation générale de tous les projets par mes collègues de travail. À midi, j’ai dégainé les lasagnes cuisinées avec amour pour l’ensemble de l’équipe. Puis, l’après-midi, nous avons profité de la camionnette de Bernard pour nous rendre dans la zone rurale, visiter la fresque murale du 3 de Julio, la maison des enfants de la Terminal et la maison des adolescentes du quartier Carlos Fonseca.

C’est toujours un plaisir de faire ces visites au sein de Mary Barreda, car les gens sont heureux de nous voir arriver et sont toujours très reconnaissants.

Le mardi, on a enchaîné les réunions avec l’équipe de direction. L’après-midi, j’étais vraiment fatiguée, mais j’ai bu quelques litres de café et j’ai terminé les corrections demandées pour différents documents avant de rejoindre Olaya et Melvin pour un dernier souper. Le lendemain, chacun est parti de son côté pour de nouvelles aventures. Pour ma part, j’ai avancé le plus possible sur tous les documents concernant le projet d’art. La semaine suivante, j’ai rejoint Bernard à Estelí pour visiter le projet Miriam’s et Funarte. On a profité pour également visiter la réserve naturelle de Miraflor et de faire un petit tour par San Juan de Limay pour acheter quelques Gorditas. Et puis, nos routes se sont à nouveau séparées lors que je suis allée  chercher Mélanie au Costa Rica tandis que Bernard a fait un petit tour à Ometepe.

De droite à gauche : Moi, Karla, Bernard, Melvin, Ana Cecilia, Eliette, Olaya

 

Histoire de vacances

Au repos !

Si y a une chose que j’ai réalisée pendant ces vacances, c’est mon niveau d’adaptation au Nicaragua. Je ne me rendais pas compte avec quelle facilité je saute d’un bus à l’autre et que je dors partout sans avoir peur de mes amis à 8 pattes. Cela me paraît si naturel que je ne m’en rendais même pas compte jusqu’à ce que Mélanie débarque avec ses deux valises à roulettes, le shampoing spécial soleil et sa moustiquaire. On a dû toutes les deux sortir de notre zone de confort. Elle a appris à dormir avec les petites bêtes et j’ai apprivoisé l’air conditionné dans les chambres. J’ai mangé un peu plus de légumes et elle a dû se faire au gallo pinto quotidien tous les matins.

Bon… Mélanie n’a pas réussi à dompter le sandboarding sur le volcan du Cerro Negro, du coup on m’a gentiment invitée à prendre sa place sur la luge. Sauf que ma chienne n’était pas d’accord avec ce deal ! Hors de question de redescendre à pied du volcan sans moi. Une fois toute l’équipe en bas, Bonnie a grimpé sur ma planche sans vraiment me laisser le choix… Je suis l’heureuse propriétaire de la première chienne qui a lugé sur le Cerro Negro ! Bref, avec cette belle brochette, on a aussi arpenté les rues de Sutiava à la recherche des plus belles fresques de Pâques. Même si celles qu’on a vu étaient très belles, je suis restée bouche bée par le nombre réduit de fresques. Les processions étant interdites, beaucoup de personnes n’osent plus réaliser leur fresque de Pâques. Malgré les vacances, je me souviens du contexte dans lequel je vis et parfois, j’ai mal pour mon pays d’accueil. Cette semaine-là, on a annulé la personnalité juridique des scouts. Pendant les vacances, je me suis aussi rendue compte du nombre de touristes qui traversent le pays sans réellement comprendre ce qui s’y passe. Bref, on est allé oublier les tracas de la vie et la chaleur de Léon sur les plages de Corn Island. Le temps d’aller saluer quelques tortues et de patauger avec des petits requins. Mélanie a pu goûter à la vie de la côte caraïbe.


Mélanie et une des deux valises à roulettes

Les bus du Nicaragua blindés

Retrouvailles entre Mélanie et Karla

Visite des fresque de Pâques....

... dans le quartier de Sutiava...

... avec la fine équipe !

La descente du Cerro Negro avec .... 

...  Bonnie ! 

C’est parti pour sortir les gubia, les pinceaux, l’objectif et la voix !

Retour au travail !

Après quelques semaines à vadrouiller, me voilà repartie pour sortir...D’abord, les documents de projets à réviser, les plannings organisationnels et l’attente de savoir quand viendra l’argent ! L’argent, ce nerf de la guerre… Je crois que bientôt, je vais faire une énorme sciatique. Autant j’adore le chercher à travers des appels à projets, autant je déprime quand je vois le nombre de bailleurs de fond qui retirent le Nicaragua de leur liste de pays. Alors, je me raccroche à la nouvelle équipe du projet d’art avec ma fantastique collègue qui me rappelle tous les jours à quel point elle se réjouit de faire de la gravure, des contes radio, de la peinture et du contenu pour les réseaux sociaux. Elle s’est d’ailleurs inscrite à un cours professionnel de graphisme et d’animation les dimanches. Du coup, comme elle m’a vu bidouiller des graphiques pour la capitalisation du travail social avec mon bon vieux Inkscape, elle est toute fière de venir me montrer ce qu’elle arrive à réaliser. Bon, elle m’oblige aussi à l’aider pour ses cours de dessins techniques. Je me retrouve à dessiner des chats lors de ma pause de midi. Mais bref, ce qui est sûr, c’est que lorsque nous aurons enfin le feu vert du gouvernement pour recevoir les fonds, on va foncer et faire des choses incroyables avec les communicatrices et communicateurs qui se réjouissent que ce projet se mette en route. En attendant, je prends mon mal en patience et m’occupe avec des réunions et au travers de l’élaboration d’outils qui permettront d’évaluer les indicateurs du projet.


Ma collègue Ana cecilia... 

... à l'échange avec d'autres organisations!

Merci Fondation Trajets !

Espoir

Une autre chose qui met une infinie douceur sur mon humeur et qui calme ma fausse sciatique, c’est de savoir que y a des petites mains et des grands cœurs qui s’affairent à l’autre bout du monde pour faire connaître les projets de Mary Barreda et d’Eirene Suisse. Depuis un an, les bénévoles de la Fondation Trajets font des crêpes, des expos, des marchés et en avril, ils et elles viennent de réaliser une soirée de soutien. Ça me fait tellement chaud au cœur et quelque part dans ma tête, je me dis : « On a réalisé quelque chose de grand, on n’est pas seuls, il faut qu’on continue à avancer. ». Et, ça me fait tellement du bien de réaliser cela… Leurs investissements m’émeuvent ! Je trouve juste que ce sont des gens fantastiques avec un cœur en or. D’ailleurs, je me réjouis de rentrer en septembre pour aller les saluer et les remercier pour tout ce qu’ils ont fait !

Valentin qui présente fièrement l'Association Proyecto Mujer Mary Barreda

Un entre-deux-monde

Le mot de la fin

Les deux semaines de vacances prises en avril ont commencé à déclencher des « oh non ! Plus que 5 mois ! » chez mes collègues et des « bientôt tu seras parmi nous ! On se réjouit ! » de mes amies et anciennes collègues.

Au Nicaragua, pendant ma petite virée, une collègue m’a avoué avoir pris ma relève pour faire le café au bureau. Je déteste boire du café soluble Presto, qui selon moi est une bonne arnaque d’une entreprise suisse pour nous vendre les déchets de café. En plus, ce n’est pas bon ! Du coup, j’ai déniché la cachette de la machine à filtre et j’ai commencé à faire du café « de Palo » comme on dit ici ! Du coup, la directrice a pris l’habitude de passer vers moi de temps en temps en mentionnant de manière toujours très futile l’absence du café, sachant qu’à chaque fois je me lève droit derrière pour en faire ! Ainsi, la directrice m’a glissé aujourd’hui en prenant sa tasse de café… « Il n’y a pas que le café, il y a le sourire et tout ce que tu apportes à l’organisation ». Et là, j’ai commencé à réaliser… Depuis quelques temps, mes relations au travail sont excellentes et mes collègues sont vraiment adorables. Tout cela va me manquer ! De la même manière que les gens en Suisse me manquent ! Je vais me retrouver entre deux pays que j’aime profondément : l’un qui m’a éduquée et l’autre qui m’a accueillie et qui m’a profondément changée. Oh bah, c’est quand même un sacré changement… je suis partie célibataire endurcie et je reviens mariée avec un chat et un chien !

Ce monde que je me suis créé au Nicaragua me plaît et ce monde que j’ai laissé en Suisse me manque... Je me sens entre deux mondes.

Ce sentiment a généré, ces derniers temps, quelques angoisses dans mon quotidien surtout à propos du nouveau projet. Est-ce qu’il fonctionnera ? Est-ce que nous avons bien formulé le projet ? Est-ce qu’on trouvera des fonds nécessaires pour que ce dernier continue ? Est-ce que tout ce qu’on met en place fait sens ? Est-ce que je suis vraiment légitime de monter des projets et de partir ensuite ? Et puis, quelqu’un m’a dit : « Il faut accepter l'impermanence et accepter de laisser la suite se vivre sans notre contrôle. » Sur ces belles paroles, je vous laisse.

Mais avant de partir, j’en profite pour vous dire que je rentre le 19 septembre et que le dimanche 22 septembre on fera une raclette de retour avec Valentin aux commandes de l’organisation ! Je vous donnerai plus de détails très prochainement !

Mon travail au sein de MARY BARREDA ne serait pas possible sans le soutien d’EIRENE SUISSE et le vôtre !

Merci infiniment pour votre soutien ! 

Adresse de correspondance : Rue des Côtes-de-Montbenon 28 | 1003 Lausanne         

Tél : +41 22 321 85 56
e-mail : info@eirenesuisse.ch | www.eirenesuisse.ch    
Coordonnées bancaires : Eirene Suisse | Rue de Vermont, 17 | 1202 Genève             

 CCP : 23-5046-2 | IBAN : CH93 0900 0000 2300 5046 2 
  SWIFT / BIC : POFICHBEXXX

Dons en ligne (cartes et Twint) : https://eirenesuisse.ch/fr/don/ 

Mention : Michèle / Nicaragua

Si vous souhaitez me contacter, je réponds volontiers à vos messages par mail cooperante@marybarreda.org ou par WhatsApp : +505 57 51 00 24  /

 +41 77 529 46 59

Quelques photos...

Le ferry pour Ometepe ... 

Vue sur le volcan Concepcion 

La montée au Volcan Maderas... 

... et sa vue nuageuse depuis en haut ! 

Ils m'ont aussi fait monter le volcan Cosiguina... 

Le crater du volcan Cosiguina

La fondue de Valentin

Trois petits tours et puis s'en va... 

Doña Rosa, Bernard et Mariela 

Visite au collectif de cirque Nido de Arte !

La cuisine authentique du Nicaragua

Une gordita de San Juan de Limay... 

Les transports du Nicaragua ... 

... et les valises à roulettes du Nicaragua! 

En route pour Corn Island ... 

.. et ses paysage magnifiques!