Descriptif du colloque – attendus scientifiques :
La finalité de ce colloque est d’examiner l’articulation entre les derrières années de l’époque d’Edo et le début de l’ère Meiji, soit la période qui va des années 1850 aux années 1880. Il ne s’agira cependant pas tant de revenir sur la chronologie historique ou factuelle de cette période (de bons ouvrages existent déjà qui présentent tous ces aspects) que d’examiner des problématiques concrètes sinon quotidiennes de la transition entre Edo et Meiji : nature de l’héritage, modalités de la « rupture » et, en conséquence, articulation entre l’apport occidental et la réflexion autochtone. La Restauration de Meiji est en effet l’œuvre d’hommes et de femmes de l’époque d’Edo : l’idée d’une rupture totale est donc anhistorique, Meiji se bâtissant sur des dynamiques antérieures et profondes. Cela est aujourd’hui bien acté, mais, au bout du compte, peu documenté, peu démontré. Et ce colloque entend donc pallier ce manque.
L’un des présupposés de ce colloque est qu’il y a deux Meiji : un premier Meiji qui va de 1868 au tout début des années 1880 et un second Meiji qui va du début des années 1880 à 1912. Le premier est celui des possibles : celui durant lequel, en connexion directe avec l’époque d’Edo, qu’il prolonge sur de nombreux aspects, les dirigeants et leaders intellectuels discutent les options possibles à partir de projets ou de motivations radicalement différents. Celui aussi où des mouvements « indigènes » parcourent tous les domaines et commencent à bousculer l’ordre qui sera bientôt ancien Le second est celui des choix : les dirigeants japonais choisissent définitivement, parmi toutes les options discutées durant le premier Meiji, un (et un seul) modèle idéologique, politique, et social.
Le premier Meiji est une période très riche en bouleversements et en progrès de toutes sortes. Tâtonnements et changements radicaux de politique, innovations, doutes et retours en arrière se succèdent au gré de ce que les responsables de l’époque considèrent, le plus souvent dans une perspective à court terme et avec une soif de résultats immédiats, comme des réussites ou des échecs. Le second Meiji apparaît plus cohérent, plus performant aussi. Le not-so-strong-state qu’est l’Etat de Meiji durant les premières années de la restauration (pour reprendre une expression de Carol Gluck) devient durant le second Meiji un Etat fort et « moderne ».
Dans l’imaginaire collectif – au Japon notamment mais aussi dans les autres pays –, de même que bien souvent dans les livres d’histoire, le second Meiji a toutefois « absorbé » le premier, faisant souvent disparaître la richesse des débats qui ont eu lieu durant le premier Meiji ou les ramenant au rang d’anecdotes, donnant l’image d’une ère Meiji linéaire et cohérente. Ce qui n’est pas le cas.
L’objectif de ce colloque est donc de remettre en lumière le premier Meiji comme, à la fois, un « espace » et un moment de négociation des possibles et d’examiner ceux-ci en connexion avec la période précédente par rapport auxquels ils sont supposés rompre mais sur lesquels ils vont le plus souvent, en réalité, s’appuyer, voire qu’ils vont prolonger pour bâtir une modernité japonaise. L’hypothèse de départ est qu’il y a (au moins) deux dynamiques, celle d’Edo et celle de Meiji, qui vont certes parfois se contrarier, mais le plus souvent aussi se rencontrer, se mêler, et se nourrir mutuellement. Ce faisant, ce colloque entend également resituer les transformations que connaît alors le Japon dans la marche générale de l’histoire mondiale du XIXe siècle.
Ce colloque s’inscrit dans le prolongement de celui qui s’était tenu en 2012 à l’UT2J (Histoire du Japon et histoire au Japon), organisé par le Framespa, de même qu’il prendra appui sur des ouvrages récemment parus : Moderne sans être occidental de P. Souyri ou Le Japon pré-moderne de H. Ninomiya, pour les travaux sur l’histoire du Japon ; La Transformation du monde de Jürgen Osterhammel et Histoire du monde au XIXe siècle de Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre pour les travaux d’histoire générale.
Les thématiques abordées porteront sur les transformations qu’ont connues aussi bien les savoirs et leur transmission, la langue ou la mesure du temps que les corps, le quotidien, le droit, etc.
Composition du comité d’organisation :
Le comité d’organisation est composé de cinq membres, tous enseignants-chercheurs à l’université de Toulouse-Jean Jaurès et membres du Centre d’études japonaises, antenne de Toulouse (CEJ-Toulouse) :
– Yves CADOT, maître de conférences
– Dan FUJIWARA, maître de conférences
– Christian GALAN, professeur des universités
– Tomomi ÔTA, maître de conférences
– Marie PARMENTIER, maître de conférences