Celui qui attend désespère… ou écrit, pour ne pas désespérer.
Combien de circonstances coupent à l'homme les ailes de son enthousiasme et de sa charité ! Cela même chez ceux qui ne peuvent pas donner, mais qui peuvent faire que ce soit donné.
Parce que tout le monde a raison, personne n’a raison. C'est comme ce Every body’s business is no body’s business*.
[*] En anglais dans le texte : “l'affaire de tous n'est l'affaire de personne”.Le pour s’équilibre tellement avec le contre dans toutes les questions graves, qu’il n’est pas possible d’être très dogmatique.
Cependant, ou de même, attention de ne pas affaiblir le principe d’action.
L'exagération nous empêche de voir sur les côtés, mais elle nous fait découvrir plus profondément. Malheureusement, tous les écueils ne sont pas au fond.
Par le simple fait d’accepter une discussion, déjà est reconnue la suprématie du tribunal de la raison.
Que la raison d’intérêt soit toujours subordonnée à la raison du devoir : celle-ci purifie et sanctifie l'âme : celle-là souvent la falsifie et la diminue.
Celui qui répète le plus les choses d'autrui n'en sait pas plus que celui qui dit ou fait davantage les siennes.
Seuls les semi-sages sont immoraux.
C´est bien fort* que d´être fort.
[*] En français dans le texte.Être complet sans prolixité, énergique sans affectation.
Rien de pire que la trivialité, même si elle est claire et pure comme le cristal.
La nature abhorre le repos : le mouvement est aussi naturel aux âmes qu'aux corps.
Dès que les hommes se convainquent d’avoir atteint le non plus ultra, ils restent indéfiniment dans le statu quo. Alors l'action cesse d’être stimulée, l'activité est ébranlée, la paresse et le découragement se dressent ; et ces ennemis acharnés de l'âme, s'alliant avec leur sœur la présomption, et invoquant le nom vénéré de la prudence, élèvent ensemble une barrière impénétrable au courant naturel et divin de l'esprit humain.
Si même les philosophes se laissent emporter par les apparences, comment reprocher à la foule de juger selon elles ?
Juger est aussi rapide que voir ; et cela suit aussi nécessairement et immédiatement que pour la vue, lorsqu'on ouvre les yeux. Hinc mali labes* : rejuger, réfléchir ; il y a les busilis**.
Non seulement il est plus facile de critiquer que d’édifier, mais aussi de s’édifier soi-même.
La détermination de toujours rabaisser les autres, c’est pour nous maintenir en haut.
Des nageurs hors de l'eau, qui ressortent toujours flottants.
Combattre les préoccupations consiste à ruer contre l’aiguillon pour la majeure partie, mais il faut ruer jusqu'à briser l’aiguillon. Sinon, comment serait le monde ?
Sur l’objectivité de soi-même comme cause d’impartialité.
Le monde à part à l’intérieur de nous. (Étendre ces pensées.)
Pour être impartial, tout est nécessaire, essayer et renoncer. La même rengaine. Retrospective view on my studies and passions*.
[*] En anglais dans le texte : vision rétrospective sur mes études et mes passions.Rien n'est plus contraire à l'impartialité que l'indifférence.
C'est pourquoi l'amour et la haine nous font formuler quelques jugements exacts.
Qu’est-ce qui est le plus difficile au monde ? Être impartial.
Avouer sa propre faute, la plus grande des grandeurs.
Quel est le plus beau spectacle de l'Univers ? Le juste dans la disgrâce.
Plus celle-ci est grande, plus il devient nécessaire pour l'homme de se réfugier dans une région plus élevée.
L'atmosphère terrestre l'étouffe, s'il ne vole pas et ne s'élève pas vers l'atmosphère céleste.
Mais comme cela n'est pas non plus son élément, il redescend à chaque pas, ou reste suspendu entre les deux régions.
Décret de la Providence qui divinise ainsi l'homme sans pour autant abandonner son humanité – les liens que ses frères, ceux qui compatissent, nouent avec lui.
Dans le cas contraire, il parviendrait à la félicité dans ce monde, si la félicité peut être appelée l'impassibilité.
La lutte cesserait, et par conséquent la vie des justes.
Même le vétéran le plus aguerri ne devrait pas se reposer sur ses lauriers.
La justice ne peut pas être qualifiée de non plus ultra. Elle est absolue dans son essence et illimitée dans son application.
J'aimerais mieux voir d’abord s'effondrer, non les institutions des hommes, mais plutôt toutes les étoiles du firmament, que de voir chuter de la poitrine humaine le sentiment de la justice, ce soleil du monde moral.
Celui qui ne souffre pas, que sait-il ? (Salomon).
Réponse : seul celui qui souffre le sait. (Et notez que je dis qu'il le sait et ne sait pas.)
Il existe des créatures qui sont en dehors de l’humanité ; qui bien qu’elles aient souffert, ne sympathisent pas avec les autres souffrants. Celles-ci échappèrent à la sibylle de Virgile, lorsqu'il disait : “non ignara mali*”, etc.
[*] Non ignara mali, - miseris succurrere disco : “N'ignorant point le malheur, j'ai appris à secourir les malheureux.” (Virgile, Énéide, Chant I).On peut tellement se mettre à la place des autres que jamais on n'est à la sienne.
Voici la meilleure preuve de ne quid nimis*, que même la vertu la plus éminemment chrétienne et celle que j'adore le plus, a besoin d'être corrigée.
C'est triste de voir des larmes couler sans pouvoir les sécher. Plus dur encore que de les verser.
Beati qui lugent quoniam ipsi consolabuntur**. Et ceux qui ne pleurent pas ! “tantum religio potest***”.
Maledicimur et benedicimus****. Je bénis non seulement Dieu pour être maudit, mais aussi ceux qui me maudissent. Et loin d’être une humiliation, cela nous offre l’opportunité d’élever davantage l’esprit. C'est pourquoi nous bénissons celui qui nous maudit.
Mais Dieu donne toujours la force. L’humiliation n’est pas non plus mauvaise : ce qui est infâme, c’est l’orgueil et la bassesse.
Des âmes généreuses qui veulent des ailes non pas tant pour voler elles-mêmes, mais pour couvrir les autres !
Tous nous donnons et nous recevons : nous prenons et donnons à l’atmosphère morale dans laquelle nous respirons. Mais je dirai : tout donne et tout reçoit ; même une pierre nous éveille en soi et en dehors des associations, des idées et des sentiments. C'est la loi du monde physique et moral.
Pourquoi y a-t-il si peu de bonnes âmes ? Pour que celles qui le sont, soient meilleures ; et les autres moins mauvaises.
Ami de tous, ami de personne*. Cependant, la charité - comment ?
[*] Dire qu’il nous appartient de chercher beaucoup d’amis et de nous les souhaiter, et dire en même temps que “lorsqu’on a beaucoup d’amis, on n’a aucun ami”, ce sont là deux affirmations correctes. Aristote, Éthique à Eudème, 1245 b.Ceux qui ont beaucoup d’amis et se lient intimement avec tout le monde passent pour n’être réellement amis de personne [...], et on leur donne aussi l’épithète de complaisants. Aristote, Éthique à Nicomaque, 1171a.L'homme doit être esclave de l'horloge.
Seule la vérité nous revêtira de la toge virile.
L'amour – et l'amour de la vérité.
La vérité est un feu si tenace, que plus on s’obstine à l’éteindre plus il s’enflamme et plus il gagne du terrain.
Quelle est la plus grande des joies ? La première est produite par la vue de l’objet aimé. La seconde, le retour de la santé (je parle dans l'ordre moral et physique). La troisième, l'achèvement de l’œuvre. La quatrième, le retour à la patrie.
L'amour paternel ou maternel est compris dans la vue de l'objet aimé. Gagner une action pour un général va [dans la troisième].
Santé, sentir de l’extérieur ; la maladie, de l’intérieur.
Il arrive à la santé ce qui arrive au sommeil : si on la cherche trop, elle s'éloigne.
Il en va ainsi avec une ou plusieurs autres choses.
Les hommes sans mérite doivent se louer eux-mêmes : qui, sinon, les louerait ?
La renommée ne se mendie pas, mais elle entre par la porte, et souvent elle ressort… par la fenêtre. Vanitas vanitatum et omnia vanitas*.
L’ingéniosité est un fruit rare, l’honnêteté est bien plus rare.
Comme il est facile de gagner l’estime des hommes ! À peine elle traverse la scène comme une comète traverse le ciel, et il en demeure plus de souvenirs qu'on pourrait le croire, en dépit d’une longue disparition !
Étant donné que nous devons concentrer nos forces pour ce qui est le plus précis et le plus précieux, chacun ne devrait-il pas faire ce pour quoi il a le plus d’aptitude ? Et c’est ce qui arrive généralement.
Il sera toujours nécessaire de choisir, même si cela coûte plus ; car sans travail, même avec du génie, il n'y a pas de mouvements. Mieux : il n'existe pas de génie sans l'amour du travail, nécessaire à l'ouvrage ; sans ténacité et constance. (Maximes pour ma fille – je veux les écrire.)
Patrick Moulin, MardiPhilo, octobre 2024.
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