COMPOSITEUR: Ludvig van Beethoven (1770-1827)
COMPOSITION et CRÉATION: Composée de 1803 à 1804 et créée le 7 avril 1805 au Théâtre de Vienne. Beethoven dirigeait lui-même l’orchestre.
FORME: Symphonie en 4 mouvements:
Allegro con brio
Marcia Funebre: adagio assai
Scherzo: allegro Vivace- Alla breve-Tempo primo
Finale: Allegro con moto-Poco Andante-Pesto
DÉDICATAIRE: Momentanément Napoléon 1er, jusqu'à ce qu'il se fasse sacrer empereur de France en 1804 et que Beethoven raye la dédicace de la partition.
EFFECTIF: 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 3 cors, 2 trompettes en Mi bémol, 2 timbales, section de cordes.
DURÉE: Environ 48 minutes.
Les trois triomphes de Beethoven:
La surdité tu dépasseras,
Napoléon tu ratureras,
En matière d’esthétique tu innoveras.
La surdité de Beethoven débute dès sa vingtaine. Voulant cacher son mal par fierté et par peur que cela ne nuise à son métier, il devient de plus en plus distant et irritable, jusqu’à la perte totale de son ouïe en 1816. Malgré cet handicap, la musique, et notamment la composition, restent au cœur de sa vie. Pour composer sa Symphonie n°3 (1804), une œuvre imposante, Beethoven transcende ses problèmes d’ouïe. Cette œuvre symbolisant ainsi le triomphe de la volonté du créateur sur son handicap.
Ludvig van Beethoven, 1860, Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Desnoyers, Auguste-Gaspard-Louis (1779-1857). Graveur; Napoléeon le grand, [estampe], 1808, Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
C’est ce que raconte Ferdinand Ries, élève de Beethoven, témoin de l’emportement de ce dernier face au sacre de Napoléon devenu empereur en 1805. Le compositeur est alors habité par les idéaux démocratiques de son temps, que Napoléon semble incarner jusque-là. Quelle déception Beethoven ressent-il lorsqu’il voit son héros de la Révolution française répondre à l’appel du pouvoir! Le manuscrit de sa Symphonie n°3 porte encore aujourd’hui la cicatrice de sa fureur. Après avoir rayé avec rage la dédicace à Napoléon au point d’en percer le papier, Beethoven la remplace par un hommage plus universel dans reformulation de la dédicace qui souligne néanmoins les accomplissements de Napoléon jusque-là sans le nommer. On pourrait y voir un geste habile de diplomatie européenne ou encore un sarcasme à peine voilé : « Symphonie héroïque composée pour célébrer la mémoire d’un grand homme ».
Beethoven est bien conscient que sa symphonie repousse les limites de ce que les oreilles de son époque sont en mesure d’accepter. Il ira jusqu’à se considérer porteur d’une mission divine, celle de faire entendre une musique salvatrice pour l’humanité. C’est sur un ton prophétique qu’il annonce que sa Symphonie 3, très critiquées lors de ses premières auditions, sera louée dans l’avenir. Il faut reconnaître que le compositeur ne s’est pas trompé!
Lors de la première, le premier mouvement, allegro con brio, étonne par ses dissonances, tout comme l’utilisation des bois, des cuivres et des percussions annonce une esthétique timbrale nouvelle qui accorde aux instruments à vent un rôle expressif décuplé par rapport aux œuvres de ses prédécesseurs. Vient ensuite une marche funèbre qui fait office de deuxième mouvement dont la puissance expressive en fait l’une des œuvres les plus connues du compositeur qui fait alterner passages sombres et dramatiques avec des moments rayonnants et teintés d’espoir. Le troisième mouvement, un Scherzo, fait la part belle à une instrumentation originale, notamment dans le solo de trois cors. Dans le dernier mouvement, Beethoven développe un thème majestueux, initialement composé pour le ballet Les Créatures de Prométhée (1801), par une série de riches variations. Passionnante mise en abyme… qui nous ramène au sort que connaîtra le dédicataire de l’œuvres quelques années plus tard.
L’expressivité et l’ampleur monumentale de la troisième symphonie de Beethoven ébranle l’histoire de la musique occidentale et marque le passage du classicisme au romantisme.
Beethoven Haus, Bonn, Germany/The Bridgeman Art Library International
Deux ennemis, un seul nom: Napoléon !
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