Londres-Boston, vol de nuit. Ted Severson rencontre la superbe et mystérieuse Lily Kintner. On bavarde, on boit des cocktails, et voilà que peu à peu se déclenche un jeu de la vérité où, un détail après l'autre, Ted se dévoile à Lily. Il a trouvé en elle une oreille bienveillante et se met à lui raconter l'échec de son couple. Il en est certain, Miranda, sa femme, le trompe. Il en vient même à confier... qu'il tuerait bien l'épouse volage. Pour Ted, bafoué, l'idée semble même presque raisonnable. D'autant plus que Lily déclare le plus sérieusement du monde qu'elle est prête à l'aider. Après tout, des tas de gens méritent de mourir : parce qu'ils mentent, trompent l'aimé ou blessent les autres sans remords... Mais Lily n'a pas tout dit à Ted. Elle s'est bien gardée de lui révéler son passé de tueuse et d'experte en tromperies. Les conspirateurs se retrouvent ainsi vite pris dans un jeu du chat et de la souris des plus dangereux.
Titre VO : The kind worth killing
Auteur : Peter Swanson
Pages : 397
Edition : Editions Gallmeister (Totem) (poche)
Prix : 11,50 €
⚠️TW : agression sexuelle - meurtre - maltraitance
Dès les premières pages, Ceux qu’on tue m’a happée par sa construction originale et son ambiance à la fois tendue et élégante, typique des thrillers psychologiques bien ficelés.
Le roman se divise en plusieurs parties, chacune racontée avec une alternance de points de vue de différents personnages. Cette structure donne un rythme presque cinématographique à la lecture : on a l’impression d’assister à plusieurs histoires entremêlées, qui finissent par s’imbriquer de manière redoutablement habile. Chaque chapitre apporte une nouvelle pièce du puzzle, et Peter Swanson joue avec nos certitudes comme un vrai marionnettiste du suspense.
J’ai particulièrement aimé la manière dont l’auteur entretient le doute. On n’a jamais toutes les cartes en main, et chaque révélation, chaque changement de point de vue vient bousculer ce qu’on croyait savoir. On se demande sans cesse : qui manipule qui ? Qui ment ? Qui va s’en sortir, et à quel prix ? Cette tension constante rend le roman presque impossible à lâcher. 📖
Les personnages sont complexes, parfois dérangeants, souvent ambigus. Swanson ne cherche pas à nous les rendre sympathiques à tout prix : il préfère les explorer dans leurs contradictions, leurs failles, leurs zones d’ombre. Cela donne un réalisme presque troublant à l’histoire.
Ce qui m’a particulièrement marquée, c’est la noirceur morale du roman. Peter Swanson explore ici la frontière trouble entre le bien et le mal, la fascination du meurtre et la façon dont certains personnages parviennent à le justifier, intellectuellement ou émotionnellement. On ne lit pas seulement un thriller, mais une réflexion dérangeante sur la nature humaine, sur ce que signifie “avoir une morale” (ou ne pas en avoir). Le tout est traité sans manichéisme, avec une froide lucidité qui rend la lecture aussi captivante qu’inconfortable par moments.
La plume, quant à elle, est fluide et précise, sans fioritures inutiles. L’auteur sait aller droit au but tout en maintenant une atmosphère feutrée. Et si la fin peut sembler un peu abrupte, je l’ai trouvée parfaitement cohérente avec le ton du roman : froide, brutale, et terriblement efficace.
En résumé : un excellent thriller psychologique, tendu du début à la fin, avec une construction intelligente et des personnages ambivalents comme on les aime. Ceux qu’on tue m’a révélé le talent de Peter Swanson pour tisser une intrigue aussi machiavélique que captivante.
👉 Une chose est sûre : ce ne sera pas ma dernière lecture de cet auteur.
« En vérité, je ne pense pas que le meurtre soit forcément une aussi mauvaise chose que les gens le prétendent. Tout le monde meurt. » « Les jeunes hommes que j'y croisais pouvaient tous être taxés de petits snobs ingrats - ma mère aurait dit d'eux qu'ils se prenaient pour de grands alpinistes alors qu'ils étaient simplement nés au sommet du monde. »
« Il y a une très grande différence entre vouloir assassiner sa femme et passer à l'acte, et une différence encore plus grande entre commettre un meurtre et ne pas se faire pincer. »
« Je continuerais à survivre, en sachant, comme je l'avais su cette nuit-là dans la prairie tandis que les étoiles déversaient leur lumière sur moi, que j'étais spéciale, que j'étais née dotée d'une moralité d'un autre genre. Celle d'un animal - un corbeau, un renard ou un hibou - et non celle d'un être humain normal. »
« "Le temps de la rose et le temps de l'if sont d'égale durée." Je sais que ça ne justifie pas le meurtre, mais je pense que ça souligne à quel point nombreux sont ceux qui croient que tout humain a le droit de vivre longtemps alors que, en vérité, vivre, tout simplement est déjà probablement plus que ce que, tous autant que nous sommes, nous méritons. »
Peut-on trouver une forme de fascination ou de justification morale dans un meurtre, comme certains personnages du roman semblent le croire ?
Aimez-vous les thrillers construits à plusieurs voix ou préférez-vous suivre un seul point de vue ?
Trouvez-vous qu’une narration éclatée (plusieurs personnages, plusieurs timelines) rend un roman plus captivant ou plus confus ?
Avez-vous déjà lu un thriller où vous étiez (presque) du côté du tueur ?
Plutôt team thrillers à rebondissements ou thrillers psychologiques lents et dérangeants ?
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