Nos prises de position

Prise de position 15 Avril 2022

Quel État et quelles institutions dans une République écologique ? 

En France, les Républiques ont pris naissance lors de « crises » ou « révolutions » (1791, 1848, 1870, 1946, 1958) et jusqu’à ce jour elles se sont terminées par une forme directe ou non de coup d’Etat : De ce point de vue personne ne peut nier qu’un nouveau changement de République s’impose donc aujourd’hui avec force. 

Qu’on l’appelle 6è République ou République écologique pour en situer davantage les enjeux, c’est le contenu et lui seul qui est déterminant. 

Pourquoi y a-t-il urgence ? 

Nous arrivons à la fin d’un cycle : celui qui a consisté à mettre en péril l’avenir de l’humanité en refusant d’admettre qu’on ne pouvait impunément détruire notre écosystème planétaire, qu’on ne pouvait considérer les ressources naturelles et le vivant non humain comme des réserves infinies à piller au profit des seuls humains, qu’on ne pouvait poursuivre la vision d’un monde reposant sur le court-termisme qu’il s’agisse de la course folle aux profits financiers, de la disparition dramatique de la biodiversité, du dérèglement climatique, et en corollaire des atteintes fondamentales aux libertés individuelles et collectives pour tenter de maintenir un statu quo suicidaire. 

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Nous savons qu’on ne peut pas continuer ainsi et qu’une rupture dans tous les domaines est nécessaire pour que les générations futures puissent continuer à vivre sur notre terre dans des conditions dignes. 

La cinquième République illustre jusqu’à la caricature l’absence de vision d’une République écologique : des institutions de plus en plus verticales reposant sur une seule personne et cela à tous les niveaux y compris localement, le primat de l’économie sur toutes les autres considérations, la prochaine échéance électorale comme seul horizon, le refus de reconnaître les réalités diverses des territoires, etc.

L’absence de démocratie réelle fait le lit des populismes et constitue un marchepied à l’autoritarisme voire au fascisme. L’abstention croissante à chaque scrutin et tout particulièrement des plus jeunes, les revendications citoyennes pour une démocratie plus directe, la suspicion voire le rejet des élu.es, la perte massive d’adhérent.es de tous les partis politiques, illustrent les risques potentiels d’un virage illibéral.

Nous avons donc non seulement l’envie mais plus encore la responsabilité de faire naître cette République écologique pour retrouver un équilibre dans tous les domaines :  

L’espoir soulevé au Chili à la fois par le processus constituant et la victoire du camp progressiste face à l’extrême droite, peut utilement nourrir les réflexions sur les modalités de passage de notre « monarchie républicaine » vers une République écologique. Rien ne saurait être conçu sans la participation citoyenne, sans que le temps indispensable à l’élaboration des propositions soit mis à profit pour que l’ensemble de la population soit partie prenante. Et dans l’attente il est tout à fait possible de modifier les aspects les plus caricaturaux. En tout premier lieu il convient de réduire considérablement les pouvoirs du Président de la République pour retrouver un régime parlementaire. Cela implique de lui supprimer les droit de dissolution, de nomination à de nombreuses fonctions, du statut de chef des armées, de pouvoir mettre en œuvre les pleins pouvoirs à son profit, et présider le conseil des ministres, de décider de la politique de la France dans tel ou tel domaine (et notamment son « domaine réservé »). Tout ceci ne ferait qu’aligner la France sur la plupart des pays qui en ont fini avec le présidentialisme outrancier que nous connaissons. En contrepartie l’Assemblée nationale doit retrouver ses prérogatives grâce à un mode de scrutin proportionnel, seul garant du respect de la représentation des opinions citoyennes. Le gouvernement serait ainsi issu du scrutin et non du choix d’un seul. Les garde-fous pour éviter l’instabilité de la quatrième république sont connus et simples à mettre en œuvre. 

Ce qui se passe au plan national doit être décliné à tous les niveaux pour sortir des potentats locaux qui favorisent le clientélisme et le népotisme. Un fonctionnement collégial des collectivités locales, en séparant l’exécutif du législatif, en modifiant la règle électorale pour assurer un meilleur respect des opinions de l’électorat, la réduction des niveaux d’intervention (communes, intercommunalités, départements, régions, syndicats intercommunaux, etc.) afin de permettre aux citoyen.nes de mieux saisir qui fait quoi, sans compter l’indispensable limitation des mandats dans le temps et la mise en place d’une démocratie plus directe aux côtés de la démocratie représentative, constituent autant de réformes urgentes. 

Les libéraux prônent en permanence la réduction des moyens et du rôle de l’État au profit du privé arguant de sa meilleure efficacité. 

Or c’est précisément la réduction des moyens de l’État qui réduit ses capacités d’intervention efficace et prive les citoyen.nes d’une égalité d’accès aux services publics. Mais pour autant il n’est pas pertinent de défendre un statu quo. L’État (sous des différentes formes, centrales locales, ou via les entreprises publiques) ne saurait rester dans ses modes d’intervention actuels.

La décentralisation de la plupart des politiques publiques hormis les politiques régaliennes, devient chaque jour plus nécessaire. Les territoires sont divers, les spécificités sont réelles, les besoins hétérogènes, leur histoire singulière. Si la loi doit donner une égalité face aux besoins, elle ne peut limiter les droits d’intervention au nom d’un jacobinisme aussi archaïque qu’inefficace. Interdire par exemple à une commune ou une région d’être plus innovante que l’État en matière de lutte contre le réchauffement climatique a-t-il encore un sens ? Les territoires d’Outremer doivent-ils encore être sous le joug d’un État si lointain ? Et que dire du refus de reconnaître les langues régionales malgré la charte européenne de 1992 ? 

Si l’État doit être réduit ce n’est pas au profit du privé mais des institutions décentralisées en posant comme principe la subsidiarité. La proximité entre lieux de décision et citoyen.nes est un gage de démocratie. Mais cela ne peut fonctionner que si les institutions locales sont toutes élu.es au suffrage universel direct et au scrutin proportionnel. Cela doit rapidement devenir la règle pour les intercommunalités et les départements. Cela impliquera de proposer des projets pour ces institutions plutôt que privilégier des personnes. 

Une démocratie renouvelée, vivante, prenant en considération les enjeux du long terme, refusant la césure croissante entre élu.es et citoyen.es est la meilleure garantie contre les risques autoritaires qui se font jour. Refuser d’aller dans cette direction comme le fait l’actuel Président de la République, c’est incontestablement faire le jeu des partis populistes dont l’objectif final repose sur un pouvoir personnel toujours plus grand au détriment des libertés individuelles et collectives. La République sera écologique ou elle risque de disparaître comme les précédentes. 

Communication de l'association du 14 Juin

La Convention pour une République Ecologique

Notre avenir dépend de notre capacité à construire une république respectueuse de ses membres et de son environnement. L’association citoyenne “Convention pour une République écologique” s’est donnée comme objectif d’alimenter le débat politique par des prises de positions et des propositions permettant de définir un projet global : Une République Écologique.

La République Écologique prend en considération l’ensemble des thèmes de façon systémique et transversale : environnement, social, démocratie, culture, solidarité, etc.


Notre démarche est celle d’une démocratie citoyenne éclairée. Sur chaque sujet, lors de séminaires mensuels, des experts confrontent leurs connaissances au bon sens et à l'expertise d’usage des citoyen.nes. La “Convention pour une République Écologique” est un lieu de rencontre, un lieu d’émulation politique et intellectuelle, un lieu d’éducation populaire. L’association accueille des citoyen.es issu.es des divers courants de la gauche et de l’écologie.


Nos outils sont ceux de notre société, à la fois numérique, virtuel pour aller de l’avant, et matériel, concret pour ne pas exclure.

Numérique, au travers d’une chaîne YouTube, qui permet de garder la mémoire des  séminaires et d’un site qui conserve les déclarations et permet à chacun.e de proposer des contributions pour alimenter la démarche.

Concret, au travers d’une publication “Propos pour une République Écologique" et de participations dans différents évènements politiques permettant de construire la République Écologique.


Nos idées et propositions n’ont pas pour objet de rester cachées, réservées à quelques cercles ; nous voulons les partager largement et ensemencer le débat politique actuel en participant aux initiatives populaires et citoyennes.

Nous participons ainsi à la Primaire Populaire et à l’Archipel de l’écologie et des solidarités.


Pour aider à construire l’alternative politique, à changer réellement notre société, la porte est ouverte à toutes et tous, chacun.e peut apporter son expertise ou son expérience à la “Convention de la République Écologique”.

Communiqué du 1er Mai 2021

Une nouvelle victoire de l’écologie ! 

Le recours  à la justice pour faire reconnaître l’urgence d’agir en matière de lutte contre le dérèglement climatique prouve jour après jour son bien-fondé.


En France, le Conseil d'État a rendu une décision historique pour la lutte contre la crise climatique : il met l'État face à ses responsabilités en considérant que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés par la loi sont contraignants et il a donné trois mois à l’État pour prouver qu’il met en place des moyens suffisants pour atteindre son objectif de réduire ses émissions de 40 % d’ici à 2030. 

De même le Tribunal administratif de Paris a condamné le gouvernement pour carences fautives de l’Etat à mettre en œuvre des politiques publiques lui permettant d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’il s’est fixés.


En Allemagne la Cour Constitutionnelle vient d’infliger un camouflet au gouvernement de Mme Merkel en estimant que la loi de 2019 sur le climat n’est pas suffisamment ambitieuse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre après 2030, avec pour conséquences de « restreindre pratiquement et potentiellement toute forme de liberté » pour les générations à venir. 


Dans un contexte qui voit les Etats-Unis revenir dans le cadre des accords de Paris et le président Biden prendre des mesures courageuses contre les pétroliers,  le contraste avec les renoncements de M. Macron et son gouvernement est d’autant plus frappant.


Le refus de suivre les préconisations de la Conférence Citoyenne pour le Climat démontre que le seul critère pris en considération reste la volonté de ne rien faire qui puisse réduire les profits financiers, quelles qu’en soient les conséquences environnementales, sanitaires ou sociales.


Les élections régionales et départementales prochaines doivent être l’occasion de dire stop à cette vision archaïque mettant en péril les générations futures.


L’écologie doit devenir la matrice d’une recomposition politique permettant de faire face à l’avenir de l’humanité dans un monde solidaire et juste.