Renault s’est longtemps identifié à Billancourt, berceau industriel de l’entreprise. A partir de 1898, le modeste atelier de Louis Renault fait place jusque dans les années 1970 à un énorme ensemble industriel qui grandit d’abord sur la rive droite de la Seine, pour conquérir ensuite l’Ile Seguin et avoir enfin une tête de pont sur la rive gauche, à Meudon. A partir des années 1980, l’usine, « forteresse ouvrière » devenue inadaptée à la production automobile moderne, vit une lente décroissance pour fermer ses portes en 1992.Les bâtiments industriels ont été rasés en 2004-2005 et le site est aujourd'hui en réaménagement.
L’entreprise Renault naît en 1898 dans la propriété de la famille Renault à Billancourt. Boulogne sur Seine et Billancourt attirent à l’époque des industries, notamment automobile et aviation, désirant échapper aux contraintes parisiennes. Dès 1900, les ateliers de Billancourt couvrent 4680 m2 pour atteindre 143 600 m2 à la veille de la guerre 1914-1918.
L’usine était implantée au Sud-Ouest de Paris à Boulogne-Billancourt et Meudon (Hauts de seine), occupant peu à peu des surfaces importantes (plus de 100 ha) sur les deux rives et dans l’île d’un méandre de la Seine.
Voitures: carrosserie, montage, mécanique (1898-1992)
Camions, cars et bus (1920-1950)
Autorails (1920-1949)
Moteurs d’avion (1914-1945)
Matériel militaire : armes (1914-1918), chars – dont FT17 et Chenillette- (1914-1945)
Tracteurs agricoles (1920-1945)
Les débuts 1898 - 1914
1898 : Louis Renault construit sa première voiturette « à prise directe » dans l’abri de jardin de la propriété familiale.
1899 : Création de la société « Renault Frères » par Fernand et Marcel Renault. Louis Renault est simple employé. L’abri de jardin est abandonné au profit d’un hangar à bateaux transféré depuis l’ile Seguin. 71 voiturettes sont fabriquées. Effectif : 60 personnes.
1901 : Effectif : 400 personnes.
1903 : Marcel Renault se tue dans la course Paris-Madrid. Louis prend la place de son frère dans la société.
1905 : Renault remporte un appel d’offres de la Compagnie Française des Automobiles de Place (commande de 1500 taxis). Les ateliers de Billancourt couvrent alors 22 000 m2 et emploient 800 personnes.
1906 : La recherche de productivité provoque de nombreux conflits sociaux. Augmentation des salaires de 5% et journée de 8 heures.
1907 : premiers moteurs pour l’aviation.
1908 : Fernand se retire de la société qui devient « Société des Automobiles Renault ». Autobus Renault pour Paris. Les usines couvrent 46500 m2.
1909 : Décès de Fernand Renault.
1910 : Crue de la Seine. L’usine est fermée 12 jours.
1911 : Louis Renault s’inspire (de manière sélective) des méthodes américaines de Taylor et Ford pour améliorer les performances industrielles. Nouveaux ateliers pour véhicules industriels.
1913 : Grève du « Chronométrage » (10 février au 22 mars). Licenciement de 436 ouvriers.
Début 1914 : L’usine a une superficie de 143 600 m2 (soit 14,3 ha), emploie 4970 personnes et produit 10% des automobiles françaises.
Pour en savoir plus consultez "L"expansion territoriale de 1902 à 1914) >>>
La guerre 1914 - 1918
1914 : La mobilisation ramène les effectifs à 1200 personnes. Pénurie de munitions : Renault imagine un procédé de fabrication d’obus “bi-blocs” utilisant des moyens répandus dans l’industrie et apporte une réponse au problème. L’usine réembauche.
1915 : l’usine fabrique des composants de canon. L’effectif remonte à 12800 personnes.
1916 : conception du char léger FT17. Superficie des usines : 248 700 m2. Effectif : 20 157 personnes.
1917 : Effondrement du bâtiment C4 (60 morts). Grèves. Augmentations de salaires et introduction des délégués d’atelier. Sortie du premier char FT17 et commande de 3000 chars pour 1918.
1918 : l’usine fabrique 1800 chars FT17 cette année-là et aura fabriqué 14 000 moteurs d’avion sur la période. Elle a triplé sa superficie (365 000 m2 soit 37 ha) et compte 22 500 personnes.
L'entre-deux-guerres
1919 : Construction du bâtiment « X » (bâtiment « Pierre Dreyfus ») qui sera jusqu’en 1975 celui de la Direction.
A partir de 1920 : politique industrielle d’intégration. Création des ateliers de fonderie, forge, pneumatiques, chromage… et fabrication de ses propres moyens de production : charpente métallique, engins de manutention…
1921 : Les effectifs sont ramenés à 10400.
1922 : La « Société des Automobiles Renault » devient la « Société Anonymes des Usines Renault » dont Louis Renault détient plus de 80% des parts. Début du montage à la chaîne. Premier autorail Renault.
1923 : Début des travaux de construction de l’usine de l’île Seguin (surélèvement de l’île). Effectifs : 20500.
1926 : Billancourt est rattachée à Boulogne pour constituer la commune de Boulogne-Billancourt.
1928 : Grèves du 12 au 28 mai pour augmentation de salaires de 10%. Effectifs : 29 500.
1929 : La Ville de Boulogne vend les voies englobées dans l’usine.
1930 : Fin de la première tranche de construction de l’île Seguin, desservie par deux ponts nouvellement créés (Daydé entre Seguin et Billancourt en 1928, Seibert entre Seguin et Meudon en 1932). On y monte voitures de tourisme, poids lourds, autobus et matériel ferroviaire. Superficie totale des usines : 67 ha.
1931 : Crise économique et baisses de production. Effectifs : 23 000.
1933 : Seconde phase de construction de l’île Seguin (-> 1935).
1936 : Grèves de 80% des ouvriers (33000). Première fermeture pour congés payés.
1938 : L’agitation sociale n’a pas cessé depuis 1936. Evacuation de l’usine par la police. Effectifs : 38 000.
1939 : les surfaces atteignent 100 ha.
La guerre 1939 - 1945 et la nationalisation de Renault
1940 : l’usine est réquisitionnée par l’occupant et placée sous l’autorité des cadres de Daimler-Benz. Effectifs : 20200.
1942-1943 : Bombardements alliés (plus de 1000 victimes dans la ville en 1942). On reconstruit. Décentralisation d’une partie importante de la production.
1945 : Nationalisation. La « Société Anonymes des usines Renault » devient la « Régie Nationale des Usines Renault ». L’usine est à 80% détruite.
Redémarrage et apogée 1945 - 1984
1945 : L’usine redémarre avec la Juvaquatre. Effectifs : 23250. Plan de modernisation de l’outillage.
1947 : Lancement de la 4CV. « Machines Transferts » de Pierre Bézier. Premières grandes grèves de l’après-guerre. Effectifs : 30950.
1950 : 100000ème 4CV. Grèves.
1951 : Les effectifs culminent à 42453. Décentralisation sur l’usine de Flins.
1953 : Grèves.
1954 : Billancourt produit 123 500 véhicules, soit 70% de la production de la RNUR. 500000ème 4CV
1955 : Accords d’entreprise : 3ème semaine de congés payés.
1959 : Création de deux usines : UFMB (Usine de Fonderie et Mécanique de Billancourt), UCMB (Usine de Carrosserie et Montage de Billancourt)
1961 : Lancement de la R4
1962 : Accords d’entreprise : 4ème semaine de congés payés
1968 : Travail en deux équipes. Grèves avec 33 jours d’arrêt.
1970 : Nouveau pic d’effectifs à 38981.
1972 : Agitation des mouvements gauchistes et grèves à répétition. Pierre Overney, militant maoïste, est tué devant les grilles de l’avenue Emile Zola.
1974 : Mensualisation de l’ensemble du personnel.
1975 : Apogée avec des cadences de 1200 véhicules / jour. Grève des caristes et OS de chaîne de Billancourt.
1979 : Fusion des 2 usines UFMB et UCMB -> UB (Usine de Billancourt)
1981 : Projet de modernisation du site : Billancourt 2000.
La fermeture 1984 - 1992
1984 : les handicaps structurels de l’unité de carrosserie-montage (milieu urbain, une île, sur six niveaux) condamnent l’usine. Longue phase de décroissance. Les plans sociaux se succèdent.
1985 : Grèves et violences. Les « Dix de Billancourt » sont renvoyés.
1986 : Lancement de l’Express, utilitaire dérivé de la Super 5.
1989 : Annonce de la fermeture le 21 novembre.
1992 : Billancourt ferme définitivement ses portes le 31 mars. La R5 Société est la dernière voiture à sortir de chaîne. Les « Dix » sont définitivement exclus de Renault.
1899 : 71 véhicules
1904 : 1 076 véhicules
1909 : 4 700 véhicules
1914 : 4 206 véhicules
1922 : 8 177 véhicules
1923 : 21 100 véhicules
1924 : 32 500 véhicules
1925 : 44 800 véhicules
1928 : 55 900 véhicules
1931 : 41 100 véhicules
1936 : 61 100 véhicules
1939 : 58 000 véhicules
1948 : 22 600 4CV
1949 : 70 600 4CV
1950 : 86 000 4CV
1954 : 123 500 véhicules
1967 : 150 000 véhicules (760 v / jour)
1972 : 210 000 véhicules (1050 v / jour)
1975 : 240 000 véhicules (1200 v /jour)
1980 : 180 000 véhicules (900 v / jour)
1984 : 160 000 véhicules (800 v / jour)
1989 : 85 000 véhicules (420 v / jour)
Voitures fabriquées
De 1898 à 1940
La quasi totalité des véhicules conçus par Renault pendant la période.
Voir le site Renault Classic: Les pionniers, L'industrialisation
De 1946 à 1992
Juvaquatre
4CV
Colorale
Dauphine
Renault 4
Renault 6
Renault Express
Renault 5 Société
Pierre Alphonse GRILLOT (1936-…), Directeur des Fabrications pilotant directement les départements de Billancourt. Assisté de Marcel TAUVERON, Directeur Carrosserie et Montage (début années 1950)
En 1959, sont créées 2 usines: UFMB (Fabrication Mécanique), UCMB (Carrosserie- Montage/ Ile Seguin)
M. de LONGCAMP, Directeur UFMB (1959- 1970)
.Alain VERDET, Directeur UFMB (1970-1974)
.Pierre LADREYT, Direcreur UCMB (1959-1968)
Henri LAROUSSINIE, Directeur UCMB (1968-1974)
Roger VACHER, Directeur UCMB (1974-1976)
En 1976, l'UFMB et l'UCMB sont rattachées au CIB (Centre Industriel de Billancourt) puis fusionnées en 1979 dans l'UB (Usine de Billancourt). Le CIB comporte, outre l'UB, les directions hébergées: Méthodes, Achats, Qualité. Les directeurs du CIB président le comité d'établissement (CE) du CIB.
Claude BILLAUD, Directeur CIB (1974-1976)
Roger VACHER, Directeur CIB et UB (1976-1985)
Michel AUROY, Directeur CIB et UB (1985-1987)
Yves POLDERMAN, Directeur CIB et UB (1987)
Michel GORNET, Directeur CIB et UB (1988-1989)
Georges PEROT, Directeur CIB et UB (1989-1992)
Nombreux articles dans les revues de Renault Histoire. Citons:
« 1912-1913, la grève du chronométrage » par Alain P.MICHEL : Renault Histoire N°27 Octobre 2012
« L’île Seguin, citadelle industrielle » par Jean GUITTARD : De Renault frères à constructeurs d’automobiles à Renault Régie Nationale N°1 Décembre 1970
« Les journées de mai-juin 1936 à Billancourt » par Gilbert HATRY : De Renault frères à constructeurs d’automobiles à Renault Régie Nationale N°34-35 Décembre 1987
« Billancourt sous les bombes » par Gilbert HATRY : De Renault frères à constructeurs d’automobiles à Renault Régie Nationale N°29 Décembre 1984-
« La 4CV dans les départements de carrosserie et montage » par Marcel TAUVERON : De Renault frères à constructeurs d’automobiles à Renault Régie Nationale N°16 Juin 1978
« Billancourt au temps des Maos entre 1968 et 1973 » par Henri LAROUSSINIE : Renault Histoire N°19 Juillet 2007
« Un exemple de communication : la fermeture de Billancourt » par Delphine BOUVARD : Renault Histoire N°14 Juin 2002
Document rédigé en Octobre 2014 - Mise à jour Décembre 2014