2018-03 : TRANSPORT DE PERSONNES A MOBILITÉ RÉDUITE - La plus belle réponse au drame d'un salarié

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HISTOIRE

TRANSPORT DE PERSONNES À MOBILITÉ RÉDUITE

La plus belle réponse

au drame d’un salarié

Le premier proto était

Renault Tech, filiale à 100 % du Groupe Renault depuis 2009,

s’est construit une très belle réputation par ses adaptations

de véhicules au transport de personnes à mobilité réduite.

Plus que d’un succès, il faut parler ici de projet d’une équipe

totalement impliquée face au drame qui toucha l’un des leurs.

S

S

i la plupart des projets automobiles

naissent d’études marketing

savamment orchestrées

pour répondre aux désirs d’une

clientèle existante ou prospective,

la porte reste parfois ouverte

aux aventures humaines

dénuées de tout calcul. Ainsi, la naissance d’un

département consacré à l’élaboration de véhicules

pour le transport de personne à mobilité

réduite (TPMR) au sein de la Somac, l’ancêtre de

Renault Tech, tient strictement de l’aventure, ou

plutôt du drame humain. Nous sommes en

1985. La Somac, Société de montage autos et

camions, spécialisée dans les transmissions, est

alors une division de Renault Véhicules Industriels,

avant de devenir filiale de Renault à 100 %

en 2000 et de prendre le nom Renault Tech en

2010. La Somac est à l’époque dirigée par

Jacky Haas, dont le frère, Michel, chef d’équipe

tournage-fraisage au sein de l’établissement,

est victime d’un grave accident de moto.

Les collègues se mobilisent

Michel Haas reste hospitalisé six mois et en sortira

sur un fauteuil roulant. « Jacky se demande

alors comment son frère pourra désormais se

déplacer, se souvient Patrick Esnaux, un collègue

de la Somac. Il a l’idée d’adapter une 4F6,

une 4L de série version fourgonnette, et de

mande à l’ingénieur maison Paul Descoins d’en

modifier une pour qu’elle puisse transporter une

personne en fauteuil roulant », poursuit-il. Bricoleur

de génie, notre ingénieur commence alors à

fabriquer une série de pièces spécifiques dans

l’atelier adjacent. Seul avec son chalumeau et sa

planche à dessin. « On le regardait mettre des

câbles sur un treuil afin de comprimer les barres

de torsion, pour que la caisse touche le sol et

laisse le passage à un fauteuil », précise Patrick

Esnaux. Paul Descoins s’investit tant et plus

dans ce projet à haute charge émotionnelle et

confie à qui veut l’entendre qu’il a mal à la tête à

force de réfléchir aux meilleures solutions pour

adapter efficacement la fourgonnette! D’autant

qu’il cherche des solutions reproductibles en

série, plutôt que de se contenter de réaliser un

objet unique. « En quelques mois, Paul Descoins

réalise un boulot incroyable, et le premier prototype

est rapidement finalisé », témoigne encore

Patrick Esnaux. Si, à l’origine, le véhicule n’a pas

été pensé pour être vendu, il devient évident qu’il

répond à un besoin de mobilité qui n’a jusqu’alors

jamais été identifié. Les innovations sont dès lors

brevetées, puis adaptées à la nouvelle fourgon-

Un véhicule unique

conçu dans l’dée de

pouvoir le reproduire

en petite série, brevets

à l’appui

nette basée sur la Super 5, l’Express, dont le lancement

commercial correspond à la fin de cette

année 1985.

Livraison rime avec émotions

Et, dès 1987, la Somac commercialise les

premiers véhicules TPMR: des Express vitrés,

version transport de personnes, spécialement

adaptés sur le site de Verneuil-sur-Avre. « Il fallait

d’abord “déshabiller” l’Express, c’est-à-dire lui

enlever les plastiques et la banquette arrière.

Puis découper son châssis arrière au lapidaire et

y souder un caisson pour le baisser de vingt centimètres.

S’ensuivent le traitement antirouille du

châssis, le mastic, la peinture, l’assemblage,

l’électricité, les vérins hydrauliques à poser pour

comprimer les barres de torsion… Je m’en souviens

si bien que je pourrais en refaire un sur-le-

Une forge à l’origine de Renault

Tech ! En 1910, l’atelier Sinpar ne

réalisait pas que voiturettes : ici,

la forge où l’on confectionnait

des tubes métalliques.

Créé en 2009, Renault Tech

puise son héritage de diverses

sociétés plus anciennes. La

doyenne d’entre elles, Sinpar,

remonte à 1906, époque où elle

construisait des voiturettes.

Après la Seconde Guerre, elle se

spécialise dans la fabrication de

treuils et de boîtes de transfert,

mais elle se fait surtout

connaître pour ses adaptations

de transmissions 4x4 sur des

modèles Renault, dont la fameuse

R4 des frères Marreau, qui termina

troisième au Paris-Dakar. C’est

aussi Sinpar qui a produit la très

estivale R4 Plein Air. Mais Sinpar

s’effacera progressivement au

profit de sa filiale Somac, Société

de montage autos et camions,

créée en 1966. Le premier

rapprochement officiel avec le

Losange se fait en 1975, lorsque

Saviem, une des filiales camions de

Renault rachète la Somac. La Somac

passe sous pavillon Renault

Véhicules industriels dès 1978,

quand le Losange restructure sa

branche poids lourds. En 1980,

Sinpar disparaît totalement. La

Somac devient filiale de Renault à

100 % en 2000. En 2009, Renault

créé la Business Unit Renault Tech

en remplacement de la Somac.

Les origines de Renault Tech

champ! », ajoute Patrick Esnaux. Jusqu’au début

des années 2000, les clients prennent

livraison de leur véhicule dans l’atelier. Patrick

Esnaux est alors chargé de leur faire une démonstration

avant de les laisser partir au volant.

Des moments généralement très forts en émotions,

tant ces clients sont visiblement heureux

d’avoir enfin un véhicule qui leur permet de se

déplacer, de retrouver une certaine mobilité. « Le

destiné au frère du

patron de la Somac, qui

deviendra Renault Tech.

Si le prototype a été

réalisé sur base d’une

4L fourgonnette alors

en fin de vie, toutes les

innovations et brevets

ont aussitôt été adaptés

à la fourgonnette Super

5 Express, qui entamait

alors sa carrière

commerciale.

moment que je n’oublierai jamais, c’est quand ce

petit garçon de 4 ans en fauteuil roulant, est arrivé

avec ses parents. À la fin de la démonstration,

il m’a lancé avec un grand sourire: “Merci, Monsieur,

pour la voiture, je vais pouvoir me promener!”

Le souffle coupé par l’émotion, j’ai juste pu

lui répondre: “Merci à toi.” J’avais le sentiment

d’avoir fait la chose la plus utile qui soit », conclut

avec émotion Patrick Esnaux. ANAËLLE CORREC

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