2014-01 : Quand la vitesse faisait vendre














































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HISTOIRE

RECORDS

Quand la vitesse faisait vendre

S'il est aujourd'hui interdit de mettre en avant les performances des véhicules dans les pUblicités,..i1 fut un temps jadis où la vitesse était, records à l'appui, le premier argument publicitaire

des constructeurs. Renault fut même, il y a tout juste quatre­vingt ans, un acteur majeur de cette bataille des records.

Du 3 au 5avril 1934, la Nervasport pulvérise neuf records internationaux: une performance

largement exploitée par la publicité d'époque

La lutte pour la conquête de la vitesse

est engagée dés la fin du xIX"

siècle. Sur le kilomètre-départ lancé,

la vitesse de 105,850 km/h est

atteinte en 1899. La moyenne de

105,140 km/h est enregistrée en

1903 sur le parcours routier du

Paris-Madrid. Les courses de ville à ville sont de

terribles bancs d'essai pour les constructeurs

mais présentent d'importants dangers pour les

pilotes et les spectateurs, au point d'être interdites

en 1903. Cependant, l'engouement pour la

vitesse est trop fort. La compétition reprend deux

ans plus tard sur le circuit routier fermé dont la

longueur peut néanmoins atteindre jusqu'à 120

km. Renault aligne alors des modèles de forte

cylindrée : 13000 cm3 pour 90 ch. En 1906, la

Renault pilotée par François Szisz remporte la

victoire au premier Grand Prix de l'ACF, au Mans,

accomplissant 1 238,160 km en 12 h 14 mn 7 s.

Le souci constant d'amélioration de la performance

pure et l'intérêt de prendre le public à

témoin conduit à la construction de véritables

autodromes. Le premier est celui de Brookland,

en Angleterre. L'idée se propage en France avec

le circuit de Montlhéry, qui propose un anneau de

vitesse et un circuit routier dès 1924.

Renault prend la piste

Ce nouvel outil va permettre aux constructeurs

français, et en particulier Renault, de démontrer

la qualité de leurs produits en s'appropriant un

certain nombre de records du monde.

Le creuset de tous les records chez Renault,

c'est le très fameux atelier 153, dédié aux essais

spéciaux. Au sein de cette équipe de choc, le

La Renault 40 CV à

carrosserie ouverte

torpédo effectue,

en juin 1925 sur la

piste de Montlhéry,

759 km en

24 heures. .

Record battu.

centralien Robert Plessier et le jeune ingénieur

américain Elley Garfield sont les pilotes désignés.

Leur bolide : une 40 CV type Sport à quatre

places carrossée par Lavocat et Marsaud, spécialiste

des carrosseries sport. Le 3 juin 1925,

après une première séance très prometteuse

trois semaines auparavant, la 40 CV reprend la

piste, pour la grande tentative, aux mains de Robert

Plessier et Elley Garfield. Le relais se réalise

toutes les deux heures: 147,991 km sont abattus

au bout de la première heure, 1 891 ,362 km

de la douzième et 3384,759 km à la fin des

24 heures, soit une moyenne de 141 ,031 kmlh.

Splendide performance exploitée au maximum

pendant tout juste trois mois. En effet, le 21 septembre,

une Bentley de 3 litres bat le record des

24 heures et, le 23 septembre, c 'est au tour

d'une Voisin de battre les records des 6 heures et

des 1 000 km. Le 12 octobre 1925, Robert Plessier

et Elley Garfield reprennent la piste avec la

nette intention de « rebattre les cartes ». Une avarie

technique mettra un terme à cette tentative.

Alors Billancourt se remet au travail. Un plan de

bataille est établi pour 1926 en profitant de l'expérience

acquise. Un châssis de 40 CV est prélevé.

Pour la carrosserie, on renonce à la formule

torpédo pour adopter la conduite intérieure, plus

facile à profiler. Selon le brevet Weymann inspiré

de l'aviation, elle est réalisée en simili-cuir tendu

sur armature légère en bois. Dès février 1926, les

séances de mise au point s'enchaînent. Enfin, le

9 juillet 1926, c'est le grand jour. Cette fois, ils

seront trois à se relayer toutes les deux heures,

ce qui permettra de se reposer quatre heures

.

entre chaque relais. En 24 heures, 4167,578 km

sont couverts à une vitesse horaire de

173,649 km, une moyenne jamais atteinte! De

nombreux records tombent: les 1000 et 2000

miles, les 2000, 3000 et 4000 km. C'est le plus

grand succès qu'une marque automobile ait

jamais obtenu ! Les records établis le 10 juillet

1926 par les trois mousquetaires Plessier, Garfield

et Guillon résistent quatorze mois. Ils furent

repris le 27 septembre 1927 par une Voisin, mais

nos deux valeureuses 40 CV promenées dans

toutes les villes de France constituèrent, pour la

marque, un énorme support publicitaire.

Surpuissance et aérodynamisme

En 1929, le préfixe « Nerva " (pour nerveux) est

associé à un nouveau châssis équipé d'un

moteur 8 cylindres de 4240 cm3 pour donner

naissance à la Nervastella. Mais les premières

performances ne répondent pas au souhait du

constructeur. La réaction est radicale : un nouveau

moteur 8 cylindres de 4827 cm3, est conçu

et la Nervastella se voit doublée d'un autre modèle

au Salon 1933 : la Nervasport type ZC2.

Au niveau performances et endurance, la quête

d'un enseignement réel n'était pas exclue des

calculs de Renault, mais l'argument commercial

l'emportait. Il fallait qu'au nom de Nervasport

soient associés deux qualificatifs évocateurs :

surpuissance et aérodynamisme. À la surpuis-

Pendant 48 heures, chaque pilote conduit

3 heures consécutives avant de céder le relais,

avec au bout de l'exploit le record!

Toute l'équipe de l'atelier 153

détachée à la chasse aux records s'affaire autour de la Nervasport

Après la carrosserie ouverte de 1925, la 40 CV dévolueaux records reçoit une carrosserie profilée en 1926.

Ses pilotes Robert Plessier et Elley Garfield apprécient l'évolution.

sance du châssis ZC2, il suffisait d'adjoindre une

carrosserie profilée pour l'aérodynamisme.

L'atelier 153 se met au travail dans le plus grand

secret : la carrosserie offre cette fois une forme

beaucoup plus fluide influencée par l'aéronautique.

Le 153, une nouvelle fois, ne s'en tient pas

là. Il va aussi former l'équipe des pilotes : Roger

Quatresous, 31 ans, Louis Fromentin, 24 ans ,

André Wagner, 28 ans, et Georges Berthelon,

34 ans. Le mardi 3 avril 1 934, la grande aventure

commence! À 15 h 37 exactement, la Nervasport

prend le départ sous le contrôle d'un agent

de l'Automobile-Club de France. Chaque pilote

conduit pendant trois heures consécutives et, le

5 avril, après une marche de 48 h 3 mn 14 s, la

Nervasport s'arrête, c'est la victoire!

Neuf records internationaux de catégorie sont

battus, 8037,341 km ont été parcourus, à la vitesse

moyenne horaire de 167,445 km.

Posséder un tel record du monde est une magnifique

consécration, c'est également le triomphe

des arguments de vente : surpuissance et aérodynamisme,

selon la direction commerciale. À

son tour, la Nervasport fit son tour de présentation

au public dans le réseau.

Mais les records même les plus impressionnants

ne peuvent résister longtemps. Le 8 mai 1934, à

16 heures, une Delahaye 6 cylindres de

3227 cm3 se lance sur la piste pour 48 heures et

bat non seulement le record de distance, mais

également celui des 10000 km.

Renault ne peut rester indifférent à l'exploit de la

Delahaye. Il lui faut une revanche à la hauteur de

sa réputation. La décision d'établir des records

de durée sur 72 heures est prise.

De nouveau, le 153 se met au travail. Il choisit le

châssis Vivasport du type VZ2, 6 cylindres de

3620 cm3. L'ingénieur Marcel Riffard, chef du bureau

d'études des avions Caudron est appelé à

la rescousse. Il reprend le style de la Nervasport

en l'affinant de nouveau. Avec son poste de

conduite surmonté d'une verrière profilée comme

celle du Caudron « Rafale ", la Vivasport présente

une aérodynamique avant-gardiste,

Le 13 août 1934, toute bleue sous le soleil, la Vivasport

se présente sur la ligne de départ.

À partir de 19 h 45, Roger Quatresous lance le

bolide à sa vitesse de croisière. Les relais se succèdent

et les tours de piste sont accomplis avec

une précision d'horloge. Brusquement, à 3 h 30,

c'est l'accident, brutal , inattendu! Une explosion

que l'écho amplifie, le malheureux Berthelon y

perd la vie. Sa disparition va mettre fin aux tentatives

de Renault pendant plus de vingt ans.

CLAUDE LE MAiTRE POUR RENAULT HISTOIRE

Crédits photo

P. I: A. Borgeaud. P. 4-5: DR. Y. Brossard, Dingo. P. 6-7:

A. -L. Goupil, O. -M. Gannbier, H. Venag, D. Meunier, E. Mercier,

DR. P. 8-9: G. Mendes, L. Perenom. A. Borgeaud, Y. Brossard,

DR. P.IO-II: A. Borgeaud. P.12-13 : V. Fel. P.14-15 :

A. Borgeaud. P.16-17 : Marketing 3D Commerce, J. Van Endert.

P. 18-19: Fotolia, DR. P. 20-21 : DR. P. 22-23 : DR. P. 24-25 :

A. Borgeaud. P. 26-27 : Marketing 3D Commerce, O.-M.

Gambier. P. 28-29 : L. Villaron P. 30-31 : C. de Plater. P. 32-33 :

DPPI. P. 34-35 : V. Fel. P. 36-43 : DR.

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