par Christophe Midler, Marc Alochet et Christophe De Charentay
Notes de lecture : Charles-Louis Hamelle
Christophe Midler et ses co-auteurs ont encore sévi. Trente ans après son premier ouvrage sur Twingo « L’auto qui n’existait pas », vingt ans après « L’épopée de Logan » et cinq ans après « L’aventure de Kwid », il nous raconte « L’odyssée de Spring. »
Effectivement, le terme odyssée est tout à fait approprié, car concevoir et monter un projet très novateur à trois partenaires (Dongfend, Nissan et Renault), avec des participants de cinq nations ( Chine, Corée, Inde, Japon, et France) ; faire payer les investissements par les commerciaux, le tout dans un délai des plus réduits relève de l’exploit.
Gérard Detourbet qui a fait ses preuves depuis de nombreuses années est la cheville ouvrière de ce projet et a pu mettre en avant son expérience dans les moments difficiles, particulièrement lorsque le fournisseur chinois de batteries a demandé une augmentation de 45 %.
Mais fin 2019, plusieurs problèmes viennent compromettre le projet. Le changement des critères d’attribution des aides à l’achat de véhicules électriques en Chine et il manque 25 km d’autonomie à Spring ont modifié les conditions de vente dans ce pays. La maladie de Gérard Detourbet et le départ de Carlos Ghosn font que Dongfeng ne veut plus commercialiser le véhicule en Chine.
Début 2020, miracle, le phénix renaît de ses cendres. Nouveau départ avec un recentrage sur l’Europe, à 150 000 véhicules par an pour une variante à 300 km d’autonomie. Il a fallu très rapidement mettre la voiture aux normes européennes, lui assurer une autonomie plus importante et surtout trouver un mode de distribution en rapport avec ce véhicule bon marché. Dacia se prêtait à tous les critères.
Cet ouvrage est une leçon de stratégie industrielle qui prouve que la start-up n’est pas le seul contexte où il est possible de tenter et vivre une rupture.
Mais en tournant la dernière page, il y a comme un manque et une interrogation qui taraudera les lecteurs : dans ce remarquable projet, qui a été le grand gagnant ?n nouveau livre à la bibliothèque RENAULT HISTOIRE et pourtant il date de 1980. L’auteur nous raconte l’épopée de l’entreprise Michelin depuis sa création jusqu’à l’arrivée d’un brillant polytechnicien qui termina sa carrière chez Renault.
Cet ouvrage, écrit par Alain Jemain, journaliste au Nouvel Économiste est préfacé par Bernard Hanon qui écrit avoir été toujours fasciné par la réussite de cette famille sur le plan de la technique et de la gestion.
Pour l’auteur, quatre grandes règles expliquent cette réussite : tout d’abord la primauté du produit, toujours avoir une longueur d’avance sur la concurrence : le “pneu pilote” en 1937, le “pneu X” en 1948 ; puis le second point fort est la maîtrise du temps industriel entre la rigidité des fabrications lourdes à concevoir et à implanter et la demande du client ; la troisième est l’acceptation du risque que ce soit sur le plan technique, d’une nouvelle implantation ou même d’une nouvelle entreprise, comme ce fut le cas avec l’acquisition de Citroën ; et enfin le dernier, certainement le plus contradictoire, c’est l’opposition entre le secret le plus jalousement gardé sur la conception et le goût indiscutable et innovant pour l’information et les relations publiques au travers des guides, des cartes et des panneaux.
Une fois ce livre terminé, nous sommes en manque : la suite de cette aventure de 1980 à nos jours devrait être tout aussi passionnante.
