ALAIN SERPAGGI
"U
NE VIE AU VOLANT"

par LOUIS GRANONER

Éditions du Palmier, 96 pages, 2018

Notes de lecture : Jean-Francois De Andria



Les éditions du Palmier nous proposent une biographie d’Alain Serpaggi, bien et honorablement connu des amateurs d’Alpine depuis 50 ans. C’est en effet en 1968 qu’Alain pratiquement sans volant à la suite du retrait de Triumph-Lamborghini s’était fait recruter à la succursale Alpine d’Épinay-sur-Seine par Jacques Cheinisse, comme vendeur. Engagé pour piloter une Alpine A 210 aux 24 heures du Mans, il signe avec Alain le Guellec une brillante 9e place au “scratch” et 1ere place en 1600 cc. Auparavant, il avait couru les rallyes sur Triumph (avec Jean Todt comme copilote) et la coupe Renault 8 Gordini. L’année suivante, il remporte toujours sur A210, mais cette fois avec Christian Ethuin, l’indice de performance sur le circuit de la Sarthe. Puis c’est le tour des monoplaces – Formule France sur Alpine officielle en 1969, avec laquelle il remporte un grand chelem (pole position, record du tour et victoire) sur le circuit de Charade.

À partir de 1971, il va former un redoutable duo avec Michel Leclère en Formule Renault puis Formule 3. Ils trusteront les victoires. En 1974, en prototype 2 litres, avec une voiture dont les bonnes fées s’appelaient Marcel Hubert et François Castaing, il devient champion d’Europe de cette catégorie. Renault décide alors de se concentrer sur les 24 Heures du Mans et, au-delà sur la F1. Alain a alors 36 ans. Il est recruté par Rédelé qui lui propose le poste de pilote-essayeur.

Il est arrivé à point nommé pour mettre au point la Renault 5 Alpine, puis l’Alpine A 310 4 cylindres et 6 cylindres. Viendront ensuite la GTA et des dérivés de celle-ci – version Coupe et 4x4 – les 5 Turbo 1 et 2, les 5 GT, la W 71, un petit coupé sportif bien dans la tradition Alpine, des dérivés sportifs des modèles Renault de série (21, Safrane), de même que la Jeepsy, petite Jeep à carrosserie en composite sur un moteur F diesel, et pour terminer la 610, version la plus aboutie de la GTA. Beaucoup de ces mises au point lui ont laissé de vifs regrets, car les modèles, très prometteurs n’ont en définitive pas connu la série, malgré des prestations de très haut niveau, mais des équilibres économiques incertains, à une époque où Renault devenait beaucoup plus sélectif.

Arrivé à la retraite, Alain va continuer à courir pour le plaisir, mais avec toujours autant d’exigence. Unanimement apprécié pour son calme, sa rigueur, sa ténacité, la précision de ses jugements (et de ses trajectoires), il était fait pour les métiers où il s’est révélé. Sa femme, Jacky, très récemment décédée, l’accompagnait souvent. Elle a rapporté de ces déplacements une photothèque qui a permis d’illustrer abondamment l’ouvrage. Il contient aussi les témoignages de beaucoup de ceux qui l’ont accompagné à un moment ou un autre de sa longue carrière.