La RENAULT 14 de mon père

par Jean-Luc Armagnacq

Éditions techniques pour l’automobile et l’industrie, 120 pages, 2016

Notes de lecture : Yves Dubreuil

Comme toujours dans cette collection intéressante et documentée, on trouve une description exhaustive des caractéristiques, des versions et des séries limitées.

Dans le cas de la Renault 14, qui n’a pas été un succès, mais pas non plus un échec, on sent une certaine prudence dans l’analyse des causes de ce demi-échec.

Tout d’abord, dans la préface de Robert Broyer, il est signalé que la Renault 5 avait été “conçue sans cahier des charges vraiment précis”, alors qu’un témoin clé de cette époque, Jean-François de Andria, raconte volontiers les études sociologiques suivies d’études qualitatives mettant en évidence l’attachement subjectif de clientèle potentielle de la Renault 5 à sa voiture qualifiée de “marrante” et à laquelle on aurait volontiers donné un “petit nom”.

Rien de ça pour la Renault 14 qui n’était que la reprise de la “recette Renault 5” en supposant que ce qui avait marché en bas de gamme pouvait rester valable un cran au-dessus. On a donc cru que la compacité pouvait se vendre aussi à ce niveau, en y rajoutant de fortes contraintes d’habitabilité. Cette injonction contradictoire, cumulée avec les contraintes du GMP + Train AV de la Peugeot 104 ont abouti à cette “masse” bizarre avec un avant trop étroit et un train arrière trop large et massif.

Le traité de style quant à lui était très moderne et plutôt en avance sur son temps, mais au service de contraintes trop fortes pour obtenir un résultat attractif.

Des réflexions ultérieures ont conclu à une abondance de rondeurs, sans le repos de lignes droites ou carrées. Comme on l’a déjà écrit (RH n°351), la Renault 14 a aussi et surtout souffert de problèmes de qualité, d’un GMP Peugeot qui n’était pas vraiment accepté par le réseau, et du manque d’une gamme de versions et motorisations comme en disposait la concurrence. Dommage…

A noter dans ce livre, l’évocation du “break de chasse2” Renault-Ligier JS-6 sur base Renault 14 qui faillit voir le jour, mais fut arrêté subitement en octobre 1976. Cette intéressante voiture tombait mal entre les Renault 15, 17 et Fuego, avec son GMP Peugeot après la rupture de l’association “Renault-Peugeot”. Dommage…

((1) « La Renault 14, succès ou échec ? », Yves Dubreil, RH n°35, avril 2016.
(2) « Histoire du break de chasse Renault – Ligier », Robert Broyer, RH n°38, avril 2017.