ALPINE : LE SANG BLEU

Scénario de DENIS BERNARD

Dessins de CHRISTIANPAPAZOGLAKIS et ROBERT PAQUET

Éditions GLENAT, 48 pages, 2014

Notes de lecture : Philippe Doublet


Cet ouvrage narre l’histoire industrielle et sportive de la marque en nous faisant revivre les courses qui ont façonné la légende Alpine.

On appréciera d’entrée sur les pages de garde, les belles aquarelles des voitures emblématiques de la marque… le trait léger et les couleurs diluées donnent un ton nostalgique.

L’histoire débute en janvier 1973 sur le rallye de Monte-Carlo où à l’issue de multiples rebondissements, Alpine réalisera un triplé historique avec l’Alpine Renault A110. Cette victoire en appellera d’autres et Alpine remportera en 1973 le premier championnat du monde des constructeurs de rallye avec 6 victoires.

Malheureusement, ces succès ne suffisent pas à sauver la marque des affres de la crise pétrolière et pour survivre, Alpine devra se résoudre à céder le contrôle de l’entreprise à Renault qui motorise déjà les véhicules de la marque et détient 40 % du capital depuis 1968.

C’est à ce stade du récit qu’est introduit le personnage clé de l’aventure Alpine, Jean Rédélé(1), concessionnaire Renault, amateur de rallye et créateur de la marque en 1955 dans la ville de Dieppe où il possède un atelier. Les premières Alpines (A106 - A108) sont réalisées sur base de Renault 4CV (châssis, trains) déjà avec une coque en résine et fibre de verre.


À partir de 1960, Jean Rédélé décide d’adopter le châssis poutre plus rigide et mieux adapté à la compétition et l’A108 Berlinette présentée au salon de Paris ne pèse que 520kg.

Alors que les ventes décollent et que la notoriété est bien établie avec les succès en rallye, Jean Rédélé décide en 1962 d’engager une voiture aux 24H du Mans avec le soutien de Pierre Dreyfus. Le prototype M63 est développé dans un délai record de 6 mois et 3 voitures seront alignées au départ mais le résultat est catastrophique. Deux voitures abandonnent sur problèmes mécaniques et le pilote Brésilien Bino Heins périt dans l’accident de la troisième. Il faudra attendre 1964 pour voir 2 “Alpine” M64 terminer les 24H du Mans en tête de leur classe. Par la suite, des “Alpine” seront engagées dans le championnat d’endurance jusqu’en 1983. Entre temps, elles auront abandonné leur robe bleue pour le jaune identitaire de Renault et leur appellation aura subtilement muté d’Alpine-Renault vers Renault-Alpine.

En parallèle, Jean Rédélé, qui rêvait de porter le flambeau du sport automobile français s’était lancé dans les monoplaces pour courir en F2 et F3 avec des résultats mitigés. La première monoplace est engagée en 1964 sur le circuit de Pau, mais elle est confrontée à l’autre prétendant français, Matra, qui dispose de moyens supérieurs. Les monoplaces Alpine ne décrocheront que des miettes et la F1 A350 équipée du moteur V8 Gordini ne sera finalement jamais engagée en course.

Porté par ses succès en rallye et bénéficiant de support de Renault qui distribue ses modèles, la marque Alpine se porte bien et les moyens de production deviennent insuffisants. L’usine Alpine Renault de Dieppe inaugurée en 1969 permettra de faire face à la demande. Elle produira d’abord des “Berlinette” puis l’A310 en 1971. La mythique Berlinette disparaîtra du catalogue en 1977 (produite à plus de 8 000 exemplaires). En 1991, est lancée l’A610 turbo (2) qui ne sera commercialisée que quelques

mois… Renault ayant décidé de ne plus commercialiser de véhicules sous la marque Alpine.

À ce stade de l’histoire, on croit que tout est fini mais c’est sans compter sur Carlos Tavares et Carlos Ghosn qui en 2011décident de relancer la marque sur la base d’un concept car A110-50 de 400 CV. C’est sur ces pages où les personnages sont “croqués” avec plus ou moins de réussite que s’achève le récit.

In fine, on annonce l’arrivée en 2016 de la nouvelle A110, héritière de Jean Rédélé : une sportive du 21e siècle légère et puissante, amusante à conduire.

À suivre donc… les premiers clients auront le privilège d’essayer le bolide dès septembre 2017 et d’en prendre livraison en 2018 !

Une lecture ludique et captivante qui donne envie d’en savoir plus.
Les amateurs de voitures anciennes y trouveront des références techniques et commerciales des modèles de la marque.
Les amateurs de BD pourront découvrir de belles images qui feront vibrer les nostalgiques de Michel Vaillant.

Les historiens ne seront pas déçus par ce récit bien jalonné qui rappelle les grands événements industriels et sportifs de la marque et dresse le portrait des protagonistes.

(1)Jean Rédélé (1922 – 2007), est l’âme de cette glorieuse aventure Alpine. Bercé dans la mouvance automobile, son père manageait un garage à Dieppe, il devint pilote et concepteur de véhicules. Il se lance dans le rallye avec une 4CV améliorée, il a toujours cru au potentiel sportif de cette voiture. Il conçoit des coupés sur la base de cette 4CV puis crée la société des automobiles Alpine en 1955.

(2) Ultime évolution d’un modèle nommé GTA lancé en 1985, lui-même aboutissement d’un processus de perfectionnement de l’architecture des Alpine. Qui a décrit son parcours chez Renault dans le Renault Histoire n° 44, mars 2019.