1900 APPRENTI DANS L’AUTOMOBILE

par ALEXANDRE MÉNARD, mise en forme par NOËLLE MÉNARD

Les Éditions SILOË , 110 pages, 2002

Notes de lecture : Philippe Cornet


La famille Ménard est indissociable de l’histoire du réseau Renault au cours

du XXe siècle. Luc-Alexandre (1944-2012), personnage charismatique, a

animé quasiment tous les réseaux mondiaux de Renault et a laissé une

empreinte forte dans l’entreprise. De la DCZ (1) de Lyon, à l’Allemagne, puis à

la DCF2 en passant par Dacia et l’Amérique du Sud, il a marqué toutes les

évolutions de Renault au cours de sa carrière.


Un portrait lui est d’ailleurs consacré dans cette revue.


Son père, Alexandre (3) (1916-1998) fut concessionnaire à Châteaubriant

jusqu’en 1976, et président du groupement des concessionnaires Renault de

France (GCR). Cette famille angevine, dont on peut suivre la trace, est fondée

dès le début du XIXe siècle par Alexandre Ménard I (1804-1887), maître

tisserand, puis par son fils, Alexandre II (1849-1898), cultivateur et mécanicien

en moulin (amoulageur (4)), fondateur de la Société du secours mutuel de la

Membrolle-sur-Longuenée près de Pruillé.

Son fils, Alexandre III (1887-1979) commença sa vie professionnelle comme mécanicien, concessionnaire automobile et transporteur. Il laissa un cahier d’écolier d’une centaine de pages qui retrace sa découverte de l’automobile chez son oncle Chevallier qui avait un des rares garages de la région à Candé (Maine-et-Loire). Il y rentra comme apprenti à treize ans, c’est l’objet de cet ouvrage mis en forme par Noëlle Ménard (conservatrice de Bibliothèque) épouse de son petit-fils, Xavier (frère de Luc-Alexandre). Son cahier va de 1898 à 1905, date à laquelle il s’achève sans qu’il ait donné une suite qu’il avait pourtant en projet. Cependant, ce témoignage d’une force extraordinaire nous plonge dans ce que fut l’automobile au début du siècle dernier.

Il s’initie à la mécanique dans l’atelier de son oncle qui était aussi menuisier, tapissier, charron. C’est là qu’il verra naître cette nouvelle industrie avec son foisonnement de marques. On ne peut pas les citer toutes, mais on retiendra les premiers tricycles motorisés à pédales, les premiers embrayages et boîtes de vitesses. Darracq, Benz seront les voitures sur lesquelles il apprendra à conduire. Il passera son permis qu’à 17 ans. Ces années d’apprentissage bien que dures physiquement orienteront définitivement ses choix professionnels. L’évocation de marques comme Herald et Charron-Girardet et Voigt avec lesquelles il devient rapidement un technicien reconnu dans le département, dépannant les voitures de la société aristocratique, qui seuls pouvaient acheter ces exemplaires uniques. Il évoque Renault et Clément-Bayard qui d’après lui visait une clientèle de professions libérales, du commerce, “la masse si l’on peut dire”, ce qui orientera leurs choix techniques. Le récit d’une excursion à Saumur (200 km aller-retour en une journée) dans un break Amédée Bollée 1900 est un exploit que l’on a peine à imaginer aujourd’hui. Il devint par la suite chauffeur et formateur à la conduite des clients de son oncle. Son récit se termine sur la livraison d’une Clément-Bayard 12 CV.

Sa formation terminée, il partit pour Chateaubriand où il s’installa en 1918, après l’achat du garage Guibert. Distributeurs de plusieurs marques (Renault, Peugeot, Talbot), il obtiendra en 1925 l’exclusivité de la marque de Billancourt, puis en devint concessionnaire en 1941. Alexandre IV prit la succession de son père en 1952, qui s’éteignit à plus de 90 ans, et qui conduisait encore sa Renault 16.

Que de chemin depuis les premières voitures sans chevaux !

(1 ) Direction commerciale zone.
(2 ) Direction commerciale France.
(3) Alexandre est le prénom donné au fils aîné depuis la quatrième génération, d’où la numérotation.
(4) Amoulageur, métier technique qui consiste en la construction et l’entretien des moulins, terme local.