Nous avons appris avec émotion et avec tristesse le décès d’Aimé Jardon le 19 septembre 2017. Aimé Jardon était une personne exceptionnelle qui a eu un parcours professionnel tout aussi exceptionnel.Il a été un grand bâtisseur de Renault qu’il a marqué directement de son empreinte dès les années 50 et ce pendant près de 40 ans. Aimé Jardon était d’origine franc-comtoise. Son enfance, son adolescence se passent à Sochaux, Montbéliard. Son père était contremaître chez Peugeot. En 1949, il est Ingénieur Arts et Métiers, Médaillé d’argent. En toute logique, il devait devenir « Peugeot ». Et bien non, Aimé choisit Renault où il est embauché début 1950. Avec le recul,on peut penser que Renault a eu beaucoup de chance. Il entre d’abord à Billancourt comme ingénieur fabrication à la Direction des Méthodes Mécaniques.En 1953, il est envoyé au Japon dans le cadre du contrat avec Hino pour apprendre aux Japonais comment fabriquer la 4CV ! Seul représentant de Renault, il y apprend les différences de culture, les difficultés de la coopération, mais aussi les points positifs (voir à ce sujet l'article de la revue Renault Histoire "Renault en Asie et Pacifique" >>>). Il rentre en France en1956, mais cette expérience exceptionnelle restera un élément majeur de toute sa carrière.
Après 2 ans à Billancourt, en 1958, il est nommé Chef de département de l’usine de mécanique de Cléon. Il devient Directeur de Cléon en 1960. Cela montre bien que, à 34 ans, il était déjà, reconnu comme un homme de grande valeur.
En 1962, retour à Billancourt, Directeur des Méthodes en 1965, Directeur des Fabrications en 1969, puis Directeur Industriel en 1975.
Toujours aussi engagé, toujours aussi lucide, avec une vision clairvoyante de l’entreprise, il devient, en 1981, Directeur Général Adjoint du Groupe.
C’est en tant que N° 2 de l’Entreprise qu’il en devient, par 2 fois, le N° 1. En 1984 il assure, pendant quelques mois, la Direction Générale du Groupe après le départ de Bernard Hanon et cela jusqu’à l’arrivée de Georges Besse en 1985. Malheureusement Georges Besse est assassiné en novembre 1986. Aimé Jardon reprend alors, à nouveau, l’étendard jusqu’à l’arrivée de Raymond Levy.
Il quitte l’entreprise en 1989.
Aimé Jardon était un homme pour qui Renault méritait qu’on y consacre toute son énergie, toute son intelligence, toute sa clairvoyance.
Pour ceux qui l’ont longuement pratiqué, il pouvait donner l’impression d’être un homme sévère, exigeant, tolérant difficilement un dérapage professionnel. Mais, rapidement, à mieux le connaître, on découvrait un être profondément humain, ouvert sur les autres, sachant écouter et respectant les personnalités qui, disait-il, ne peuvent jamais être parfaites.