2014-02 : Conférence de Michel AUROY

ARGR - 10 février 2014

Michel Auroy, c’est d’abord une grande figure industrielle de Renault. Ingénieur de l’École Centrale de Lyon (promotion 1964), il fait ses débuts à Billancourt, motivé par la production en série. Après différents postes terrain, il devient chef du département Montage dans l’île Seguin. Il est ensuite nommé en 1980 directeur adjoint de l’usine de Maubeuge. Il revient en 1982 à Billancourt comme directeur adjoint du Centre Industriel de Billancourt et chef de projet industriel de l’Express. En 1986, il est nommé directeur du C.I.B. En 1988, il prend la direction de l’usine de Flins, puis en 1993, nouveau challenge, avec sa nomination à la tête de l’usine de Cléon.

Outre ses qualités de fabricant, il est reconnu pour ses talents d’organisateur et d’animateur d’équipes. Étant donné son parcours et sa personnalité, il a été le témoin et l’acteur engagé de la plupart des mutations, quelquefois très dures, qui sont intervenues en fabrication tant en carrosserie-montage qu’en mécanique.

En 1997, il est nommé Secrétaire général adjoint de Renault auprès de Michel de Virville. Il aura entre autres la responsabilité de négocier la vente des terrains de Billancourt dans un contexte politique plein de surprises et de rebondissements…

Il s’est montré, comme directeur d’usine, puis comme Secrétaire général adjoint, un gardien vigilant du patrimoine dont il a assuré la préservation en accueillant à Flins la collection de voitures anciennes. Depuis son départ en retraite, il reste très moteur sur la mémoire de Renault en tant que président fondateur d’AMETIS. La réalisation du Pavillon sur l’île Seguin lui doit beaucoup.

Devant une nombreuse assistance,en présence de MM. LEVY et PERCIE DU SERT, Michel AUROY nous a fait partager son expérience de la fabrication.


Ile Seguin : débuts, premières responsabilités

Issu d’une famille de cheminots, ingénieur de Centrale Lyon, Michel AUROY choisit l’automobile, RENAULT et la production. Il entre à l’Ile Seguin.
1964 : en pré situation, il est frappé par le bruit, la fumée, le « barnum » de la Fabrication.
1966 : après son service militaire, Il découvre,lors du démarrage de la R6, les rapports Etudes / Méthodes/ Fabrication et le monde syndical.
1968 : l’usine est occupée par une CGT remarquablement organisée. Après les accords de Grenelle, sa gestion des meetings pour obtenir un vote de sortie de grève est un modèle du genre.Il prend en charge la Finition/ Retouche (800 personnes), directement confronté aux grèves et conflits : on pense alors plus à les éviter qu’au produit et à sa qualité.
Après 1968, l’ambiance est marquée par un gauchisme exacerbé. RENAULT devient un support de la manipulation médiatique de l’extrême gauche (mort de Pierre OVERNEY, Jean-Paul SARTRE à Billancourt).

Directeur Adjoint de Maubeuge

1980 : Il trouve à Maubeuge (que RENAULT vient de racheter) une ambiance différente de Billancourt. Une taille humaine (3000 personnes), des professionnels avec le sens de l’argent, une majorité syndicale CFDT prête à la discussion.

Directeur de Billancourt

1982 : Il revient à Billancourt comme Directeur Adjoint, aux côtés de Roger VACHER, pour le projet EXPRESS.
1986 : il est nommé Directeur du CIB. L’usine vieillit. La performance s’en ressent. On réduit la charge. D’où des plans de licenciements. La CFDT discute et suivra attentivement indemnisations et reclassements. Violente opposition de la CGT : destruction de matériel, séquestrations, « kidnapping » de membres de la direction. Georges BESSE est inflexible : « On licencie les responsables pour faute lourde. » C’est l’affaire des « 10 de Billancourt ».
La fermeture est enclenchée. Raymond LEVY officialisera la décision.

Directeur de Flins

1988 : nommé à Flins, avec pour mission :amener la performance de l’usine, très médiocre, au niveau de la concurrence tout en préservant la paix sociale. C’est le démarrage de Clio et de Twingo. La rentabilité de l’usine passe par la mise en place d’une équipe de nuit.CFDT, FO et CGC signent l’accord à la différence de la CGT, prisonnière de consignes fédérales.
Michel AUROY constatera concrètement lors d’échanges avec VW la différence d’approche des syndicats allemands qui coopèrent avec la direction.

Directeur de Cléon

1993 : c’est avec réticence que Michel AUROY accepte la direction de Cléon. Il ne connaît pas le monde de la mécanique. L’usine est « grise », « sent l‘huile de coupe ». On en fera une « usine à vivre ». L’équipe est marquée par 1991 avec une grève traumatisante. II faut redonner le pouvoir à la maîtrise au détriment de la CGT, lui rendre confiance. Moyens : Ressources Humaines (formation, choix de promotion), Communication (prendre de vitesse l‘information ou l’action syndicale, dire la vérité). Recettes utilisées lors de la négociation de 1997 pour le travail de nuit.

Secrétaire Général Adjoint

1997 : nommé Secrétaire Général Adjoint auprès de Michel de VIRVILLE, il prend en charge l’Immobilier (avec la vente des terrains de Billancourt), les Services généraux, la Sûreté.

PST et Fondation Georges BESSE : les motivations

Le monde de l’Entreprise n’est pas très aimé du monde de l’Enseignement. Aussi, pour Michel AUROY, présider le jury de la Promotion Supérieure du Travail RENAULT puis de la Fondation Georges BESSE, par les contacts induits, est une manière de contribuer à une meilleure compréhension réciproque entre les 2 mondes.

Après cette conférence, très appréciée, les participants ont pu continuer les échanges autour du pot traditionnel de début d'année.