Le Workshop TRACE est un événement scientifique transdisciplinaire visant à rassembler des jeunes chercheurs autour d’un thème commun : l’approche incarnée et située de la cognition.
En effet, la notion d’incarnation, ou embodiment, constitue aujourd’hui l’élément incontournable de bon nombre de champs disciplinaires. De part la diversité des approches ayant participé à son émergence, l’idée que le corps puisse prendre une part active au sein des processus cognitifs traverse désormais l’intégralité des sciences cognitives. Par sciences cognitives, nous entendons non seulement l’ensemble des disciplines usuellement rassemblées sous ce terme — la psychologie, la philosophie, l’informatique, la robotique et les neurosciences — mais aussi celles qui, de près ou de loin, participeraient d’une certaine communauté de concepts ou de pratiques (nous pensons notamment et respectivement à la sociologie et à l’ergonomie).
Inséparable du concept d’incarnation, la notion de situation ou plus largement d’environnement permet quand à elle de rappeler qu’un certain corps est déjà et toujours inscrit dans un monde particulier, dessinant pour ce dernier l’ensemble des possibles qui s’offrent à lui. En d’autres termes, il s’agit ici d’élargir notre point de vue à des facteurs dont nous avons fait jusqu’ici l’économie : l’approche cognitiviste, comme paradigme dominant en sciences cognitives, se constitue originellement à l’exclusion des données corporelles et situationnelles. Il s’agira alors de montrer que l’hypothèse d’une cognition comme unique système de traitement de l’information est insuffisante à rendre compte de la complexité du comportement humain. La question se pose alors de savoir si c’est bien de la même aporie dont se trouvent prisonnières la robotique et l’IA qui pousseraient à l’extrême le formalisme du computo-symbolique, rendant plus difficile voire impossible à franchir le pas vers des systèmes artificiels intelligents.
Sur un versant plus appliqué, ces questions touchent évidemment le domaine clinique, où le problème de la définition de l’individu, dont dépendent les modalités de sa prise en charge, nous impose de penser à nouveau la possibilité de nous affranchir des multiples dichotomies qui le caractérisent.
Ces problématiques, données à titre d’exemple, fournissent simplement l’ébauche d’un cadre de réflexion qu’il faudra tout d’abord compléter, avant de tenter d’en définir les limites à l’aune des dernières avancées dans les différentes disciplines concernées. Enfin, nous ne pourrions conclure sans rappeler la nécessité d’un apport critique aux idées avancées plus haut : leur caractère parfois radical ne peut se passer d’une constante modération, qu’elle soit expérimentale ou d’ordre plus conceptuel.