La poésie est bien cette lumineuse étincelle qui se reflète aux fragments de nos vies comme autant « d’éclats ». Le titre, Éclats de vers, donne la tonalité de ce recueil dense et riche d’éclats poétiques. Pas un mot de trop, la poésie est là dans ce qu’elle a d’essentiel, elle est au plus près du silence. Contrairement au sous-titre curieusement choisi – petite anthologie égoïste –, on ne trouve pas d’égoïsme, rien de narcissique, les mots s’offrent et se donnent pour une rencontre avec l’autre : « Entre deux inconnus / vole un chemin d’oiseaux. ». Pour le poète « Tout poème / est cri d’amour. » Grâce à la poésie, la nuit n’est jamais tout à fait obscure, elle est la lampe qui permet l’écriture, qui permet de rejoindre l’enfance et d’en déchiffrer le secret. L’écriture pour être l’arbre, l’oiseau et atteindre même en plein jour une poignée d’étoiles : « L’arbre avait gardé / quelques poignées d’étoiles / qu’il semait en plein jour. » En ce recueil, la poésie nous rejoint, nous illumine de son mystère. L’expérience poétique est aussi expérience d’humilité et d’espérance, ces vers pour nous le dire : « Il fallait bien / joindre les mains / pour garder l’eau du ciel. » Ghislaine Lejard |