Nous pratiquons nos premières vraies pistes l’après-midi en nous dirigeant vers Bisti Badlands à environ trois cents kilomètres de Santa Fé sous une chaleur torride.

Le planning indiquait un arrêt sur le site de Ah-Sli-She-Pah, situé sur notre route et qui faisait très envie à Grisemote. « Qui trop embrasse , mal étreint » dit le proverbe. Conscients du programme trop chargé, nous préférons nous concentrer sur Bisti.

La voiture est à l’aise sur le sol poussiéreux et un peu marqué des derniers kilomètres. Cela donne confiance pour la suite. Ici c’est le désert total, à la fois par rapport au paysage mais aussi par la fréquentation du site (au moins ce jour-là). Pas un chat ! (tout de même nous croiserons un petit pompon de lapin, mais pas plus !) Il faut dire également qu’à l’extérieur de la voiture, la température est étouffante (plus de 90 ° F soit un petit 35°C quand même). Pourtant nous arrivons aux environs de seize heures.

Petite surprise à l’entrée, sur le livre d’or, un petit coucou aux « Grisemotes » des « Maries », c'est-à-dire de Marie Lefèvre de VF et sa famille qui sont passés la veille. Nous devons les retrouver dans quelques jours et elle savait que nous passerions le jour suivant leur visite. Ça fait chaud au cœur d’avoir un petit mot du fin fond de nulle part, même si ce n’est pas précisément la chaleur qui nous manque le plus sous cette latitude …

Le site est large et agréable mais il est plutôt facile de s’y perdre. Nous prenons un peu de hauteur pour avoir une vue d’ensemble, puis nous essayons de nous y retrouver dans ce dédale.

Du bois pétrifié.

Il y en a pour tous les goûts pour qui aime le désert : cheminées de fée, troncs d’arbre pétrifiés, structures géologiques remarquables où chacun reconnaît selon son imagination des œufs de dinosaure ou des vaisseaux spatiaux …

Aux commandes d'un vaisseau spatial!

Le clou de la journée est la eggs factory (sorte d’exposition naturelle à ciel ouvert de blocs de roche arrondis qui ressemblent à des œufs) en fin de parcours au moment de la « golden light ». La lumière chaude du coucher de soleil étire les ombres et donne un relief tout particulier aux structures géologiques très atypiques. Nous restons jusqu’aux derniers instants de lumière. C’est pas tout ça mais maintenant, on rentre comment dans ce dédale minéral qui commence à s’assombrir dangereusement ? "Qui s’attarde à la eggs factory rentrera de nuit" dit un proverbe local.

A la queue leu leu, sous une lune radieuse et pleine qui apparaît à l’horizon, avec les indications d’une boussole, nous entamons le chemin du retour. Les hurlements des coyotes, d’abord lointains puis plus précis ont commencé à nous inquiéter. Faut-il faire du feu pour les éloigner ? Ça attaque ces bêtes-là lorsqu’elles sont en groupe? Y a d’autres trucs avec des dents qui peuvent venir chatouiller nos mollets ? A la pleine lune, c’est quoi déjà les bêtes qui aiment s’exprimer ?…. M’enfin, je m’égare. S’il est vrai que des idées farfelues aient pu trotter dans nos têtes, le retour, de plus d’une heure quand même, fut une formalité sans mauvaise rencontre (mais en se perdant un peu pour garder un certain suspens) grâce à une lampe frontale qui trainait dans un des sacs au cas où nous serions surpris par la nuit. On n’y pense pas forcement en arrivant au grand jour, mais finalement ce n’était pas de trop …

Nous finissons la soirée dans un motel de Farmington. Dégonflés direz-vous ! Depuis le début on vous bassine que nous partons à l’aventure sans filet dans le désert torride et finalement ça se termine au restau et dans un motel à chaque nuit. Pas faux ! Mais qui lira saura …