L’incendie de la filature Fléchambault le 26 Février 1848

Avant de relater l’incendie de la Fabrique de Tissage du Faubourg Fléchambault, en bord de Vesle le Samedi 26 Février 1848, il m’a semblé opportun d’évoquer l’exaspération qui couvait au sein des entreprises confrontées à la révolution prolétarienne. Quoi de mieux, même si cela peut sembler insolite, que d’évoquer la chanson d’alors au sein de l’entreprise !

“Une chanson des ouvriers de Reims en 1848”

« Cette chanson rémoise dont l’auteur est inconnu, fut à Reims, en 1848, comme l’étincelle « qui alluma la révolte Les ouvriers rémois prirent et mirent le feu à l’usine Croutelle dans le « faubourg Fléchambault ; les ateliers de l’exploiteur (?) Pradine, rue des moulins allaient « subir le même sort quand le Directeur de l’usine M. S Dauphinot, futur Maire de Reims « vint au-devant des insurgés “Voici des marteaux leur dit-il, brisez les moteurs, mais de « grâce ne mettez pas le feu à l’usine !”Il fut fait comme il le demandait.

- Air de la Marseillaise -

I III

Allez fileurs, prenons courage Il faut braver leur arrogance

L’heure de la vengeance est arrivée Combattre pour nos intérêts

Brisons les fers de l’esclavage Il faut braver leur insolence

Auxquels on veut nous livrer…(Bis) A mourir soyons toujours prêts. (Bis)

Rallions-nous, classe ouvrière, C’est en mordant la poussière

De l’honneur suivons le sentier ; Que nous pourrons redire encore :

Il faut briser les grands métiers Qui parmi nous craindra la mort

Réduisons-les tous en poussière Pour le bonheur de leurs frères ?

Refrain Refrain

II IV

Depuis dix années tout entières Nous l’avons eu, la fois dernière,

Que notre état (1) s’est propagé, Avec leurs compliments flatteurs (2)

Hélas ! Combien avons-nous souffert ! Ils ont calmé la ville entière

Maintenant que pouvons-nous manger ? (Bis) En nous prêchant notre bonheur…(Bis)

Il nous faudra manger des pierres Maintenant, voyant l’hiver,

Que cela est malheureux ! Ils s’assemblent pour nous punir

Mourir, l’on serait plus heureux Ils veulent nous anéantir

Vivre en pareille misère Les voyez-vous lancer leur tonnerre (3) !

Refrain

V Refrain

Tremblez filateurs téméraires Sur vos gardes fileurs

L’ouvrier revendique ses droits Prenons de l’action ;

Ils ont su braver la misère Marchons, marchons,

Ils sauront respecter les lois Plutôt la mort

Courbez vos fronts dans la poussière Que la diminution

Vils bourreaux de la liberté ;

Et craignez que l’égalité

Ne vienne régner sur la terre.