Shin-Hanga
Le mouvement Shin-hanga (新版画, Shin-hanga), littéralement « Nouvelles estampes ou Nouvelles impressions», parfois traduit en « Renouveau pictural », mouvement artistique de la première moitié du XXe siècle au Japon pendant les périodes Taisho (1912-1925) et Shōwa (1926-1989), fut florissant entre 1920 et la fin des années 1950. Il perpétua le système hérité de l’ukiyo-e (XVIIe siècle - XIXe siècle) avec la création d'estampes faite par un quatuor (dessinateur (hanga-ka), graveur (hori-shi), imprimeur (suri-shi), éditeur (hanmoto)), à l’opposé du mouvement Sosaku-Hanga (Impressions créatives) où l’artiste est actif à tous les stades de production. Grâce aux artisans spécialisés (graveur, imprimeur), l’artiste se débarrasse des contraintes techniques et ne se soucie que de son propre travail de dessinateur ou peintre. Inspirés par les impressionnistes, les artistes du mouvement Shin-hanga intègrent des éléments occidentaux tels que le jeu de lumière, l'expression personnelle ou l’atmosphère d’un lieu tout en se concentrant sur des thèmes traditionnels japonais.
Dans ce mouvement, les artistes réaliseront essentiellement des paysages, des portraits de femmes (bijin-ga) ou d’acteurs et des représentations de la nature, animaux et plantes (kacho-ga). Dans les paysages (fukei-ga), les phénomènes naturels (la nuit, la neige, la pluie, la brume) prédominent et les principaux artistes en sont Yoshida Hiroshi (1876-1950) et son fils Yoshida Toshi (1911-1995), Kawase Hasui (1883-1957), Tsuchiya Koitsu (1879-1949), Ito Shinsui (1898-1972), Takahashi Shotei (aussi connu sous le nom Hiroaki) (1871-1945), Kasamatsu Shiro (1898-1991) et Ito Takashi (1894-1988). Pour les portraits de femmes (Bijin-ga ou «belles femmes»), les principaux artistes sont Hashiguchi Goyo (1880-1921), Ito Shinsui (1898-1972), Hirano Hakuho (1879-1957) et Torii Kotondo (1900-1976) et pour les portraits d'acteurs (yakusha-e), nous pouvons citer Natori Shunsen (1886-1960), Yoshikawa Kampo (1894-1979) ou Ota Masamitsu (1892-1975). Pour les animaux (kacho-ga), les artistes les plus représentatifs sont Ohara Koson (1877-1945), Ito Sozan et Ide Gakusui (1899-1992). Le mouvement Shin-hanga met en exergue le rôle des éditeurs, tels que Watanabe, Doi, Kawaguchi, Unsodo,…. Mais c’est Watanabe Shozaburo (1885-1962) qui est vraiment à l’origine de ce mouvement. Il a su promouvoir l’estampe Shin-hanga aux États-Unis assurant une sécurité financière aux artistes travaillant avec lui. La mort de Kawase Hasui en 1957, son artiste fétiche, puis la sienne en 1962 marquèrent la fin de ce mouvement. Watanabe Shosaburo (1885-1962) Watanabe était un éditeur et un homme d’affaires astucieux. Il travailla d'abord à Tokyo dans une société qui exportait des estampes. C'est là qu'il apprit le travail et commença à tisser des liens avec les importateurs étrangers. En 1906, il s’établit à son compte et exporta des reproductions d’estampes célèbres et populaires comme celles de Suzuki Harunobu, Hokusai or Hiroshige. Pour cela, il commissionna de bons artisans dont la situation était difficile car au début du XXème siècle, l’Ukiyo-e était un art sur le déclin et les artistes survivaient en illustrant des articles de journaux et des couvertures de magazines (Kuchi-e). Takahashi Hiroaki, connu aussi sous le nom de Takahashi Shotei (1871-1945) fut l’un des premiers artistes qui collabora avec Watanabe en 1907. Shotei fit plusieurs centaines de dessins pour Watanabe jusqu'à la fin de sa vie. Ses dessins étaient généralement étroits et longs et montraient des scènes d’un Japon idéal, déjà disparu. Ces estampes étaient très appréciées en Europe et Amérique du Nord et à défaut d’être exceptionnelles, elles permirent à Watanabe de mettre en place son réseau d’export et de mieux comprendre les gouts du public occidental. Et Watanabe commença à rechercher des artistes qui lui permettraient de mettre sur le marché des séries limitées d’estampes de qualité et de plus grande valeur artistique. Il rencontra d’abord un peintre autrichien vivant à Tokyo, Fritz Capelari (1884-1950) avec qui il fit quelques estampes en 1915, puis un des grands artistes japonais du XXème siècle Hashiguchi Goyo (1880-1921), mais il n'eut le temps de faire qu’une seule estampe avec lui avant que Goyo ne décède. Puis il travailla avec Ito Shinsui (1888-1972) qu’il rencontra par l’intermédiaire de Kaburagi Kiyokata. Shinsui travailla essentiellement des estampes de jolies filles (bijin-ga) avec Watanabe jusqu’à la fin de sa vie. Ensuite un autre élève de Kiyokata, Kawase Hasui (1883-1957) le rejoignit, exclusivement pour des paysages, puis Natori Shunsen (1886-1960) pour les portraits d’acteurs, à la suite de mode pour les estampes de Sharaku, puis Ohara Koson (1877-1945), spécialisé dans les estampes d’oiseaux et de fleurs (kacho-e) et Elisabeth Keith (1887-1956), artiste anglaise installée au Japon. Sceaux des estampes publiées par les Editions Watanabe
Watanabe lui-même dessina des estampes et on en connait 2 sous son nom
d’artiste « Kako ». Mais il réalisa bien vite qu’il n’était pas très bon et ne
continua pas. Cependant cette expérience lui permit de mieux comprendre la
technique et de mieux superviser la sculpture et l’impression. D’ailleurs
certains artistes ne supportaient pas la discipline stricte et l’encadrement
rigide de Watanabe et certains comme Kasamatsu Shiro ou Yoshida Hiroshi le
quittèrent. La galerie et l’atelier de Watanabe furent détruits avec la perte de beaucoup de blocs d’impresssions dans le grand tremblement de terre du Kanto et il dut repartir de zéro. Mais grâce aux artistes, sculpteurs et imprimeurs ainsi que ses contacts à l’export les affaires repartirent dès 1924. Jusqu’à la guerre, ce fut l’âge d’or du Shin-Hanga. Pendant la guerre, avec la fermeture des marchés, Watanabe essaya de développer le marché domestique en faisant des expositions dans les grands magasins, un modèle encore en usage aujourd’hui. Watanabe Shozaburo est mort en 1962. Sa société fut ensuite gérée par son fils, puis maintenant son petit-fils et peut se visiter non loin de Ginza à Tokyo.
Références
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