Séance du 15.11.2022

Lecture de L'Evolution créatrice de Bergson

1/ Enregistrement de la séance du 15.11.2022

Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:

     enregistrement séance du 15.11.2022

2/ Plan du cours séance du 15.11.2022

C'est notre 2ème séance. Nous abordons la lecture du 1er chapitre.

 

I- Que nous a montré l'introduction ?


Produit de l'évolution, l'homme est une espèce dont l'intelligence, limitée seulement à l'action sur la matière, le rend incapable d'en saisir le mouvement.

Pour connaître la vraie nature de la vie et la signification profonde du mouvement évolutif, il faut parvenir à dépasser l'intelligence : en la replaçant d'une part dans le courant de l'évolution et en comprenant comment ses catégories se sont constituées, en prenant conscience d'autre part des limites de son pouvoir d'explication et en se mettant en quête d'un autre mode de connaissance qui puisse saisir le mouvement de l'évolution.  D'où la question :  comment saisir l' « évolution de la vie « ? C'est l'objet du 1er chapitre.


 

II- Pour déterminer la nature de la vie, il faut recourir à une analogie qui permette d'établir ses caractères communs avec notre propre conscience (1ère partie du 1er chapitre)

 

Notre existence intérieure se caractérise par la durée. Quelle est sa nature ? Quel type de changement est-elle ? Quel type d'être manifeste la durée ? Ce qui est vrai de notre existence est-il vrai de toute existence ?

 

1- La nature de la durée :

 

a- Son 1er caractère est la continuité

Son examen exige ainsi d'abord de renoncer à la notion d'état :

>  Le changement qui la caractérise ne consiste pas à passer d'état en état

>  En prolongeant le passé dans le présent, la mémoire est la condition de la durée

>  La compréhension de la durée exige une déconstruction de nos habitudes reposant sur l'intelligence et le langage : les illusions de la permanence et de la discontinuité.

Il exige aussi qu'on renonce à l'idée d'un moi qui demeure le même en deçà de ses états successifs :-

> Il n'y a pas de moi invariable et indépendant des changements qui lui arrivent et qui puisse de l'extérieur opérer une synthèse et les relier les uns aux autres comme en un collier qui relie des perles

> Le moi est substantiellement changeant : le temps n'est pas pour lui un milieu extérieur, il est « l'étoffe même de notre vie psychologique »

> En intégrant tout notre passé dans notre présent, la durée constitue notre personnalité singulière (notre « caractère » est la « condensation de notre histoire »)

 

b- Le 2ème caractère de la durée est l'irréversibilité : un être qui dure ne peut pas se répéter

c- Son 3ème caractère est l'imprévisibilité : l'analogie entre l'oeuvre d'art et les moments de notre vie permet de comprendre que chacun d'eux est « une espèce de création »

 

2- La durée manifeste un être « créateur de soi par soi » : « exister consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même » (p-7). D'où la question (conformément à la démarche analogique) : ce qu'il en est de notre existence, peut-on le dire de toute existence ?

 

3- Qu'en est-il des objets matériels ?

a- Les objets, isolés par notre action, ne changent ni ne durent (le changement n'est pour eux qu'un « déplacement de parties »)

b- Ce n'est pas le cas de la totalité de l'univers matériel qui manifeste une durée irréductible jusque dans certains aspects de changements apparemment isolés (ainsi, l'exemple du sucre qui fond dans l'eau, p- 9 et 10). « L'univers dure ».

 

4- Qu'en est-il des corps vivants ? (« Le corps vivant est-il un corps comme les autres ? », p-12)

Ses trois caractéristiques : l'individualité ; le vieillissement ; l'appartenance à l'évolution (= il se peut que « le moment actuel d'un corps vivant ne trouve pas sa raison d'être dans le moment immédiatement antérieur, qu'il faut y joindre tout le passé de l'organisme, son hérédité, enfin l'ensemble d'une très longue histoire », p- 20)

 

Conclusion : l'analogie avec la durée a ainsi pour but de conduire à une étude de la vie pour elle-même (p- 23 : « Peut-on aller plus loin, et dire que la vie est invention comme l'activité consciente, création incessante comme elle ? »).  A partir de là, Bergson se confronte dans la 2ème étape du 1er chapitre aux théories scientifiques de l'évolution (jusqu'à la p- 88) et il propose dans une dernière étape son hypothèse de l'élan vital pour rendre compte du mouvement de l'évolution.